Alain Finkielkraut : entre identité et modernité
Ce serait peu de dire que L’Identité malheureuse, le nouveau livre d’Alain Finkielkraut, suscite la polémique – conduisant même un individu à entarter le philosophe lors de son discours d’adieu à Polytechnique où il fut professeur.
Si l’on en croit les médias dont le philosophe ne cesse de déchaîner les passions, ce récent ouvrage n’est autre qu’un ramassis de propos racistes anti-immigration… Surprenant pour un membre de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme).
Dès lors, peut-être faut-il dépasser les discours médiatiques enflammés pour tenter de comprendre l’une des problématiques posées par Finkielkraut dans cet ouvrage. En tant que philosophe, ce dernier propose avant tout une réflexion sur les concepts d’identité et de diversité. À l’heure où la question de l’immigration semble de plus en plus importante, Finkielkraut s’interroge sur la possibilité d’appartenir ou non à une nation, définie par une identité nationale. Or, cette problématique peut prendre sens lorsque l’auteur pose les questions de l’évolution technique et de la consommation au chapitre intitulé « Une chose belle, précieuse, fragile et périssable ».
Pour Alain Finkielkraut, s’est perdu le contact avec le passé et avec ce qui faisait l’identité française, aujourd’hui attaquée par la technique et la consommation. En effet, comme pour ce dernier l’identité se définit par l’héritage, et que l’héritage est ruiné par le présentisme dans lequel nous vivons du fait même de l’interconnexion et de la technicisation, alors l’identité n’est plus. Malgré la polémique qu’un tel discours peut susciter, l’ouvrage a au moins un mérite : il permet de poser la questions du lien entre identité et médiatisation, héritage et technicisation.
Ainsi, peut-on toujours parler d’identité nationale alors que les nouveaux médias sont vecteurs d’instantanéité et d’interactivité et ruinent par là-même le passé et l’héritage communs à la nation ? Jusqu’où y a-t-il un impact des médias et de la communication sur la question aussi bien philosophique que sociétale de l’identité et de l’appartenance à un groupe ? Enfin, comment accueillir lucidement les transformations du monde actuel ?
Juliette Courtillé