Culture

Traditionnel VS contemporain : une confrontation légitime ?

La récente annonce de la fermeture du Ringling Bros, considéré comme « le plus grand spectacle au monde », est révélatrice de l’accablante concurrence qui s’opère au sein du microcosme des arts du cirque. Le cirque traditionnel peine aujourd’hui à se frayer un chemin face à l’effervescence du « nouveau cirque » qui a su capter un nouveau public et actualiser sa communication en conséquence. Les dispositifs utilisés et les imaginaires invoqués dans les deux grands genres du cirque méritent certes d’être confrontés. Néanmoins, plutôt que de les opposer, ne devrait-on pas les envisager comme complémentaires ?
Différentes techniques d’approche
S’il existe un point sur lequel cirques traditionnel et contemporain se distinguent profondément, c’est bien leur communication externe.
Le cirque traditionnel use d’un marketing direct reconnaissable. En effet, l’arrivée du chapiteau est marquée par la déambulation d’un camion, dans lequel le directeur du cirque klaxonne et scande des appels au mégaphone. S’ajoute à cela la célèbre parade des animaux et artistes dont la forme nous invite à parler de ville-média. La ville est un espace à la fois vécu, en tant que point de rencontre, et investi, comme dispositif de teasing.

Le cirque contemporain livre quant à lui un charme beaucoup plus subtil. Il utilise notamment les réseaux sociaux pour communiquer et garder une relation privilégiée avec son public.

Les compagnies contemporaines profitent également de la publicité des organismes partenaires. À Paris par exemple, La Villette permet chaque année à des compagnies ou des écoles de proposer leur création.

Les campagnes d’affichage sont utilisées par les deux formes de cirque mais expriment des valeurs différentes.

Sur l’affiche du cirque traditionnel Pinder, les couleurs sont voyantes et percutantes, elles laissent apparaitre dans une police excessivement ornée le nom du cirque. Au premier plan, sont visibles les animaux, véritables stars du spectacle. Nous apercevons derrière le dompteur ainsi que les clowns, pièces maîtresses du cirque traditionnel. Les autres artistes tels que les trapézistes se situent au dernier plan et paraissent accessoires. En comparaison, l’affiche CirkaCuba, dernière création du cirque Phénix, conserve des couleurs gaies, mais la police reste sobre et le nom du cirque discret. Le schéma de lecture est inversé puisqu’ici, seul l’artiste est mis en avant. De plus, si l’on retire le titre de l’affiche, le visuel n’est pas spontanément compréhensible. En effet, il incite davantage à un voyage exotique qu’à un spectacle de cirque. C’est pourquoi le titre a un rôle fondamental puisqu’en tant que « message linguistique », il vient prendre, selon l’expression de Roland Barthes, la fonction de « relais ». Autrement dit, il ne vient pas seulement compléter le sens que l’image laisse transparaître (comme le ferait la fonction d’« ancrage »), il ajoute une information nécessaire à la compréhension de l’affiche.

Ces deux formes prennent néanmoins racine dans un même héritage de valeurs. Effectivement, elles cherchent à développer les notions de partage et de découverte, et n’hésitent pas pour cela à valoriser rencontres et festivals. C’est le cas du Festival International du cirque de Monte-Carlo et du Festival Mondial du Cirque de Demain.
L’imaginaire développé
Le cirque traditionnel se caractérise par une construction séquentielle de ses numéros avec, pour chaque artiste, une spécialité. Les prouesses spectaculaires de l’acrobate alternent avec le clou du spectacle, les animaux sauvages.

Au contraire, dans le cirque contemporain, c’est une œuvre totale, vectrice d’une véritable histoire, qui est donnée au public. La création des Étoiles du Cirque de Pékin, Le Petit Dragon, suit en effet une trame narrative. Toute la représentation repose sur le personnage principal, d’où la nécessité de la polyvalence des artistes. Le registre du spectacle est ainsi différent. Si d’un côté l’exploit technique et la prise de risque sont valorisés, de l’autre, on préfère la multidisciplinarité et le renouvellement fréquent des spectacles.

Le « nouveau cirque » encourage largement l’éclectisme artistique et c’est d’ailleurs pour cela que l’on parle aujourd’hui d’« arts du cirque ». La compagnie des 7 doigts de la main en est une belle illustration. Dans leur spectacle Traces, se chevauchent sur une base de cirque traditionnel, théâtre, danse, skateboard et même basketball. Le cirque se trouve alors à la portée de tous, ce n’est plus nécessaire d’avoir grandi sous un chapiteau. Cette démocratisation se traduit notamment par l’ouverture d’écoles de cirque partout dans le monde depuis les années 1970.

L’adaptabilité au public : une exigence
Dans L’Esprit du temps (1962), le sociologue et philosophe Edgar Morin livre une interprétation de la culture de masse que nous pourrions adapter au cirque. Ce dernier est en effet caractérisé par une tension permanente entre innovation et standardisation.
Les conventions circassiennes sont remises en question à tel point que les cirques traditionnels cherchent à assimiler certains codes contemporains, tant au niveau du fond que de la forme. Alexis Gruss construit notamment son spectacle Empreintes en deux parties. La première est destinée aux traditionnels numéros équestres tandis que la seconde est consacrée à une forme nouvelle plus théâtrale et tournée vers le music hall. Arlette Gruss a de son côté pris l’initiative de créer un compte Instagram pour augmenter sa visibilité. Deux questions se posent : est-ce efficace ? Cette communication est-elle en adéquation avec l’image du cirque traditionnel ?

Le public désormais averti, ses attentes sont plus exigeantes et cela concerne notamment le débat sur la présence ou non des animaux sauvages dans les cirques traditionnels. Suite aux plaintes des associations telles que People for the Ethical Treatment of Animals (PETA), certains cirques les ont retirés de leur spectacle. C’est le cas du fameux Ringling Bros il y a deux ans. Un problème est à souligner : même si les fauves ou les éléphants sont source de polémique et tranchent l’opinion publique, c’est une des grandes différenciations dont le cirque traditionnel peut se vanter. Est -ce alors la bonne solution de supprimer les animaux des cirques traditionnels et se rapprocher ainsi de l’esprit contemporain ? Dans ce dernier, la concurrence est déjà rude, le cirque traditionnel doit certes innover mais pour cela, il serait plus ingénieux qu’il trouve son propre positionnement sans calquer celui du cirque traditionnel.
Cirque du Soleil : une machine du marketing
Le Cirque du soleil peut être considéré comme le summum du cirque contemporain. Pour de nombreux professionnels du marketing, c’est un cas d’école dans la mesure où il est parvenu à créer les codes de son marché grâce à une stratégie fondée sur l’innovation de rupture : « l’océan bleu ». Le Cirque du soleil a eu la brillante idée de tout miser sur la différenciation de son offre. Le nombre incalculable de spectacles, dont le thème diffère à chaque fois, et ce dans le monde entier, en font sa particularité. Il produit 18 spectacles dans 60 pays différents et emploient 1200 artistes dans le monde entier. De plus, l’entreprise de divertissement n’hésite pas à collaborer avec d’autres marques telles que Lipton pour la machine à thé T.O lancée par le groupe Unilever.

La mort du cirque traditionnel ?
La popularité du cirque contemporain ne signe pas la mort du cirque traditionnel puisque ce dernier s’inscrit dans un héritage de valeurs et de pratiques qui sont encore appréciées du public. Le « nouveau cirque » peut être envisagé comme un moyen de susciter l’intérêt porté au cirque en général et ainsi une façon d’engendrer de la curiosité envers les valeurs authentiques du cirque.
Pauline Baron
LinkedIn
Sources:
Huffington Post, « Le cirque américain Barnum, qui a inspiré une expression de la langue française, ferme ses portes », 15/01/17, consulté le 04/02/17
ARNOUX Patrick, « Alain Pacherie et David Dickens, Cirque Phénix : « Le nouveau cirque doit étonner, surprendre, séduire, émouvoir“», Le Nouvel Économiste, 14/11/16, consulté le 1/02/17
BRUN Raphaël, « Quel avenir pour le cirque ? », L’Observateur de Monaco, 23/01/14, consulté le   08/02/17
ARNAUD Jean-François, « Le Cirque du Soleil multiplie les talents », 23/01/14, consulté le 02/02/17,
RICO Freddy, « La stratégie Océan Bleu : Comment créer une différenciation ? », 25/01/17, consulté le 11/01/17
MUSNIK Isabelle, « Le Cirque du Soleil fait danser T.O by Lipton », Influencia, 01/11/15, consulté le 07/02/17
Crédits photo :
Blog Le Figaro, K. El Dib,  « Le théâtral art de la piste de la famille Gruss », 27/12/11, http://blog.lefigaro.fr/theatre/2011/12/le-theatral-art-de-la-piste-de.html
EJuggle, International Jugglers’ Association, « Juggling in fashion – the changing attire of performers and juggling festival attendees », 12/01/16, http://ezine.juggle.org/2016/01/12/juggling-in-fashion-the-changing-attire-of-performers-and-juggling-festival-attendees-2/
Ouest France, « Evénement à Quimper. Le cirque Medrano est arrivé », 13/04/15, http://www.ouest-france.fr/bretagne/quimper-29000/evenement-quimper-le-grand-cirque-medrano-est-arrive-photos-3331038
Cirque Pinder, http://cirquepinder.com/programmes/17006-programme-pinder-2015.html
France Net Infos, « CirkaCuba du Cirque Phénix à Paris et en tournée 2017 », 03/12/16, http://www.francenetinfos.com/cirkacuba-cirque-phenix-154308/
Like Monaco, « Le 41e Festival International du Cirque de Monte-Carlo », 25/01/17, http://likemonaco.com/41e-festival-international-cirque-de-monte-carlo-2/
Sortir à Paris, « Le Festival Mondial du Cirque de Demain 2017 », 08,01/16, https://www.sortiraparis.com/scenes/spectacle/articles/47896-le-festival-mondial-du-cirque-de-demain-2017
Chaîne Youtube Cirque d’Hiver Bouglione de Paris, « Surprise, clip officiel au Cirque d’Hiver Bouglione », 18/10/16, https://www.youtube.com/watch?v=1gW36_OD6r4
Chaîne Youtube Cirque Phénix, « Le Petit Dragon – Teaser – Spectacle 2015 », 12/12/14, https://www.youtube.com/watch?v=BiSpoe3Z9GE
Chaîne Youtube Regent Theatre Dunedin, « Traces – Les 7 Doigts de la Main », 09/06/16, https://www.youtube.com/watch?v=0trzAVA_KO8
Chaîne YouTube Cirque du Soleil, “TORUK – The First Flight by Cirque du Soleil – Trailer”, 19/12/2016, https://www.youtube.com/watch?v=0c3mnVPkwhM
Capture d’écran Facebook Akoreacro
Capture d’écran Instagram La Villette
Capture d’écran Instagram cirquearlettegrussofficiel

Publicité et marketing

Grenoble : plus heureux sans pub ?

 
En janvier 2015, les Grenoblois pourront ajouter à leurs vœux de nouvelle année des adieux aux colonnes Morris, « sucettes » et 3×4 en tous genres. En effet, le 23 novembre dernier, la ville a annoncé ne pas vouloir renouveler son contrat à la fin de l’année 2014 avec le groupe d’affichage et de mobilier urbain JCDecaux, choisissant ainsi de mettre fin à la l’affichage publicitaire dans l’espace public.
Ainsi, le démontage des 326 panneaux – soit 2051m² d’affiches – présents dans la commune, aura lieu de janvier à mai 2015. A la place, la ville proposera trois nouveaux types d’affichages (municipal, culturel et réservé aux associations et à l’opinion) beaucoup plus discrets, notamment parce qu’ils seront à destination des piétons plutôt que des automobilistes. Elle a également prévu de planter une cinquantaine d’arbres à la place d’anciens panneaux publicitaires.
Si l’initiative séduit, elle soulève plusieurs interrogations, notamment au sujet des conséquences financières pour cette grande ville d’Europe, la première à prendre une telle décision. Et au-delà de ces questions, c’est bien l’enjeu communicationnel que cette nouvelle stratégie nous invite à analyser.

Un joli coup de com’
On ne peut, en premier lieu, que saluer l’incroyable coup de com’ réussi par l’équipe municipale : en une seule journée, après que le JDD et le Dauphiné Libéré ont publié l’information, l’ensemble du système médiatique s’est tourné vers la capitale des Alpes et a braqué ses projecteurs sur elle.
Or c’est au niveau national que la ville avait décidé d’ancrer sa stratégie de communication. Le cabinet du maire explique ainsi son choix : « sur des thématiques qui ont du sens au niveau national, comme la suppression de la pub dans l’espace public, on choisit d’ouvrir la focale à des médias nationaux. On s’est dit : quitte à faire ce choix politique-là, autant se permettre un gros barouf sur le sujet, ça va intéresser les médias et nous intéresser aussi, puisqu’on va parler de notre action municipale. ». En ce sens, ce projet participe de l’objectif que le maire EELV de la ville, Eric Piolle, s’était fixé dès la campagne des élections municipales, qui était de transformer l’image de Grenoble en une ville douce, créative et conviviale. L’enjeu étant de rompre avec le ton sécuritaire du « discours de Grenoble » de Nicolas Sarkozy en 2010 et avec l’image de la ville qui en avait découlé.
Avec cette annonce, la municipalité EELV ferait donc d’une pierre deux coups : elle remplit visiblement une de ses promesses de campagne par un coup politique et s’assure dans le même temps une visibilité médiatique en entérinant ce changement d’image de Grenoble par un formidable coup de com’.
De la pertinence de l’affichage publicitaire
Dans de nombreuses métropoles, la pollution visuelle due à l’affichage publicitaire est criante (notamment dans certaines entrées d’agglomérations), au point que beaucoup d’entre nous n’y prêtent même plus attention… En outre, avec le développement d’Internet et de ses publicités de plus en plus ciblées, la pertinence de l’affichage est aujourd’hui à interroger.

Pourtant, ce n’est pas le point de vue de Jacques Séguéla, cofondateur et vice-président de l’agence de publicité Havas, qui s’oppose farouchement à la décision de Grenoble : « Internet, c’est chez soi, c’est loin, c’est avant l’achat. L’affichage dans la rue au contraire (…) c’est le dernier écran dans la rue. C’est le moment où la marque vous rappelle ses valeurs, sa qualité et vous montre son produit ».
La publicité : une happiness therapy ?
Don Draper, de Mad Men et Jacques Séguéla ont au moins une chose en commun : leur vision de la publicité et du bonheur : pour le premier, « la publicité s’appuie sur une chose, le bonheur. Et vous savez ce qu’est le bonheur ? Le bonheur, c’est l’odeur d’une voiture neuve. C’est être débarrassé de la peur. C’est un panneau d’affichage sur le bord de la route qui vous martèle que, quoi que vous fassiez, tout va bien. » Pour le second, « la publicité est marchande de bonheur ». Mais entre le discours des années 60 sur la publicité, les dires des communicants et la réalité, il peut y avoir un monde…

Or un certain nombre d’études ont été menées sur le sujet, et les résultats risquent de ne pas faire le bonheur des annonceurs. En effet, la publicité participerait à l’édification de valeurs matérialistes (notamment en inculquant chez les plus jeunes l’idée selon laquelle l’acquisition de biens matériels serait un élément clé du succès et du bonheur, idée qui ne disparaîtrait pas en grandissant). Ces valeurs auraient ainsi une mauvaise influence sur l’humeur des matérialistes, qui ressentiraient plus d’émotions négatives (stress, angoisse, colère) au cours de leur journée. De plus, la publicité serait source de frustration dans la mesure où elle créerait chez les individus une perception erronée du revenu moyen et de leur propre place dans la répartition des revenus. Elle nous placerait ainsi dans un état d’esprit favorable à la compétition sociale et négatif pour notre félicité. En somme, la publicité créerait un horizon d’attentes relativement irréalistes pour les consommateurs et leur rendrait difficile l’accès au bonheur tant vanté par la réclame.
Epilogue
En voulant protéger ses citoyens contre la pollution visuelle, Grenoble a ainsi porté le débat sur la publicité dans l’espace public sur le plan médiatique national. La décision a été majoritairement applaudie par la société française, et le maire aurait reçu pendant les trois jours suivant l’annonce plus de 300 mails de soutien, dont une grande partie venait de maires avides de conseils méthodologiques pour appliquer la mesure dans leur propre ville. Grenoble pourrait ainsi être la première ville européenne à lancer un mouvement de transition « publicitaire » au sein de son espace public. Mais s’agit-il uniquement d’un microphénomène, ou des prémices d’une nouvelle tendance de politique urbaine ?
Léa Lecocq
@LeaLcq
Sources :
lemonde.fr (1) et (2)
telerama.fr
placegrenet.fr
lefigaro.fr
slate.fr
Crédits photos :
grenoble.fr
images.telerama.fr
images.sudouest.fr
connexionplanning.australie.com
laboiteamalices.fr
roycod.com

Société

Arrêtes-toi si tu peux

 
Pour mes doigts. Pour mes 30 ans. Pour l’exemple. Pour lui.
De grands rectangles colorés qui se superposent, des messages accrocheurs en lettres blanches sans cohérence apparente.
Puis, en plus petit, cette conclusion : « On a tous une bonne raison d’arrêter de fumer. »
Dans le métro, cette campagne de l’INPES ne vous aura pas échappé.

A contrepied des campagnes traditionnelles qui mettent l’accent sur la santé, les problèmes cardio-vasculaires ou les déformations atroces dues au tabac, l’INPES change d’angle et mise sur une stratégie plus ludique. La campagne repose en effet sur l’auto-analyse et surtout la motivation du fumeur. Pour une fois, l’arrêt du tabac est proposé de manière positive ; l’accent est mis sur la carotte plutôt que sur le bâton.  Chaque fumeur est invité à trouver « sa bonne raison » d’arrêter.

Dans son communiqué de presse, l’INPES explique : « Le point de départ et non le moindre est la motivation (…). Si les risques du tabac sont bien identifiés par chacun, la motivation aurait besoin d’être encouragée. »
La version vidéo de la campagne propose une approche empathique. On y voit des scènes de la vie quotidienne susceptibles de trouver un écho en chaque fumeur. A chacun sa motivation, qu’il s’agisse de la santé, de l’entourage et de ses proches, de raisons financières ou encore esthétiques.

Voilà ce qu’en dit Yvan Attal, le réalisateur du film « Les raisons » : « Penser les choses « à l’envers », c’est-à-dire penser à tout ce qui permet de mieux profiter de la vie sans cigarette, est un bien meilleur point de départ pour donner envie d’arrêter à celui qui fume. C’est la dimension humaine, esthétique, et émouvante de ces scènes qui donnera peut-être envie à certains de décrocher ».
Tabac et publicité
Petit focus sur le lien entre tabac et campagnes de communication.

Pour lutter contre le tabac, on peut lister trois tendances générales : l’incitation à modifier son comportement, la réglementation et enfin les mobilisations collectives. Les stratégies des campagnes évoluent et s’adaptent aux comportements. Le site de l’INPES répertorie les différentes stratégies des campagnes depuis 1976 (date de promulgation de la loi Veil) :
1976 : première pierre de l’édifice
De 1993 à 1996 : une communication positive
De 1997 à 2001 : « Vous pouvez vous faire aider ! »
Depuis 2001 : « Ne supportez plus la fumée des autres ! »
2001-2003 : informer sur la toxicité de la cigarette
Depuis 2004 : « Fumer, c’est dépassé »
En 2010, renouveler les messages
En 2011 et 2012, l’Inpes mise sur la motivation
Retrouvez ici toutes les campagnes de communication de l’INPES :
http://www.inpes.sante.fr/10000/themes/tabac/campagnes.asp
Mais qu’en pense le public ?
Alors, des campagnes efficaces ? L’INPES a mené l’enquête.
D’après eux, le public est demandeur de campagnes « dures » pour dénoncer les méfaits du tabac, comme c’est le cas dans la campagne anti-tabac « Révélation » de 2002 :

Mais pas seulement.
La nocivité de la cigarette est connue de tous, c’est pourquoi il y a une demande concernant la difficulté d’arrêter. Avec cette nouvelle campagne, on insiste sur la dédramatisation du sevrage.
Pour ceux qui préfèrent arrêt plus en douceur, il y a toujours les cigarettes électroniques. Des couleurs, des parfums, des tailles différentes. Il y en a pour tous les goûts. Avec près d’un million d’utilisateurs occasionnels et 500 000 vapoteurs réguliers, on ne présente plus l’e-cigarette, véritable phénomène de mode.
Le succès d’une campagne anti-tabac repose sur certains principes : communiquer sur la santé publique requiert quelques précautions. Il s’agit de ne pas stigmatiser ou inquiéter, ne pas imposer de normes sociales, ne pas décrire les risques sans proposer des solutions, etc. Comme le souligne l’INPES, « cette communication est d’autant plus délicate qu’elle peut paraître intrusive, normative et aller contre la liberté des individus. »

Un exercice délicat, donc, auquel l’INPES se prête avec plus ou moins de succès. « On a tous une bonne raison d’arrêter », c’est déjà un changement d’angle par rapport aux campagnes précédentes.
En bref, une campagne qui a le mérite de communiquer d’une manière différente.
 
Clara de Sorbay
Sources :
L’INPES, ici et là.
Minutebuzz
Le Figaro

Politique

Entre échanges cordiaux et dure réalité…

 
Même à l’autre bout du monde, une souffrance reste une souffrance… Et au-delà des cultures, les êtres humains semblent pouvoir la comprendre. La mondialisation aurait-elle du bon finalement ?
Car les informations circulent, et circulent vite. C’est pourquoi, au lendemain de l’attentat du Marathon de Boston du 15 avril 2013, nous pouvions trouver sur la toile une photographie aussi frappante que polémique.
Sincères condoléances…
En effet, à l’heure des réseaux sociaux et du « village global » de MacLuhan, une information n’a jamais eu le pouvoir d’être aussi puissante à deux endroits complètement différents. C’est donc sur Twitter que les révolutionnaires syriens ont envoyé un message d’une efficacité redoutable aux Américains, encore sous le choc des bombes de Boston. Cette photo incarne dès lors cette suprématie d’Internet dans l’immédiateté de la communication.
Vendredi 19 avril, les habitants de Kafr Nabl, une ville située au nord-ouest de la Syrie à environ trois cents kilomètres au nord de Damas, ont profité des manifestations hebdomadaires pour présenter leurs condoléances aux États-Unis. La photo est prise devant des ruines, et la banderole tenue par ces Syriens parle d’elle-même :
« Les bombes de Boston représentent une triste illustration de ce qui se passe quotidiennement en Syrie. Acceptez nos condoléances.
La révolution syrienne KNRC Kafr Nabl, 19.4.13. »

Repéré par le journaliste américain de « Foreign Policy », David Kenner, qui l’a relayé sur son blog, ce tweet s’est ensuite abondamment dispersé sur le réseau social, notamment par les comptes d’opposants au régime de Bachar al-Assad.
Les habitants de Boston ont alors, dès le lendemain, décidé de répondre par la même méthode. La photo fut aussi postée sur Twitter : une vingtaine de personnes posent autour d’un message écrit en arabe et en anglais qui peut se traduire par :
« Amis en Syrie, nous souhaitons également la sécurité pour vos familles et espérons la paix. Avec amour, Boston, 20.4.13 »
Pas si sincères que ça…
Cependant, au-delà de l’échange cordial entre les deux peuples, qui est tout à fait louable, les mots sont là, puissants et pleins de sens, mais surtout remplis de vérité. La pensée des Syriens résonne, traverse l’écran de l’ordinateur pour venir titiller nos petites vies tranquilles. Sans minimiser d’aucune façon la gravité de l’attentat de Boston, il faut tout de même souligner la réelle ambiguïté du message. À moins que ce dernier ne soit justement double, et assumé comme tel. Car oui, entre peuples endeuillés, on se soutient, mais pas trop.
Il ne faut effectivement pas oublier que des tragédies telles que celle de Boston sont devenues le triste quotidien des Syriens, et de bien d’autres peuples. L’électrochoc est donc efficace : lorsque l’on regarde la communication massive et l’omniprésence des images sur les bombes du Marathon face à la souffrance des Syriens qui continue d’être ignorée, il semble bien que cette image prend une dimension extrêmement symbolique.
Mais les habitants de Kafr Nabl n’en sont pas à leur premier message, et c’est sur un ton humoristique, voire cynique, que ces Syriens s’adressent à nous par des banderoles riches de sens. De « The Godfather, Le Parrain » avec Bachar el-Assad en passant par l’analogie des relations entre les États-Unis et la Syrie avec le Petit Chaperon Rouge et le Grand Méchant Loup, ces images ne manquent pas d’originalité pour décrire une situation dramatique et des enjeux cruciaux. C’est sur le site Occupied Kafranbel que l’on peut découvrir ces chefs-d’œuvre communicationnels qui font sérieusement réfléchir… Ils font appel à nos imaginaires collectifs, à nos mèmes, à nos cultures : ce sont Hulk, Oncle Sam, Popeye, Gollum, Titanic ou encore le jeu Angry Birds (ici, « Angry Syrians » !) qui revêtent des rôles d’émetteurs redoutables.

Ainsi, au-delà du débat de la véracité des informations où de la simplification (ou non) des relations internationales, il s’agit ici de tirer sa révérence devant un impact et une efficacité communicationnels en temps de guerre. Les messages circulent, et circulent vite : il faut ici faire fonctionner la mondialisation et tenter d’accorder aux Syriens de Kafr Nabl le droit d’expression qu’ils revendiquent à travers la mise en ligne de ces photographies.
Le message se dessine alors comme une interpellation de la communauté internationale afin d’éveiller les consciences. S’agit-il de rappeler au monde des priorités de plus en plus ignorées, voire oubliées ?
 
Laura Lalvée
Sources :
Rue 89
Bag news
Le Monde (blog)

Publicité et marketing

Jacques a dit Versailles est le centre du monde

 
Jacques ne nous apprend rien de nouveau. De Louis XIV à nos jours, des livres d’histoire aux magazines, nous l’avons lu et relu. Le Château de Versailles fut le soleil de l’occident, la lumière qui attira les intellectuels de tous pays. Tout venait à Versailles, tout passait à Versailles, tout partait de Versailles. C’est ainsi que l’on peut résumer le rôle qu’eut ce marais aménagé. Soucieux de la culture de tous, Jacques a tapissé certains murs avec de belles images pour rappeler aux Français ce lieu commun.
Cette tapisserie urbaine nous dit implicitement : «  Versailles est le centre du monde ». Surinterprétation des slogans ? Peut-être. Pourtant ces derniers font référence à différentes parties du monde et les situent à Versailles. Ainsi, « le Loch Ness » est à « 20 minutes de Paris. ». D’ailleurs, le Loch Ness côtoie la Grèce Antique, l’Angleterre et Venise, elles aussi étrangement situées à « 20 minutes de Paris ». Cette périphrase désigne bien-sûr l’illustre château et son parc. Par ces différents slogans, les publicitaires définissent Versailles comme un centre historique, réunissant différentes époques en une même temporalité, et un centre géographique, rassemblant différents milieux en un même lieu. Dans le passé comme aujourd’hui, Versailles reste le centre du monde.
Les panneaux publicitaires s’inscrivent donc dans une continuité historique. Simples, épurés, ils rappellent le classicisme du château. Pourtant, il ne s’agit pas d’affiches standard, avec une forme en adéquation avec le fond, c’est-à-dire sans originalité. Bien au contraire, elles surprennent ! Cherchant à attirer des touristes à Versailles, elles ne montrent pas de photo du château : ce sont toujours des éléments périphériques qui sont mis en valeur. Ainsi sur une affiche, l’on voit le cheval d’une fontaine, sur une autre le soleil d’un portail etc. Il a fallu apporter un peu de nouveauté dans la promotion d’un lieu plus que célèbre. En France tout le monde connait ce Château, est en mesure de dire à qui il appartenait et sait le situer. Il s’agit d’un sujet vu et revu, battu et rebattu. Les publicitaires cherchent donc à nous montrer que non, nous ne connaissons pas tout, et que oui, nous devrions y retourner (ou y aller). Certaines des affiches ont un côté mystérieux. Reprenons (encore et toujours) celle du Loch Ness. Votre curiosité n’est-elle pas éveillée ? N’avez-vous point envie de saisir votre manteau et monter dans le RER afin d’aller guetter l’apparition du monstre légendaire ?
Convaincante. C’est ainsi que l’on peut résumer la démarche de promotion du Château. D’ailleurs, les publicitaires l’ont bien compris. Cette campagne en effet dure depuis plus d’un an. Régulièrement, de nouvelles images apparaissent dans le métro, toutes basées sur le même concept. Les plus récentes étant celles de la Grèce Antique et du Loch Ness. Cette campagne sur le long-terme est accompagnée de gentlemen-wagons transformés en mini-Versailles.Cinq rames feront découvrir le Château, et ce pendant 2 ans. Versailles envahit Paris semble-t-il…pour la plus grande joie des paresseux qui auront la Galerie des Glaces à portée de main !
Aventure ou tranquillité, monstres ou décors fastueux… deux campagnes pour deux publics différents. A vous de choisir votre camp !
 
Clothilde Varenne

Sources :
http://paris-ile-de-france.france3.fr/info/diaporama—le-rer-c-s-habille-en-versailles-73934498.html

Campagne Illettrisme DDB Paris
Publicité et marketing

L'hôpital et la charité

 
C’est une histoire qui pourrait commencer comme une fable. Le rôle de l’hôpital serait tenu par une agence qu’on appellerait DDB Paris, et la charité, la bonne cause, ce serait l’illettrisme. Imaginez à présent des affiches, une femme sur une plage superbe, un tour de poitrine avantageux, un sourire espiègle, les ficelles de toujours pour nous vendre de la crème solaire, ce maillot de bain dont rêvent les dames, ou je ne sais quoi encore. Là, c’est un maillot de bain, ici c’est un club de vacances, un peu plus loin du mascara, une voiture, un film. Les suspects habituels donc.
D’un autre côté, la charité. C’est l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme, les « trois millions de français » qui ne savent pas lire ou très mal, et qui ne comprendront pas ce qui se joue sur ces affiches.
Le ressort est simple. Il y a des lieux communs de la publicité : comprendre, les femmes à poil, les cils ultra recourbés, la voiture façon packshot. Ces publicités sont partout : dans vos magazines, au coin de la rue ou à travers les fenêtres du métro. Quand on ne sait pas lire, ce qu’on voit c’est l’image du texte. La seule énonciation qu’on est à même de comprendre, c’est l’image. Cette même image d’Epinal qui sert de moule à la plupart des productions publicitaires. DDB (l’hôpital) s’amuse du moule (son gagne-pain) pour défendre sa bonne cause (l’illettrisme). Le regard réflexif est de bon aloi en ces temps de publiphobie, et en prime une belle morale : pauvres illettrés, si facilement trompés, et voilà la population française sensibilisée à ce problème.
Mais une fable n’est jamais simple. Car la mise en situation est intéressante : imaginer l’écart de sens perçu par ceux qui savent lire et ceux qui ne savent pas, entre celui qui comprend et celui qui ne comprend pas, entre celui qui est dupé et celui qui ne l’est pas. Pour achever sa démonstration, l’hôpital (DDB) a assigné à son affiche publicitaire une fonction singulière, et pour le moins étrange : berner (même un instant) celui qui la regarde. Une publicité pourrait-elle donc mentir ? Mais passons, puisqu’ici cela sert le propos.
Autre fiction. Imaginons à présent qu’au lieu du texte contre l’illettrisme on ait un autre genre de faux texte : « plus de 3 millions de françaises croient sincèrement que leurs cils ressembleront à ceux de la dame sur la photo avec notre produit » ou « plus de 3 millions de français croient sincèrement que ce smartphone est vraiment différent de celui qu’on a sorti il y a 1 an ». La ligne de démarcation se fait toujours entre ceux qui comprennent et ceux qui ne comprennent pas. Il n’est plus question de lecture mais d’intelligibilité. DDB (l’hôpital) avec ses affiches amorce une mise en situation à même d’introduire un soupçon de lucidité dans nos cerveaux.
Si la publicité a pu nous tromper pour faire passer son message sur l’illettrisme, que pour cela elle se sert des ressorts coutumiers dont elle a le secret, le reste du temps que fait-elle ? Pourrait-on donc nous tromper si facilement ?
L’hôpital se serait-il foutu de la charité ?
 
Rui Ferreira

Affiche Manix Skyn 2012
Publicité et marketing

Long, court, serré, sans sucre…?

 
Vous l’avez vu en marchant dans le métro, et vous avez adopté deux réactions très différentes. La première : l’indifférence la plus totale, comme si elle était entièrement construite de déjà-vus ; la deuxième (la mienne) : vous êtes restés pantois, fascinés, hypnotisés.
La publicité SKYN de Manix transcende tous les codes, en effet. En communication on recycle souvent les composantes médiatiques pour faire du neuf, on hérite d’une histoire graphique, sociale, publicitaire : SKYN se situe à l’exact milieu entre les pubs L’Or Expresso, et les pop-up de sites porno qui apparaissent sur les sites de streaming. A L’Or, elle reprend les couleurs, la rhétorique des sens, le packaging et même en partie la typographie. Au pop-up elle reprend la pose lascive du modèle, la citation en exergue, et l’utilisation très objectivante du corps féminin. Ca y est ? Vous arrivez enfin à dissiper le sentiment étrange provoqué par cette pub ? Comme si elle était à la fois surprenante et invisible, exactement comme le produit qu’elle vend… Eh oui : Manix a banalisé le fait qu’on pouvait vendre du sexe (et implicitement la femme qui va avec) comme du café.
Pourtant, leur campagne en ligne était si loin de cet échec publicitaire ! Il y a le spot « SKYN REVOLUTION » à regarder plus bas, qui développe plusieurs arguments avec un humour douteux, mais dans l’ensemble plus subtil que l’affiche :
 
Et la campagne se décline avec des acteurs différents pour chaque pays. Se joignent à cela une tournée de soirées promotionnelles, un jeu de plateforme en ligne qui enjoint les utilisateurs ou les utilisatrices à attraper des préservatifs pour augmenter leur baromètre de sensations, et enfin la possibilité de devenir testeur officiel de la marque. Alors pourquoi –mais pourquoi ?- ces affiches ?! Il faut maintenant préciser que les publicités françaises ont comme phrase en exergue : « 97% des personnes qui essaient SKYN le recommande* », et l’astérisque précise que l’étude a été menée sur 244 hommes et femmes entre 16 et 50 ans (ce qui déshumanise peut-être encore plus la femme présentée, par rapport à l’affiche anglaise).
Alors pour comprendre, tentons de voir quel pourrait être l’objectif de cet affichage. On note d’abord la forte volonté de faire plus luxueux, plus sophistiqué (couleur noir et or), comme si tous les grains du latex avait été sélectionnés avec attention et amour, et enfermés avec tendresse dans une seule capsule pleine de saveur ! On ne peut s’empêcher de remarquer le graphisme qui se veut caricaturalement « oriental », ainsi que la peau métissée du modèle : cherche-t-on à nous vendre de l’exotisme ; vise-t-on une niche ? Enfin l’argument principal reste très bien résumé dans les termes « sensations » et « peau » : « SKYN » ça ne s’invente pas, et cette phrase « closest thing to wear nothing », ou « la sensation de ne rien porter », nous font bien comprendre que la cible principale reste le public masculin, en quête d’une révolution technologique de la protection sexuelle, et selon les publicitaires, incapables de considérer la femme autrement que comme l’opercule d’une capsule de café.
Il aurait pu être intéressant, cependant, de rassurer sur la qualité du produit : s’ils sont si fins qu’on ne les sent pas, pourquoi ils ne seraient pas plus fragiles que les autres ? Autre question : pourquoi avoir gardé une campagne plus ouverte et humoristique sur Internet et un affichage machiste, sexiste et insultant dans le métro ?
 
Marine G.
Sources :
Le site publicitaire de SKYN et la chaine Youtube Manix
Merci à Adèle S., Rui F., Noémie S., Xavier B., et tout ceux qui ont bien voulu parler de cette affiche avec moi.

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Publicité et marketing

Soyezsurpris !

 
Une campagne d’affichage est actuellement visible dans le métro. Une campagne d’affichage parmi d’autres ?
Voici l’essentiel de l’affiche : en grand et en noir sur fond blanc, on peut lire une grande lettre par panneau. Sous celle-ci, la mention « soyezsurpris.fr » ne fait que nous conforter dans notre premier mouvement d’interrogation. Payer de grandes affiches pour n’exhiber qu’une grande lettre, voilà sans doute la surprise, non ? En fait, il y a quatre affiches qui ne diffèrent de l’une à l’autre que par la grande lettre qui couvre l’essentiel de l’affiche. Sans vouloir parodier la Cité de la Peur (film de saison s’il en est !) : A, U, B et E ? Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Dans cet ordre, la question est stupide. Mais si on voit un U puis plus tard un E sans jamais croiser de A ni de B comme ce fut mon cas, on se pose des questions… Bref, c’est bien une campagne publicitaire pour l’AUBE, le département de la région Champagne-Ardenne.
Laissez-vous donc surprendre par le département n°10, voilà le message de l’affiche. Et pour vous accompagner dans votre étonnement l’affiche vous propose un QR code à flasher avec votre smartphone. Ainsi, vous avez un accès direct au site « soyezsurpris » qui propose des vidéos, un concours et des petits sondages mais surtout : un espace de partage et d’échange à propos de la région de Troyes. Le site cherche à créer une communauté internet d’amoureux de l’Aube en invitant à raconter ses « anecdotes », ses « secrets », ses « rencontres » et ses « surprises ».
En somme la campagne d’affichage « soyezsurpris » est un aiguillage vers le site Internet qui lui-même a pour fonction de créer une relation entre la région et le potentiel futur touriste. Audacieux et malin. Dommage que la sauce n’ait pas encore pris malgré une campagne d’affichage de cette ampleur…
 
Thomas Millard
Site :

Campagne pour Lyon en 4x3 dans Paris 2012
Politique

Et vous, vous voulez Metz ou only Lyon ?

 
Voici des affiches du métro parisien que vous avez pu voir, revoir ou que vous allez découvrir sous peu lors de votre trajet quotidien.
Leur point commun ? Ces affiches ne vantent pas les mérites d’un produit régional ou d’une richesse culturelle à découvrir lors d’un petit voyage en province. Elles sont là pour faire la promotion de deux villes pour elles-mêmes, ici Metz et Lyon.
La campagne pour la ville de Metz a commencé en 2010, et ce n’était pas de la rigolade ! Derrière tout ça se tient un plan média qui lui a tout de même valu de remporter le prix des communicants publics 2010 des collectivités territoriales ! (Agence Souple/hop!)
Avec la mise en place du TGV Est, et l’inauguration du Centre Pompidou, Metz avait là un coche à ne pas louper, une occasion unique pour casser son image de ville provinciale à la traine.
Ils ont alors sorti le grand jeu : les slogans décalés, la vidéo humoristique, et le buzz sur les réseaux sociaux, qui va avec.
En 2011, Ils remettent le couvert avec « une saison 2 ». Rien que dans le choix de ce terme, cette deuxième vague d’affiches s’inscrit dans la tendance du moment : la temporalité et les histoires. Mais ce n’est pas qu’un joli mot mis sur une série d’affiches puisque la saison 2 suit effectivement la saison 1 (la femme qui n’a pas eu son job à Metz décide coûte que coûte d’y aller – la malheureuse). Sur le site JeveuxMetz.com, on retrouve maintenant des histoires de personnes nouvellement ou anciennement installées à Metz. Bref, storytelling quand tu nous prends…
Maintenant, je suis curieuse de connaître le titre de la saison 3 !
Plus récemment, trois affiches vantent la ville de Lyon dans les stations du métro parisien (agence de communication lyonnaise MMAP – lyonnaise, évidemment). La campagne, initiée par OnlyLyon, tente de convaincre les parisiens de venir passer un petit week-end dans le sud-est. Mais OnlyLyon, c’est bien plus que la simple signature de l’Office du tourisme…
Il y a 6 ans, les dirigeants et les institutions lyonnaises ont compris que leur ville en avait dans le ventre et que le tout était de se faire connaître.
Ils avaient un bon produit, un nom connu, il ne leur manquait qu’une marque! OnlyLyon est née[1]. Le but est alors de ressembler les principaux acteurs économiques de la ville pour apporter une visibilité internationale à la métropole lyonnaise. Ainsi, OnlyLyon est un outil de marketing territorial essentiel : il permet à la ville de regrouper ses forces et de communiquer d’une seule voix face aux touristes, aux entreprises, et aux pays voisins.
En plus d’utiliser Facebook, Twitter, et l’humour, OnlyLyon a mis en place une promotion par le biais  d’ambassadeurs. Ce sont des lyonnais, des entreprises, des personnalités pour qui la règle n°1 est de promouvoir la ville.
L’image est aujourd’hui pour les entreprises une chose délicate qu’elles manient avec toute la précaution du monde. Et en ce qui concerne nos belles villes françaises, ces deux exemples montrent à quel point l’attractivité est le maître mot dans leurs objectifs.
 
Justine Brisson
Sources et crédits photo : CampagneParis© MMAP – Photo Elina Sirparanta – Lyon Tourisme et Congrès

[1] Créé par Jean-Michel Daclin  alors adjoint au maire de Lyon et vice-président du Grand Lyon délégué aux relations internationales, au tourisme et à l’attractivité du territoire

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Politique

Jacques a dit qu'il ne fallait pas s'abstenir

 
Comme vous avez sans doute pu le voir dans les rames du métro depuis quelques temps, Jacques a dit qu’il ne fallait pas s’abstenir. Cette énorme campagne dont nous allons parler est le fruit du travail d’agences conseils en communication membres de l’AACC réalisé à la demande de l’association démocratie et communication. L’offre est très variée puisque 9 agences ont participé et que plusieurs dispositifs ont été retenus. Cette campagne se décline donc en affiches, application iPhone, spots vidéos et en un spot radio. De la même façon, les tons employés sont très différents et on passe facilement d’un discours plutôt institutionnel (Action d’éclat, Lowe Strateus) à un discours plus impliquant (Herezie ; Ailleurs exactement) sans oublier une bonne dose d’humour pour d’autres (Being, Wunderman, JTW), un peu de poésie (TBWA) et une petite dose de « radio-réalité » (TBWA/Corporate).
Nous allons donc étudier un peu plus en détails certaines de ces campagnes. Considérons d’abord celles d’Herezie – « Trop jeune » – et d’Ailleurs exactement – L’abstention n’aura pas ma voix.

Force est de constater qu’elles se déclinent sur un fond plutôt sombre et délivrent un discours très impliquant sous forme de témoignages. Sur leur site internet aaccvote2012.fr, l’AACC précise que : « Le champ de l’abstention auquel les agences s’attaquent est celle liée à l’indifférence et non l’abstention de méfiance ou de contestation ». Cependant ici, on peut se sentir culpabilisé par ces images qui nous imposent un regard direct et presque accusateur sur notre possible abstention. La première campagne semble même demander une justification quand la seconde a l’air de clamer une vérité selon laquelle l’abstention est inutile et dessert avant tout celui qui s’abstient. A noter que le message est efficace, parce qu’il nous met en face de nos contradictions et nous oblige à nous poser certaines questions. Pour autant, des lors que l’explication des campagnes par leurs auteurs n’est pas donnée, celles-ci peuvent vite prendre un ton moralisateur auquel les abstentionnistes pourraient vouloir répondre :
– Voter n’a pas rendu mon monde meilleur
– Voter n’a absolument rien changer à mon quotidien
– Voter ne m’a pas permis de m’exprimer davantage
D’accord ou pas d’accord, il n’empêche que l’abstention est souvent une réponse à ce sentiment d’inutilité du vote.
Penchons nous maintenant sur des campagnes au ton plus léger. Nous allons considérer d’abord la campagne Being – Bulletins.
La campagne se veut très sobre : une enveloppe et un bulletin de vote sur une table avec une déclinaison de message sur un ton plutôt humoristique. On peut noter que plusieurs champs lexicaux sont repris :
– Le vote (1)
– L’écologie (2)
– La contestation (3)
– Le salariat (4,5)
– La mode (6)
De cette façon un échantillon large de la population est représenté et un message est transmis : le vote n’est pas réservé à une catégorie de personnes. Tout le monde peut l’utiliser et il est une chance que l’on n’a pas tous les jours peu importe le domaine dans lequel on se place.
De la même façon, la campagne de l’agence Wunderman – L’entretien d’embauche – joue sur l’inversion des rôles.

Selon eux, « on rappelle aux Français que leur vote les met en position de force, tel un recruteur faisant passer un entretien d’embauche. Et on les encourage à profiter de ce pouvoir ». Et en effet, au travers de ce spot on peut voir pêle-mêle un jeune mais aussi une retraitée ou encore un ouvrier. Chaque facette du poste est mentionné et le spot joue sur les clichés allant jusqu’à faire dire par le jeune à la tête pleine de dreads, élément parfois discriminant lors d’entretiens, que la présentation est un élément déterminant du poste. Une fois encore, cette campagne joue sur la diversité et donne à chacun une voix qui a le même poids.
Je ne vais pas avoir assez de place pour vous décrire en détail le reste de ces campagnes mais je vous invite fortement à vous rendre sur le site de l’AACC où vous les retrouverez toutes, accompagnées d’une explication (pour les agences qui ont souhaité le faire). Bonne visite et peut être que cette démarche en entrainera certains à s’abstenir de s’abstenir.
 
Justine Jadaud

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