kama sutra
Société

De l'art, du sexe, du buzz : la débandade cul-turelle ?

 
Entre les performances d’art contemporain massivement relayées sur les réseaux sociaux et les expositions dont la promotion crée le buzz, les événements culturels puisent généreusement dans le registre du sexe pour aguicher le public et semblent ainsi utiliser un ressort publicitaire éculé pour se faire connaître. L’art serait-il destiné à devenir une marchandise comme une autre ?
Le boom des expositions cul-turelles
Comment prendre le métro parisien sans remarquer les innombrables affiches pour les expositions sulfureuses de la saison Automne-Hiver 2014 ? Au programme : le marquis de Sade au musée d’Orsay, le Kâma-Sûtra et l’amour au temps des Geishas à la Pinacothèque. Evidemment, la nudité et la sexualité sont loin d’être des sujets artistiques nouveaux. Et il n’est pas question dans ces expositions de choquer. Au contraire, l’exposition « Kâma-Sûtra, spiritualité et érotisme dans l’art indien » vise à faire découvrir cet ouvrage du IVe siècle sous un jour nouveau, à éclairer son approche de la spiritualité, loin de l’image d’un traité pornographique et salace, comme le souligne Alka Pande, le commissaire de l’exposition. La rétrospective sur le marquis de Sade est quant à elle composée d’extraits de son œuvre, illustrés par des toiles de Goya, Picasso, Rodin, Ingres… Point de subversion scandaleuse, en somme.

En fait, c’est davantage la communication mise en place autour de ces événements qui pose question. Les deux expositions de la Pinacothèque laissent entrevoir leur postulat : le sexe attire. Mais c’est sans doute le musée d’Orsay qui joue le plus sur cet attrait, en réalisant une vidéo de promotion érotique. Dans celle-ci, des corps nus s’étreignent. Cette vidéo ne laisse personne indifférent : on est choqué, sidéré, touché. Le buzz généré par celle-ci, sanctionnée sur YouTube par l’interdiction aux mineurs, montre que le musée a vu juste en jouant sur le caractère mobilisateur du sexe, comme il l’avait fait pour son exposition Masculin/masculin dont la vidéo avait elle aussi été censurée. Ce qui dérange, c’est l’utilisation par une institution culturelle de ressorts intimement liés à la publicité. Le procédé est gros, énorme, même. Or le fait d’utiliser des procédés communs à la publicité fait entrer l’art dans le commercial, le transforme en marchandise.

L’art et la manière de faire le buzz
L’art contemporain et notamment les « performances », fonctionnent par l’étonnement, le choc ou la perplexité d’un public. On pense par exemple au sapin aux airs de plug anal exposé sur la place de la Concorde pendant la FIAC, la Foire d’Art Contemporain à Paris. Mais quand Milo Moiré assure «évoquer la création de la peur», nous, nous voyons avant tout une femme nue en train de pondre, avec son vagin, des œufs remplis de colorant qui s’éclatent mollement sur une toile blanche. Cette artiste suisse a marqué les esprits avec sa performance à l’Art Cologne 2014 et ce qui est sûr, c’est que même si on n’est pas passionné d’art expérimental ou voyeur, il a été difficile d’échapper à ses vidéos qui ont circulé sur tous les réseaux sociaux. Dans la même veine, l’australienne Casey Jenkins avait fait le buzz après avoir tricoté avec de la laine préalablement introduite dans son vagin et imbibée de sang menstruel.

La débandade culturelle ?
En fait, selon la sociologue de l’art Nathalie Heinich, « l’utilisation du vocabulaire de la transgression, et notamment de la culture pornographique […] rend ces œuvres accessibles aux néophytes. » On observe ainsi un engouement sans précédent pour l’art contemporain, en particulier pour les performances. Mi-octobre, par exemple, 500 000 visiteurs se sont pressés dans les espaces dédiés à la performance de la FIAC. Et tout au long du mois d’octobre, d’innombrables sites d’informations et journaux ont publié des articles intitulés « Comment parler d’art contemporain quand on n’y connaît rien ? ». La question ne serait-elle pas plutôt « Pourquoi vouloir parler d’art contemporain quand on n’y connaît rien ? » ? Cette popularisation de l’art contemporain est, en réalité, biaisée. Car si la transgression exposée un peu plus haut est suffisante pour faire le tour de YouTube, ces performances n’intéressent pas véritablement le monde de l’art. Elles sont périphériques et n’ont d’ailleurs fait parler d’elles que sur les sites d’information généralistes et les réseaux sociaux. Difficile de croire donc à un art mis en danger par une « publicitarisation » d’événements marginaux…
 
Louise Pfirsch
@: Louise Pfirsch
Sources :
Le Monde, « Le Kama-sutra, lointain souvenir du désir », samedi 15 Novembre 2014
konbini.com
Stylist n° 067, « Quand la performance étouffe l’art », 30 octobre 2014
Crédits images :
amessagetoindia2.wordpress.com
offi.fr
Crédit vidéo :
DailyMotion

Fondation van gogh
Culture

Fondation Van Gogh Arles : une nouvelle source d'énergie pour la ville

 
Les Rencontres Internationales de la Photographie, Actes Sud, la Fondation Luma… depuis son ouverture le 7 avril 2014 s’ajoute à cette liste la toute nouvelle Fondation Vincent Van Gogh Arles.

Le symbole est fort : alors que Van Gogh n’y a pas passé plus de deux ans de sa vie, il a pourtant produit à Arles un série d’oeuvres aujourd’hui monuments de l’histoire de l’art. Accueillir de nouveau Van Gogh à Arles permet à la ville d’asseoir encore un peu plus son assise dans le monde culturel et de s’affirmer comme place forte, voire incontournable de la scène artistique mondiale. L’exposition Van Gogh Live ! commissionnée par Sjaar van Heutgen met subtilement en exergue les peintres qui ont influencé Van Gogh et des créations contemporaines directement influencées par l’artiste hollandais.

Le pari est à la fois pertinent et risqué : si le choix d’une installation monumentale de Thomas Hirschorn répond aux objectifs muséaux de s’inscrire dans le sérail de la créativité contemporaine jusqu’ici appréciée et connue, la fondation se place toutefois comme le moteur de la jeune scène artistique, en exposant notamment Guillaume Bruère, un jeune artiste époustouflant, méconnu jusqu’alors.
C’est encore une réussite pour Maja Hoffman, mécène des Rencontres, fondatrice de la Fondation Luma dont le bâtiment dessiné par Frank Gehry devrait ouvrir en 2018, et aujourd’hui présidente de la Fondation Van Gogh Arles. Elle a su s’entourer d’acteurs majeurs, comme Bice Curiger, rédactrice en chef de la revue Parkett et commissaire de la Biennale de Venise en 2011. L’ouverture de la Fondation Van Gogh souligne encore une fois le contexte extrêmement fertile et l’énergie dans laquelle se trouve la ville d’Arles.
 
Joséphine Dupuy-Chavanat
Sources :
Le site de la Fondation Vincent Van Gogh Arles
Le Monde.fr
Giom.info