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Politique

Bernie Sanders, l'autre versant de l'American Dream

Nous avions déjà fait le portrait d’un autre candidat à la présidentielle américaine, celui de Donald Trump, qui se distingue par sa bouffonnerie et son étonnante visibilité médiatique. Aujourd’hui, nous vous présentons l’un des hommes politiques qui s’en distingue sans doute le plus nettement: le sympathique Bernie Sanders. À soixante-treize ans, le sénateur du Vermont rebat les cartes de la primaire du parti démocrate, et par extension celles de l’élection présidentielle. Candidat de plus en plus sérieux face à Hillary Clinton, sa popularité grandissante s’explique par un discours qui se veut aux antipodes de l’habituelle « langue de bois », et une attitude qui séduit par son authenticité. Sanders se revendique  « socialiste », un terme qui ne fait habituellement pas recette chez les Américains. Et pourtant ils sont nombreux à le soutenir, avec un pourcentage d’opinions favorables de près de 40% dans la population générale.
Good guy Bernie: un programme optimiste 

« Bernie », comme le surnomment affectueusement ses sympathisants, apparait presque comme un héros des temps modernes. Dés le début des années 1960, alors qu’il est âgé d’une vingtaine d’années, ce « good guy » milite activement contre la ségrégation des logements universitaires dans la ville de Chicago où il étudie. En 1981, il est élu maire de Burlington; en 1987, il est décrit par U.S News comme étant l’un des meilleurs maires des États-Unis.
Sanders devient ensuite sénateur du Vermont, où il est réélu à huit reprises consécutives. Antiguerre et pro-sécurité sociale, il reçoit tôt le soutien des jeunes. Aujourd’hui, sa campagne électorale s’oriente surtout autour de la classe moyenne avec un agenda progressiste qui propose, entre autres, de créer de nombreux emplois, d’augmenter le salaire moyen, de protéger l’environnement, de développer davantage le rôle de l’état par la rénovation du système éducatif et de la protection sociale…  Des problématiques relativement classiques, mais associées à une dénonciation de l’influence de l’argent en politique et d’un « gouvernement des milliardaires, par les milliardaires et pour les milliardaires ». La sphère financière est le coeur de cible ses attaques; Sanders oppose les « lucky few » aux « 99% », le gros de la population américaine qui ne jouit que marginalement des fruits de la croissance. La référence aux mouvements de Podemos ou de Syriza est évidente, Sanders leur a d’ailleurs rendu hommage à de nombreuses reprises notamment sur sa page officielle de sénateur : « La victoire de Syriza en Grèce nous prouve que, partout dans le monde, les gens n’accepteront plus une austérité subie par des familles au travail alors que les riches continuent à s’enrichir toujours plus ».
Une communication percutante 
La foule de partisans convaincus et enthousiastes que Bernie Sanders rassemble à chacun de ses meetings s’explique au moins en partie par l’efficacité de sa communication. Il cumule à la fois l’image d’un grand-père chaleureux, que l’âge a rendu sage et digne de confiance, et une énergie rafraichissante dans la défense de ses idéaux. Son statut d’ « indépendant » donne l’impression d’un homme détaché des querelles partisanes, au-dessus de cette « politique politicienne » qu’il méprise. Ces deux deniers mois, la visibilité de Sanders a augmenté de manière exponentielle, notamment sur les réseaux sociaux. Près de 2 millions de « j’aime » sur Facebook, plus de 800.000 followers sur Twitter… Ce succès est attendu dans une certaine mesure, quand on sait qu’une large partie de ses partisans est âgée de moins de 30 ans, et qu’elle est par conséquent plus encline à utiliser ces voies de communication. Avec un sens de la formule indéniable, comme la fameuse invitation : « Feel the Bern! », Bernie Sanders se distingue aussi par le respect qu’il porte à ses concurrents: « Jour après jour, on me demande de critiquer Hillary Clinton…(…) Je l’apprécie, et je la respecte » a-t-il affirmé à des journalistes lors d’un meeting dans l’Iowa en août dernier. Paradoxalement, cette douceur place H.Clinton dans une situation délicate; en critiquant Sanders trop agressivement, elle risquerait d’écorner sa propre image.
Une avancée progressive dans les sondages et dans les consciences

Bien qu’Hillary Clinton demeure favorite de la primaire du parti démocrate, la campagne de Bernie Sanders est en pleine expansion. Il est tout de même nécessaire de l’envisager avec lucidité: depuis 1852, seuls des candidats appartenant aux partis républicain et démocrate ont été élus à la présidence. Mais même si, selon toute vraisemblance, Bernie Sanders ne remporte pas cette élection, il aura laissé une marque durable dans la politique américaine en proposant une alternative courageuse à des jeunes qui rejettent massivement Donald Trump, et de manière générale un parti républicain largement porté par des idéaux et des représentations d’un autre temps. Sanders avait d’ailleurs le soutien de Barack Obama quand celui-ci n’était encore qu’un jeune sénateur démocrate prometteur. En mars 2006, celui qui deux ans plus tard allait devenir le président des Américains pour deux mandats consécutifs se rend au Vermont pour participer à la campagne sénatoriale de B. Sanders. Il y livre un discours passionné, qui rappelle ceux que Bernie prononce aujourd’hui: « Quand des gens ordinaires décident qu’ils veulent un avenir différent pour eux-même, pour leurs enfants et pour leurs petits enfants, et quand ils se rassemblent et construisent ensemble un projet à partir de rien, peu importe combien d’argent est dépensé ».
Finalement, qu’il s’agisse d’une stratégie de communication mûrement étudiée ou de sa bonhomie naturelle, Bernie Sanders arrive à convaincre. Tant et si bien qu’il pourrait surprendre en novembre 2016 !
https://www.youtube.com/watch?v=rtBVuye4fZQ
Mariem Diané 
Sources:   
http://feelthebern.org/who-is-bernie-sanders/ http://www.rollingstone.com/politics/news/the-case-for-bernie-sanders-20151103
http://elections.huffingtonpost.com/pollster/bernie-sanders-favorable-rating
http://www.huffingtonpost.com/entry/bernie-sanders-media_55dde96ae4b08cd3359e29a2 http://mic.com/articles/122011/watch-young-senator-barack-obama-campaign-for-berniesanders-in-2006  
Crédits Photos : 
http://berniesanders.com
http://mic.com/articles/122011/watch-young-senator-barack-obama-campaign-for-bernie-sanders-in-2006