Flops

Frigide Barjot ou le bruit médiatique au détriment d’une solidité argumentative

(parce que dans la vie, on ne peut pas tout avoir)
 
Ils feront peut-être un encart dans le prochain Closer : “Karl Zéro et Frigide Barjot règlent leurs différents sur les bancs publics”. La lettre ouverte de l’animateur à sa belle-soeur le 15 avril dernier sur le Huffington Post et les réponses qui s’en sont suivies (toujours à travers les médias – peut-être un truc de famille) sont le baromètre de cette tempête sociale déclenchée par la loi Taubira.
“Égérie” et porte-parole du mouvement anti-mariage pour tous, Frigide Barjot a envahi notre actualité. L’occasion de revenir sur sa communication et les contradictions – aussi bien dans le discours que dans les actes – que porte ce personnage hyper-présent sur la scène médiatique depuis le début de sa campagne.
Un style de “catho branchée”
LA pro de la “mini-jupe” présente une panoplie d’accessoires roses, du T-shirt moulant aux cuissardes fuchsia, en passant par un blog dont les couleurs feraient pâlir Barbie. Femme haute en couleurs et en 3D (Dégingandée, Dévergondée et Décontractée), quand elle s’attaque aux médias, elle passe à la 3G (Grosse Gueule et Grossière). Madame aime souvent rappeler comment on fait les enfants : “c’est un Monsieur qui rentre dans une Dame” (merci pour le code de la route !). N’hésitant pas à afficher son habitude des boîtes de nuit, elle affirme son propre style, autant pour rassembler que pour marquer les esprits. N’est pas catho conservatrice et night-clubbeuse qui veut !
Une histoire de Sainte Nitouche ?
Pas vraiment. Avant d’être une croyante, Frigide Barjot a d’abord été une communicante. Issue de Sciences-Po Paris, elle a d’abord été dans les coulisses en participant notamment à la politique de communication du RPR et à la rédaction des discours de Charles Pasqua. Rapidement après être “passée avec âme et mini-jupe à Jésus” en 2004, elle se lance dans un premier sujet médiatique : la défense de Benoit XVI, taraudé par de nombreuses critiques sur son intégrisme. Depuis 2012, elle s’est trouvé un nouveau dada : la lutte contre le mariage et l’adoption des homosexuels.
Parmi les sept porte-paroles officiels du mouvement de la “Manif pour tous”, Frigide est sans doute la plus visible (forcément, le rose fluo, ça ne passe pas inaperçu !). Dans cette croisade contre le mariage gay, notre fausse BB se trouve investie d’une double-mission :
Encourager les manifestants du haut de son char en criant férocement dans le haut-parleur et faire preuve de “média-appeal”.
Défendre les messages des Français qu’elle représente sur la scène médiatique. Là-dessus, FB en prend pour son grade.
Une “gay-friendly”
Avant d’aborder la question de la loi Taubira, rappelons l’essentiel : Frigide aime les homos ! Elle adore rappeler qu’elle traîne dans des bars gays ou chanter les louanges de ses amis homos si serviables ! Cette overdose d’amour avait sans doute pour but de montrer qu’il existait une séparation bien nette entre lutte contre le mariage gay et homophobie. Mais ce discours “pare-balles”, qui en agace plus d’un, ne fonctionne pas, l’argument semble hypocrite.
Mais alors, une mauvaise communicante ? 
Lorsque l’on en parle, qu’entend-on sur Frigide ? Tantôt désespérante, tantôt “marrante” : la porte-parole du mouvement anti n’est pas prise au sérieux par la majorité de la population et crée aussi des divergences dans son propre camp. Savoir écrire des discours argumentatifs est une chose, argumenter lors d’un débat en est une autre. Un seul exemple suffit à montrer sa fragilité dans ce domaine : le débat avec Caroline Fourest lors de l’émission “On n’est pas couché”.

Si Frigide reste souriante et amicale durant tout le débat, et ce malgré le rejet flagrant du public et des invités, ses propos peu cohérents, incisifs et peu clairs font qu’elle fait perdre patience à son public (c’est finalement Natasha Polony qui défend plus efficacement la position anti !). S’ensuit une décrédibilisation du mouvement qu’elle représente.
Un personnage parfois insaisissable car inconstant : un électron libre en somme ?
Pleine de contradictions dans son propos, inconstante dans ses opinions qu’elle assène cependant avec force, Frigide Barjot représente bien, au sein du mouvement anti, cette tranche qui s’oppose avec véhémence au projet de loi Taubira non pas sur la base d’arguments rationnels et réfléchis, mais sur un ressenti purement subjectif et donc difficile à défendre lors d’un débat.
Don DeLillo, dans White Noise, faisait écho à ce concept selon lequel un signal (ou un bruit de fond) peut favoriser la communication ou la performance des individus en fonction de sa fréquence. A défaut d’être le noyau fédérateur, Frigide est l’électron libre agitateur de la première ligne. Encore un effort petite Barjot, il ne te manque plus qu’à construire une argumentation dénuée de contradictions.
 
Sophie Pottier et Pauline St Macary
Pour aller plus loin…
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Frigide-Barjot-egerie-contestee-des-opposants-au-mariage-pour-tous-_NG_-2013-01-11-897853
http://www.huffingtonpost.fr/2013/04/14/mariage-gay-lettre-ouverte-frigide-barjot-facebook_n_3079850.html
http://you.leparisien.fr/actu/2013/01/16/portrait-d-un-anti-mariage-gay-frigide-barjot-18203.html
http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/frigide-barjot-a-fait-avorter-le-mouvement,18944

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