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Quechua tente l'aventure smartphone

 
Marronniers par excellence, les journalistes nous dépeignaient il y a peu les « cadeaux de Noël préférés des français ».  Tablettes et autres Netbooks n’ont pas réussi à détrôner les smartphones en tout genre qui conservent, cette fois encore, la tête des ventes. En cette période de fêtes de fin d’année 2013, ils auraient générés à eux seuls près de 460 millions d’euros de dépenses. Un montant légitimement attractif qui séduit de plus en plus de marques, désireuses de se créer une place sur le marché. C’est dans cette optique qu’il y a quelques semaines, Quechua, la mythique marque de distributeur de Décathlon, a lancé son propre smartphone. Un pari fou et insensé ? Peut-être pas tant que ça.
« Le premier smartphone mountainproof »
Le « Quechua Phone 5 », puisque tel est son nom, n’a de commun avec le petit dernier d’Apple que le chiffre final, ici référent à la taille de son écran (5 pouces). Loin de toute course effrénée à l’innovation technologique, Quechua propose un smartphone tout terrain, et opte, de fait, pour un cœur de cible adepte des longues randonnées sauvages. Vendu au prix unitaire de 229€ dans tous les magasins Décathlon, « le premier smartphone moutainproof », comme la marque aime à l’appeler, se caractérise par sa robustesse, sa résistance aux chocs et intempéries et par son autonomie longue durée qui n’a de cesse d’impressionner ses utilisateurs. Dans sa recherche de satisfaction du consommateur, Quechua a également pris le parti d’intégrer à son smartphone un altimètre-barométrique ainsi qu’un GPS.

Sur ce même plan purement technique, les critiques s’accordent à dire que le Quechua Phone 5, fabriqué par le constructeur français Archos, est malgré tout assez lourd, encombrant et qu’il propose un équipement dont la performance reste bien en deçà de celle de ses concurrents, à savoir, par exemple, un appareil photo 5 Mégapixels.
Direction communication digitale
Côté communication, Quechua a placé toute sa confiance en l’agence Fred & Farid Paris, avec laquelle elle travaille depuis plusieurs campagnes. De cette association est née une vidéo promotionnelle dont l’unique selling proposition est fondée sur l’aspect particulièrement résistant du smartphone.

Mais la vraie originalité de cette opération, outre le lancement du produit qui peut déjà être perçu comme une originalité en tant que telle, réside dans l’utilisation du digital. Un choix qui apparaît particulièrement cohérent dans un objectif de promotion d’un smartphone.
Quechua a ainsi mis en ligne un site in extenso dédié au produit en question. L’internaute peut non seulement lire les qualités vantées du smartphone mais aussi le « mettre à l’épreuve » des éléments naturels – ici l’eau, la terre et le vent – et se voir proposer une vidéo résultant de ses choix.
Une réponse socio-marketing réfléchie
Dans l’esprit commun, la marque Quechua reste cependant très liée aux accessoires dits plus « classiques » de sport et de randonnée. Pour beaucoup d’ailleurs, elle n’est célèbre que grâce à ses tentes 2 secondes dont la renommée n’est, il est vrai, plus à faire.

Le lancement du Quechua Phone apparaît, à première vue, et à première vue seulement, comme surprenant et sortant du domaine initial de la marque. Peut-être faut-il y voir in fine, plus qu’un simple pari de la part de Quechua, et bel et bien une réponse socio-marketing résultant d’un véritable besoin consommateur ? L’étude, réalisée par Décathlon en amont de ce lancement, a en effet su démontrer que 25% des randonneurs ne se munissaient pas de leur téléphone lorsqu’ils partaient marcher, de crainte de l’abîmer ou parce que celui-ci n’était simplement pas en mesure de répondre à leurs attentes (localisation ou partage de données par exemple). Il faut donc solidement replacer les choses dans leur visée: c’est à cette niche de consommateurs que s’adresse ici le Quechua Phone 5, et non pas aux hypsters en quête perpétuelle de la dernière tendance. Il n’est en rien destiné à concurrencer les Iphone et autres Samsung.
Le Quechua Phone véhicule de fait les valeurs de la marque – simplicité, solidité, bon rapport qualité/prix – et c’est en cela qu’il représente une avancée cohérente pour l’enseigne sportive qui, par-là, fait son entrée dans l’univers du 2.0.
Rappelons qu’elle n’est pas la première à avoir osé sortir des sentiers battus pour « tenter » l’aventure – le jeu de mots est facile, j’en conviens – puisqu’en 2008, Bic avait déjà sorti son Bic Phone. Le concept du téléphone portable simple d’utilisation avait séduit et le pari s’était avéré gagnant puisqu’en moins de trois ans, plus de 500 000 exemplaires s’étaient écoulés. Souhaitons le même sort au Quechua Phone qui a au moins le mérite de détonner au rayon des sacs de couchage et des kits de survie de Décathlon.
 
Céline Male
Sources
Blackandgold
Quechuaphone
Stratégies
Photos
Clubic
Twitter

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Who is the smart-est ?

Rapide rappel aux moins anglicistes d’entre nous : « smart » signifie élégant et raffiné mais également pratique, fin et intelligent. C’est surtout cette seconde définition qui a donné son nom à la fameuse voiture Smart.
La smart est issue de l’association de l’horloger suisse Swatch et de la filiale Mercedez-Benz (Swatch Mercedez Art car project). Voiture du citadin, elle veut bouleverser les codes en étant une voiture innovante, sympathique et fonctionnelle car particulièrement adaptée à son environnement. Dès 1997 à Francfort, la Smart se revendique « fashion victim » obtenant le Prix européen du Design. Idée chère à Swatch : les panneaux de carrosserie en plastique colorés de la Smart sont interchangeables, permettant de changer de robe facilement.
C’est pourquoi une campagne où la Smart revêtirait la même tenue que son propriétaire prend tout son sens ! L’idée de Smart est la suivante : poster sur Twitter une photo de soi dans sa tenue préférée (un selfie, mot de l’année 2013, pratique qui consiste à se prendre soi-même en photo) et ajouter le hashtag officiel de Smart. Une Smart qui imite la photo d’origine est ensuite présentée. Smart pose ensuite cette simple question, visible sur l’image publiée : « Who wore it better ? ».

La campagne éclair (quatre jours) a été bien accueillie sur Twitter avec des internautes intrigués et amusés. En effet elle instaure un réel lien entre les consommateurs potentiels et la marque. Les clins d’œil de Smart font sourire. Le ton choisi est le bon : malicieux, enthousiaste et sobre à la fois. La marque se montre réactive, inventive et adaptable tout comme le produit qu’elle promeut !
Cela est d’autant plus futé que les participants, fiers d’avoir leur avatar Smart créé rien que pour eux partagent l’image, faisant gratuitement la publicité de la marque.
Encore une campagne intelligente menée par Smart qui montre qu’elle est aussi maligne sur Internet que pour ses affiches :

Après « Who wore it better ? » on pourrait se demander « Who is the smartest ? ». Un indice : la réponse est dans la question.
 
Maud Espie
Source
Marketingland

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Numericable : bad buzz for good business ?

 
Il est là, le tout premier buzz de cette jeune année 2014. C’est l’opérateur et fournisseur d’accès Numericable qui l’a créé en présentant le lundi 6 janvier dans le quotidien 20 Minutes sa nouvelle campagne de publicité à l’humour douteux et qui, surtout, flirte avec le sexisme.
Pour commencer l’année… une pub aux frais des femmes !
Afin d’inciter ses consommateurs (qu’apparemment Numericable ne jugerait qu’être masculins) à choisir sa fibre optique de haut débit, le câble-opérateur joue d’une manière osée sur les clichés de genre. En effet, en adoptant la fibre optique (fournie par le leader du marché auto-proclamé) Numericable promet : « Téléchargez aussi vite que votre femme change d’avis ». Un énoncé périlleux qui a immédiatement déclenché une vague d’indignations et qui s’est vu fortement discuté sur Twitter.

Même Le Petit Journal s’est emparé de l’actualité pour railler à sa manière les créateurs de cette pub à caractère misogyne.
Le basculement: les hommes « soudainement » mis à l’honneur
Plus tard dans la journée, Numericable présente sur son compte Twitter « en avant-première » la suite de la campagne « que vous pourrez retrouver en version papier dès mercredi ». Cette fois-ci, la fibre Numericable permettra de « télécharge(r) aussi vite que votre mari oublie ses promesses » et ce sont donc maintenant les hommes dont on se sert pour tenter de faire rire.

Pourquoi une publicité en deux temps ?
Pourquoi Numericable n’a-t-il pas publié ces deux annonces en mêmes temps ? On peut y voir deux théories : si l’on en croit l’opérateur, cette campagne serait le fruit d’une stratégie de communication réfléchie, misant sur le buzz et l’indignation de sa première pub pour pouvoir ensuite lancer la deuxième contre-affiche, cette fois-ci en se moquant des hommes. En agissant ainsi, Numericable a de toute évidence cru bien faire bien faire et être équitable. Sauf que la parité dans le sexisme, ce n’est pas mieux que le sexisme en soi, mais le même principe : l’un comme l’autre reste dégradant, terriblement stéréotypé et surtout ennuyeux. Car faire de la publicité en jouant sur les clichés hommes-femmes n’est pas vraiment novateur, c’est avant tout un concept publicitaire archaïque et dépassé… surtout en 2014.
C’est en cela que l’autre théorie, celle du rattrapage de dernière minute, reste pour beaucoup la plus plausible comme en témoigne ce tweet :

Cela paraît surtout suspect du fait que Numericable ait prétendu auprès de la presse que « ce deuxième volet était prévu », mais sans pour autant vouloir en apporter la preuve ni fournir davantage d’explications.
Un véritable « bad buzz » ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette polémique a été inefficace pour le fournisseur d’accès à Internet. Au contraire, Numericable a réussi à faire (beaucoup) parler de lui et cela sans grand renfort d’investissements publicitaires (se cantonnant seulement à une annonce dans le 20 Minutes et une deuxième sur Internet). Tous les médias ont voulu sauter sur l’occasion pour informer leurs lecteurs de cette publicité révoltante, et ils se sont même quasiment trouvés « contraints » de continuer de publier des articles à propos de la suite que prenait cette campagne. Comme l’illustre cette accroche commerciale « deux articles pour le prix d’un », Numericable aura donc à la fois profité du buzz ainsi que de la réinterprétation de son message. Des points de vue communicationnel et économique, une tactique plutôt maline, même si celle-ci n’était probablement pas réfléchie.
Morale de cette histoire ?
Cette communication est sans doute osée mais elle l’est surtout dans un contexte où le Gouvernement français a comme objectif de lutter contre le sexisme sur le Web et où l’Assemblée Nationale travaille sur l’égalité hommes-femmes dans la société. Eventuellement aussi une raison pour laquelle cette campagne fait tant parler d’elle.
Quoiqu’on en dise, une chose est sûre : si l’objectif de toute campagne est de faire parler d’une marque, celle-ci risque d’être une nette réussite pour Numericable. En revanche, si on en parle bien, c’est une autre question.
Teresa Spurr
Sources :
Leplus.nouvelobs.com
L’Express
Le Point
Le Huffington Post
Numerama.com
Canalplus.fr
assemblee-nationale.fr

Soldes magasins de luxe
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Les soldes chez les marques de luxe : la discrétion comme règle d’or

 
Depuis le 8 janvier dernier, les marques ont dégainé leurs plus belles promotions afin de multiplier les actes d’achats dans le but de se débarrasser des invendus de la saison.
Toutes ? Pas tout à fait. Les marques de luxe font figures d’exceptions.
Hermès, Vuitton, Chanel, Gucci etc. sont autant de marques qui rejettent – officiellement du moins – le système des soldes, ce rabais hivernal vu par celles-ci comme une dévalorisation de la marque. Ces grands noms se prévalent de vendre des produits « de qualité » mais surtout « intemporels » et se distinguent ainsi des marques dites « de mode », qui se renouvellent chaque saison.
Cependant, des opérations sont organisées dans le plus grand secret. Ventes « très privées », soldes sélect’, revente auprès du personnel, rachat du stock par des acteurs étrangers : toutes ces opérations sont réservées à un public d’initiés, trié sur le volet. Ce système fonctionne par cooptation : on « n’entend » pas parler d’un évènement pareil, on y est exclusivement invité. Un même point commun les caractérise : le silence, la non-communication. Rien ne doit contredire le discours officiel.
Il s’agit de se débarrasser des stocks en préservant dans le même temps cette dimension centrale : l’image élitiste des marques, qui leur permet de se positionner sur un marché du luxe premium.
Se distinguer, toujours, « les soldes, c’est pas du luxe ».
 
Adeline Mateus
Sources :
Libération
Challenges
20minutes
Crédit photo :
news.social-dynamite.com

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Explosion de saveurs : Quand Big Ben & Vodafone jouent avec vos sens !

 
Le 31 décembre dernier, se déroulait à Londres son traditionnel feu d’artifice. Les plus chanceux, présents lors des festivités, ont pu vivre une expérience multi-sensorielle et ce grâce à la coopération entre le célèbre opérateur téléphonique, Vodafone, et la ville de Londres.
L’idée était de jouer avec les sens en coordonnant odeurs et goûts aux différentes couleurs et variations du feu d’artifice.C’est ainsi que les spectateurs ont eu le droit à de nombreuses surprises parfumées, comme des flocons de neige à la pêche, des confettis à la banane, des bulles géantes à l’orange, leur permettant une totale immersion sensorielle.

 
Pour ce faire, Vodafone s’est entouré des deux designers culinaires Bompas & Parr qui ont travaillé sur ce concept plusieurs mois durant.
Vodafone a également mis en place une application mobile pour ceux qui ne pouvaient pas y assister. Celle-ci permettait de suivre le spectacle en réalité augmentée et en temps réel, et ce depuis un Smartphone ou une tablette.
Avec cette opération Vodafone affirme sa capacité d’innovation et marque son engagement pour 2014 en dévoilant une nouvelle stratégie : “Vodafone Firsts” dont le but est de « s’engager de manière plus profonde et émotionnelle avec le consommateur ».[1]
Pour y parvenir, Vodafone l’a bien compris, l’utilisation du Marketing Sensoriel et Emotionnel[2] sont un atout majeur.
Dans un contexte économique de plus en plus concurrentiel, ils permettent à l’entreprise de se différencier, d’apporter une valeur ajoutée et surtout de créer un lien affectif durable avec les consommateurs cibles.
 Adeline Reux
Sources :
Lareclame.fr
Osereso.com
Crédit photo :
Photo by Dan Kitwood/Getty Images

 
 

Haribo Tagada concours
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Que fait une Fraise à Cheval ?

 
Tagada, tagada. Internautes, en selle ! Afin de promouvoir ses fameuses fraises, Haribo lance un concours de Airponey via Instagram et Vine. Le principe est simple : faire un petit film en faisant semblant de monter à poney et envoyer son film à airponeytagada.com. Le cavalier élu galopera sur un vrai destrier.
Haribo établit ainsi un lien avec sa dernière campagne, « On grandit plus tard. » Cette dernière présente des trentenaires qui, sous l’effet du bonbon, jouent aux cowboys ou sautent habillés dans la baignoire en criant : « Tagada. » La marque joue ici avec le phénomène d’« adulescence », souvent repris dans la publicité (Mikado, Lu) ou au cinéma (Brice de Nice, 16 ans ou presque…)
Cette initiative décalée s’inscrit dans la stratégie de communication de Haribo qui mise sur la joie de retomber en enfance. Construit sur de judicieux ressorts, le Airponey témoigne d’une réelle connaissance du public visé : les adultes.
En effet, selon Jean-Noël Michel, le directeur marketing de la filiale française du groupe : « Le bonbon est très consommé par les 25-49 ans, qui en ont mangé dès petits.»
Le leader des friandises réussit à intégrer dans sa publicité un imaginaire humoristique de l’enfance et de la jeunesse commun à une génération et les pratiques médiatiques actuelles de celle-ci.
Un jeu de mots à partir d’une expression enfantine « tagada tagada » donne le ton loufoque. L’emploi du nom « poney » renforce d’ailleurs l’effet gamin.
En outre, l’entreprise réinvente le AirGuitare, très populaire dans les années 90 auprès de la jeunesse… qui a aujourd’hui grandi.
Enfin, cette tranche de population utilise à outrance les réseaux sociaux grâce aux smartphones pour se mettre en scène et propage ainsi ce défi.
Haribo c’est beau la vie, pour les grands qui restent petits ?
 
Caroline Dusanter
Sources :
Airponeytagada.com
Creapills.com – Haribo lance un concours insolite
Meltybuzz.fr – Haribo lance le airponey sur Twitter
Ursofrench.fr – La discipline completement tagada

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Making people scream…. and buy

 
«Achetez ou mourrez». C’est le message délivré par la marque japonaise de pneus Autoway dans son nouveau spot publicitaire mis en ligne le 19 Novembre dernier. Cette vidéo est précédée d’une mise en garde envers les personnes cardiaques, ce qui vous laisse très vite imaginer le topo. Conçu comme un mini-film d’horreur, le spot nous plonge à l’intérieur d’une voiture circulant sur une route de campagne enneigée, au beau milieu de la nuit. Apparait alors brusquement le fantôme effrayant d’une petite fille au loin. Cette dernière, le visage zombifié, la taille enserrée par un pneu, vient frapper contre le pare-brise. Le conducteur (nous) est terrifié et s’enfuit en marche arrière. Au loin, le zombie tient un ordinateur portable avec une phrase inscrite sur l’écran, que l’on pourrait traduire par « achetez des pneus d’hiver ou vous mourrez». Bien que le sens soit assez difficile à saisir, il semblerait qu’Autoway nous conseille d’acheter des pneus d’hiver pour éviter l’accident et ne pas finir en zombie décomposé.
Ainsi, la compagnie de pneumatiques a intelligemment repris les codes narratifs et esthétiques des films d’horreur japonais tels que The Ring ou Dark Water. Cheveux longs noirs, fantôme de petite fille, caméra amateur, visibilité réduite : le pari est réussi. Mais pourquoi utiliser le registre de l’horreur alors que d’autres marques comme Michelin utilisaient il y a quelques années de sympathiques personnages de dessin animé ? L’horreur ferait-elle vendre?

Bien qu’à première vue cela semble loufoque, ce postulat n’est en réalité pas si décalé. En effet, si l’on regarde de plus près les tendances actuelles, on voit très vite émerger un nouveau marché, celui du gore, de la peur et du paranormal. Depuis une dizaine d’années s’enchainent les succès cinématographiques appartenant au registre de l’horreur ou de l’épouvante, comme REC, Saw ou encore Paranormal Activity. A la télévision, on retrouve le même engouement aussi bien dans les émissions de TV réalité comme Fear Factor que dans les reportages insolites de Vice. Les séries TV sont quant-à-elles plus que révélatrices: les zombies de The Walking Dead, les vampires de True Blood et les sorcières de American Horror Story font désormais partie de l’univers culturel de toute une génération.
Certaines entreprises sont donc arrivées à la conclusion qu’effrayer faisait vendre. Face à une génération en permanente quête de dépassement et de sensations fortes, le marketing de la peur se présente en effet comme une arme potentiellement intéressante. En 2011, la marque américaine Phone 4U lançait une publicité inspirée des films d’horreur, si effrayante qu’elle avait été interdite à la diffusion. Malgré cela, ce spot dont le slogan menaçant était «missing our deal will haunt you» a marqué le début d’une nouvelle tendance qui n’a cessé d’aller crescendo depuis. Récemment, elle s’est matérialisée sous la forme de caméras cachées, qu’il s’agisse de l’opération de télékinésie totalement ficelée par l’équipe du film Carrie, la vengeance, ou encore du canular mis en place pour la promotion du dernier film Chucky au Brésil. Souvenez vous, la vidéo de la poupée Chucky en chair et en os venant terroriser des passants assis sous un abribus avait fait le buzz et généré plus de 11 millions de vues sur Youtube.
Si les publicitaires ont su exploiter de main de maître le filon, une agence de communication est allée jusqu’à en faire son mot d’ordre.  La célèbre agence St John repousse les limites de « l’experiential marketing » en inventant « l’ exFEARiential marketing ». Dans un petit reportage mis en ligne sur son site, l’agence explique en quoi la peur a un potentiel marketing exceptionnel. La peur étant un sentiment qui reste longtemps imprégné dans la mémoire du spectateur, au même titre que la musique ou la joie, elle serait donc un outil communicationnel hors pair. Dans sa vidéo, l’agence vante les mérites des canulars (émeutes, agressions ou encore babynappings), ces derniers ayant théoriquement le pouvoir de pousser à la consommation.

Le marketing de la peur est-il alors une véritable tendance ou une nouvelle idée farfelue destinée à faire le buzz ? Difficile à dire. Ce qui est certain c’est qu’aujourd’hui, le client ne veut plus simplement consommer, mais aussi vivre une expérience lorsqu’il achète. Le consommateur du XXIème siècle ne se contente plus uniquement de publicités centrées sur le produit, il veut plus que ça. Les marques se battent alors pour être celles qui offriront l’expérience la plus forte, la plus inventive. Qu’il s’agisse de l’amour, du désir, du bonheur ou de la beauté, les sentiments majoritairement invoqués sont positifs.  Et pourtant rien ne nous dit qu’ils ont davantage d’impact que les sentiments négatifs. En s’alignant sur le goût certain des nouvelles générations pour l’horreur et la peur, « l’exFEARiential » s’inscrit dans l’ère du temps grâce à une logique osée et innovante. Cependant, la route paraît encore longue avant qu’une publicité comme celle de la marque japonaise Autoway fonctionne indépendamment du buzz qu’elle a  provoqué.
 
Hélène Carrera
Sources
FranceInfo
LeGeekC’estChic
AdvertBlog

Publi exposition Cartier ? Le style et l'histoire
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Jacques a dit : publi-expose toi !

 
La dernière mode dans le monde de l’art, ce sont les publi-expositions. Dior, Vuitton, Cartier, Roger Vivier, mais aussi Lego et Playmobil ont saisi cette opportunité : présenter leurs œuvres – ou produits, comme il vous plaira de l’entendre – dans certains des plus beaux musées, de plus en plus tentés d’ouvrir leurs portes aux entreprises – et à leurs subventions -. D’autant que les marques exposées, institutions de la mode, de la joaillerie ou encore de l’horlogerie, possèdent déjà la reconnaissance qui leur assurera un nombre d’entrées non négligeable.
Mais devant la mise en scène, le temps d’une exposition, d’un produit transformé en œuvre d’art, sommes-nous en droit d’espérer d’être pris pour plus que de simples consommateurs ?
Les marques dans nos musées : la publi-exposition au goût du jour
Le terme de publi-exposition – dont personne n’a jusqu’ici revendiqué la paternité – renvoie à celui de publi-reportage, que l’on retrouve de temps à autre dans nos médias traditionnels. Il s’agit d’articles, lesquels, n’étant pas rédigés par des journalistes indépendants mais souvent par les entreprises vendant les produits qui y sont promus, doivent comporter une mention spéciale en haut de page, pour signifier au lecteur leur caractère promotionnel.
Mais qu’en est-il alors des expositions dédiées aux marques ?
Le visiteur, émerveillé par la scénographie et les pièces exposées, n’est-il pas soumis au risque d’oublier qu’il se tient en réalité devant rien de moins qu’une orchestration commerciale ? Bien que la participation des maison de luxe à faire vivre l’art, – par le biais de  fondations, ou en tant que mécènes – ne date pas d’hier, c’est la nature même de ce mécénat qui évolue aujourd’hui, passant de la discrétion d’un logo apposé dans le coin d’une affiche, à la réquisition des murs et des vitrines des espaces culturels.
La rétrospective : publicité ultime ?
Quand on parle de luxe «  à la française » mais ailleurs également, on implique un héritage, un désir de promouvoir l’artisanat et la technicité d’une maison. Aujourd’hui,  Cartier va plus loin, et en exposant près de 600 pièces au Pavillon d’Honneur du Grand Palais, place son héritage sous une différente enseigne : celle de l’Art, de l’intemporalité.
Donner une âme au produit, lui attribuer une histoire, et le doter d’une aura artistique, le tout en faisant payer 8 euros à l’entrée.
Sans remettre ici en question l’existence de tels événements, qui ne sont pas sans intérêt, il s’agirait en revanche de se demander si, au même titre que le publi-reportage, ces expositions ne devraient pas se présenter comme telles.
Aider le visiteur à différencier l’exposition gratuite Miss Dior, où le Grand Palais avait effectivement été « loué » par la maison de couture – tout comme le Palais de Tokyo par Chanel en mai 2013 – et celle de Cartier, dont la recette des entrées revient au musée, mais dont l’apport des pièces et la scénographie ont été pris en charge par le joaillier.
Et comprendre pourquoi eux, alors que Guerlain expose actuellement dans sa maison des Champs Elysées les œuvres de 9 artistes, à l’occasion du 160ème anniversaire du flacon Abeilles, et que le grand couturier Azzedine Alaïa a préféré choisir le musée Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris.
 
Miss Dior au Grand Palais : l’Apologie d’un parfum

« L’exposition n’est pas la promotion d’une marque, mais l’analyse d’un style…” Jean-Paul Cluzel – Président du Grand Palais

Un timing au poil
Fort heureusement, en cette période de fêtes, la tendance n’a pas envahi nos musées au point de mettre au placard les rendez-vous dédiées aux Braque, Jordaens et autres Bilal. Le doute cependant demeure, notamment lors d’un tour à l’exposition « The Art of Brick », au musée de la Bourse de Bruxelles ouverte depuis le 22 novembre. Nathan Sawaya, ancien juriste américain reconverti dans la construction Lego, y expose quelques 60 œuvres, réappropriations de monstres de l’art, ou créations. « L’une des dix expositions majeures au monde » d’après CNN, et surtout, une formidable publicité pour le fabriquant de jouet, dont les produits se retrouvent inévitablement à la boutique de l’exposition.

Incontournables ?
Malgré tout, ce procédé d’exposition de marque possède un atout indéniable, celui d’attirer au musée une nouvelle catégorie de visiteurs. Car si ces expositions ont un dénominateur commun, c’est bien celui de l’émerveillement. Là-bas, pas question de choquer, ni de bousculer outre mesure notre cortex cérébral. On en ressort avec un goût de trop peu, sans doute, mais les yeux noyés par la finesse d’un travail, l’inaccessibilité d’une maison d’exception. Aussi, dans les journaux, – auxquels on pourrait reprocher parfois d’être un peu trop en phase avec le discours marketing de la marque – une seule recommandation : « Un détour s’impose ! »
Alors, vous qui n’avez jamais songé à photographier une publicité afin de la conserver précieusement parmi vos souvenirs de vacances, repensez-y, quand vous patienterez dix longues minutes avant d’accéder à la vitrine où trône le diadème porté par Kate Middleton lors de son mariage, à l’exposition Cartier. Parce que toutes ces personnes agglutinées devant vous, elles, Smartphone au poing, n’en sont plus très loin.
 
Eléonore Péan
Sources :
Brusselslife.be – The Art of Brick
Osmoz.fr – Dior et Guerlain, un parfum pour exposition
Louvrepourtous.fr
Crédits Photos :
Une – Toutelaculture.com
Expo LEGO – Eléonore Péan

Samsung
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Flop 2.0

 
Depuis quelques jours, le Net s’emballe pour commenter la nouvelle pub dénommée « Are You Geared Up » que Samsung a publiée ce week-end afin de promouvoir sa montre Galaxy Gear.
A l’heure des fêtes de Noël où chacun attend patiemment les premières chutes de neige, le géant coréen décide de mettre à l’honneur les vacances aux sports d’hiver. Dans ces deux minutes trente de publicité, deux jeunes hommes sont mis en concurrence pour séduire une ravissante blonde. Bien entendu, c’est à l’aide de sa montre Galaxy Gear que l’un d’eux va faire la différence et arriver à ses fins.

Bien que l’idée ne soit pas mauvaise pour mettre en valeur les différentes fonctions de la montre, malheureusement la somme de situations rocambolesques qui s’enchainent au cours du film publicitaire laisse apparaître le produit phare de Samsung comme un gadget et ruine les efforts marketing de la marque.
Néanmoins, malgré la flopée de commentaires négatifs qui a surgi sur la toile, la publicité a été visionnée à ce jour par plus de deux millions de fois sur YouTube et a créé un buzz.
Mais ce qui est avant tout inquiétant et nouveau, c’est le phénomène viral dont est capable Internet qui met les marques en danger, les obligeant à faire face à des situations de crise de plus en plus nombreuses et délicates.
Alors, « Are You GEARed Up ? »
 
Filipine Guyonnaud

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Jacques a dit : Burger King, roi du buzz !

 
Le 16 décembre dernier, le rendez-vous à ne pas manquer c’était gare Saint-Lazare, à Paris.
L’inauguration d’une nouvelle ligne TGV ? Un défilé de mode dans un endroit original ? Rien de tout cela, mais l’ouverture du premier « Burger King » parisien, qui a suscité ce jour-là pas moins de 100 000 recherches Google! Pour l’occasion, une scénographie digne des endroits les plus sélectifs avait été mise en place : tapis rouge, cordons de sécurité, vigiles et nuées de caméras pour filmer les courageux prêts à attendre plusieurs heures pour être les premiers clients …

L’art de susciter l’impatience
Il faut dire que depuis sa disparition du territoire français, en 1997, le retour du « roi du Burger » était attendu comme le Messie ! Chaque année apportait d’ailleurs son lot de rumeurs et de campagnes directement inspirées par cette attente (comme ce fut le cas en 2012 pour Eurostar).

En choisissant, pour son grand retour en France, de s’implanter d’abord en province (via un partenariat avec AutoGrill), on peut imaginer que la marque souhaitait surtout faire patienter ses fans parisiens. Mais il faut aussi rappeler que l’une des raisons de l’échec de Burger King en France à la fin des années 1990 était justement sa concentration trop importante en Île de France.
Une direction qui verrouille toute communication
La direction n’a fait aucun commentaire, ni avant, ni pendant, ni après l’ouverture et ne communiquera d’ailleurs aucun chiffre. La date d’ouverture a été avancée d’un jour (initialement annoncée et prévue le 17 décembre) sans même que la société AutoGrill, en charge de la marque en France, n’en ait été informée ! Lorsque les réseaux sociaux s’enflamment à chaque rumeur, (notamment le 21 mars 2012, jour de l’inauguration de la Gare Saint-Lazare à Paris, où nombre de journalistes s’étaient déplacés, croyant à l’ouverture d’un restaurant Burger King) la marque ne dément jamais les faits, profitant d’un buzz gratuit. Aucune publicité ou quelconque campagne de communication n’a d’ailleurs été mise en place pour annoncer le retour du « roi » à Paris, aucune interview dans les médias n’a été donnée, ni aucune prise de parole officielle sur Internet. Quelques rares interventions ont été faites sur les réseaux sociaux, bien qu’aucun compte Facebook français ni aucun Twitter officiel n’ai été accrédité pour l’heure.
L’enseigne devait se douter que les médias allaient relayer l’information au maximum : reportages dans les JT, interview des clients dans la file d’attente, nombreux articles de presse et couverture maximale sur Internet.
Des « fans » prêts à tout
Avant même l’ouverture de ce premier restaurant parisien, les « fans » de l’enseigne avaient pris les choses en main : pétition en ligne signée par plus de 16 000 personnes, nombreux groupes Facebook « Pour un retour de Burger King en France »… Et depuis le 16 décembre, des centaines de personnes sont capables de faire la queue pendant des heures pour goûter leur hamburger préféré ! Une communauté très soudée et prête à tout pour son fast-food favori. Un phénomène propre à Burger King.
Mais alors, qui sont ces fans ? On peut scinder le cœur de cible de Burger King en deux : d’un côté les nostalgiques qui ont connu la marque en France ou qui ont goûté ses produits à l’étranger et de l’autre, les adolescents et jeunes adultes qui en ont entendu parler depuis longtemps et qui veulent absolument pouvoir surfer sur la vague « hype » créée par l’enseigne et dire à leur tour « J’y ai goûté ! »
Certains internautes se sont mêmes amusés à prendre au piège ces « fans » en leur proposant de goûter le fameux
« Whooper » en exclusivité en échange d’un gage, pour voir jusqu’où ils seraient prêts à aller… Mention spéciale à la jeune femme léchant le sol de la gare pour déguster son faux « Whooper ». Il s’agissait en réalité d’un « Giant » du concurrent Quick…

Un futur qui semble bien prometteur
A présent, la marque souhaite ouvrir plus de 400 restaurants sur le territoire français et vise 20% du marché du hamburger en France. Alors, le buzz passé, la chaîne de fast-food continuera-t-elle à faire autant parler d’elle ? Rendez-vous dans quelques années. D’ici là, il faudra être patient pour déguster son premier « Whooper », le burger phare de l’enseigne, puisqu’on dénombre encore plus d’une centaine de personnes chaque jour devant l’unique restaurant parisien.
 
Elsa Mahouche
Sources :
RTL.fr
LaTribune.fr
Nouvel Obs.com
A titre de comparaison, le numéro un mondial de la restauration rapide Mc Donald’s compte 1 200 établissements en France. Quick en comptabilise quant à lui 370.