consoles dernières génération
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Le bug des consoles dernière génération : la communication

 
Cette année 2013 aura été fortement marquée par un retour sur le devant de la scène des questions liées au genre et à l’éducation des enfants, et ce dans des domaines très variés, du plus sérieux au plus léger. Les débats sur l’égalité des genres ont fait rage jusque dans le monde du jeu vidéo, où la moitié des joueurs, et même 52% en France, sont désormais des joueuses. Vous l’aurez compris, les nombreux consommateurs de jeux vidéo, premier produit culturel vendu en France, ont changé. Ainsi, cette période de Noël où les géants du jeu vidéo ne rêvent que de voir leur console sous notre sapin est l’occasion de voir si ceux-ci ont su faire évoluer leur stratégie pour s’adapter à l’évolution de leur cible.
Sony : rien de nouveau sous le soleil
Pour savoir si la communication des industriels du jeu vidéo a changé, il faut comparer la stratégie marketing et les campagnes publicitaires dans le temps. Chez Sony, la tactique est simple et n’a pas évoluée depuis les années 90. Dans un premier temps, on mise sur le taux de testostérone supposé du public : on montre des hommes pour vendre la PS1. Dans un deuxième temps, une femme avec une paire de sein en plus dans le dos pour vendre la PS Vita avec le slogan « doublement tactile, doublement excitant ». Puis pour faire parler de sa petite dernière, la PS4, Sony utilise Twitter pour prévenir le joueur qu’il peut embrasser sa copine pour la dernière fois. On montre aussi quelques publicités artistiques pour gagner en crédibilité (une collaboration avec David Lynch notamment).

Nintendo : des consoles pour tous
Chez Nintendo, on observe aussi une certaine constance dans la communication autour de ses consoles de salon, qui a toujours été orientée vers un public familial. À l’inverse, on observe un changement de stratégie concernant leurs consoles portables. Alors que tout le marketing des consoles portables était orienté pour cibler le jeune mâle, et ce dès le nom dans le cas des Gameboy, on constate à présent que la marque cherche aussi à toucher un public féminin avec les variantes de la Nintendo DS puisqu’elle n’hésite pas à mettre sa console aux couleurs de licences de jeux « pour filles » comme Animal crossing, là où ses concurrents s’en tiennent à un noir « viril ».
Microsoft fait tricoter les femmes
Microsoft prend le contrepied de Nintendo en allant d’une communication assez neutre, pour la Xbox 360, à une communication jouant sur les stéréotypes genrés pour la Xbox One. Cette dernière a provoqué un bad buzz tel que l’entreprise s’est vu contrainte de revenir sur ses propos. Le constructeur de consoles a en effet pensé qu’il était pertinent d’envoyer une lettre au joueur lui expliquant comment convaincre sa copine, qui « préfère tricoter que de dégommer du zombie » pour reprendre les termes du mail, qu’il fallait acheter la Xbox One.

Pourquoi une telle stratégie de la part de Microsoft ? Était-ce une tentative de brosser dans le sens du poil les joueurs endurcis qu’une console multimédia, plus seulement orientée vers le jeu pur et dur, aurait fait fuir ? Dans ce cas, pourquoi faire une console destinée à un public plus large que le stéréotype du joueur acharné, si la cible n’en veut pas ? Cette dernière question est peut-être la plus importante après l’échec commerciale de la console familiale Wii U, qui n’a pas su trouver son public alors que 54% des parents affirment jouer aux jeux vidéo avec leurs enfants.
Ce qui est sûr, c’est que dans cette lutte au coude à coude entre Sony et Microsoft, le public féminin pourrait bien faire la différence. Ainsi selon DFC Intelligence, il est probable que Sony vende plus de consoles que Microsoft malgré le lancement réussi de la Xbox One. En voyant à quel point la PS4 se vend bien tout en évitant simplement de dénigrer ses acheteuses potentielles, on se demande si elle ne pourrait pas établir un nouveau record de vente si elle se permettait d’essayer de les séduire. L’actuel record est toujours détenu par la Nintendo DS qui avait gagné le cœur des joueuses à partir de 2004.
 
Alexia Maynart
Sources :
Dfcint.com
Snjv.org
Gamalive.com

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Jacques a dit : (dés)enchante toi avec WestJet !

 
Vous l’aurez sûrement remarqué, la visibilité des compagnies aériennes pullule au sein de notre société et notamment lors des fêtes de fin d’année.
Tout est bon pour concurrencer ses adversaires dans cette course effrénée à la recherche de clientèle et de la fidélisation de celle-ci.
On ne peut que penser à la dernière trouvaille de la compagnie aérienne WestJet, qui cela va sans dire, est l’une des plus belles opérations de Noël pour cette fin d’année 2013.
Le buzz WestJet Christmas Miracle :
Avant l’embarquement pour les vols de Toronto et d’Hamilton vers Calgary, les passagers ont eu la surprise de pouvoir parler au Père Noël et lui confier leurs envies de cadeaux de fin d’année.
A l’arrivée, au lieu de récupérer uniquement leurs bagages sur le tapis prévu à cet effet, les passagers ont eu la chance de trouver également des cadeaux à leurs noms, contenant tout ce qu’ils avaient demandé.

Un processus de création bien rodé :
 Richard Bartrem, Vice-President des communications et relations communautaires de WestJet explique que cette opération avait pour but de transmettre la culture d’entreprise de la compagnie aérienne basée sur un esprit de partage, de sympathie et d’attention.
 Ce projet, réalisé avec l’agence Studio M, a débuté en août dernier et a pu être mené à bien avec l’aide de 150 employés de la compagnie et par le biais des nouvelles technologies, notamment grâce aux bornes d’enregistrement équipées de scanner et à l’utilisation de quelques 200 caméras cachées.
 En plus de créer une interaction très personnalisée avec sa clientèle, WestJest va plus loin en promettant de soutenir l’organisme Ronald McDonald Canada, dès que la vidéo de cette opération aura atteint les 200 000 vues sur Youtube.
En effet, la compagnie s’est engagée à fournir des vols gratuits à l’organisme dédié aux familles d’enfants atteints de maladies graves ou de handicaps afin qu’ils puissent passer un meilleur Noël.

Réel partage ou simple coup marketing ?
Alors que la compagnie aérienne prône sur son site internet que : « Chez WestJet, nous avons toujours pris soin des gens qui nous entourent et nos investissements dans les collectivités en sont un bon exemple. »
 On peut tout de même se demander si cette belle opération n’est pas qu’un simple coup marketing afin d’améliorer et de développer le capital sympathie de la marque. En effet, des opérations similaires, déjà mises en place par les compagnies aériennes Spanair et KLM en 2010, avaient montré leurs preuves. Certes, un buzz moindre que chez WestJet mais qui leur avaient permis, tout de même, un joli coup de pub !
A l’heure de l’apologie de la consommation, toutes les entreprises, sans exception, sont en recherche constante d’une clientèle toujours plus importante.
Quoi de mieux que d’utiliser et mettre en avant sa propre clientèle pour la développer ? En effet, la compagnie aérienne WestJet a bien compris qu’un client heureux mais aussi multiconnecté peut-être un réel atout et un très bon investissement.
WestJet, par cette opération et la vidéo qui en a suivi, a réussi habilement à arriver à ses fins en plaçant bon nombre de sa clientèle comme ambassadeur de marque. Autrement dit, sa propre clientèle fera spontanément la promotion de la compagnie auprès de ses pairs consommateurs.
Cet avènement est d’autant plus important grâce à l’usage grandissant des réseaux sociaux. Ainsi ce nouveau marketing viral permet une plus grande visibilité, une meilleure communication de la marque et ce à moindre coût.
Plus généralement, on peut donc se demander si un nouveau créneau publicitaire ne serait pas en train de s’ouvrir et de se développer à travers les individus eux-mêmes, de part leurs relations avec les réseaux sociaux ?
Adeline Reux 
Sources :
Iletaitunepub.fr
Marketing20.fr
Westjet.com

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Free : une communication qui dérange

 
Tout a (re)commencé le 3 décembre dernier. Avec un simple tweet, Xavier Niel, fondateur de la société Free, endossait une fois de plus le costume de salvateur des Français. Juste à temps pour Noël !

Après avoir bouleversé le paysage des abonnements internet avec son offre triple-play et une année seulement après le raz-de-marée provoqué par les prix au rabais de ses forfaits mobiles, est-il vraiment surprenant que Free se lance à nouveau dans la bataille ? Pas vraiment.
 Cette nouvelle offre est simple : Free aligne le prix de ses forfaits 4G à celui des autres, défiant ainsi toute concurrence.

Malgré les avantages évidents, Free fait toujours face au même problème, la qualité de son réseau : avec plus de 700 antennes actives début décembre, Free est encore très loin de ses concurrents (1 013 pour SFR, 3 879 pour Orange et 5 392 pour Bouygues).
Stéphane Richard, PDG d’Orange, ne manque d’ailleurs pas de pointer du doigt cette donnée cruciale, en annonçant que Free « vend du vent » ; même le gouvernement s’en mêle, car Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement productif, qualifie cette offre de « douteuse ».
Alors, buzz réussi ? Une fois de plus, Niel mise sur les mêmes procédés et ne surprend finalement plus personne. Il suffit de voir que l’annonce n’a pas eu le retentissement médiatique des précédentes révolutions de Free pour s’en rendre compte. Cette société, experte dans le domaine de la communication dont elle a fait son principal but, ne finit-elle pas par lasser ? Toujours est-il que la concurrence tremble, car Bouygues a d’ores-et-déjà riposté en annonçant l’arrivée très prochaine d’une offre 4G dans ses forfaits low-cost…
 
David Da Costa
Sources
Capital
LesEchos
LeMonde
LesEchos
Crédits photos
Free
Monpetitforfait

Burger King vs. Big Mac
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Burger King veille au grain

 
La course au « Like » sur Facebook est une problématique installée : que signifie-t-elle réellement pour les acteurs du réseau social ? Conduit-elle à des répercussions tangibles pour les marques et à un véritable engagement des utilisateurs ?
Le 5 décembre dernier, Burger King résout le problème chez ses fans norvégiens et leur fait passer un test de fidélité, via la page WhopperSellOut.com (désormais inaccessible). L’utilisateur est alors invité à cliquer sur le pouce « Like » s’il se considère comme un vrai fan. En revanche, s’il clique sur le Big Mac, il accepte alors d’être banni de la page de Burger King, avec, pour compensation, un Big Mac posté directement par… Burger King lui-même.
L’opération peut faire sourire, en ce que Burger King, s’il veut limiter le nombre de passagers clandestins sur sa page (ceux-ci pouvant bénéficier de menus gratuits), perd avec cette opération 80% de ses fans en Norvège (de 38 500, ils sont aujourd’hui passés à 10 500). Burger King assure cependant avoir conservé ses fans norvégiens les plus dévoués et revendique « un taux d’engagement cinq fois supérieur à ce qu’il était avant »… Difficile à appréhender.
Dans tous les cas, il est clair que Burger King s’est offert avec cette opération un joli coup de publicité, chapeautée par l’agence Dist Creative.
 
Céline Repoux
Sources :
Slate.fr
Journaldunet.com
Crédits photo :
Burger King

GoldieBlox
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L'ANTI-SEXISME AU PIED DU SAPIN

 
Comme chaque année, à l’approche de Noël, nous sommes bombardés de publicités de jouets pour enfants faisant la part belle à une séparation archaïque des genres. Si les petit garçons se voient offrir des voitures high-tech et autres outils de mécano, on réserve aux fillettes les dinettes roses à pailletes et les poupées « so girly ». C’est ce que dénonce , un Tumblr répertoriant avec humour les jouets les plus sexistes qui n’offrent aux petites filles d’autre ambition que celle de devenir de parfaites ménagères.
A contre-courant de ce marketing très genré, la marque californienne Goldieblox fait le buzz sur le net grâce à son nouveau spot publicitaire. Celui-ci met en scène trois petites filles qui, lassées de faire la popote pour leurs poupées, préfèrent s’adonner aux jeux de construction. Surfant sur la vague de la communication anti-sexiste, la start-up a décidé de faire résonner sa démarche en parodiant le titre ouvertement machiste « Girls ! » des Beastie boys. Si le célèbre groupe de rap décrivait la femme idéale comme une bonne à tout faire, Goldieblox transforme les paroles en affirmant qu’il est temps, pour cette mêmes femme de construire des vaisseaux spatiaux et de coder des applications.

II y a quelques semaines les magasins U créaient la polémique en dévoilant un catalogue de Noël révolutionnaire car non genré. On ne peut pas en dire autant de Goldieblox qui, s’intéressant uniquement aux petites filles, tombe tout de même dans le piège du marketing « pour filles ». Cette vague de publicités anti-sexistes n’est-elle alors que la recherche d’un millième outil marketing destiné à faire le buzz afin de vendre toujours plus, ou relève-t-elle réellement d’une démarche revendicative visant à détruire pour de bon les clichés culturels préexistants et à faire bouger nos sociétés?

Hélène Carrera
Sources :
Marieclaire.fr
Meltybuzz.fr
Lexpress.com
Enseignementsup.blog.lemonde.fr

ADF au palais des Congrès
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Une dent contre notre liberté

 
Lorsque, du 26 au 30 novembre, le Palais des Congrès accueille l’ADF (Association Dentaire Française) le temps d’une exposition et d’un forum sur la médecine dentaire, celle-ci ne fait pas les choses à moitié… Au risque de harceler une nouvelle fois les usagers du métro parisien. A cette occasion, la station Porte Maillot s’est en effet trouvée métamorphosée en immense vitrine publicitaire dont chaque espace a été approprié par un faisceau de grandes enseignes rattachées à ce business. Poteaux relookés, pans de murs réquisitionnés et sol parsemé de slogans, il y a de quoi parler d’un déploiement publicitaire de grande ampleur.
Loin d’être inédite, cette pratique de streetmarketing a notamment été déployée par des marques telles qu’IKEA, qui avait improvisé une sorte de show-room en installant des canapés sur les quais du métro en 2010. Son propos ? Améliorer notre quotidien. Si cette stratégie a fait mouche, pas sûr que l’appropriation de ces lieux par des fabricants de dentifrice soit perçue du même œil… Au contraire, cette omniprésence publicitaire est souvent envisagée comme une pollution visuelle nuisible qui sature l’espace public. Toujours est-il que ces exemples témoignent du fait que la publicité n’est désormais plus contenue par aucun cadre, qu’ils soient physiques ou normatifs. Qu’en est-il de notre espace personnel dans tout cela ?
 
Elsa Becquart
Crédits photo :
Atlantico.fr

PS4 Sony
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This is for the players

 
Le vendredi 29 novembre 2013 est une date qui restera longtemps marquée dans les esprits des gamers. Et pour cause : sept ans après la sortie de la PlayStation3, le géant Sony a lancé celle qui a pour vocation de devenir la nouvelle star du monde du jeu vidéo, j’ai nommé la PlayStation4.
Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes (virtuels) si cet événement ne coïncidait pas, à une semaine près, avec l’entrée sur le marché de la Xbox One, nouveau produit phare de Microsoft. Ce lancement simultané est inédit et annonce une lutte acharnée entre les deux marques pour séduire le public, d’autant plus que le Japonais Nintendo semble être hors jeu, sa Wii U ne rencontrant pas le succès escompté.
Pour pouvoir se démarquer, les deux concurrents ont donc mis en place différentes stratégies de communication. Ainsi, le 21 novembre, Microsoft avait convié environ mille personnes dans le bâtiment vert (judicieux rappel du logo Xbox) de la Cité de la Mode et du Design. La riposte de Sony ne s’est pas faite attendre. Les quotas de prévente ayant été atteints chez les principaux revendeurs, le magasin Sony Store de Paris (Avenue Georges V) a permis à huit cents chanceux supplémentaires d’acquérir le petit bijou dès le vendredi 29 novembre à 11h. Cerise sur le gâteau, le PDG du groupe, Andrew House, était présent lors de la remise de ce nouveau Saint Graal.
Sony semble avoir gagné la bataille de la communication en se focalisant sur le jeu et les joueurs assidus tandis que Microsoft tentait d’attirer un public très large. Mais dans un contexte où de nouveaux produits ne voient le jour que tous les sept ans environ, le business des consoles est une véritable guerre de tranchées. Que le meilleur gagne.
Margaux Putavy
Sources :
Challenges.fr
Tf1.fr

fondation Abbé Pierre
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Com’ des gens normaux

 
La Fondation Abbé Pierre a dévoilé le 22 novembre lors d’une conférence de presse le thème et les visuels de sa nouvelle campagne d’hiver de sensibilisation au mal-logement. Elle a eu recours une nouvelle fois à l’agence BDDP & Fils : le résultat met clairement l’accent sur l’indifférence des passants qui croisent chaque jour le chemin des quelques 140 000 sans domicile fixe qui vivent en France.
La nouvelle campagne humanitaire, composée de trois prints « Le barbecue » « L’anniversaire » et « La plage », sera affichée sur 12 000 panneaux et abribus pendant tout le mois de décembre en métropole et sur l’île de la Réunion. D’autres médias seront mobilisés pour véhiculer le message : un spot sera diffusé à la télévision et des messages radio complèteront également la campagne hiver 2014.

« Ils ont eu un passé. Aidons-les à retrouver un avenir », voilà le message fort de cette campagne. L’apposition de ces deux phrases simples en blanc qui se détachent des tons ternes de la photo, met en lumière l’absence d’un lien logique qui met mal à l’aise : « Ils n’ont pas de présent ». Rendre aux mal-logés les parts d’humanité et de respect qu’on accorde à tous ceux qui ne dorment pas à même le sol dans la rue, là est clairement posé l’objectif de cette campagne. Le message est d’autant plus fort que les photos sont justes : ce sont des scènes familières et non des caricatures. En effet, le présupposé de la campagne qui n’est pas mis en avant dans le texte -sûrement par délicatesse- n’est pas nouveau : la condition d’un sans domicile fixe s’accompagne, au-delà d’une perte de biens, d’une perte d’estime du reste des gens, qui lui ôtent son statut de « semblable ». C’est dans l’image que le photographe et vidéaste freelance Hervé Plumet choisit de souligner ce fait. Il crée un contraste visuel saisissant entre les vieilles photos de famille colorées, chaleureuses, et les clichés de la condition actuelle, morne, froide et solitaire de l’individu. Il nous met face à la réalité : ce sont des gens comme nous, nous pourrions être semblables à eux. Le sous-titre de la campagne achève de nous unir à leur sort : « Plus de 140 000 d’entre nous sont sans domicile. Agissons ! »
 Les ressorts du pathos de cette campagne sont par ailleurs classiques mais efficaces : le contraste des couleurs, la vieille photo de famille écornée comme si elle était un souvenir que la personne conservait contre elle en tout temps, sont autant de rappels violents d’un présent solitaire. Les trois confrontations visuelles de la campagne sont symboliquement fortes. La femme autrefois étendue lascivement sur le sable de la plage est à présent « à terre » ; l’enfant qui fêtait son anniversaire entourée de cadeaux est dans les bras d’une mère qui ne peut rien lui offrir, exposée aux dangers ; le père de famille qui entretenait le barbecue est réduit à chercher des restes de nourriture dans les poubelles. La typographie, de façon plus subtile et originale, arbore un léger effet « sale », qui mime les conditions de vie dégradantes de la rue.
 Le spot, centré sur l’errance et la détresse touche juste : la caméra prend le contrôle de notre regard et l’oblige à rester focalisé sur le vieil homme qui erre quand nous passons justement notre temps à regarder ailleurs. De courts plans des photos de son passé scandent la vidéo, comme si nous percevions plus ce qui nous rapproche de lui à mesure que nous le regardons. Enfance, joies, vacances, mariage, travail, autant de clichés que l’on a tous chez soi dans un vieil album de famille.

Cependant, quelle est l’efficacité de cette campagne ? Elle est touchante, dirige le regard vers ceux que l’on évite et invite à rendre plus humain notre rapport aux personnes sans domicile, mais pousse-t-elle vraiment à agir ? Montrer du doigt le problème va peut-être augmenter le malaise chez des passants qui, en réalité, sont déjà bien conscients de la précarité des sans domicile fixe. Certes, il sera bien plus difficile de détourner le regard quand, en passant dans une station de métro, on verra un SDF installé en dessous d’une telle affiche, mais va-t-on pour autant se précipiter sur son téléphone pour faire un don ? De plus, on ressent bien souvent une sorte de soulagement coupable quand un autre dit ce qu’il est de bon ton de dire : c’est comme si être d’accord avec la campagne déculpabilisait de ne rien faire.
 Néanmoins cette campagne adresse comme chaque hiver un message de soutien fort aux personnes sans-abris qui ne sont pas vraiment les cibles classiques des publicités affichées dans la rue. Dans une société où l’on tend à cacher la misère, afficher de telles photos partout dans les villes est en soi une forme d’engagement que l’on se doit de féliciter. Les sans domicile fixe ne manifestent pas, n’ont pas de revendications, n’ont pas de pouvoir d’achat et ne sont donc pas représentés médiatiquement et politiquement. A l’heure où le fait divers d’un SDF qui aurait agressé un nonagénaire puis mangé son cœur déchaîne plus les passions que le chiffre affolant de 140 000 personnes à la rue, ça change.
 Avec l’arrivée de la vague de froid, les enjeux de cette campagne sont d’autant plus urgents. Des moyens sont actuellement mis en place pour aider les sans-abris : il est possible de faire des dons aux associations humanitaires comme La Fondation Abbé Pierre ou La Croix Rouge qui organise de plus régulièrement des maraudes pour renouer le lien social avec les personnes en détresse. Les Restos du Cœur ou La Chorba, associations humanitaires qui distribuent des repas gratuits dans Paris, ont aussi besoin de dons.
 Malgré les moyens supplémentaires mobilisés en début d’année grâce au Plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté, le secteur de l’accueil et de l’hébergement est en crise et ne peut faire face à la demande croissante. Bien que le problème reste avant tout politique (logements vacants à utiliser, retraites insuffisantes, gestion économique et sociale du pays), cette campagne nous rappelle que nous détenons tous le pouvoir d’agir et d’être réellement utiles pour ces personnes en détresse. En soi, s’exclamer « Monsieur vous êtes mon égal » à la manière de Baudelaire («Assommons les Pauvres », Le Spleen de Paris) n’a pas de grande utilité.
 Espérons qu’avec Noël la charité revienne à la mode.
 
 Rimond Leïla
Sources :
Fondation-abbe-pierre.fr
Lareclame.fr
Lexpress.fr

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Montcuq
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À 46€/Litre : Montcuq ne manque pas d'air

 
« Je respire à pleins poumons l’air (pur) de Montcuq », déclarait d’un ton goguenard à la caméra l’humoriste Daniel Prévost en 1976. C’était lors d’un reportage mythique du « Petit Rapporteur » consacré à cette minuscule bourgade lotoise au nom bien potache : le village de Montcuq.
Daniel Prévost était alors à mille lieues de se douter que, pas moins de 37 ans plus tard, en novembre 2013, un ancien étudiant en communication de Toulouse, Antoine Deblay, lui donnerait la réplique en décidant de commercialiser pour de bon « l’air (si) pur » de
Montcuq. Mais alors, pour reprendre la vanne de Prévost, « quelle est la spécialité de Montcuq », si ce n’est, justement, la communication autour d’un nom qui prête à sourire ?
Quelle est la « spécialité de Montcuq », si ce n’est, dès lors, de proposer un marketing territorial assez inédit, un marketing purement toponymique ? Et d’ailleurs, plus généralement, ce coup de pub insolite n’est-il pas révélateur du pouvoir incontestable de la Communication, indépendamment-même de l’objet dont elle fait la promotion ? 
C’est ce que nous vous proposons de voir à travers l’étude de ce coup de com incroyable.
L’Air de Montcuq, une spécialité insolite ?
C’est ainsi qu’Antoine Deblay, originaire dudit village, a décidé de prendre au mot le sketch de Prevost et de mettre véritablement en vente en ligne des boîtes de conserve d’une contenance de 250 ml remplies de l’« air pur » (et certifié « 100% bio »!) de Montcuq. En effet, dès fin juin 2013, le site de financement participatif Kisskissbankbank lui avait permis de faire appel à l’humour et à la générosité des internautes et de récolter ainsi plus de 800€ en l’espace d’un mois. Il a immédiatement investi cette somme rondelette dans la commercialisation (mise en boîte, étiquetage, maintenance du site web – pages Facebook et Twitter, également-) de cette fragrance lucrative pour le moins insolite, l’« Air de Montcuq ».
 

Zoom sur Montcuq
Zoomons sur la boîte.
Emmagasiné dans des boîtes de conserve de petite contenance (250 mL), cet air frais certifié « 100% bio » serait, rappelons-le quand même, « conditionné à la main à Montcuq ». Or, Antoine Deblay, en bon fanfaron et en commerçant consciencieux, pousse la plaisanterie jusqu’à satisfaire aux exigences du développement durable. Il déclare limiter scrupuleusement à 10 litres le prélèvement hebdomadaire du précieux gaz. Pour « ne pas vider Montcuq de son air », semble-t-il. Brasser de l’air « 100% bio » n’est pourtant pas donné : 5€ (auxquels il faut ajouter des frais de ports de 5€50). Ce qui nous fait du 42€ le litre d’« air pur » de Montcuq. Malgré ce prix exorbitant, les commandes affluent et les billets pleuvent : 70 boîtes ont été vendues à ce jour. Mais comme on dit, l’argent n’a pas d’odeur, alors que l’air de Montcuq, lui, oui.
 
L’Air de Montcuq, que du vent ?
Trêve de plaisanteries. Ce commerce florissant aux allures de poisson d’avril est tout à fait révélateur du pouvoir de la communication.
Aussi révélateur que peut l’être ce célèbre conte de Hans Christian Andersen, « Les habits neufs de l’empereur », réinterprété – il est vrai – assez librement. Dans ce conte, deux talentueux charlatans parviennent à faire se balader le roi entièrement nu après avoir prétendu qu’ils lui ont vendu un tissu précieux fait d’une étoffe quasi transparente. La morale, à nouveaux frais, est très simple : une bonne communication, même autour de rien et d’une absence de produit, peut beaucoup.
Est-il alors nécessaire de rappeler cette fameuse campagne d’affichage publicitaire de 1953, campagne « GARAP » lancée en l’honneur de de la Semaine mondiale de la publicité ? La vérité de cette campagne finit par se savoir, ce produit « GARAP » dont tout le monde avait nécessairement très vite entendu parler et que tout le monde avait fini par convoiter n’existait pas, et le mystérieux acronyme ne signifiait rien. C’était une campagne simplement destinée à signifier la (toute-)puissance de la publicité en ce milieu de XXe siècle.
Osons l’irrévérence, l’air de Montcuq n’est pas simplement le point de cristallisation d’une infra-ordinarité qui surpasse ses droits et qui fait de l’air un produit de luxe. L’air de Montcuq est un véritable objet d’art, insaisissable, unique et authentique (« à ne consommer qu’une fois » rappelle la boîte de conserve). La boîte d’air de Montcuq (2013) d’Antoine Deblay comporte donc quelque chose d’insaisissable et de purement contemporain – outre la cristallisation insolite des infinies potentialités de la publicité en régime médiatique -, à la croisée d’une non-oeuvre telle que l’«exposition sur le vide» (1957) de Klein (dont elle aurait pu être un bibelot) et de la banalité vulgaire du ready-made « Fontaine » (1917) de Duchamp.
Après ce coup de pub récent et lucratif, coup de com génial signé Deblay, en 2013, une chose est sûre : Montcuq a bon dos et ne manque pas d’air. Voilà au moins de quoi, pour ce patelin au nom de postérieur, asseoir un moment sa postérité.
 
Matthieu Parlons
Sources :
France3 Midi-Pyrénées
Wikipedia
Crédits photos :
Image de Une : Plaque d’entrée de la ville de Montcuq, le 6 octobre 2007 (TRAVERS ERIC/SIPA).
Boîte d’air de MontCuq : Site d’Antoine Deblay – airdemontcuq.fr

Les rousses dans la publicité aujourd'hui
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Elles sont rousses et alors !

 
Lorsque l’on pense aux rousses et aux roux, certaines personnalités viennent immanquablement illustrer notre pensée : le Prince Harry, Poil de carotte, Ron Weasley ou Mylène Farmer. Qu’ils soient rebelles, persécutés, boute-en-train ou provocateurs, les roux sont hors normes. Leurs cheveux flamboyants leur ont longtemps valu d’être considérés comme des incarnations du Malin. Bien que cette conception moyenâgeuse ancestrale ait été abandonnée au fil des siècles, cela n’a pas tari le flot de moqueries à leur égard. Extrapolant la situation, le clip réalisé en 2010 par Romain Gavras intitulé Born free met en scène l’extermination de cette communauté ; la seule qui n’ait encore jamais été inquiétée. Par ce biais, Gavras pointe l’absurdité et l’arbitraire de tout système ségrégationniste. Ce clip après avoir heurté l’opinion publique a suscité une importante polémique à son sujet en attirant l’attention sur les roux. Serait-ce l’élément déclencheur d’un changement des mentalités ?
Depuis les années 2010, en effet, les choses évoluent. Si tant est qu’on puisse parler d’une communauté rousse, comme le festival Redhead Days le revendique, il n’est pas anodin de remarquer qu’elle est de plus en plus mise à l’honneur dans la publicité et au cinéma. L’heure de la revanche a sonné ! Les affiches du métro parisien de cette semaine ne démentiront pas mon propos : celles pour Thalys, Kinder Bueno, du film Il était une fois et même, jusque dans la gare saint-Lazare. La SNCF annonce que le relais toilettes est ouvert plus longtemps pour assurer le confort des voyageurs tout en exhibant une femme dont la couronne de cheveux rousse n’a pas manqué d’attirer mon regard. Voici une petite sélection personnelle de campagnes de promotion des roux. En janvier 2013, le créateur Songzio hypnotise la foule lors de son défilé en présentant des mannequins roux pour sa nouvelle collection. En mars 2013, AMV, l’assurance pour deux roues met en scène deux roux. En avril 2013, Evian présente un homme et un bébé roux côté à côte. En mai 2013, la crème Biafine choisit une mannequin rousse. Sans oublier, « adopte un roux », campagne souvent renouvelée par le site de rencontre Adopteunmecmec.com. Ce bref inventaire n’étonne guère les lectrices assidues de magazines féminins qui, depuis longtemps déjà, ont remarqué l’affluence croissante de mannequins rousses qui posent pour les shootings de mode. Enfin, le site Meltyfashion craque pour le roux cet hiver 2013-2014 et propose à ses internautes un panel des colorations. Outre-Atlantique, la dynamique est similaire, comme le prouve la campagne publicitaire audacieuse faite par la marque américaine de lingerie Blush ou encore la nouvelle chanteuse lancée par Disney, Bella Thorne. Vous l’aurez compris, Red is beautiful, désormais.
Pourquoi un tel retour en force des roux ? Pour se distinguer, affirmerait Baudrillard. Dans La Société de consommation, il assure que notre société contemporaine est régie par une logique de différenciation. Chaque groupe social en consommant des objets, c’est-à-dire en manipulant des signes, participe au maintien de la hiérarchie sociale. Les publicitaires, en tant que leaders d’opinion, impulsent des dynamiques avant-gardistes. Ici, ils ont décidé de se distinguer des autres en promouvant la couleur rousse. Elle va ainsi à l’encontre de l’imaginaire populaire. Le fait d’être roux n’est pas reconnu comme beauté intrinsèque, mais sert à affirmer son appartenance à la catégorie sociale supérieure. Cette catégorie est la première à chercher des moyens de se différencier, si l’on en croit l’analyse de Bourdieu.
Cependant, le propre de toute distinction impulsée par la catégorie supérieure est de mettre du temps à se diffuser dans l’ensemble du corps social ; comme en témoigne le film Being ginger sorti en août 2013.  Scott P. Harris aux cheveux couleur de flamme relate sa vie quotidienne et plus particulièrement les difficultés qu’il rencontre à trouver l’amour. Ce documentaire ponctué d’interviews montrent que les clichés ont la peau rude. Pour la plupart des gens, le roux est loin d’être attirant.
Alors quel avenir envisagé pour ce qui apparait comme un phénomène de mode, un énième moyen pour la publicité d’attirer l’attention ? La couleur rousse pourra-t-elle un jour se fondre dans la masse ?
 
Miléna Sintic