pain dans du plastique
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Au secours, mon boulanger est devenu transparent !

 
Comme tout le monde, l’apprenti communicant fait sa vaisselle, ses courses et son ménage. Légère différence avec tout le monde, la bouteille d’eau de Javel ou l’emballage de son goûter préféré sont susceptibles de l’amener à de longues et fastidieuses méditations. Je passai ainsi pour un être fort étrange ce matin en allant acheter ma baguette de pain quand, au lieu de passer ma commande, je me trouvai éberlué par la vue d’un mitron travaillant au four juste derrière la vendeuse.
Plus précisément, ce n’était pas ce mitron qui était en cause, ni son travail, ni même le four, mais bien autre chose. Tout simplement en fait, je venais de réaliser que la boulangerie en bas de chez moi avait été convertie au culte de la transparence ! Quand on pense transparence, on pense bien sûr  plus facilement à la finance ou la politique qu’à l’artisan du coin. Pourtant, la chose est ici indéniable, mon boulanger est devenu transparent.
D’une certaine manière, ça tombe bien. Ça permet de voir un peu mieux ce qu’est ce fameux concept, comment il circule, fonctionne et surtout dysfonctionne. Par exemple, je vois bien le mitron faire du pain, mais qu’est-ce qui me garantit que c’est bien le pain qui se trouve dans les panières devant moi ? De même, l’ouvrier est propre sur lui, son four a l’air nettoyé, le reste de son matériel aussi, pourtant rien ne me garantit qu’il suit les règles d’hygiène à la lettre et, ça je serais bien incapable de le voir.
Mais, quel est le rapport de tout cela à la communication, pensez-vous peut-être ? C’est justement que tout cela est de la communication. La transparence est un discours, un discours visuel ici, c’est-à-dire une mise en scène. On nous donne à voir le travail de l’artisan et on sous-entend ainsi : « on ne vous cache rien donc vous pouvez avoir confiance. » Problème, on ne peut pas ne rien cacher, il y aurait trop à montrer. Impossible de faire voir la semence de chaque grain de blé, la moisson de chaque épi, la mouture de chaque élément, toutes les étapes du travail du boulanger, etc. La transparence est impossible. Mieux ou pire, elle est un excellent moyen de ne montrer que ce que l’on veut montrer. Si je « joue la transparence » la journée dans mon atelier, il est plus facile d’y faire ce que je veux la nuit, puisque j’ai la confiance de mes consommateurs.
Le déplacement de la transparence vers des univers bien connus et relativement simples nous permet ainsi de comprendre comment elle fonctionne dans des mondes plus complexes. Fantasme de notre temps, peut-être né de la défiance, elle en génère à son tour. On n’a pas confiance en les institutions, alors on leur demande de nous montrer tout ce qu’elles font, mais elles sont incapables (et pas forcément désireuses) de le faire, et la défiance s’en trouve aggravée : « on ne nous dit pas tout ».
Un des défis des communicants de demain, et donc des apprentis communicants d’aujourd’hui, ce sera peut-être d’aider à sortir de la transparence et donc à rétablir la confiance. Sans prêter de pouvoirs magiques à la communication, on peut penser qu’elle aurait sa place dans une telle entreprise. Et, ce ne serait pas simplement l’occasion de se faire belles âmes mais aussi d’éviter de passer pour d’éternels vendeurs de vent.
 
Romain Pédron

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Le site de la campagne l'Odyssée de Cartier pour les 160 ans de la marque
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Après Homère, c'est au tour de Cartier

 
Je doute que la belle panthère Cartier ait échappé à votre regard ces derniers jours, se baladant d’écrans en écrans, du web à la télévision… Après deux ans de travail acharné, l’agence Marcel nous offre un film, à l’occasion des 165 ans de la marque, qui peut se vanter d’avoir déjà plus de 2 millions de vues à son actif. Et pour cause ! Une plongée de 3 minutes 30 dans un univers indescriptible, onirique à souhait… « Un vrai bijou de film » ! C’est le cas de le dire. Une pure campagne d’image, institutionnelle, quasi-cinématographique, mettant en scène l’histoire et les valeurs de la marque sous la focale de la création et de l’art. Enjoy !

En soutien au film, l’agence a mis en place un site dédié à l’expérience, ainsi que la possibilité de découvrir le making-of directement sur la page Facebook Cartier.
 
Marion Mons
Crédits photo & vidéo : ©Cartier – ©Marcel

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Cube-McDonalds
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Ronald nous tire le portrait

 
La campagne « Venez comme vous êtes » continue de nous surprendre avec un nouveau volet qui n’est pas sans rappeler le lancement de la fameuse signature. Souvenez-vous, les stop-motion sympathiques et les enfilades d’affiches dans les couloirs de métro mettant en scène le même personnage avec différents styles si décalés.
Pour soutenir la nouvelle campagne print aux airs de cadavre exquis, lancée le 22 Février 2012, BETC a imaginé pour McDonalds une opération interactive. Ainsi, tout comme sur les affiches, les passants présents le 24 février sur le parvis de la Défense ont pu se prendre en photo et s’intégrer à la campagne dans un photomaton géant pourvu d’un grand écran :

A quand le shooting « portes ouvertes » ? Serons-nous tous bientôt des acteurs de pub ?
 
Marion Mons

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Image du film de la sécurité routière sorti début 2012 par Publicis Consultants sur les dangers de la route
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Un conducteur choqué en vaut deux

Voici le troisième volet d’une campagne en 3 temps menée par la Sécurité Routière, toujours bien décidée à nous rendre plus responsables ! En effet, même si le nombre de tués baisse d’années en années en France, elle n’en reste pas moins un des pays les plus concernés par les accidents de la route (encore 3 970 accidentés en 2011). C’est pour cette raison que la Sécurité Routière continue son travail et investie aujourd’hui dans des campagnes toujours plus transmédia. Il est donc possible de voir un nouveau film à la télévision depuis janvier, au cinéma depuis le 1er février, ainsi que sur facebook, sur msn et sur youtube (sans parler des relais média gratuits).
Après « Insoutenable » et ses 3 millions de vue sur Youtube en 2011 :

Et le film « électrochoc » décembre dernier :

Voici donc le premier film de Publicis Consultants pour l’organisme : 45 secondes pour « réveiller les consciences » et rappeler les principales causes des accidents de la route. Ce film fait partie d’une nouvelle campagne de sensibilisation demandant à chacun d’être acteur de la sécurité routière avec ce message « Tant qu’il y aura des morts…il nous faudra agir pour une route plus sûre ». Découvrez, en noir et blanc, 45 secondes d’images réelles mêlées à des images de fictions plus poignantes les unes que les autres :

Pour soutenir le film, l’agence a également prévu un espace de dialogue sur ce site. Le tout formant une campagne numérique conséquente.
 
Marion Mons
Sources :
©Le Parisien – ©Stratégies – ©Sécurité Routière – ©Publicis Consultants – Communiqué

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Peugeot 208 Expérience Interactive par BETC EURO RSCG
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Parce que le monde roule

 
Comme vous le savez, le secteur automobile est un poids non négligeable dans l’économie du pays. Le marché français compte peu d’acteurs qui se battent férocement pour voir monter leur taux de pénétration. Deux groupes tiennent tête à la concurrence étrangère : PSA Peugeot Citroën et Renault comme le montrent les chiffres du dernier rapport CCFA* en date (janvier 2012) :

VUL** à gauche et VP** à droite.
 
 
 
 
 
 
Non seulement les deux groupes doivent rester concurrents face aux compétiteurs étrangers, mais aussi  l’un vis-à-vis de l’autre ce qui n’est pas pour déplaire aux publicitaires. En effet, le marché automobile représente une grosse part des investissements publicitaires donnant lieu à des campagnes toujours plus spectaculaires et en grand nombre. De magnifiques campagnes d’images, de drôlissimes campagnes produits et surtout, depuis maintenant plusieurs années, d’innovantes campagnes digitales.
Après un petit tour d’horizon des différents sites de marques les plus populaires en France, deux dispositifs ont retenu mon attention. Le plus étonnant est sans aucun doute celui de Peugeot pour sa nouvelle 208. Plusieurs agences du groupe BETC EURO RSCG ont imaginé pour la marque une campagne intitulée « Let Your Body Drive »*** comportant notamment une forte présence sur le web en trois temps :
• Le jeu interactif « Body Way » comme première mise en bouche…
• Suivi d’une e-card « Body Painting » pensée par BETC Digital :
Pour envoyer ses vœux en light-painting,  Peugeot a mis à disposition des internautes un mini-site web très simple à utiliser : rédiger, signer, prévisualiser, envoyer ! Le tout sur les pas de danses d’ Aurélien Kairo et chorégraphié par Kader Attou.

• Enfin la dernière addition nous vient tout spécialement de BETC EURO RSCG Worldwide et Euro RSCG South Africa.  Pour boucler la boucle, l’expérience va plus loin avec une aventure interactive qui peut faire penser à la campagne Tipp-Ex par Buzzman ou la campagne Mennen par l’agence H. L’internaute est invité à choisir la suite de l’histoire en répondant par « Yes » ou « No ». Le corps et les sensations physiques sont bien entendu au centre de l’intrigue avec un scénario, disons le, assez comique et grotesque :

Ce concept m’est apparu très ludique même si ce n’est pas la première fois que j’y participe, c’est la première fois que cela a eu comme effet de me rappeler un souvenir d’enfance. Rien de pervers dans mes placards ne vous inquiétez pas ! Juste un livre de dessins Disney sur La Belle au Bois Dormant. C’était plus qu’un livre, c’était quasiment un jouet. Il avait cette particularité d’offrir au lecteur la possibilité de découvrir une suite différente à chaque lecture. Les carrefours de choix étaient nombreux  et les alternatives multiples !
Quand on y pense, cela pourrait être une façon intelligente d’assurer un taux de reprise en main élevé…
Dans le cas de Peugeot, c’est un peu le même système : le spectateur va consacrer 7 minutes de son précieux temps à cette expérience sans même vraiment s’en rendre compte car l’action opère son effet hypnotiseur, puis une fois qu’il aura fini pourra se prêter au jeu de recommencer pour tester les suites des réponses inverses. Le spectateur se transforme en joueur et tire du plaisir de l’expérience, ce qui peut aider à renforcer le pouvoir affinitaire de la marque. Sans compter que cela crée un véritable univers prometteur autour de la 208.
Le deuxième dispositif retenu fut celui de Mercedes pour sa nouvelle Classe M. Certes, moins extraordinaire que celui de Peugeot, il n’en reste pas moins remarquable par le travail et le soin qu’il aura demandé :
Découvrez la Machine à Voyager…
On se croirait presque sur un site d’agence de voyages avec les grandes photographies de paysages occupant tout l’écran et le texte descriptif du lieu situé à droite de la voiture. Le Classe M emmène l’internaute dans un tour du monde extrêmement rapide. Le site est soutenu par un film invitant à découvrir les voyages imprévus :

Bonne route !
 
Marion Mons
 
*Comité des Constructeurs Français d’Automobiles
**VUL – Véhicules Utilitaires, VP – Voitures Particulières
*** Traduction : « Laissez votre corps conduire »
Sources :
CCFA.fr
BETC-Life.com
Crédits photo et video : ©CCFA – ©Peugeot – ©Mercedes

Photo du site La Redoute
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The Naked Man, quand le bad buzz devient positif

L’affaire de l’homme nu de la Redoute ne vous a certainement pas échappé. Ou alors c’est que vous vivez enfermé depuis deux mois, sans la présence d’un quelconque média autour de vous. Dans le doute, et avec ma grande bonté, je vous la résume : début janvier, un homme nu a fait son apparition en arrière-plan d’une photo de vêtements pour enfants, sur le site du magazine de vente par correspondance : la Redoute.
Le gag paraît tellement énorme qu’on se demande comment personne n’avait pu s’en rendre compte jusqu’ici. La Redoute s’est platement excusée et a supprimé la photo – objet de la honte – de son site internet.
 
L’écho retentissant de l’affaire
 
Mais le mal était fait, et les internautes se sont hâtés de se saisir de cet énorme fail, pour s’en amuser, le détourner à n’en plus finir, glisser ce malheureux homme nu dans toutes les photos possibles. L’homme nu a vite basculé du côté des mèmes, aux côtés de Chuck Norris ou du Nyan Cat, et autres éléments que le web ne se lasse pas d’utiliser et d’utiliser encore, jusqu’à plus soif.
Plus d’un mois après son étonnante apparition, l’homme nu ne cesse de sévir, certains l’auraient même vu sur l’affiche de campagne de notre président candidat…

Mais les internautes n’ont pas été les seuls à se saisir de ce Bad Buzz, d’autres enseignes ont également sauté sur l’occasion, comme Les 3 suisses, le concurrent direct de la Redoute, qui a rhabillé l’homme nu avec un de ses maillot de bain, mais aussi Tipp ex (parce que, comme ils l’ont très justement dit, « On Redoute tous de faire des erreurs »), Orangina, etc.
L’histoire aurait pu s’arrêter là : l’affaire de La Redoute plus ou moins excusée, son homme nu continuant de tourner sur le web en souvenir d’un incident qui fait plus sourire qu’autre chose.
 
La réponse de La Redoute
 
Mais La Redoute en a décidé autrement, et, pour redoubler le buzz, a rebondi sur l’affaire avec une vidéo au second degré plutôt réussi, que je vous laisse découvrir.

Insister sur ses propres erreurs, c’était un choix de communication risqué à un moment où l’affaire avait encore toute ses chances d’être plus ou moins enterrée et où La Redoute pouvait reprendre ses activités normales, sans avoir perdu trop de clients. Mais c’était tout de même un pari à tenter, une bonne manière de montrer son sens de l’humour et de l’autodérision, de prouver son ancrage dans l’air du temps et sa compréhension de la culture web : de la viralité, des buzz, des mèmes, de ce besoin constant des internautes de se moquer ou tout simplement de rire de tout, de détourner sans jamais s’arrêter.
 
Le bilan
 
Alors, la stratégie de La Redoute a-t-elle été bonne ou mauvaise ? La marque aurait-elle mieux fait de se taire ? La vidéo au ton solennel, mais dont on comprend vite qu’il s’agit d’humour, de la marque a très rapidement tourné sur la toile, donnant à l’affaire de l’homme nu un nouveau rebondissement, un nouveau buzz qui a surpris les internautes d’une manière plutôt positive, sans doute attirés par le côté ludique que proposait la vidéo. Le jeu a réellement été mis en place : La Redoute avait caché dans son site 14 photos truquées que les internautes devaient retrouver.
Et en effet, il semble que le bilan ait été plutôt positif pour La Redoute. D’après le Petit Web*, la mise en place du jeu aurait généré un trafic croissant sur le site de la marque, une augmentation du nombre de fans sur sa page Facebook, ainsi que de nombreux échanges de tweets aux contenus en grande partie positifs.
Produire du commentaire et de la conversation, n’est-ce pas le principe d’un buzz réussi ?
Il semble donc que s’emparer de son propre bad buzz pour le tourner à son avantage ait été un succès pour la marque : elle a montré son sens de l’humour et a généré un important trafic sur son site internet. Tout bénef pour elle.
Elle peut donc remercier le monsieur qui se baladait tout nu les pieds dans l’eau ce jour-là, et on peut en faire autant : on n’ira pas forcément s’acheter des vêtements chez La Redoute grâce à lui, mais au moins, on a bien rigolé !
 
Claire Sarfati
Source :
Petitweb.fr
Crédits photos et vidéos :
©La Redoute

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Photo lessive 1
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Les héritiers des singes d'Omo

On en a vu et revu des pubs pour des marques de lessive : en général des spots télé, dans lesquels une famille heureuse et souriante voit sa vie perturbée par un drame terrible : les taches. Drame que la douce et gentille maman règle en deux temps trois mouvements, aidée par Le Chat, Ariel ou Dash.
Pourtant, un petit tour d’horizon de récentes opérations marketing nous prouve que les lessiviers ne choisissent pas toujours ce type de communication, et que certains essaient encore de nous surprendre. D’autant plus que la société évolue (pas à pas), les obligeant à revoir leur stratégie. Il y a, notamment, de plus en plus de femmes actives. Et même si, malgré tout, la lessive est encore une tâche majoritairement féminine, les annonceurs prennent conscience qu’ils ne peuvent plus s’adresser comme dans les années 50 à une cible unique, celles des femmes au foyer. Non, désormais, les acheteurs de lessive sont aussi bien des mères actives que des pères de famille ou des étudiants. Ainsi dans sa campagne polonaise « Keep the color », la marque Dreft s’adresse plus à la jeune working-girl amatrice de mode, qu’à la ménagère de 50 ans. Sur un format print que l’on voit bien s’intégrer dans un magazine de mode, la marque reprend les codes du dessin de mode et les détourne en utilisant la dilution de l’aquarelle pour communiquer autour d’une qualité de leur produit: la conservation des couleurs. Le message, en soi, ne diffère pas tellement de celui des publicités traditionnelles. C’est le canal qui est innovant: l’utilisation du dessin de mode, dans un univers surpeuplé de photos de machines à laver, et de tissus aux couleurs éclatantes. De cette façon, les lessiviers se tournent vers une nouvelle cible: une jeune femme dynamique qui cherche à préserver ses propres vêtements, et non plus ceux de ses enfants ou de son mari.
Les opérations innovantes dans le domaine de la lessive sont notamment celles qui se détournent du média télévision, dont les mécanismes sont peut-être trop connus des téléspectateurs. Ce qui marche aujourd’hui pour les marques, c’est l’échange: il faut engager la conservation, rendre le consommateur actif.

C’est par exemple ce que Tide a fait en Inde avec une publicité réalisée par l’agence Leo Burnett Bombay. La campagne occupe une double page de magazine, et est constituée d’une série de dessins représentant des métiers salissants: peintre, potier, mécanicien… Chaque portrait est agrémenté d’une large tache en carton qui, une fois repliée sur elle-même, représente un baril de lessive Tide. La même approche participative a été adoptée par Clorox for Colors à Dubaï. De grands panneaux figurant des taches colorées faites de Lego ont été placés sur le lieu de vente de la lessive, invitant les gens à venir décoller l’éclaboussure. Dans ces deux opérations, c’est le passant ou le lecteur du magazine qui agit, dans une illustration parfaite du banal message que la marque veut faire passer: notre lessive fait disparaître les taches. L’imaginaire du jeu est également répété (origami ou jeu de construction), et vient appuyer l’idée selon laquelle la marque offre une expérience, un divertissement, et ne recherche plus seulement à vendre un produit.
À Cape Town, en Afrique du Sud, Skip s’est même érigé en créateur d’Art. Là encore, le message véhiculé par le lessivier est plus que classique: c’est la blancheur, la nature, la pureté… Mais c’est par l’intermédiaire inhabituel d’une installation géante, faite de bouteilles de Skip recyclées, que ce message est relayé.
Voilà donc autant d’exemples qui montrent que la publicité, même sur un marché aussi saturé que celui de la lessive, arrive encore à nous surprendre en s’échappant des codes du genre.
 
Esther Pamart
Crédits photos:
•    AdsOfTheWorld.com
•    10and5.com
•    Leo Burnett

Meetic Affiche Metro Parisien Saint Valentin
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Comment ça, vous êtes célibataires ?

 
Vous n’y pensez pas quand même ? Pas avec ce que vous avez sous les yeux !
Il est effectivement difficile d’échapper aux campagnes diverses et variées que nous offrent les sites de rencontres en ce début d’année. Ces acteurs majeurs de notre réseau préféré semblent avoir décidé de se liguer contre un grand fléau de notre société : le célibat.
A croire que Meetic, Adopteunmec.com, Attractive World ont écouté aux portes lors des soirées du nouvel an, pour entendre les bonnes résolutions et les souhaits des milliers d’âmes seules en ce bas monde… Ou essaient-ils simplement de nous les souffler à l’oreille ?
Pour preuve, certains ont commencé leur campagne en décembre 2011, histoire de bien être en place lors des lancés de cotillons. E-Darling reprend pour cela le concept et même les images de ces spots TV diffusés courant 2011, chacun basé sur le témoignage d’un couple formé grâce au site. Il propose alors pour la fin d’année une compilation épurée et élégante en noir et blanc, qui s’intègre parfaitement dans l’ambiance des fêtes de fin d’année où l’on ne demande souvent qu’un peu de magie pour y croire un peu…

En effet, une nouvelle année est souvent propice à un nouveau départ pour les personnes qui ne sont pas satisfaites de leur vie. Il est impensable pour ces sites de louper le coche puisqu’après le 1er janvier pointe le 14 février, date phare dans leur calendrier. Il y a donc beaucoup en jeu en un mois et demi en ce qui concerne le nombre de membres et la satisfaction des inscrits.
Pour cela, Meetic a décidé pour sa nouvelle campagne d’être tout sauf pragmatique. Au lieu de miser sur le sérieux et l’efficacité de ces services, le site s’est offert l’aide d’une réalisatrice renommée. Il profite de l’image et de la médiatisation de Maïwenn pour promouvoir son nouveau spot TV et tente alors de changer la nature même de ce spot publicitaire en lui donnant un caractère de court métrage. Ce ton plus artistique est un moyen de modifier  le regard du public : avoir envie de regarder une pub est rare, mais avoir envie de regarder une vidéo faite par une personnalité majeure du cinéma français d’aujourd’hui, c’est autre chose.
Ainsi, finissons sur une note poétique :
« Parce que moi je pense que l’amour, le vrai, il n’en a rien à faire des statistiques, et qu’il ne se trouve pas  forcément au bureau, dans mon immeuble ou au coin de ma rue. Moi, je pense que les belles rencontres, elles se font partout, mais surtout ailleurs. »

 
Justine Brisson
Crédits photo et video :
©Meetic.fr
©AttractiveWorld.net
©AdopteUnMec.com
©Edarling.fr

Publicité Axe Anarchy Déodorant pour Femme 1
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Publicité Axe Anarchy

 
« Boumchikawawa », ça vous dit quelque chose ? On connaît bien sûr tous, les déodorants Axe, leurs pouvoirs « attractifs » et leurs pubs sulfureuses dans lesquelles des hordes de mannequins aux jambes interminables se précipitent sur leur proie. Ces pubs mettent en scène les fantasmes des hommes de manière souvent caricaturale en maniant auto-dérision et fond de vérité. Et ça marche ! Axe est en effet le leader du marché de déodorants masculins, ses produits sont distribués dans plus de 60 pays et l’entreprise incarne aujourd’hui la marque de soin pour hommes la plus populaire au monde. L’orientation des campagnes Axe a permis au grand groupe de se forger une vraie identité, qui explique d’ailleurs son succès : le déodorant Axe est bien plus qu’un déodorant, il incarne la puissance séductrice des hommes. La raison d’un tel engouement ? Les noms des produits, toujours évocateurs (il suffit de se souvenir de la campagne pour le déodorant « Hot Fever » et son slogan « Qui a les plus grosses marracasses ? ») jouent pour beaucoup dans l’image de marque, mais ce sont les campagnes publicitaires qui mêlent tous les ingrédients clés de la réussite : le buzz, l’humour et le sexe. Les femmes sont toujours de superbes créatures de rêve, à moitié dénudées, qui révèlent leur instinct animal dès qu’elles se trouvent à proximité du déodorant miracle.
Les pubs Axe ont souvent été dénoncées par les organisations de défense de l’image de la femme ; la meute des chiennes de garde a ainsi déjà plusieurs fois dénoncé les campagnes de l’enseigne considérées comme « des publicités à caractère sexiste ». Elles sont même allées jusqu’à porter plainte auprès du « jury de déontologie publicitaire » en réclamant une modification du spot publicitaire « plus t’es clean, moins elles le sont ». Evidemment Axe joue sur le second degré : les pubs sont toujours caricaturales et ne se transposent jamais dans la vraie vie. Les femmes peuvent parfois se sentir blessées, mais dans la plupart des cas elles sont simplement amusées face au grotesque du fantasme masculin.
De toute manière cela a peu d’importance car mesdames, nous ne sommes pas la cible et Axe n’a jamais eu besoin du consentement des femmes pour vendre ses produits aux hommes.
Oui mais voilà ! Il y a eu récemment un brusque retournement de situation. Axe est arrivé là ou on ne l’attendait pas du tout : la marque de soin pour hommes par excellence change brusquement de stratégie et tente de conquérir le marché du déodorant féminin.

Pas question cette fois de présenter des femmes soumises au désir des hommes ! Non car pour la première dans l’histoire de la marque, l’avis des femmes est pris en compte et influence le scénario publicitaire. Le défi est incroyable : ne pas déstabiliser le marché masculin par une féminisation de l’image, tout en parvenant à lancer un message suffisamment positif envers les femmes pour qu’elles achètent le produit. Axe doit détruire son éternelle image virile et machiste. La nouvelle campagne publicitaire « Axe Anarchy » présente donc deux produits : un déodorant pour homme et un déodorant pour femme. La logique est la même que dans l’industrie du parfum avec la présentation symétrique « pour lui » et « pour elle ». La marque ne rompt pas totalement avec ses codes traditionnels : l’humour et le sexe restent les éléments fondateurs de la publicité. Il y a toutefois une différence de taille : il n’y a plus d’opposition homme / femme mais une logique de couple dans lequel les partenaires sont mutuellement attirés. Les femmes ne sont plus des proies mais des êtres humains à part entière. Exit les milliers de femmes pour un seul homme : place à l’égalité des sexes ! Image bien rangée pour une marque sulfureuse me direz-vous ? Axe reste tout de même dans le registre de l’excès en présentant l’attraction réciproque dans un cadre apocalyptique de fin du monde avec beaucoup d’humour. Le slogan « Unleash the chaos » (« libère le chaos ») associe l’idée d’attraction sexuelle à l’anarchie et au désastre. Ce qui aurait dû être un symbole d’harmonie devient alors la cause d’un chaos profond et irréversible. Défi pleinement relevé !
 
Charlotte Moronval
Crédits photo et video : ©Axe

Miss Dior Cherie
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Mais où est donc passé le Chérie ?

 
En ces derniers jours de soldes, alors que les Français se ruent dans les magasins les poches vides mais l’espoir bien vivant, une certaine curieuse s’aventure au rayon Dior Parfums. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle s’aperçut que le « chérie »  du « Miss Dior Chérie » était introuvable. Interloquée et agitée, elle se mit à chercher sur chaque étiquette, chaque flacon, chaque emballage. Pas un seul n’y a échappé, le « chérie » semble s’être fait la malle. Curieuse qu’elle est, la voilà qui interroge la représentante désireuse de venir en aide à sa cliente transformée en Sherlock Holmes (mais en un peu plus féminin quand même).
A coup de questions, elle apprend qu’en effet la marque Dior opère une fusion de ses deux marques et parfums « Miss Dior » et « Miss Dior Chérie ». La Chérie a grandit, elle est plus toute jeune maintenant et de fait elle ne s’adresse plus à la même cliente. Il semblerait que la cadette attirait une cible plus âgée que celle qu’elle visait avec ses arômes de bonbons et ses nœuds roses. Donc la marque Dior a choisi de réadapter son produit à cette cible en faisant disparaître à la fois les notes sucrées et le « Chérie » jugée trop gamin. Le parfum se fait plus riche en jasmin pour gagner en sensualité et en maturité alors que la gamme se recentre sur une ligne directrice empreinte de patchouli.
Prise de risque ou pas ? Il y a de quoi se poser la question. Tout d’abord, il est intéressant de souligner que la marque s’exprime très peu à ce sujet. L’eau de parfum fut la première à vivre un changement, courant 2011, qui aura déçu plus d’une admiratrice des ses essences édulcorées, et pourtant l’information fut peu relayée voire complètement tue. D’ici aout 2012, le « Chérie » aura totalement disparu et encore une fois personne n’en parle comme si la marque Dior tenait à ce que cela passe inaperçu. Y aurait-il là le désir de pouvoir faire marche arrière, ni vu ni connu, en cas de fausse route ? Enfin ceci est hypothétique, mais ce qui pose vraiment question c’est la pertinence de ce repositionnement délicat d’une gamme bien implantée. Si l’on en croit les études sur la projection de soi, les plus jeunes ont tendance à se voir plus vieux mais passé un certain âge on procède à une inversion. Ainsi une femme ayant la trentaine aura tendance à se voir environ dix ans plus jeune, et par la suite verra le phénomène augmenter avec les années. Sachant cela, est-il véritablement pertinent de vieillir le produit pour l’adapter à sa cible acheteuse ? Surtout si ce que celle-ci en aime est l’image de la jeune fille aux nœuds pastel qui danse sur la voix de Brigitte Bardot (« Moi je joue »).
Autre paradoxe, celui d’un repositionnement vers l’aînée quand tout le monde cherche à toucher des cibles plus jeunes et souvent sans succès. Dans le cas du luxe, il faut reconnaître que l’acheteur se doit d’avoir un portefeuille capable de suivre l’offre mais ne dit-on pas aussi que les jeunes filles jouent parfois un grand rôle de prescripteurs auprès de leurs mères ? Et si les mamans veulent jouer à l’adolescente inconsciente, ne faut-il pas justement garder ce filon là, si peu exploité ailleurs. Tant de questions, si peu de réponses.
Une petite dernière quand même pour la route : si « Miss Dior Chérie » devient « Miss Dior », que devient le « Miss Dior » actuel avec son look – il faut le dire – assez démodé ?

 
Marion Mons

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