True Detective
Culture

True Detective, une série « d’anthologie »

 
Le 12 Janvier dernier, HBO lançait sa série évènement : True Detective, l’histoire de la traque d’un tueur en série au Etats-Unis entre 1995 et 2013 par deux enquêteurs au tempérant opposé. Attendue par tous, True Detective réussi son pari et rapproche définitivement les médias télé et cinéma.
Créée en 2012 par Nic Pizzolatto, devenu showrunner pour HBO après une courte carrière d’écrivain, la série adopte une forme originale et de plus en plus en vogue : l’anthologie.
Le terme désigne une non-continuité scénaristique entre chaque saison : les personnages et les intrigues sont renouvelés, tout en gardant un fil rouge et des problématiques communes. Les exemples les plus connus et qui ont popularisé le genre sont Les contes de la crypte, Black Mirror ou American Horror Story. Cette nouvelle approche permet un renouvellement important, ainsi que des scénarios plus ciselés puisque devant concentrer leur intrigue sur une petite dizaine d’épisodes.
True Detective dispose d’autres arguments pour séduire le public mais surtout les chaînes : une intrigue puissante, un réalisateur – Nic Pizzolatto, le créateur – talentueux, mais surtout un jeu d’acteur irréprochable de Matthew McConaughey et Woody Harrelson, tous deux plus habitués aux plateaux de cinéma qu’à celui d’une série télévisée.
Tous ces éléments réunis ont créé un véritable « buzz » lors de la mise en vente de la série aux channels américains. C’est finalement HBO qui a raflé la mise. Les critiques américaines et françaises sont dithyrambiques : « Les performances de Woody Harrelson et Matthew McConaughey figurent parmi les meilleures vues cette saison à la télévision, voire toutes années confondues » écrit le San Francisco Chronicle.
Ainsi, force est de constater que les liens entre série télévisuelle et cinéma sont désormais tant sur le média que sur la qualité même des contenus.
 
Adrien Torres
Sources :
Allocine.fr
Lesinrocks.fr
Liberation.fr

Société

Bonnes Nouvelles

 
L’actualité brûlante de ces dernières semaines ne semble pas s’apaiser. Une partie de la Suède est en flammes, Londres a été coupée au couteau, le Niger baigne dans le sang des attentats, et ainsi en est-il de la Guinée, du Liban, de l’Inde, du Pakistan, de la Syrie et de tous les pays du monde.
Nous sommes bombardés d’informations sur la haine et sur la violence. Nous mangeons des revendications et du « fait divers » dès le matin au réveil. Les combats de gladiateur se déroulent dans notre télévision et on en trouve des résumés ou des commentaires sur les sites d’informations.
Le monde est en crise, il hurle à la mort et tape sur la vie ! D’ailleurs, les médias se plaisent à nous en montrer ce sombre aspect, entrecoupé de publicités sur le bien-être.
Et alors qu’on en appelle hypocritement au calme, plutôt qu’à la paix, les médias semblent choisir leur angle d’attaque. Quand les technologies de l’information et de la communication influent un peu trop sur la parole du monde, quitte à ne laisser transparaître que ses penchants extrêmes.
Dépourvus de scoop, déboussolés de tendances, les médias s’accrochent aux « news ».
Dans la rubrique international du Monde.fr, on recense différents articles qui dressent le noir portrait de l’atmosphère ambiante : « Chemical warfare in Syria », « L’extrême droite britannique réclame un « printemps anglais », « Vague d’attentats à Bagdad, une cinquantaine de morts », etc.
Chez Libération, même ambiance : « Des attentats à la bombe font près de 60 morts en Irak », « Soldat tué à Londres : trois des interpellés libérés sous caution », « Effet papillon : le graffiti d’un ado chinois en Égypte fait scandale en Asie », « Une journaliste syrienne tuée près de Qousseir ».
En dehors de la France, le ciel est d’ébène, aussi dur et aussi sombre. Que dis-je ? Ah mais non, tout n’est pas si noir : « New York lance son programme de vélos en libre-service » ! Entre trois articles sur les guerres ethniques et cinq sur celles biochimiques, ça nous redonne le sourire !
Si l’Homme attend ou retient peut-être mieux les mauvaises nouvelles, les médias devraient éduquer leurs lecteurs ou téléspectateurs à recevoir les bonnes. Il n’est pas question d’oublier les cris de tristesse, de peur, d’indignation, de protestation, ou de revendication. Mais il est à l’ordre du jour d’entendre les cris de joie et ceux de surprise, car l’information devrait aussi s’établir sur le réjouissement : au delà de la Patrouille de France, des célèbres anniversaires mortuaires ou des merveilleuses larmes oscarisées.
Des initiatives ont déjà été mises en place comme « Reporter d’Espoir », « Courant Positif », « Newzitiv » ou encore « Bonnes nouvelles ». Cette communication différente reste pourtant un phénomène de petite ampleur médiatique qui vise principalement ceux qui ont le moral à zéro.
Mais devons-nous attendre et atteindre la limite vers le suicide ou la paranoïa ? En effet, l’idéal serait peut-être de faire de la bonne nouvelle une information à part entière, ayant une place aussi intégrante et de même amplitude que la mauvaise.
Alors comment s’explique cette dévalorisation de la « bonne nouvelle » dans les médias ? Aurait-elle trop de ressemblance avec la publicité ? Son rayonnement serait-il moins attrayant ? Question, aussi et surtout, d’habitude, ce sont alors les enjeux des pratiques et usages qui se soulèvent.  Le comble de l’ironie serait quand même d’avoir peur des bonnes nouvelles.
 
Maxence Tauril
Sources :
Le Monde
Libération
Et autres médias positifs : http://www.reportersdespoirs.org/wordpress/, http://www.newzitiv.com/, etc.

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Société

Google, ce grand méchant

 
Les fondements de l’affaire
 
Il est indéniable qu’aujourd’hui la presse française traverse une crise sans précédent. Le développement d’Internet et de la presse gratuite sont autant de facteurs explicatifs de la diminution du nombre de ventes des quotidiens(1). Le modèle économique de la presse tente tant bien que mal de s’adapter aux nouvelles exigences.
En 2010, le chiffre d’affaires publicitaire de la presse en ligne est estimé à 250 millions d’euros. Google, lui, annonce avoir gagné 1,2 milliard d’euros, uniquement en France. La presse française s’insurge : un tel bénéfice proviendrait de la publicité située dans l’onglet « actualités » du premier moteur de recherche mondial. On lui reproche de gagner de l’argent sur le dos d’une presse française en perte de financement. En effet, Google envoie les internautes directement vers l’actualité recherchée. Les publicités situées sur la page d’accueil des journaux, celles qui sont les plus rentables, sont de ce fait évitées.
L’Association de la presse d’Information Politique et Générale (IPG) regroupe les journaux les plus touchés par ce problème de référencement. S’inspirant d’une initiative allemande, l’IPG a émis un projet  de loi qui pousserait Google à reverser une grande partie de ses bénéfices à la presse française.
Mais les choses prennent vite une ampleur politique lorsque le gouvernement déclare vouloir prendre le projet en considération.
 

Un rapport de force inédit
 
Jusqu’ici les différends entre Géants d’Internet et Gouvernements s’étaient réglés en faveur de ces derniers. A l’instar de l’Union Européenne qui avait fait pression sur Facebook à cause de la protection des données personnelles.
Or, dans ce conflit économique et politique, Google refuse le consensus. La société californienne – dont le slogan est  don’t be evil  (Ne soyez pas malveillant)- menace tout simplement de désindexer l’ensemble de la presse française de son onglet « Actualités ».  Le moteur de recherche légitime sa posture au nom de la liberté d’Internet et de l’accès libre à l’information.
Cette posture  ne profite pas à Google, pourtant dominant dans ce rapport de force. En effet, l’entreprise renvoie une très mauvaise image  en tenant tête à un gouvernement. Et cette posture négative s’ajoute à un déficit de notoriété déjà très largement entamé par diverses polémiques entre la compagnie américaine et les utilisateurs. Comme les différends à propos des problèmes de confidentialité(2).
Le Géant a su se rendre indispensable ne serait-ce que par le fait qu’il se soit développé parallèlement à la démocratisation des usages d’Internet. Désormais intégré aux navigateurs Internet, il  n’a pas besoin de campagnes publicitaires massives pour être omniprésent.  Par conséquent, Google ne fait parler de lui qu’à chaque fois qu’il est lié à une polémique. Ce qui a tendance à ternir fortement son image. Sa communication semble ainsi être réduite aux annonces émises pour répondre aux conflits qui le mettent en cause. La pente dans laquelle la société de la Silicon Valley s’engage est dangereuse : menacer de censurer la presse française, qu’elle puisse le faire ou non, pourrait avoir un impact extrêmement négatif sur sa réputation.
 

La réaction de Google augmente le déficit d’image des géants d’Internet
 
Nous pouvons voir qu’il y a eu un glissement du regard posé sur les géants d’Internet ces dernières années. Ils sont désormais en perte de légitimité. Ils ne sont plus vus comme participant à une certaine utopie d’Internet. Celle qui fut construite à coup d’idées et d’actions instaurant une impression de liberté totale pour l’internaute. Ils sont aujourd’hui vus avec suspicion, notamment à cause de leur politique de traitement des données personnelles.
Leur communication fondée sur leur omniprésence sur Internet et dans le monde physique  est largement contrecarrée par des scandales mettant à mal leur image de protecteurs d’Internet. Il est donc intéressant de voir que c’est justement ainsi que Google se présente lorsqu’il répond au projet de loi française. Une censure de la presse française devient la seule réponse possible face à l’établissement d’une loi d’ordre économique taxant le moteur de recherche. Ainsi, paradoxalement, en prônant une posture de défense de l’idéal d’accès gratuit à l’information, Google dégage l’idée contraire, bien malgré lui. Cette menace de censure est éloignée de la légitimité de la demande de la presse française.
Encore une fois, l’image du Géant est dégradée, car cela le place irrémédiablement dans le camp des méchants, ceux qui veulent justement prendre le contrôle d’Internet.
 

Arthur Guillôme

(1) Sur une base 100, la distribution annuelle de quotidiens payants a baissé de quinze points entre 2001 et 2011 (chiffres OJD).
(2) Problème central et majeur qui n’est pas encore réglé comme le montre le dernier rapport de la CNIL.

Sources :
OWNI
Télérama
Les Ecrans

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