Gad Emaleh
Publicité et marketing

« Demandez plus à votre banque » : LCL et la pub qui en fait trop !

 
Vous l’avez sûrement déjà vu, confortablement installés dans votre canapé, pendant la pause publicitaire de votre programme préféré, ne pressentant pas l’horreur qui allait se jouer devant vos yeux : le spot télé pour LCL avec Gad Elmaleh. D’un coup, vous vous êtes brusquement redressés, vous vous êtes dit : « non, c’est pas possible ! », et « pourquoi il a fait ça ? », vous n’en avez pas cru vos yeux. Vous étiez mal à l’aise, vous aviez honte. Dans la langue de Goethe il y a un verbe qui exprime spécifiquement le sentiment d’avoir honte pour autrui, malheureusement absent dans la langue française : « fremdschämen ». Et il est désormais impossible de continuer tranquillement votre programme préféré. C’est exactement ce qui m’est arrivé en voyant cette publicité.
Si vous ne l’avez pas encore vue, (veinard !) faites-vous plaisir…

Publicité LCL avec Gad Elmaleh par puremedias
Depuis le 9 février 2014 donc, Gad Elmaleh est le nouvel ambassadeur de LCL. Ainsi, il continue la campagne de communication bien connue du Crédit Lyonnais, la « saga publicitaire » réalisée par Jean-Michel Ribes, réalisateur Français et actuellement directeur du Théâtre du Rond-Point à Paris. Dans ce spot publicitaire de 30 secondes, on peut voir (avec stupéfaction, je le répète) l’acteur-humoriste Gad Elmaleh en train de jouer sur scène un « vrai-faux sketch » devant un public extrêmement amusé. Ce dernier trouve hilarantes ses « blagues » à propos du service extraordinaire de LCL, à travers lesquelles il décrit, avec une ironie propre à lui, sa banque idéale, « qui soit faite spécialement pour moi, Gad ».
 L’hilarité générale du public ne serait, bien évidemment, rien d’extraordinaire face à un vrai one-man-show de Gad Elmaleh qui, depuis 1996, fait rire le public francophone. Mais là, c’est différent ; c’est une pub. Et ce qui met mal à l’aise le téléspectateur (mis à part les rires forcés du « public »), c’est de voir l’humoriste-acteur chouchou des Français (élu cinquième personnalité préférée en décembre 2013) se vendre au profit d’une banque et d’une publicité. Malgré sa cote de popularité, on a du mal à lui pardonner cette prestation ridicule et on ne comprend pas pourquoi un humoriste couronné de succès, connu pour des sketchs mémorables tels que « Le blond » ou « Les comédies musicales », a pu accepter cette offre. Pourquoi les célébrités et les marques continuent-elles à diffuser de telles campagnes publicitaires ?
C’est l’éternelle question que l’on se pose dès qu’une personnalité célèbre apparaît dans une mauvaise publicité, quand elle vend sont talent (ou son statut) à des fins publicitaires. Certes, ce n’est pas toujours raté ! Prenons pour exemple le succès que l’ancienne star du football Eric Cantona, et surtout les marques qui le paient, ont connu.
Néanmoins, le mariage d’intérêt entre célébrités et marques reste toujours une affaire ambiguë entre succès et perte de crédibilité. Et pourtant, la règle d’or du fameux publicitaire Jacques Séguéla (« Pour faire du produit une star, utilisez une star ») n’a jamais été aussi suivie. En effet, on compte aujourd’hui 4000 campagnes publicitaires reposant sur une célébrité (contrairement à 1200 campagnes en 2002). Le rêve de chaque marque est ainsi devenu de créer une publicité avec des stars nationales, voire internationales. Il faut reconnaître que cela fonctionne, pensons aux énormes campagnes de publicité de Pepsi aux Etats-Unis comme par exemple celle qui réunit Beyoncé, Pink ou Britney Spears- pour n’en citer qu’une.

LCL, voulant suivre cette tendance, a fait figurer de nombreuses personnalités françaises dans sa campagne publicitaire diffusée depuis 2005, dont l’actrice Muriel Robin et encore le footballeur Karim Benzéma. Ici s’ouvrirait la parenthèse sur des personnalités autres que des acteurs figurant dans une publicité, mais cela est une autre histoire… Pour en revenir à Gad Elmaleh, ce n’est pas la première fois que l’humoriste flirte avec à la publicité, pourtant ses prestations pour Crédit Maroc (2000) ou encore SFR (2012) n’ont pas tellement fait parler d’elles matière de discussion.
C’est peut-être là la réponse à la question des publicités qui sont de toute évidence mauvaises et ridicules : créer le buzz et faire que l’on parle de leur marque.
Or, les publicitaires prennent ainsi le risque d’endommager l’image de la marque et de la personnalité. Mais ceci est peut-être un risque à prendre au vu des succès que peuvent procurer une telle campagne de publicité.
Depuis le début de l’année, un nouveau mariage a eu lieu entre une marque et une célébrité qui permet de prolonger la réflexion sur ce sujet : la nouvelle campagne de publicité du constructeur automobile suédois Volvo qui met en scène son compatriote star football du moment, Zlatan Imbrahimovic. Réussite ou ridiculisation ? Jugez par vous même :

Teresa Spurr
Sources:
LePlus Nouvel Obs
Le Point
Ozap

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Culture

Who runs the world ? Beyoncé !

 
Un retour inattendu
Personne ne s’y attendait. Alors que les critiques musicaux annonçaient le retour dans les bacs de Beyonce en 2014, l’artiste a surpris ses fans en publiant son nouvel album dans la nuit de jeudi à vendredi.
Uniquement proposé en téléchargement légal sur la plate-forme Itunes (qui avait négocié l’exclusivité), l’opus s’est hissé en quelques minutes à la première place des ventes. En seulement 72 heures, 828 773 unités ont été vendues. Bien plus qu’un succès, il s’agit d’un record. Mardi 17 décembre, la compagnie Apple a d’ailleurs fait paraître un communiqué annonçant qu’il s’agissait de l’album vendu « le plus rapidement de toute l’histoire de l’iTunes Store dans le monde entier », dépassant la performance de Justin Timberlake, dont le disque intitulé 20/20 s’était écoulé à 580 000 exemplaires en l’espace d’une semaine.
Habituée à faire parler d’elle, Beyonce avait déjà fait le buzz en publiant en 2008, l’album I am… Sacha Fierce, vendu sous la forme d’un coffret composé de deux disques, représentant deux aspects de sa personnalité : l’un plus romantique avec des ballades pop et l’autre plus « fierce » (sauvage) avec des chansons dansantes aux accents électro. Quelques semaines avant le lancement de ce disque, Beyonce avait été multiplié les apparitions médiatiques et les deux singles choisis pour porter l’album (If I were a boy et Single Ladies) avaient été diffusés en boucle sur toutes les radios.
Mais pour promouvoir son nouvel album, la star a décidé d’adopter une toute autre stratégie. Aucun teaser n’a été publié sur internet.  Aucun single n’a été envoyé aux radios. Aucune interview n’a été accordée à la presse. Comment cette absence de communication a-t-elle abouti à un tel succès ?
Un album hybride
Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, Beyonce explique à son public à quel point elle regrette l’époque où la musique primait sur les stratégies marketing. Se revendiquant plus artiste que business woman (ce qui semble quelque peu ironique sachant qu’elle a créé une ligne de vêtement, lancé un parfum à son nom et a été égérie pour des marques telles que Pepsi, H&M ou Nintendo), la chanteuse a pris la décision de garder secrète la date de lancement de son album. Elle a justifié ce choix en indiquant qu’elle ne souhaitait pas que sa maison de disque informe la presse de la sortie de l’album afin qu’elle puisse directement l’annoncer à ses fans. Vendredi matin, elle a donc publié un message sur ses comptes Facebook, Twitter et Instagram pour signaler que l’album était disponible en téléchargement sur Itunes. Mais en refusant d’avoir recours à des pratiques communicationnelles et promotionnelles dont la finalité est de faire le buzz, Beyonce a justement fait buzz.
Intitulé BEYONCE, le disque est en lui-même un instrument du buzz. Qualifié par la presse « d’album visuel », il comprend 14 chansons et 17 vidéos. Si la star n’a cessé de clamer ces derniers jours que la musique devait passer au premier plan, l’album BEYONCE semble pourtant être en contradiction avec cette idée. Le disque revêt ici une nouvelle forme : il ne s’agit non pas d’un contenu purement musical, mais plutôt d’un mélange de sons et d’images mettant nos sens en éveil. Beyonce a déclaré avoir voulu offrir au public une représentation de ses chansons : « Je voulais que les gens entendent les chansons avec l’histoire qui est dans ma tête. ». La chanteuse a notamment avoué s’être inspirée de la fameuse chanson de Michael Jackson, Thriller, dont le succès repose en partie sur le vidéoclip. Beyonce, nouvelle Queen of Pop ? Queen of marketing, c’est certain.
 
Lisa Brunet
Sources
Lemonde
Chartsinfrance
Crédits photos : Thecorner