Société

Jacques a dit : les nuages s'assombrissent

 
Nul ne peut ignorer l’ampleur qu’ont pris les réseaux et les données. On reconnaît aujourd’hui le Big data comme l’un des enjeux majeurs de la société numérique et de son économie. Les utilisateurs manipulent, s’échangent et créent des données mais celles-ci sont essentiellement traitées et détenues par des sociétés privées américaines à l’instar des géants que sont Google et Facebook.
Cette nouvelle économie est aussi vaste qu’elle est complexe. De nombreux acteurs aux profils bien différents s’y croisent. Google et Facebook, par exemple ont tous deux dû diversifier leurs activités de moteur de recherche et réseau social pour correspondre et s’adapter à ce nouvel univers dont ils ont aussi contribué à façonner les contours. Traitement, stockage, partage, transfert… L’industrie des données ouvre sur une multitude de métiers et d’acteurs que nous ne percevons qu’à travers de grands noms comme ceux qui viennent d’être cités mais dont il n’est pas aisé de saisir l’étendue.
La France et plus globalement l’Europe sont en retard dans cette industrie. À la rentrée 2012, deux géants des télécoms, SFR et Orange, annoncent qu’ils vont investir sur le marché du cloud. Une réaction qui se veut un peu tardive mais qui a le mérite de créer un bond de notoriété à ce marché qui prend de l’ampleur depuis déjà quelques années.
 
Le cloud : du schématique à l’abstrait

Le cloud est un service de stockage de données en ligne qui désigne un contenu dématérialisé rendu accessible depuis plusieurs ordinateurs et smartphones.
Le mot cloud est d’abord un terme graphique qui vient de la forme utilisée par les diagrammes pour représenter un ensemble disparates d’éléments. Ici, ces éléments sont les nombreux services du cloud computing.
Dans la pratique, il existe depuis très longtemps. À partir du moment où nous sauvegardons un document en l’envoyant sur une boîte e-mail par exemple nous faisons du stockage en ligne. Mais il ne s’agit que de l’un des multiples services compris dans ce nuage.

Depuis un moment l’image du cloud semble être activée à nouveau. Popularisée par l’iCloud d’Apple, la symbolique remotivée renvoie aujourd’hui à une autre dimension où pourraient être stockées nos données en toute légèreté. Les tablettes et autres smartphones seraient comme les fenêtres qui donnent sur cet univers souvent illustré par un ciel bleu, paisible malgré quelques petits nuages dans lesquels sont parfaitement bien rangés nos fichiers qui nous suivent en permanence.
 
L’ envers du cloud
Cet imaginaire qui est développé par les professionnels de l’image sont autant d’indicateurs des incertitudes qui règnent face à ce cloud dont on parle tant.
Le mot fait le buzz, l’image est claire, mais ne représente que très peu la réalité. Les datacenters, le lieu physique où se trouvent les données sont bien moins sympathiques et médiagéniques que le cloud. Le stockage prend de la place, le stockage coûte beaucoup en énergie, le stockage implique de faire confiance à l’entreprise qui traite les données, le stockage signifie la perte des données… Toutes ces inquiétudes justifiées ne sont que très rarement prises en compte par les acteurs dominants sur le marché. Il y a un véritable manque de transparence qui ne laisse aux consommateurs français que le choix de faire confiance et d’accepter les offres existantes les yeux fermés.

Avec le lancement de Numergy, une infrastructure fournissant de « l’énergie numérique » et de SFR business team, la première offre de service de cloud française pour les entreprises, SFR innove en intégrant ces inquiétudes grandissantes.
On parle de « cloud maîtrisé », de « cloud souverain » ou de « cloud à la française ». Cela traduit un effort remarquable pour redonner un cadre à ces limbes numériques. Des infrastructures françaises, un opérateur français, une entreprise française et le soutien financier de l’État français.
Esther Pondy

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Apple chahuté par Samsung

 
Alors que la toile s’enflamme et tourne en dérision la frénésie Apple qui entoure la sortie de l’iPhone 5, son rival du moment, Samsung, en profite pour s’offrir une petite revanche.
Pas encore remis du revers infligé par Apple dans la guerre des brevets qui continue de les opposer, le constructeur coréen ridiculise l’iPhone 5 dans une nouvelle campagne presse. La page de publicité dresse ainsi un comparatif technique entre le nouveau né d’Apple et le Samsung Galaxy S3. Il ne faut donc pas être un génie (« it doesn’t take a genius ») pour comprendre quel smartphone est le plus performant. On remarque également une provocation adressée aux vendeurs d’Apple sobrement surnommés les « Genius ». Une boutade qui n’a pas vraiment plu aux fans de la pomme, qui ont aussitôt répliqué avec un dédaigneux mais percutant « Don’t Settle for Cheap Plastic ».
Souvenons-nous que ce n’est pas la première fois que Samsung se paye la tête de l’entreprise californienne. En effet l’année dernière le géant coréen avait déjà créé la surprise en moquant les fanatiques d’Apple capables de faire la queue pendant des heures pour la sortie du nouvel iPhone alors que « the next big thing », le Samsung Galaxy S2 était déjà là. La vidéo raille le stéréotype du Apple-maniac avec humour et est ponctuée de dialogues savoureux tels que : « I am too creative for Samsung » « Dude you’re a barista ! ».

Cette campagne n’est pas sans rappeler les anciennes publicités Macintosh où la firme prenait un malin plaisir à ridiculiser les utilisateurs de PC considérés comme des ringards.  Le géant californien occupait alors le rôle du trouble fête qui venait embêter Microsoft sur son terrain de jeu. La tendance se serait-elle inversée ?
En effet, Samsung semblerait profiter d’une lassitude de plus en plus grande qui se traduit par un florilège de vidéos satiriques sur la toile. On y trouve les fausses publicités promotionnelles qui vantent le peu d’innovations apportées au nouvel iPhone ou encore une petite vidéo comme on les aime, dans laquelle l’hologramme de Steve Jobs revient voler la vedette à Tim Cook avec un rap surprise très inspiré.

Impossible également de passer à coté du micro-trottoir où les équipes de Jimmy Kimmel interrogent les passants sur les améliorations de l’iPhone 5. Peu importe que le prétendu iPhone 5 soit en fait l’ancien iPhone 4, les personnes interrogées le trouvent déjà « revolutionary ». Dans un autre registre, on trouve aussi les vidéos « Shit Apple Fanatics Say » dans la lignée des « Shit Girls Say » qui regroupent les perles des amoureux de la pomme. Un exercice auquel s’était déjà essayé Norman il y a quelques mois.
http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/saurez-vous-reconnaitre-liphone-5/
Difficile cependant de dire que la folie Apple commence à s’essouffler, surtout quand on connaît l’engagement des fans lorsqu’il s’agit de se mobiliser pour défendre leurs produits préférés. Ce sont eux qui ont organisé la riposte de la marque face à Samsung par exemple. Ce sont encore eux qui ont alimenté le buzz autour de la sortie de l’iPhone 5 en relayant rumeurs et fuites. Apple mise beaucoup sur ses fans et sur un effet de viralité pour chacune de ses annonces. En effet la firme californienne raffole des informations lâchées au compte-goutte, capables de provoquer des petits séismes sur la toile en un temps record.
Une stratégie payante pour la marque puisqu’elle dépense relativement peu d’argent pour promouvoir ses produits. 509 millions depuis 5 ans, ce qui équivaut à la somme dépensée par Samsung pour son Galaxy S3 uniquement. De plus le succès semble lui aussi toujours au rendez-vous. Avec deux millions d’iPhones pré-commandés en moins de 24h, l’Apple mania a encore de beaux jours devant elle.
 
Pauline Legrand

An employee of South Korean mobile carrier KT holds an Apple Inc's iPhone 4 smartphone and a Samsung Electronics' Galaxy S II smartphone as he poses for photographs at a registration desk at KT's headquarters in Seoul
Société

Jakadi qu’un brevet, c’est sacré

Si le duel du moment est celui que se livrent Hollande et Sarkozy à coups de phrases assassines et de meetings, il en est un qui se déroule à échelle mondiale et dans lequel il faut aussi choisir son camp.
Cette guéguerre oppose le grand gourou de la technologie, Apple, à son concurrent sud coréen Samsung depuis déjà avril 2011. La cause officielle ? L’utilisation par Apple de brevets Samsung et des similitudes de design de produits Apple par Samsung. La probable cause officieuse ? La tête du marché, jusque là largement aux mains d’Apple.
Au commencement, Apple leader incontestable lance sa tablette sur un marché sans concurrence. Jusque là tout va bien. Mais dans une économie mondialisée, il faut s’attendre à attirer des envieux.  Le monopole d’Apple prend fin avec la gamme Galaxy de Samsung qui fait de la marque un concurrent plus que sérieux pour la pomme.  Ainsi, la Galaxy Tablet 10.1 ne serait qu’une copie de  l’iPad, et le smartphone est lui aussi concurrencé.
Les 2 marques, jusqu’alors partenaires commerciaux deviennent les deux grands opposants d’un feuilleton judiciaire plein de rebondissements, de quoi nous consoler de la fermeture de megaupload.
Episode 1 : Apple attaque Samsung en justice. En effet, la Galaxy Tablet 10.1 possède un design trop proche de l’ipad et serait donc une contrefaçon. Apple demande donc à plusieurs tribunaux, notamment européens, d’en interdire la commercialisation
Mais la marque coréenne ne s’avoue pas vaincue. Puisque c’est le design épuré cher à la pomme qui est en cause, elle travaille sur une nouvelle version de sa tablette. Et comme il est bien connu que la meilleure défense est l’attaque, elle demande à son tour l’interdiction de commercialiser des produits Apple. Cette fois, c’est l’iphone 4S qui est visé car il enfreint selon Samsung plusieurs de ses brevets, notamment sur la téléphonie 3G.  Il en faut plus pour décourager Apple qui entame des poursuites pour violation de propriété intellectuelle. Bref, le feuilleton n’en finit pas.
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Rien n’est encore tranché semble-t-il. Le conflit a des répercussions  aux Etats-Unis, en Australie, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Japon, en Corée du Sud et en France et les décisions sont différentes selon les pays. Les Galaxy Tablet 10.1 sont par exemple interdites en Australie et Allemagne, mais ce dernier pays a autorisé la vente des tablettes modifiées, la Galaxy Tab 10.1N qui se distingue suffisamment de l’ipad. Quant à la Corée du Sud, berceau de Samsung, elle menacerait de bloquer la sortie de l’Iphone 5. Cette vidéo résume bien l’affaire :

Outre les questions financières et juridiques,  le conflit peut avoir un impact sur les images de ces marques et sur les autres entreprises du secteur.  Quelle image donne Samsung lorsqu’il loue temporairement un local à Sidney à quelques mètres de l’Apple Store pour vendre des Galaxy SII à des prix plus que compétitifs ? Apple semble encore moins se soucier son image dans la mesure où bien souvent, « tu l’aimes ou tu le boycottes ». Ce n’est pas un conflit avec des coréens du sud qui peut ternir la réputation de l’œuvre de Steve Jobs
Alors, stricte application des lois ou recherche frauduleuse de monopole, je vous laisse forger votre opinion, la mienne est faite…
 
Manon Levavasseur
Sources :
Clubic.com
Crédits photo :
©Jo Yong hak
Menly.fr

Montage photo de Steve Jobs sur une tablette Ipad
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Saint Steve, priez pour nous

Ah les fêtes ! Temps d’amour, de réconciliation, de paix, de communion, de présents et… d’ennui profond. Ne le nions pas, nous avons tous regretté un jour de n’avoir plus six ans pour aller jouer dans la neige et échapper ainsi à Tatie racontant à Mamie les problèmes d’Albert, son pékinois préféré depuis la mort de Pachou, splendide bichon maltais écrasé par un conducteur de poids lourd peu scrupuleux. Heureusement, est arrivé un jour sous le sapin un nouveau jouet, le téléphone intelligent aka smart phone, grâce auquel nous pouvons désormais profiter de la vue déclinante de nos aînés pour discrètement retrouver, en plein dîner, notre espace transitionnel préféré: le Web !
 
D’ailleurs, le moment est propice. L’année se termine et blogueurs et médias la fouillent frénétiquement afin de nous attirer à eux à coups de rétrospectives, bilans et classements. Le besoin de sens génère du trafic, et ce jusque chez les publicitaires. Ainsi, Adweek propose depuis le 20 décembre un classement des campagnes virales de grandes entreprises ayant rencontré le plus de succès sur le Net, où les géants des télécommunications trustent presque parfaitement le podium et ses environs. Google y est premier, Apple troisième, Microsoft quatrième et Motorola cinquième. L’hégémonie serait totale sans la présence de Nike sur la deuxième marche.
 
Mais au fait, qu’est-ce que le viral ? De la publicité tout simplement, dont la spécificité et l’intérêt est d’être diffusée par ses destinataires eux-mêmes, sur les réseaux sociaux principalement. Pas d’espaces publicitaires à acheter pour les annonceurs mais une séduction devenue par contre impérative. En effet, il ne s’agit plus de profiter de temps de cerveau rendu disponible par les médias mais d’attirer ces cerveaux vers soi, ou plutôt vers ses annonces. Google a donc engagé Lady Gaga, Nike l’équipe de Retour vers le Futur et Microsoft un type assez inconscient pour se lancer du haut d’un tremplin savonneux dans une piscine de jardin en plastique placée vingt mètres plus loin. Motorola a lui été plus intellectuel et choisi la satire, avec une savoureuse référence au fameux clip réalisé par Ridley Scott  pour Apple en 1984 : « 2011 looks a lot like 1984 ».
 
Et, qu’en est-il d’Apple justement ? Il parle de lui, ou plutôt de la dernière déclinaison de lui : l’iPhone 4S. L’égocentrisme n’est rien de bien séduisant a priori, mais ici ça marche. Plus de 60 millions de personnes ont été voir la vidéo présentant la dernière version de l’iPhone, bien que celle-ci soit 5 fois plus longue que ses concurrentes. Cela soulève nécessairement des questions, sans réponses définitives bien entendu. Parmi les hypothèses avancées : l’amour. C’est la théorie de certains neuro-marketers, popularisée par le reportage Apple, la tyrannie du cool, diffusée le 13 décembre sur Arte. Les utilisateurs entretiendraient avec leur petit engin un rapport fait de crainte d’être abandonné et de jouissance de le retrouver à chaque fois qu’il se signale à leur attention. Certains en viendraient même à le caresser…
 
Mieux encore, cette relation n’est pas seulement bilatérale, elle est aussi communautaire. La pomme croquée serait en fait le symbole d’une nouvelle religion. A l’heure où les croyances traditionnelles déclinent, les marques prendraient le relais et chercheraient à répondre à leur place à nos besoins de liens horizontaux et verticaux. Du coup, rien d’étonnant à ce que la simple présentation d’un nouveau produit rassemble les foules. Si nous adorons la nouveauté, nos reliques doivent être des innovations. Les queues à l’entrée des Apple Stores les jours de lancement ressemblent d’ailleurs assez furieusement aux processions religieuses d’antan.
Vous ne savez pas à quoi ressemble une procession religieuse ? Demandez donc à Tatie et Mamie, elles se feront une joie de vous l’expliquer.
 
Romain Pédron