Affiche censurée du film Les Infidèles avec Dujardin sortie début 2012
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Quand l’ellipse se fait de moins en moins subtile…

 
Durant ces dernières semaines vous avez certainement eu le plaisir de vous retrouver face à une nouvelle tendance dans l’affichage que j’aime à surnommer « Parce que les publicitaires prennent leur pied ». En effet, je doute que les affiches du film Les Infidèles vous aient échappé, ou encore celles de Virgin pour son opération Love spéciale Saint Valentin (of course).
Par ces temps si froids, toutes ces jambes dénudées ont attiré mon regard (sans sous-entendu aucun). C’est d’abord l’ellipse qui m’a intéressée, le fait de montrer la partie pour le tout et d’exprimer ainsi bien plus qu’un banal message de publicité pour rasoir. Oui les jambes sont jolies, fines, épilées de près mais ce n’est pas tout. Elles sont coupées afin de laisser le reste du corps à l’imagination. L’esprit formule ainsi une image certainement bien plus crue que celle que l’on aurait pu afficher. Et pourtant cela est déjà en montrer trop il semblerait.

Dans le cas de Virgin, on reste dans du soft avec la présence à la fois d’une jeune fille et d’un jeune homme, à en juger par le teint et la tonicité de leurs peaux, ainsi que par une minceur souvent associée au bel âge. Le fait que les deux protagonistes pieds nus soient mis sur un pied d’égalité laisse penser à une relation amoureuse stable et respectueuse. Accrochés à leurs chevilles, ayant fait leur chemin le long de leurs jambes nues, reposent deux sous-vêtements, étrangement identiques. Nous avons là une première ellipse, au niveau des jambes coupées afin de ne pas heurter la bienséance, précisée par une seconde d’autant moins subtile. Dans l’espace qui sépare nos deux amoureux, le mot « Love » trouve sa place, racontant l’histoire de ces deux corps à la fois par ses multiples sens, par le choix d’une typographie féminine via sa couleur et masculine via son épaisseur imposante sans empattement.  Certains parlent de vulgarité, d’autres ne voient rien à redire mais il semblerait tout de même que ce type de visuel ne passe pas encore inaperçu malgré une certaine démocratisation de l’acte sexuel.

Pour Les Infidèles le verdict aura été plus tranché. Je n’ai pas besoin de vous expliquer ce que les féministes reprochent aux affiches… Il semblerait que nous n’ayons pas eu le plaisir de voir toutes les déclinaisons à ce jour car certaines ont été censurées avant même d’arriver dans les rues. A la différence de l’affiche de Virgin, nous avons là une très nette supériorité de l’homme sur la femme qui se retrouve, elle, réduite à un simple objet sexuel destiné à souligner le titre de « l’œuvre ». Comme si le nom du film n’était pas assez clair, les publicitaires ont jugé bon de le représenter, sans la moindre métaphore. On parlera encore sûrement d’un coup de buzz par provocation pure et simple mais si cela jouera peut-être en faveur du film qui verra ses entrées augmenter, ce ne sera pas forcément le cas d’un de ses acteurs principaux, Jean Dujardin. En effet, « The Artist » pourrait bien voir lui échapper son bel oscar en raison de toute cette affaire sordide (surtout aux yeux des américains).
Si l’ellipse n’est pas forcément l’une des meilleures techniques pour déjouer la censure, il en reste encore quelques unes qui pourraient bien faire le bonheur des publicitaires : une petite métonymie ? Qui sait…
En tout cas, je ne demande qu’à enrichir ma collection d’affiches « Parce que les publicitaires prennent leur pied » donc si vous en avez d’autres, envoyez !
 
Marion Mons
Crédits photo : ©Virgin – ©Mars Distribution/JD Prod

Signe de ralliement du PS pour les présidentielles 2012 fait par Jack Lang
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Des ninjas au PS

La communication tient aujourd’hui un rôle majeur en politique, peut-être souvent, et malheureusement, le rôle le plus important. Nous sommes, depuis maintenant un certain temps, les spectateurs béats du combat pour la terre, non pas du Milieu, mais de l’Elysée. De ce fait, faire campagne revient aujourd’hui à prendre les armes, à entrer en guerre contre différents adversaires pour conquérir différents publics. Mais aujourd’hui comme tout le monde le sait, l’homme politicien se bat en grande majorité via les médias, de toutes les formes possibles. Il tire la lance face aux micros, croise le fer avec les caméras, luttant corps et âme pour répondre aux questions, aux réactions et aux attaques des opposants et des commentateurs. Plus rien n’est laissé au hasard. Pas le moindre geste, la moindre réflexion, le moindre lapsus.
Cette année 2012 va donc voir s’affronter jusqu’au mois d’avril les principaux prétendants à la présidence et leurs armées respectives sur le grand champs de bataille médiatique, semé d’embûches.
Ceci est l’histoire de l’échec d’un cri de guerre raté qui pourrait s’avérer dérangeant  dans ce contexte politique sanglant.
En tête des sondages, le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, est clairement rentré en campagne ces dernières semaines. Et quelle entrée ! S’il n’y a rien à redire quant à la communication « personnelle » de l’homme qui peu à peu se métamorphose, passant de simple candidat à personne sérieusement présidentiable, le problème vient du slogan et surtout de l’illustration médiatique de ce dernier, véritable fiasco sur le net que je vous invite (peut être une fois de plus) à regarder.

Cette vidéo, circulant partout sur la toile depuis bientôt deux semaines, est l’objet de nombre de critiques, attaques et moqueries. Il faut en effet admettre en toute objectivité qu’il ne s’agit pas d’une grande réussite visuelle et symbolique. Le slogan en lui-même peut laisser certains d’entre nous dubitatifs. Confectionné à la perfection sous contrôle de l’équipe de communication du candidat dirigée par Manuel Valls, cet octosyllabe scindé en deux hémistiches également rythmés (1 pied, 3 pieds) véhicule tout l’enthousiasme, l’envie et peut-être la naïveté présente dans le projet socialiste. Loin de l’éternelle « Force tranquille » de Tonton, il rallie à la fois la part d’utopie présente dans le « rêve français » – notion chère au candidat (cf interview dans le Cabinet des curiosités) –  ainsi qu’une impression déjà très critiquée de déjà vu, du fait de sa ressemblance chiraquienne (« Ensemble maintenant ») et de son héritage mitterrandien (« Ici et maintenant »).
Las Ketchup revival
L’idée d’ajouter au slogan une dimension symbolique en lui assignant un geste, était donc risquée. Elle s’est avérée désastreuse.
Yann Barthès a reçu dans son Petit Journal du mercredi 25 Janvier, Vincent Feltesse responsable de la campagne numérique du candidat socialiste. Ce dernier a défendu l’idée de « blague au sein de l’équipe numérique » en mettant en avant toute « l’autodérision » du projet. Sauf que voilà l’autodérision est très vite capable de se transformer  en énorme flop. Si l’on regarde d’un peu plus près la vidéo, on voit que le geste de double coupure n’est pas réalisé de la même manière par tous les candidats. Il y a ceux qui le fond de l’extérieur vers l’intérieur (Jack Lang, Manuel Valls) symbolisant l’idée de coupure radicale dans le rassemblement, ceux qui partent de l’intérieur et décalent leurs mains vers l’extérieur pour faire table rase du passé (Pierre Moscovici). Et, c’est bien là le plus drôle, ceux qui font des vas-et-viens entre les deux positions, peut-être pour montrer que c’est quand même assez dur de couper le cordon. Nous rentrons alors là dans la catastrophe visuelle, surtout quand on voit deux personnes sur le même plan faire deux gestes complètement différents. Comment ne pas penser à Las Ketchup et leur chorégraphie qui fit danser un temps, la France entière, ou encore pour les puristes à la position des Power Rangers avant de se battre ? Une nouvelle image ninja pour le parti socialiste ?
Si le ridicule ne tue pas, il peut décrédibiliser. Quand on sait que l’UMP a racheté le nom de domaine du site relié au slogan de François Hollande pour y publier un faux programme critiquant le projet socialiste, on se dit que le candidat du changement aurait sans doute autre chose à faire que d’essuyer les facéties et maladresses de son équipe de communication.
Ne pas encore se tirer une balle dans le pied : tel est sans doute l’objectif premier des socialistes dans cette campagne bien assez violente.
 
Ambroise

Flyer de promotion de l'évènement "Entrez en sous vêtements, sortez habillés" par Desigual
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Jakadi que pour s’habiller, il faut d’abord être déshabillé

Comme de nombreux étudiants (presque) ruinés par la crise, c’est en profitant des soldes que vous pensez renouveler votre garde-robe et dépenser vos étrennes offertes par papy-mamie. Mais face à l’affluence de malades de la fièvre acheteuse ou pour éviter de finir à sec, beaucoup préfèrent sélectionner les magasins qui auront le privilège de recevoir leurs euros.
Pour être certain de figurer parmi ces élus, la marque espagnole Desigual a lancé une action de communication originale, permettant à la fois de lancer les soldes en fanfare et de faire, bien évidemment, le buzz tant recherché, graal de notre époque.
C’est ainsi que s’est déroulée le 11 janvier dernier l’édition française des « undie parties ». Le concept est simple, bien qu’insolite : « entrez en sous-vêtements, sortez habillés ! » Déjà réalisée dans plusieurs grandes villes du monde (Londres, New York, Madrid…), l’opération a été lancée à Lyon, où des centaines de jeunes ont affronté le froid dès la veille pour bénéficier de l’offre. Les cent premiers arrivés en sous-vêtements devaient en effet repartir avec deux pièces gratuites. Et l’idée semble être un succès. Laissant  pudeur et pull polaire dans la cabine d’essayage, une foule s’est rassemblée devant le magasin et n’a pas hésité à y passer la nuit.

D’après la marque l’opération est réussie, voire victime de son succès puisque certains prétendants ont du repartir comme ils étaient venus, en sous-vêtements. Il n’y a pas non plus de débordements à déplorer, toujours selon Desigual et l’ambiance semblait être « bon enfant ».  Et puis, soyons franc, qu’est- ce  qui pourrait mieux retenir l’attention devant une vitrine qu’un groupe de personnes (en majorité jeunes et bien bâties, car tout le monde n’ose pas afficher son nombril dans les rues) en sous-vêtements ?
Le discours est cependant plus nuancé du côté de la rue. L’organisation a connu quelques ratés si l’on en croit le collectif qui souhaite déposer une plainte pour publicité mensongère. Selon lui, les premiers arrivés n’ont pas forcément été les heureux élus et il reproche à Desigual d’avoir ‘choisi’ les cent premiers. L’attente semble également avoir été moins calme qu’il n’y parait  (même si aucun incident n’a eu lieu). D’autres encore déplorent le fait que l’on puisse se déshabiller en public uniquement pour des vêtements. La page facebook de l’évènement permet de voir les diverses réactions.
Quoi qu’il en soit, Desigual a visiblement atteint son but. Le débat « pour ou contre le fait de se déshabiller pour de l’argent ? », l’originalité et, avouons-le, le culot de l’événement ont constitué une grosse publicité pour la marque, tout en restant fidèle à son image. Desigual se définissant sur twitter comme « fun and unconventional. Our clothes are out of the ordinary and we get along with the whole world”. La marque a réussi le pari de faire du jamais vu en adéquation avec ses principes. Le succès est tel que l’on projette déjà de reconduire l’idée régulièrement et dans d’autres villes de France. Mais pour continuer à aller de l’avant dans sa communication et augmenter ses ventes, Desigual a d’ores et déjà trouvé une nouvelle idée : écrire un article de blog sur la collection « desigual inspired by cirque du soleil » pour gagner des prix  et avec une récompense pour toute participation : une remise de 20% sur la collection. Comme quoi, nous ne sommes pas les seuls à lier blog et communication !
 
Manon Levavasseur
Sources :
Msn News
Lyon Info
Le site Desigual
Crédits photo : @Desigual – @Trenditude.fr

Le Bateau Costa Croisière échoué
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La leçon de pub du Costa Concordia

Le 13 janvier dernier, lors d’une croisière de 7 jours en Méditerranée, le Costa Condordia, navire de croisière de la société Costa Croisières, faisait naufrage au large de la Toscane, entraînant la mort et la disparition de nombreuses personnes.
Ce n’est pas le drame en lui-même qui m’intéresse aujourd’hui, mais les dommages communicationnels de l’événement.
Tout d’abord, le naufrage d’un de ses navires est évidemment une très mauvaise image pour Costa Croisière. En matière de publicité, la compagnie aura dorénavant du mal à se doter de slogans et de spots qui, en plus d’attirer la clientèle, réussissent à faire oublier la tragédie du Costa Concordia.
Le groupe Costa a d’ailleurs annulé toutes les communications publicitaires qui avaient été programmées. Ainsi par exemple, une nouvelle émission présentée par Mireille Dumas intitulée « La Croisière des Idoles » devait suivre des passagers et des chanteurs sur une croisière de luxe et être diffusée sur France 3 les 23 et 30 janvier, mais, par respect pour les victimes et les familles, Costa a dû annuler la diffusion de cette émission.
Récemment, la marque avait également lancé une grande campagne de spots télévisés dont le slogan annonçait fièrement la couleur : « Le paradis sur mer ». Quand on découvre ces publicités rétrospectivement, elles paraissent de très mauvais goût, puisque le paradis s’est transformé en enfer, à l’image du Titanic. On ne peut pas reprocher à la marque d’avoir voulu vanter les mérites de son produit, ce qui est tout de même le but de la publicité. Cependant, on peut quand même souligner que les choix du groupe Costa n’ont pas toujours été judicieux.
Ainsi, dans un de leurs spots, la voix off disait : « Quand vous avez goûté à une croisière Costa, c’est difficile de revenir à la vie de tous les jours. ». L’actualité donne à cette simple phrase un aspect morbide, et on imagine l’amertume des familles de victimes face à un tel slogan. Evidemment, Costa Croisière ne pouvait pas prévoir qu’un de ses bateaux allait faire naufrage, mais on peut tout de même exiger d’une marque de transport qui porte un certain pourcentage de risque (idem pour les compagnies aériennes) qu’elle choisisse des thèmes qui ne menacent pas de lui faire du tort par la suite ou de porter à confusion.
Le travail du publicitaire est donc délicat : il n’est pas seulement de donner au produit une belle image mais également d’envisager toutes les éventualités pour que sa pub, qui promet le paradis, ne devienne pas en un rien de temps le reflet amer d’un souvenir cauchemardesque.
Costa Croisière devra attendre un certain temps avant de pouvoir reprendre un vrai travail de publicité, le temps de réinstaurer un certain climat de confiance, impossible actuellement, alors même que les recherches des corps se poursuivent sur l’épave du navire.
 
 
Claire Sarfati
Crédits photo : PAUL HANNA/REUTERS

Opération Ikea Metro Auber Janvier 2012
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Quand Ikea invente la téléréalité… sans la télé

La population était déjà habituée à voir Ikéa meubler son métro en mettant à disposition sur les quais quelques canapés, pour le plus grand plaisir de son séant. En janvier, le grand magasin a carrément décidé de construire un appartement dans le ventre de Paris. Pour 54m2, évidemment, il faut un peu de place : le hall de la station Auber, spacieux et fréquenté, était le lieu rêvé pour cette opération.
Rien de très original direz-vous ? N’importe quel magasin Ikéa digne de ce nom nous fait entrer dans un immense espace aménagé de façon à ce que l’on ait l’impression de suivre la route du magicien d’Oz. On retrouve à différents endroits du magasin des coins totalement aménagés, généralement appelés « Votre chez vous » : on nous met en situation toute l’ingéniosité des produits Ikéa, avec quelques livres en suédois, évidemment, pour donner un peu de caractère à la pièce. Du coup, on est tellement enjoué par l’ameublement et la décoration de ces petits appartements que l’on prendrait bien le tout pour notre studio tout gris tout pas beau, même les livres en suédois s’il le faut.
Bref, ils sont forts chez Ikéa, et ce depuis longtemps, le but ici n’est pas de revenir sur ce point mais bien de présenter ce que les fjords ont encore inspiré à nos nordiques préférés.
Alors, quelle est la différence à Auber ?
En tant que véritable Curious, vous avez commencé cet article en regardant les photos et vous vous êtes dit : ben ça va, tranquille la fille sous la couette. Rien d’osé dans cela tout simplement parce que ce lit fut le sien pendant 6 jours. Ainsi, il y a bien une petite différence avec les aménagements en magasin : ici, si vous tournez le robinet, l’eau coule ! Détail révélateur d’une installation bien réelle : l’endroit a servi de maison pour 5 colocataires du 9 au 14 janvier.

Le premier avantage de l’opération est évident : si vous ne venez pas à Ikéa, Ikéa viendra à vous ; du pure street marketing par l’agence Ubi Bene (comme toujours). Ensuite, que faites-vous lorsque vous vous installez dans un nouvel appartement ? Une fête, bien sûr. Il suffisait d’aller jouer sur la page Facebook d’Ikéa pour gagner sa soirée dans le métro – so hype – et venir accompagné de 12 de nos amis.
Ainsi, nous avons là un concept très osé de la marque qui nous pose en plein de coeur de l’espace public un véritable aquarium humain. De larges espaces transparents ont été intégrés dans les cloisons de la construction pour permettre aux passants de regarder un peu ce qu’il se passe là-dedans… Pour mieux admirer la décoration, un appartement témoin, comme ceux des magasins, a été construit juste à côté de la colocation, histoire de ne pas trop chambouler les habitudes de leurs chers clients.
En plus des vitres installées, on peut souligner qu’il y avait des caméras branchées aux quatre coins de l’appartement, pour tout enregistrer de l’expérience.
A quand le lancement de la société de production Ikéa, spécialisée dans la téléréalité ?
 
Justine Brisson
 
La pub sur le site Ikéa

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Plus Belle La Pub

Derrière ce nom et ce logo dérivés de la sérié française (on ne vous la présente pas, vous l’avez reconnue), Plus Belle La Pub est l’œuvre de deux graphistes, qui se sont mis en tête de débusquer le mauvais goût qui règne parfois sur les affiches, flyers et autres supports visuels : associations de couleurs douteuses, fautes d’orthographes, agressions pour les yeux etc. Le tout réuni dans un blog  drôle et créatif, qui n’a pas peur de se moquer carrément de ces pubs que l’on croise tous les jours sans trop les regarder. Plus Belle La Pub, non seulement les regarde, mais les immortalise, les dénonce, les détourne, s’en amuse et nous amuse.
Bref, à FastNCurious, on aime la touche corrosive de Plus Belle La Pub, et en cette époque difficile où on veut nous priver des heures que l’on passait à regarder nos séries en streaming, PBLP devient le blog idéal où passer le temps. Aussi, on est ravis de vous annoncer que Plus Belle La Pub inaugure FriendsNCurious, notre nouvelle page partenariats*, dédiée aux sites qu’on aime, qu’on suit et qu’on soutient !
*Vous trouverez cette page dans l’A Propos du blog, juste en dessous !
 
Claire Sarfati

Campagne Dolce&Gabbana choquante
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Le shockvertising

Vous n’avez rien demandé à personne. En bon citoyen intégré à la société sur-consommatrice vous avez parfaitement intégré la présence des publicités dans votre milieu naturel, vous ne les voyez même plus, vous avez renoncé à vous battre contre cette hyper-publicitarisation qui vous envahie. Selon certaines agences, les Français subiraient entre 600 et 800 messages publicitaires par jour (2 500 selon la « Brigade anti-pub »).
Face à une telle omniprésence, les spectateurs sont devenus hostiles : la lassitude a peu à peu gagné les Français qui sont désormais passifs quant à l’abondance de ces messages.
Les entreprises, de leur côté, tentent désespérément de capter votre attention dans cette jungle où la compétition est rude. Certains misent sur l’humour, d’autres sur le glamour mais dans le meilleur des cas, une publicité ne retient notre attention que quelques instants. Il n’y a pas à tergiverser : celles qui nous sortent de notre torpeur habituelle, sont d’une toute autre nature. Vous les avez certainement déjà remarquées… Elles nous offusquent, nous terrorisent parfois. Elles se fondent dans la masse de slogans et de réclames pour mieux nous frapper.
Certaines affiches cherchent en effet à nous choquer, non par pur plaisir sadique mais par désir de sensibilisation et de lutte pour des causes nobles : combat contre l’exclusion, les violences conjugales, le tabagisme, la protection de l’environnement et des animaux, la faim dans le monde… Le spectateur ressent alors souvent un tel malaise qu’il accepte de faire un don pour soulager sa conscience.
Jusque là rien de bien nouveau, il existerait deux grandes familles publicitaires : celles qui nous vendent un produit en nous attirant et celles qui défendent une cause en nous choquant. L’une nous manipule, l’autre nous sensibilise. L’une incite à l’achat, l’autre nous pousse à nous remettre en cause. Ces deux ensembles semblent donc complètement distincts. La réalité est bien sûr beaucoup plus compliquée.
Les marques ont compris que le meilleur moyen de se différencier de la concurrence était de recourir à une stratégie plus agressive à l’égard des consommateurs. C’est la stratégie adoptée par Benetton sous l’égide du photographe Oliviero Toscani. Celui-ci a renoncé à l’idée de vendre du rêve ; pour lui la publicité « ne vend pas des produits ni des idées, mais un modèle frelaté et hypnotique du bonheur ». Exit donc le mythe de la publicité qui défendrait des valeurs et une vraie image de marque, place à la créativité, à la liberté d’expression et aux images fortes. Les photos de Toscani sont toujours percutantes, choquantes et contraires à l’opinion publique.
Une nouvelle technique publicitaire est donc en plein essor : le shockvertising. Exploiter les tabous de la société : le sexe, le racisme, la violence, la mort, la maladie pour faire la promotion d’un produit qui n’a aucun lien avec ces grands thèmes de société. Les publicitaires utilisent des éléments qui ne passent pas inaperçus dans le but de susciter des émotions négatives chez les consommateurs (révolte, tristesse, colère).
Pourquoi les marques cherchent-elles à choquer leurs clients potentiels ? En quoi cela est-il favorable à la vente ?
Le shockvertising est en réalité très efficace car le fait de troubler les spectateurs renforce la mémorisation et donc l’efficacité de la technique marchande. Ces campagnes entrainent la confusion chez celui qui les regarde car aucun lien apparent ne semble lier l’idée du message au produit lui-même ; cela oblige donc les spectateurs à réfléchir sur la connexion entre les deux. On peut prendre l’exemple de l’affiche Dolce Gabbana qui montre une scène de viol, ou encore la marque de vêtement Sisley qui est très connue pour ses publicités outrancières dans lesquelles les thèmes de la drogue et du sexe sont très souvent repris. On y voit notamment des jeunes filles en train de « sniffer » un T-Shirt blanc comme s’il s’agissait de cocaïne. D’autre part, une publicité censurée crée du scandale et attise ainsi la curiosité des consommateurs qui chercheront par tous les moyens à voir ce qui semble si dérangeant ; ce fut le cas pour les affiches de campagnes contre le Sida sur lesquelles la maladie était comparée à Hitler, Staline et Hussein.
Le shockvertising est une technique publicitaire controversée et souvent dénoncée.
Jusqu’où les marques sont-elles prêtes à aller pour nous inciter à l’achat ? Les valeurs morales que nous partageons peuvent-elles être irrespectueusement utilisées à des fins commerciales ? Les publicitaires se défendent en affirmant que la liberté d’expression et la créativité sont les bases de leur métier. De plus, l’argument marketing est incontestable : les campagnes choquantes font parler d’elles et donc des marques qu’elles représentent. Attention tout de même car donner un nom à une technique (le shockvertising), ne la rend pas légitime pour autant et les dérives sont fréquentes. Ames sensibles s’abstenir.
 
Charlotte Moronval
 
Crédits photo : ©Dolce&Gabbana – ©Aids – ©Sisley

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Jouet Citroën Cabriolet 1983 photo de Philippe Lavieille
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Le joujou, première initiation au « Brand content » ?

L’exposition « Des jouets et des hommes » qui se tient actuellement au Grand Palais jusqu’en janvier 2012 présente  toutes sortes de jouets occidentaux de l’antiquité à nos jours. « Le joujou est la première initiation à l’art »  nous rappelle le site de l’exposition citant Baudelaire. Il semblerait  que le jouet soit aussi  dans quelques cas une initiation à la consommation. Lors du parcours de l’exposition, on observe ainsi quelques jouets de marque comme une ferme Nestlé du début du siècle ou comme cette miniature Citroën des années 30 :

Des 1922, André Citroën donna en effet son accord à l’entreprise Migault pour la fabrication de miniatures des voitures vendues par les Usines Citroën[1]. Partager le plaisir du jeu des enfants,  participer au développement de leur imaginaire, les initier au maniement d’un objet fascinant, en voilà une bonne idée pour sensibiliser positivement les futurs consommateurs… Les parents-acheteurs sont les associés volontaires de cette entreprise de promotion de la marque pour le futur. Dans l’immédiat, c’est aussi l’occasion d’assurer la présence de la marque dans un univers où on ne l’attend pas, de favoriser une image positive dégagée de l’intentionnalité trop évidente de la transaction et de sa  monétisation en lui substituant les valeurs du didactique et du ludique. C’est aussi l’occasion de rappeler l’importance d’une marque éminente, sur un marché en pleine expansion associé à l’innovation, à la modernité et aux promesses d’un nouveau mode de vie.
Ce petit exemple témoigne de l’ancienneté de ce que certains nomment « le brand content » qui consiste à promouvoir sa marque en lui donnant une posture d’acteur culturel, en faisant passer au second plan sa vocation commerciale.  On peut donner de nombreux autres exemples d’ambitions culturelles de marque perceptibles dès la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle : édition de Meccano magazine,  1erGuide Michelin , planches pédagogiques Poulain mises à la disposition des instituteurs,  Cinebana de Banania dans les années 40 qui permettaient de projeter des images avec un dispositf en carton etc.
Alors que les discours sur le marketing font de la nouveauté un argument fort, alors que l’évocation du « brand content » se généralise sans pour autant que le processus soit toujours  qualifié et défini, il n’est peut-être pas inutile de restituer ces processus de marque dans une perspective historique. Non pas que « tout soit comme avant », ce qui serait erroné du point de vue technique, culturel, organisationnel etc., mais l’observation du « geste  communicationnel » à un siècle d’intervalle témoigne d’une même dynamique de conquête des marchés et de certains invariants des représentations des acteurs de la communication et du marketing. Le glissement d’une posture commerciale à une posture culturelle a ainsi le mérite de rappeler que les marques sont des systèmes de signification dont la portée est  à la fois économique et culturelle.
 

Caroline de Montety
Maître de Conférences au Celsa Paris-Sorbonne et chercheur au GRIPIC
 

[1] Source : mesminiatures.com
Crédits photo : Philippe Lavieille

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Une galette des rois
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La ralette des moi

En ce début d’année 2012, dans ce blog sérieux et cette rubrique d’actualité, j’aurais pu intituler cet article Zoom sur la crise !, vous parler de la morosité de ces dernières fêtes, des dernières tendances, du renouveau dans les campagnes de communication. Oui, sur tout cela j’aurais pu écrire, mais aujourd’hui, je vais faire comme tout le monde : je vais vous parler de la Galette des Rois. Durant ces temps d’épiphanie, le sujet est on ne peut plus d’actualité. La Galette est partout sur nos écrans. Tous les journaux en font mention, une à deux fois par jour ; les émissions et  documentaires ne sont pas épargnés. La Galette est le centre de toutes les attentions : comment est-elle faite ? Où ? Par qui ? Avec  quelles fèves ?
Et pourtant, la Galette, tradition ancestrale, est intégrée dans nos habitudes de consommation. Tous les ans, à date fixe, nous pensons à partager la Galette, en famille, entre amis, dans les clubs et les associations. Elle est devenue le lieu d’habitudes immuables qui perdurent et se perpétuent. . Elle s’est transformée en objet infra-ordinaire : on y pense sans y penser. La Galette des rois est devenue un symbole de sociabilité, d’amitié, de partage et d’échange.
La vieille dame fait l’unanimité. Elle n’a pas de détracteur. Personne n’ose se dresser contre une telle tradition : cela équivaudrait à contester l’existence du Père Noël ! Non, mêmes les diététiciens se taisent. En cette période de l’année, propice aux ripailles et aux réjouissances, la contestation serait malvenue.
Mais alors, si l’habitude de la Galette nous est constitutive, si elle est ancrée en nous comme un fossile dans son caillou, s’il ne nous viendrait pas à l’esprit d’oublier la Galette un 6 janvier, d’où provient la nécessité d’être si loquace ? On remarquera que la publicité, quant à elle, ne s’empare pas de cet objet : à part les panneaux dans les grands magasins, nous incite-t-on par des campagnes appuyées de marketing à en acheter ?
Moi-même, à cet instant, j’écris sur la Galette. J’écris sur la Galette et vous lisez cet article. J’écris sur la Galette et cela m’arrange autant de disserter sur ce thème que vous de le lire. J’écris sur ce sujet car cela m’évite d’avoir à traiter des sujets graves, cela me dispense de parler d’économie, de politique ou de finance. J’écris car entre un thème facile, attractif pour une majorité, et un thème rébarbatif qui ne touchera qu’un public ciblé, j’ai la même attitude que les médias actuels : je suis lâche et paresseuse. Et pourtant, de la même manière que les téléspectateurs regardent un reportage sur la fabrication de la Galette avec plaisir et soulagement, les lecteurs ressentent des sensations analogues en consultant un article qui ne les replonge pas dans leurs problèmes quotidiens. Car, de fait, ce n’est pas en répétant aux gens quels sont leurs problèmes que cela leur apportera une solution. Alors, nous cherchons la distraction. Et la Galette des rois est un thème distrayant. Distrayant, festif et joyeux.
C’est un sujet qui devient tellement omniprésent dans les premières semaines de janvier que personne ne peut échapper à ce flot incessant d’informations. Personne ne peut ignorer que c’est la période des rois, qu’il est temps d’acheter une Galette. Il devient donc inutile d’en faire la publicité. Nous la faisons tous maintenant. Médias, consommateurs, lecteur, téléspectateurs, blogueurs.
La Galette est un marronnier qui permet d’occulter l’actualité nationale et internationale. En France et dans le monde, il ne se passe plus rien : c’est l’époque des rois. Nous en viendrions  presque à oublier que, pendant ce temps, la Terre tourne, les guerres continuent, les famines se prolongent, les morts s’amassent, les crises se creusent, les débats font rage.  Dans les médias, la Galette a, comme on dit, bon dos : elle jette un voile opaque sur les évènements nouveaux, sur nos difficultés et sur le reste du monde. Elle nous fait dormir, nous fait rêver… Mais, ne serait-il pas temps de nous réveiller ? Le monde ne nous attend pas pour vivre.
Gardons nous d’oublier qu’un arbre peut troubler notre vue et cacher la forêt.
Bon appétit et Excellente année à tous !
 
Julie Escurignan
 
Crédits photo : © J.Riou/photocuisine/Corbis/J.Riou

Affichage hors-média pour Volkswagen Up par l'agence V
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Pour les grands et les petits !

 
Nous parlions la semaine dernière des tendances pour 2012. Ces tendances ne prennent de l’importance qu’à partir du moment où des entreprises s’en emparent. Ainsi, elles se confirment, s’installent et se développent. Si cela risque de prendre du temps pour certaines, d’autres vont être exploitées, consciemment ou non, dès les premiers mois de cette année. L’agence .V. et Volkswagen, pour leur part, ne perdent pas de temps ! Ces deux instigateurs nous font prendre de la hauteur avec une initiative qui fait tourner les têtes.
En ce mois de janvier froid et pluvieux, les conducteurs bien au chaud dans leurs habitacles roulants auront le plaisir de voir, sur le périphérique parisien, un affichage pas comme les autres. En effet, l’agence .V. n’a pas chômé pour hisser la nouvelle petite citadine Volkswagen Up aux sommets.

Alors vous me direz que cela n’a rien de particulièrement étonnant, après tout, ce n’est qu’une affiche géante. Certes. Cependant, si ce n’est pas très clair sur la photographie, il faut savoir que la voiture est, en fait, bien réelle. En effet, la voiture a été apposée sur l’affiche ce qui donne tout son sens au concept créatif et tout particulièrement à l’accroche qui n’est pas forcément comprise au premier abord. La règle de 10 mètres de haut permet de démontrer la petitesse de la citadine qui ne dépasse pas la barre des 3 mètres. Cela peut rappeler à certains le moment fatidique de la prise de mesure étant enfant : quand sur le bout des pieds, le menton relevé, le dos droit, on essayait désespérément de gagner quelques centimètres pendant que Maman notait une ligne discrète au crayon.
Ici le but est inversé, et s’inscrit directement dans l’une des tendances que nous avons découvertes dimanche dernier. Je vous laisse deviner laquelle…
Navigating the new normal // Chérie j’ai rétréci les gosses
Rappelons rapidement le propos que ce titre ne clarifie pas. Cette tendance prédit de nouvelles initiatives de la part des annonceurs et des marketeurs qui, dans un marché encombré, vont ouvrir leur entrée de gamme aux consommateurs les plus sensibles du portefeuille. Pour cela, ils vont jouer sur les prix ou sur les tailles. Les produits vont devenir plus petits et, par là-même, moins chers, pour se rendre plus accessibles et correspondre davantage aux exigences du consommateur.
Alors, il parait évident que cette nouvelle petite citadine en fait partie. Elle n’est pas la seule et la tendance au mini n’est pas toute récente mais cette année représentera sûrement son apogée. On le constate dans l’automobile, mais aussi dans tous les secteurs. La dernière campagne Coca-Cola Light par exemple, avec ses dolls, repose sur le même ressort. De même que la campagne Chupa Chups qui nous donne à voir Barbie et Action Man, sucette en bouche.
Nous risquons donc de voir beaucoup de campagnes de ce type lors de l’année qui s’annonce. Espérons qu’elles soient aussi impressionnantes que ce dispositif. Au pire, l’agence .V. nous réserve sûrement d’autres belles surprises.
 
Marion Mons

Crédits photo :
©Volkswagen – ©Coca-Light – ©Chupa Chups

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