Société

L’environnement pris dans tous les sens

À en croire les réactions sur les réseaux sociaux, cette nouvelle a provoqué hilarité, enthousiasme, choc, interrogation… Quoi qu’il en soit, la récente mobilisation de Pornhub pour la préservation des pandas suscite une certaine curiosité. Ce moyen marginal extrêmement osé pour sensibiliser les citoyens à la préservation des animaux en voie d’extinction rompt totalement avec les dispositifs classiques d’appel au don ou des campagnes « choc » des ONG. Néanmoins, nous allons voir que l’émergence de formes alternatives de mobilisation pour la planète n’en est pas à ses balbutiements.

Société

Animaux de tous les pays, connectez-vous !

Les animaux : ils sont différents et uniques à la fois, incroyables, mignons, sauvages… On aime les découvrir dans 30 millions d’amis, les observer devant un documentaire d’Arte, jouer avec eux sur Nintendogs ou Angry Birds… Mais aujourd’hui, nos propres animaux prennent le relai et deviennent de nouveaux consommateurs !
Depuis un peu plus d’un an un nouveau marché émerge : applis, chaînes de télévisions dédiées… Bien loin des rayons jouets et autres salons ou concours dédiés, nos boules de poils passent désormais au numérique. Non épargnés par la vague des objets connectés, ils en possèdent eux aussi un certain panel. Vous pourrez par exemple discuter et distribuer des friandises à distance à votre chien avec Petchatz, une sorte de boitier mural équipé d’un petit écran. Dans le même esprit, PetCube, une application mobile, vous permet d’observer votre compagnon pendant votre absence et d’interagir avec lui. Inspiré du bracelet connecté, le collier Voyce vous donne des informations sur la santé de votre chien et sa condition physique.

Publicité et marketing

Les singes: les meilleures égéries ?

En novembre dernier le groupe américain Coldplay révélait le clip de son dernier single « Adventure of a Lifetime ». Cette vidéo est issue d’une collaboration avec la marque Beats, qui promeut ici son dernier modèle d’enceintes. Le clip et la publicité représentent d’ailleurs la même séquence, une spécialité de la marque qui effectue régulièrement des partenariats de la sorte avec des artistes musicaux. Réalisé en motion capture, on peut y voir des singes danser sur le titre de Coldplay. Si ce choix de figurants a beaucoup fait réagir les internautes et les fans du groupe sur le web qui se sont amusés à démasquer derrière chaque singe un membre, il n’en demeure pas moins nouveau. En effet, nos confrères les primates sont bien loin de leurs premiers pas dans la pub.
Des primates mythiques
Dans les années 1990, la marque de lessive Omo introduit dans ses publicités des singes habillés de vêtements humains. Elle se démarque des autres vendeurs de lessive en mettant en scène des animaux, qui ne sont par ailleurs pas réputés pour être très propres, et invente également son propre langage : le « poldomoldave ». C’est du jamais vu et le succès est immédiat. Même sans comprendre la totalité des phrases prononcées par les singes, les récepteurs – quelque soit leur âge – saisissent le message. Car, avec cette publicité décalée, le but d’Omo est aussi de toucher un public plus large que les simples ménagères : elle amuse les plus grands comme les plus petits.
On joue ici sur l’humour et l’autodérision, on ne parle plus de l’efficacité du produit.
Sébastien Genty analyse pour Le Figaro : « Les concepteurs-réalisateurs de la saga des chimpanzés ont été les premiers à avoir créé un territoire et un langage induisant un attachement à la marque. »
Mais pourquoi des singes ? Car prononcé par des humains, le poldomoldave donnait un ton moqueur à la vue du public lors des tests, les publicitaires ont alors inséré les primates, qui rendent insolite une scène très ordinaire de la vie quotidienne.
Les singes d’Omo et leur poldomoldave deviennent mythiques et donnent à la marque une réelle identité. Mais en plus d’avoir fait rire des générations avec ses petits personnages, Omo a aussi grâce à eux rajeuni son image, gagné en notoriété et augmenté ses ventes de 25%.

Outre manche on peut citer deux exemples devenus légendaires : PG Tips et Cadbury.
Les chimpanzés de PG Tips ont placé leur marque au premier rang des vendeurs de thé en Grande Bretagne pendant plus de 30 ans. Même si derrière ces publicités se cachent des campagnes de communication de dizaines de millions de livres, les petits singes devenus Al et Monkey (un homme et une singe en peluche) en 2007 y sont pour beaucoup en ayant fait l’unanimité dans le cœur des consommateurs pendant plusieurs décennies.  
 

Pour Cadbury, son Gorille a aussi été le sauveur de la marque qui souffrait, avant le lancement de cette publicité en 2007, d’une importante perte de vitesse à cause d’un scandale de salmonelle. Avec ce singe plus vrai que nature, la marque joue la carte de l’entertainement sans aucune référence au produit. Le succès est immédiat : des centaines de milliers de personnes intriguées par l’agilité de l’animal, qui joue dans ce spot de la batterie au son de Phil Colins (« In the Air Tonight »), se ruent sur internet pour en percer les secrets se demandant même s’il s’agit d’un réel gorille.
Augmentation des ventes de 9% par rapport à l’année précédant le lancement, hausse de 20% d’opinions favorables quant à la marque, première place au « Gun Report 2008 » (un classement annuel des campagnes, des réseaux de communication et des agences les plus primés au monde)… Bref encore un singe qui fait le boulot.

Dans ces trois exemples les singes sont personnifiés en étant mis dans des situations humaines ou assimilés à des personnes réelles. Le singe étant l’animal qui se rapproche le plus de l’homme, il est donc facile de le faire passer pour une personne le temps d’un spot. Il est aussi un animal amusant, attendrissant et attachant tout comme insolent et malin, qui est donc susceptible de conquérir le public rapidement.
Mais il n’apparaît pas toujours ainsi à l’écran. Les publicitaires utilisent aussi de vrais animaux, comme lors d’une publicité Ikea lancée en 2015 où, au milieu de leur environnement naturel, des singes testent la fonctionnalité d’une cuisine. En s’amusant avec les meubles et les ustensiles, les petites bêtes incarnent le slogan employé par l’enseigne suédoise, « Redécouvrez les joies de la cuisine ».
Pour la publicité Peugeot 308 GTi, c’est le célèbre petit singe du film à succès Very Bad Trip qui est mis au centre d’une course poursuite tout au long de la réclame.
D’autres égéries animales
Mais les singes ne sont pas les seuls animaux utilisés dans les publicité, on connaît également les animaux sauvages aux formes humaines d’Orangina, ceux utilisés pour représenter des marques de céréales, les lapins Duracell ou bien la Vache qui rit.
Alors pourquoi utilise-t-on les animaux en publicité ? Pourquoi une marque peut-elle s’appuyer sur l’un d’eux pour en faire son image dans le temps comme la vache Milka ?
L’utilisation d’animaux est un basic, parfois même une valeur sûre pour assurer le succès ou la sympathie d’une annonce. Outre une raison économique, car l’emploi d’un animal coûte souvent moins cher qu’un figurant, il est parfois plus facile de faire passer un message avec un animal par exemple pour des messages délicats ou controversés qui seraient mal perçus venant d’une personne.
Aussi, le spectateur peut avoir une meilleure confiance en un animal, qui serait un être fidèle et honnête.
Selon le ton du message et de la publicité, les annonceurs qui souhaitent jouer la carte de l’émotionnel peuvent y arriver plus facilement avec un animal, par exemple des hommes s’occupant de bébés animaux pour le site adopteunmec.com en 2013, ou des histoires d’amitiés entre des animaux d’espèces différentes pour Samsung et Android en 2015.
Ce n’est donc pas un hasard si selon le classement des publicités les plus virales de 2015 réalisé par Unruly, les quatre premières vidéos arrivant en tête mettent en scène des animaux.

Capucine Olinger
Sources :
Le Figaro, 20 ans de spots TV: Omo singe la pub, 14/10/2007
Ionis Brand Culture, Cas n°46: Omo « les singes »
La libre, Un gorille au secours de Cadbury, 3/12/2007
Le Figaro, Pub:  » le gorille » de Cadbury emporte tous les suffrages, 12/11/2008
Planète GT, Peugeot 308 GTi: la pub qui va vous surprendre !, 15/12/2015
La Réclame, Des singes se déchaînent dans une cuisine IKEA en pleine jungle
Capital, Publicité: pourquoi les animaux font vendre, 10/04/2014
La Réclame, Musique de la pub Beats Pill 2015 
Crédits images :
Tuxboard.com
Dailymail.co.uk
The Guardian
Lareclame.fr

Meme cat
Société

Adopte un lolcat

Les chats les plus drôles d’Internet débarquent dans la communication. Un doux mélange entre le rire, LOL, acronyme de Laughting Out Loud, et le chat, nous donne le lolcat, une sorte de chat rigolo. D’un phénomène a priori spontané et sans visée commerciale, il est devenu un réel atout de communication. Pourquoi ?
Le vieux chat fait la grimace
Si le lolcat paraît récent de seulement quelques années, son origine remonte en fait à la fin du 19e siècle, lorsque le photographe américain Harry Whittier Frees immortalisait des chats déguisés.

Le lolcat n’est pas à confondre avec le chat mignon, autre phénomène du web, comme le souligne André Gunthert, maître de conférence de l’EHESS, dans l’émission de Sonia Devillers, l’Instant M du 27 novembre sur France Inter. Développé notamment par le site 4chan.org., une plateforme d’échange en ligne connue de tous les geeks, le lolcat est devenu un mème, autrement dit une image reprise et déclinée par les internautes. Devenu viral dans le milieu des années 2000 et reconnu officiellement dans la presse depuis 2007 avec un article que lui consacre le Times, il répond à certaines caractéristiques. Il s’agit d’une photo d’un chat drôle, mignon ou en situation de détresse accompagné d’une légende humoristique, le tout ayant vocation à susciter le rire. Le texte, un commentaire qui est superposé à l’image en police Impact ou Arial black, est indissociable de celle-ci. Il est écrit dans un langage particulier, souvent bourré de fautes, pour en rajouter à l’effet comique.

Parce que ça fait du bien
Se moquer d’un chat rigolo, qui de plus s’exprime mal, ça fait du bien. Le phénomène d’anthropomorphisme du chat humanise le lolcat et nous permet ainsi de dire des choses sur nous que nous ne dirions pas autrement, de se moquer sans se sentir directement visé. André Günter précise qu’aujourd’hui nous ne pouvons plus nous moquer de certaines catégories de la population, alors nous le faisons avec des chats, car eux sont neutres. Il ajoute que cette pratique est loin d’être neuve, c’est le principe même des Fables de La Fontaine, qui humanisent des animaux pour en tirer une morale sur l’humain.
C’est aussi le caractère universel du lolcat qui fait du bien. Compréhensible par tous, il crée du lien social comme « une soupape de décompression, un îlot de drôlerie dans un monde violent » propos d’Anaïs Carayon, rédactrice en chef de Brain magazine et autre invitée de l’Instant M. Son universalité le rend fédérateur et offre ainsi aux communicants qui l’emploient une plus large cible.
Lol-communication
Si les lolcats sont un phénomène créé par et pour les internautes dans un but non commercial, ils ont vite été mis au profit d’activités lucratives. L’un des chats les plus connus d’Internet, GrumpyCat – le « chat grincheux » – a même aujourd’hui un manager puisqu’il a généré l’an passé plus de revenus que Brad Pitt, seulement en produits dérivés. En effet l’acteur gagne environ 25 millions d’euros par an, lorsque GrumpyCat a rapporté l’an passé plus de 80 millions d’euros à sa propriétaire, n’étant connu que depuis 2012.

Mais les lolcats ont aussi été récupérés par la communication. Certaines marques alimentent leurs comptes sur les réseaux sociaux de lolcats, pour créer une certaine proximité avec leurs abonnés, comme le fait Cdiscount sur sa page facebook. Les community managers de la marque alimentent le profil de lolcats accompagnés de messages pour leurs abonnés, dont le but n’est pas directement d’appeler à la consommation de la marque mais d’entretenir une relation positive avec une communauté d’abonnés qui sont des clients éventuels.

Déclinés en vidéos, ils servent plusieurs campagnes. C’est le cas de GreenPeace, qui se sert des « petit frères » des tigres, les chats, pour sauver cette espèce en danger. L’enjeu est d’autant plus important qu’il s’agit d’une ONG, les ressources étant moindres et soumises à des aléas. Pour une communication originale et décalée, basée sur le rire et pourtant totalement dans le thème des animaux, le lolcat est l’arme efficace.
 

 
Les lolcats présentent des avantages évidents en terme de communication, à commencer par leur universalité et leur transculturalité. Aucun prérequis nécessaire pour comprendre le lolcat, si ce n’est la compréhension d’un minimum d’anglais, quand ils ne sont pas traduits. Le lolcat est aussi un moyen de communication rapide dans un monde de l’instantané : une image accompagnée d’un commentaire bref qui suscite un rire immédiat. Il est question de caricature, de décompression par l’humour, une communication assez facile mais un atout pour séduire les jeunes générations.
Le lolcat contre le terrorisme ?
Après une légère baisse de popularité des lolcats, ils sont revenus en force avec le hashtag #BrusselslockDown, lancé par les belges suite à une demande de la police de ne pas diffuser de photos de l’opération en cours le 22 novembre dernier pour empêcher une éventuelle attaque terroriste dans la capitale. La réaction des internautes : diffuser et partager des images de chats. Lolcats et chatons mignons se sont mélangés, certains au ton ironique, pour dénoncer la censure des forces de police. Malgré ces dénonciations, le chat a plutôt servi a créer du lien, à se détendre un peu dans une ambiance qui n’était pas à l’humour.
Coïncidence malheureuse, le lolcat, et le chat en général, ont aussi servi d’outil de communication à Daesh. Utilisé notamment par la communauté qui fait la promotion de l’organisation Etat Islamique, les lolcats sont représentés avec des armes ou à coté d’images de personnes tuées par l’organisation. Pour les âmes moins sensibles qui voudraient approfondir la récupération des lolcats par l’organisation terroriste, Arte en parle ici
Se détendre seul ou à plusieurs, créer une communauté, défendre une cause plus ou moins noble : le lolcat est partout. Mais il n’est pas le seul animal humanisé à envahir Internet. Depuis peu les stars du web sont aussi des chiens, à l’image de Doug the Pug ou Doge, les nouveaux copains de GrumpyCat, tout aussi productifs en produits dérivés.
Adélie Touleron
LinkedIn
 
Sources :
France Inter, l’instant M: « le pouvoir du chat »
Huffington Post, Les « lolcats » à l’honneur pour la journée international du chat
Arte, Etat islamique: la sainte armée des chats
 
Crédits:
http://i.imgur.com/
http://knowyourmeme.com/memes/sites/cheezburger
http://lejournaldessorties.com/wp-content/uploads/2014/03/harrywhitterfrees7.jpg
 

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Zoo
Société

Jacques a dit : Le sauvage nous enchante !

 
Il est temps de faire un petit bilan de cet événement qui a fait le buzz pendant des jours, que vous avez pu voir dans les rues de Paris, à la télé, sur votre ordinateur ou même depuis votre Smartphone si vous trainiez sur votre compte twitter…
Le zoo de Vincennes a réouvert ses portes le 6 avril. 25 000 personnes sont venues lors du 1er week end pour faire un parcours de près de 4 kilomètres, traverser 5 biozones et espérer apercevoir près de 1 000 animaux.

Inauguré officiellement en 1934 par Albert Lebrun, ce zoo faisait déjà parlé de lui avec ses enclos non grillagés. L’exposition universelle de 1931 avait donné le ton, il était bien question de pouvoir faire le tour du monde en une journée.
Aujourd’hui le zoo réouvre ses portes après 6 ans de fermeture, 170 millions d’euros de travaux et avec un plan de communication béton.
Il faut bien le dire, le Musée National d’Histoire Naturelle a mis le paquet. La célèbre agence Publicis Conseil lance la campagne d’affichage le 2 avril. Celle-ci est composée de quatre visuels en noir et blanc, mettant en scène de vrais animaux sauvages dans Paris. Le sauvage investit donc la ville avec classe et sobriété.

Plus que du simple affichage, une opération de street marketing originale menée par l’agence Ubi Bene se fait remarquer. Des grandes caisses d’animaux ouvertes et vides dans les rues symbolisaient l’arrivée tant physique que symbolique de ceux-ci.

Une fois encore le sauvage investit l’urbain, comme si les animaux avaient été lâchés dans la ville.
Mais la campagne ne s’arrête pas là, celle-ci nous accompagne jusque chez nous, sur nos écrans avec une série de films documentaires co-produits et diffusés par France Télévision et bien évidemment le digital avec notamment le compte Twitter de la star du zoo : Adeline la Girafe

A son ouverture initiale, Vincennes a vite été qualifié de « révolutionnaire », aujourd’hui pourrions-nous faire ce même constat ?
Sans doute pas, car les campagnes de communication crossmedia sont partout. De plus, il semble que la stratégie de Vincennes s’aligne sur des exemples tels que celui du zoo de San Diego, qui a un compte Twitter, Pinterest, Instagram, Facebook, et même une chaine Youtube
 En effet, utiliser les réseaux sociaux lors d’une campagne de communication n’a rien de nouveau… Par ailleurs, les animaux et le 2.0 ont toujours fait bon ménage : n’oublions pas le succès des « cute cats », des loutres ou encore des pandas sur Twitter.
Mais quel est l’intérêt de solliciter les réseaux sociaux pour un zoo ?
Une publicité gratuite ? Une sorte de bouche à oreille du 2.0 ? Une invitation à la participation, qui n’est plus seulement virtuelle mais qui peut devenir concrète. Il est en effet possible aujourd’hui de « parrainer » un animal ou même de faire un don. Ainsi derrière l’aspect participatif ludique des réseaux, peut-on parler d’une véritable tentative de sensibiliser les esprits à la cause animale ?
Si un zoo est un paradis pour les enfants, le gros de la campagne digitale s’est faite pour séduire les adultes, les faire rire, les émouvoir. Ainsi, par sa campagne de communication le zoo de Vincennes a voulu réunir petits et grands autour d’un émerveillement partagé.
En cette période chargée en événements politiques : élections, tensions en Europe, remaniement ou autres réjouissances, la réouverture du zoo fait la une. Elle est partout dans la rue, dans les intimités, sur nos écrans, à la radio…
Les animaux sauvages s’infiltrent dans le quotidien urbain, dans la ville et cela fait du bien. Une touche d’émerveillement  au milieu d’une morosité ambiance.
Nous savions que les animaux communiquaient entre eux, qu’ils ont leur langage mais nous ignorions encore qu’ils communiquaient aussi bien, tout court.
 
Sophie Cleret
Sources :
Piwee.net
Lemonde.fr
Blogs.rue89.fr
 

protestation contre les tests sur les animaux
Société

Jacques a dit : vert-ueux ?

 
Le phénomène est loin d’être nouveau : depuis que certains consommateurs se sont rendus compte qu’ils n’avaient aucune idée de ce qui pouvait bien se cacher derrière la liste des composants inscrite sur le papier d’emballage, un besoin de transparence a vu le jour. Madame veut savoir ce qu’il y a dans son beurre pour le corps, Monsieur exige la traduction de mots obscurs comme « anthocyanes », « tartrazine » ou « sulfure de sélénium. »
Les différentes marques l’ont vite et bien compris. Loin de cantonner l’envie du bio à la population bobo parisienne, de nombreuses entreprises ont au contraire décidé d’alimenter la tendance et d’en profiter pour viser cette toute nouvelle population. Au point d’en faire un peu trop ?
Si la publicité éco-friendly a rapidement envahi les médias, il existe des marques qui, dès le début, ont choisi de jouer la carte de la transparence. Ainsi, Lush propose ses cosmétiques végétariens et « testés sur les Anglais » depuis 1994. Des noms d’ingrédients intelligibles pour tout être normalement constitué, une possibilité pour les clients de gagner un masque en ramenant cinq pots pour qu’ils soient recyclés, utilisation de la carte de l’humour so British jusque dans le nom des crèmes et des shampoings (Jasmine hair’oïne, Hot en couleur, Mieli mielo ou encore Les fleurs du mâle)… Tous les ingrédients sont réunis pour faire du bio hype et rigolo.
Cependant, Lush est aussi l’illustration d’une surenchère communicationnelle, ce qui lui vaut parfois un retour de bâton de la part des consommateurs, en témoigne la promotion de leur engagement pour la cause des animaux, qui donnerait presque à la marque l’image de filiale de la SPA. Par exemple, Lush s’oppose brutalement au gavage des oiseaux sur son site officiel ou lors de mises en scène dans certains magasins.

Il en va de même pour la dénonciation de la cruauté des tests sur les animaux, lorsqu’est exposée en vitrine une comédienne subissant les mêmes traitements. Autant de situations qui peuvent parfois choquer les clients et ne pas avoir les conséquences escomptées. Il en résulte une surenchère qui peut, à terme, lasser les clients vaguement adeptes du principe.

Le premier biais que rencontre l’éco-friendly dans la publicité actuelle découlerait alors de cette volonté des marques d’en faire toujours plus. Cela se vérifie d’autant mieux que la majorité des entreprises en question a décidé de surfer sur la vague de la com’ verte sans que leurs produits aient un quelconque rapport au bio.
Devant l’engouement pour les produits green, beaucoup d’annonceurs n’ont eu d’autre choix que de prendre ce tournant, ou du moins faire semblant. Est apparu alors un nouveau phénomène, celui de « greenwashing » (traduisez « écoblanchiment »). Le concept est assez basique : prenez un bien de consommation qui n’a pas la moindre qualité écologique apparente et faites en sorte qu’il apparaisse au contraire comme le dernier-né tout beau tout bio.
Si le consommateur est fatigué de voir du vert partout, c’est bien parce qu’il s’agit d’une véritable tendance actuelle : l’air du temps est au sauvetage des arbres et des bébés phoques. Les marques cherchent à verdir leur image.
L’OIP (l’Observatoire Indépendant de la Publicité) donne d’ailleurs un classement des pires campagnes en termes de greenwashing, aux rangs duquel figurent Le Chat, Mercedes, Audi ou encore Herta. L’OIP analyse les différents procédés auxquels a recours  la publicité : certains mots induisant le consommateur en erreur, la composition graphique, l’absence de preuves ou simplement l’exagération de la composante verte du produit.  La possibilité est également donnée aux internautes de voter ou bien même de créer leur propre publicité mensongère sur le site.
Entre une surabondance de bonne volonté – qui entraine parfois un ras-le-bol des consommateurs – et la mise en avant parfois illégitime de produits loin d’avoir l’étiquette bio, il semblerait possible que le verdure… pas tant que ça.
Annabelle Fain
Sources
Stratégies
MPJ2009
Observatoiredelapublicité
Dailymail
Lush
Crédits photos
Dailymail
Lush
Animaux

Publicité pour Yummypets représentant un chien triste de ne pas avoir son profil
Société

Jakadi qu’il fallait inscrire son minou sur Yummypets…

Il n’est pas véritablement le premier réseau social pour animaux, comme on a pu le lire ou l’entendre dans les médias. Yummypets arrive après Woopets, Zanibook, ou encore Mypety – autant de plateformes qui permettaient déjà aux internautes de créer une sorte de profil Facebook à leurs minous, toutous, et autres bêbêtes. En cela, il semble que l’agence de communication bordelaise Octopepper qui a lancé le projet ait plutôt réussi son coup : de nombreuses chaînes télévisions y ont consacré un mini reportage (pas très fouillé, puisque toutes ont présenté le réseau comme un concept absolument innovant), et l’information a également été relayée sur le web. Mais pourquoi 150 maîtres de plus chaque jour y inscrivent-ils leur Médor, et pourquoi cela a-t-il tant intéressé les médias ?
La plateforme de Yummypets est bien plus accueillante, plus séduisante que celle des réseaux concurrents – si l’on peut parler de concurrence. Le design est agréable, les diverses catégories apparaissent clairement et le tout semble très simple d’utilisation. Aucun internaute un peu familier des réseaux sociaux n’aurait de mal à comprendre comment l’utiliser, ni à s’approprier ses fonctionnalités. Le propriétaire, après avoir renseigné quelques informations personnelles, établit un profil pour son animal, exactement comme il l’aurait fait pour lui-même : pseudo, description, photos, etc. Les rubriques livres, émissions et films favoris, grâce auxquels nous nous caractérisons sur Facebook, ont été remplacées par « plats », « jouet préféré », « place préférée » ou encore « plus grosse bêtise »… Je vous passe les florilèges et vous laisse le soin d’aller voir par vous-même, les Curieux…
A côté de cela, les utilisateurs ont la possibilité de se faire des amis, ou encore de devenir fan d’autres animaux – de les « suivre », un peu comme sur Twitter. D’ailleurs, certains profils « privés » sont accessibles uniquement si l’on est inscrit sur Yummypets et que l’on suit l’animal en question. Restreindre les contenus visibles, ou augmenter la part d’invisible : une manière d’inciter les simples visiteurs curieux à s’inscrire… D’autant que le réseau social propose plusieurs fonctionnalités invitant les internautes à interagir, tel que le « cute or not cute », qui permet d’élire parmi deux toutous/minous/pioupious le plus mignon ; le nombre de participations s’élève déjà à 20 000. Les concepteurs organisent également chaque mois un concours photo à thème – en ce moment, c’est « le plus bébé du mois »… Le but de toutes ces manœuvres est bien évidemment d’augmenter le temps passé sur le réseau à chaque visite : aujourd’hui, les membres y restent en moyenne 15 minutes par jour ! Cela pourrait sembler peu, mais c’est déjà considérable compte tenu la jeunesse de Yummypets et le nombre encore assez réduit de membres et de fonctionnalités. Et le virus est amené à se propager grâce à la page Facebook et au compte Twitter dédiés au réseau, qui sont incroyablement bien animés.
Le potentiel du réseau social apparaît donc plutôt intéressant. Si pour l’instant les fondateurs d’Octopepper disent ne pas vouloir « monétiser très vite » – « on n’est pas des marchands d’animaux. On veut conserver l’affect. » –, le concept pourrait devenir rapidement rentable. Les entreprises exerçant dans le secteur animalier devraient y voir un support publicitaire formidable – quel meilleur endroit qu’une communauté complètement dingo des bêbêtes pour trouver de nouveaux clients ? –, et M. Glayrouse parle déjà de la mise en place éventuelle d’une boutique en ligne… Ingénieux. D’autant que l’application pour Iphone est prévue pour fin février…
Mais mettons entre parenthèses ce que Yummypets rapporte d’un point de vue stratégique et économique pour se pencher sur ce qu’il apporte aux utilisateurs. « On s’est dit que, comme ça, les gens allaient beaucoup plus se lâcher », déclare le concepteur. Et il n’avait pas tort : le réseau social animalier rapproche ses membres, et il les rapproche certainement plus que Facebook ou Twitter, sur lesquels ils s’efforcent souvent d’entretenir une certaine image, promouvant leur profil dans une logique de personal branding. Sur YP, les utilisateurs se permettent des réactions plus spontanées – plus « bêtes » aux deux sens du terme ! – parce qu’ils savent qu’ils sont entre eux, entre grands amateurs d’animaux, et qu’ils parlent et agissent de toute façon derrière le masque de leurs compagnons poilus. Non non non, ce n’est pas moi qui fait/dit cela, c’est Caramel, mon cochon d’Inde !
Si tout cela apparaît fort sympathique, et fort commode, il reste un risque important : celui de commencer à se voiler la face et vivre par procuration…
 
Elodie Dureu
Crédits photo : ©Yummypets