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Politique

LOL et politique : un cocktail gagnant ?

Obama monsieur tout le monde ?
Si vous espérez secrètement atteindre votre record de « likes » à chaque photo postée sur Facebook, Barack Obama est quant à lui plutôt fort à ce jeu. Le président américain a en effet enflammé les Internet le 12 février dernier avec sa vidéo Things everybody does but doesn’t talk about, soit Les choses que tout le monde fait mais dont personne ne parle. Comme le titre l’indique, nous plongeons alors dans le quotidien d’un Barack Obama perfectionnant son charisme devant un miroir, dessinant sa femme ou encore prenant un selfie. Accompagné d’un membre de son cabinet, le président joue la carte de l’humour et n’hésite pas à rire de lui-même, notamment lorsqu’il échoue à cette tache si difficile que nous avons tous expérimentée qui consiste à tremper un cookie dans un verre de lait. Le président ne s’arrête pas là et après avoir demandé s’il pouvait vivre sa vie lorsqu’il se fait surprendre en plein match de basket imaginaire, il conclut par un « YOLO man ! », autrement dit, on ne vit qu’une fois.

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Post by BuzzFeed Video.

Si ces images humanisent sans aucun doute le président, leur finalité est évidemment toute autre : attirer l’intention de l’internaute américain sur l’assurance santé dont Barack Obama est à l’initiative. Aussi connue sous le nom « Obamacare », cette réforme vise à permettre aux citoyens les plus pauvres de bénéficier d’une couverture santé. Au cours de la vidéo, il rappelle ainsi l’échéance du 15 février pour s’y inscrire en même temps qu’il s’entraîne devant son miroir. A la fin, les visiteurs sont invités à cliquer sur le lien renvoyant sur le site healthcare.gov. Face à cette vidéo inédite, les réactions des internautes ne se sont pas faites attendre et la majorité d’entre eux saluent cette initiative du président :
« Cette vidéo est un moyen amusant de faire savoir au grand public que la date limite pour choisir une assurance maladie est le 15 février ! »
« Il n’y aura jamais aucun président aussi cool que lui ! »
«  Je ne suis pas fan d’Obama ou de sa politique mais j’ai apprécié cette vidéo. C’est agréable de voir un côté différent de lui. »
Plutôt doué ce Barack.
La mise en scène de la quotidienneté présidentielle
Si cette vidéo nous permet d’apprécier les talents artistiques et sportifs de Barack Obama, cette humanisation n’est pas innocente mais au service d’une stratégie bien bâtie. L’humanisation de la figure présidentielle n’est en effet pas quelque chose d’habituel, la finalité d’un président n’étant pas d’ordinaire de paraître cool ou sympa auprès de ses citoyens. La mise en scène du quotidien joue donc un rôle important qui consiste à rapprocher le président de sa nation, la quotidienneté étant inhérente à chacun de nous. Notons que le selfie est ancré depuis quelques temps maintenant comme une vraie pratique de la quotidienneté. Véritable acte de monstration de soi, le selfie vient ici servir l’extimité de la figure présidentielle dans l’espace public sous une forme totalement différente de celle à laquelle nous sommes habitués : un président cool avec qui on ferait bien une partie de basket. Rappelons que notre cher Barack n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’il avait participé à un entretien totalement décalé l’année dernière avec le comédien Zach Galifianakis dans Between Two Ferns pour Funny or Die. Des photos d’enfance avaient également été dévoilées lors du « Throwback Thursday » il y a quelques semaines.

BuzzFeed : un choix de média évident ?
Derrière cette stratégie de communication bien rodée adoptée par le président, le choix du média  n’est lui non plus pas innocent et relève d’une vraie réflexion préalable à l’impact de la vidéo. En effet, le pureplayer d’origine américaine Buzzfeed naît à New York en 2006 et rencontre un franc succès dans son pays natal. Avec un total de 150 millions de lecteurs mensuels, la recette de sa viralité repose sur un mélange d’informations légères, de chats, de contenus sérieux et encore de chats. Face à l’engouement et à l’utilisation massive des internautes américains de ce site, le choix de ce support médiatique comme vecteur de la vidéo paraît alors justifié.

Notons que si ce modèle fonctionne très bien aux États-Unis, son adaptation française rencontre quant à elle plus de difficultés à s’implanter dans les pratiques médiatiques des internautes. Si les Américains sont en effet très friands d’articles sur les animaux mignons, l’état d’esprit des Français ne s’inscrit pas du tout dans cette même dynamique. Les Français partagent en effet davantage de contenus d’actualités plutôt sérieux avec une dimension politique. Ce clivage est assez éclairant sur l’importance du culturel et le rapport différent qu’entretiennent France et États-Unis face à ce type de site. On peut ainsi raisonnablement émettre l’idée que le modèle de la vidéo Things everybody does but doesn’t talk about serait difficilement transposable en France : on n’imagine pas vraiment François Hollande dans une telle vidéo pour communiquer sur ses réformes.

Si aucune donnée n’est disponible pour apprécier l’impact de cette vidéo sur le nombre d’inscrits à l’assurance santé, retenons que cette dernière est toutefois rapidement devenue virale et a dépassé en seulement deux semaines les 50 millions de vues et les 500.000 partages sur le compte Facebook de BuzzFeed. Une chose est sûre : les talents en dessin du président ne sont plus à démontrer.
Pauline Flamant
@_Magnetique
Sources :
leplus.nouvelobs.com
lefigaro.fr
Crédits photos :
BuzzFeed

BuzzFeed Badges
Publicité et marketing

Buzzfeed en mal de buzz

 
Il y a quelques jours, BuzzFeed fêtait les 1 an de son édition française. Nous vous avions déjà parlé de son arrivée par ici.
Il serait bien difficile de dire que sa présence sur la Toile française est une grande réussite. Au lancement de cette version, le site totalisait 300 000 visites tandis que depuis quelques mois son audience stagne aux environs des 400 000 / 500 000 vues, avec 7 834 followers et 14 840 abonnés à sa page Facebook. Rien de bien spectaculaire.
Fail Feed
Mais pourquoi un tel résultat alors que le site fait un carton outre Atlantique ? Il faut dire que la concurrence est rude du côté des sites d’infotainment nationaux avec Topito, Le Démotivateur, Konbini ou encore MinuteBuzz qui sont très bien implantés dans le paysage web français. Certains réalisent d’ailleurs des audiences remarquables : Le Démotivateur totalise à lui seul plus de 2 millions de visiteurs par mois ! Coup dur pour BuzzFeed… Mais quelle est donc leur recette au Démotivateur ? Selon son cofondateur, Michal Sikora, ils préfèrent se concentrer « sur les contenus [les] plus viraux, […] susceptibles de plaire à 1 millions de personnes ».
Et c’est là que le bât blesse. Du côté de chez BuzzFeed France, les gifs de chat, mème de la culture Internet, sont très peu partagés sur les réseaux sociaux français alors qu’ils sont très populaires aux Etats-Unis. Serait-ce donc un manque de prise en considération des particularités des internautes français ? Scott Lamb, vice-président chargé du développement international de BuzzFeed, s’en rend bien compte : « Les articles sur la nostalgie ou les animaux mignons sont cliqués mais pas partagés, les Français préfèrent la politique ou les particularités régionales ». Un certain chauvinisme français ne serait donc pas à négliger.
C’est donc le serpent qui se mord la queue : les articles qui sont peu partagés sur les réseaux sociaux ne permettent pas au site d’augmenter sa visibilité. En effet, il faut souligner que plus de 75% des vues de BuzzFeed proviennent des réseaux sociaux. Ces derniers se révèlent d’une importance capitale pour ces sites d’infotainment étant donné qu’ils vivent grâce au phénomène de viralité.

Feel cool
Pourtant chez Buzzfeed, on préfère relativiser les résultats. La preuve en est dans les interviews accordées à différents médias comme L’Obs ou encore Le Figaro.fr. Scott Lamb et Marie Telling, rédactrice en chef de la version française, expliquent en effet chacun de leur côté qu’ils ont voulu se laisser du temps pour appréhender ce qui fonctionnait dans l’Hexagone et en déceler les caractéristiques des internautes français : « nous commençons par étudier la manière dont les réseaux sociaux sont utilisés sur ce marché. Et c’est beaucoup plus facile à faire avec des contenus légers et universels, qui parlent à plein de monde. Avant de s’attaquer à la « vraie » actualité, nous voulons d’abord bien connaître le pays. »
Par la suite, l’équipe va être renforcée, notamment en recrutant des journalistes basés à Paris, afin de concocter des contenus plus spécifiques aux frenchies et réaliser des reportages produits en exclusivité pour le public français. Certains articles longs formats produits aux Etats-Unis vont également être adaptés et recontextualisés à destination de la France, afin que les lecteurs puissent mieux cerner la teneur des contenus. Toutefois, cette glocalisation* des contenus n’est pas nouvelle pour Buzzfeed qui avait déjà adapté ses articles pour des pays tels que l’Espagne, le Brésil ou encore le Royaume-Uni.
La critique serait-elle donc trop sévère ? La montée en puissance du site serait, selon ce que BuzzFeed voudrait nous faire comprendre, une question de temps, d’analyse et d’adaptation. Oui, certes. Mais n’est-il pas plus difficile de redorer la réputation d’un site de lol quand ses articles ne sont pas très populaires à l’origine ? Alors, le buzz sera-t-il pour demain ?
 
*glocalisation : le fait d’adapter un produit ou un service selon le lieu de point de vente
 
Hélène Hudry
 
Sources :
Journal du net
L’Obs
Le Figaro.fr
Ina global
Crédits photo :
adambraun.com
guizmodo.fr

Société

"OMG" : Buzzfeed bientôt en français

 
Si vous cherchez désespérément une liste des 18 chats les plus ennuyeux/agaçants sur Instagram ou 20 idées de déguisement d’Halloween pour briller malgré votre timidité maladive, alors n’attendez plus : Buzzfeed est fait pour vous.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Buzzfeed : c’est un site américain né en 2006 et devenu un véritable phénomène dans le monde anglophone avec ses 85 millions de spectateurs uniques par mois en août dernier. Un score qui le situe entre les géants Amazon et Twitter. Le site connaît d’ailleurs une croissance exponentielle : c’est en effet 3 fois plus qu’il y a un an et le nombre de visiteurs ne cesse de grandir.
Pourquoi un tel succès ? Tout d’abord parce que Buzzfeed a un positionnement des plus originaux. Le site se définit volontiers comme une « base virale du buzz » : les contenus sont faits pour être partagés et se propager sur le net. En effet, habilement conçus, ils envahissent les réseaux sociaux, une des raisons de la très forte fréquentation du site. Mi-website éditorial classique, mi-réseau social, ce site hybride possède ses petites spécificités : des « badges » emblématiques permettent par exemple aux utilisateurs de donner leur avis sur les articles, à la manière d’un « like » Facebook en plus diversifié. Le site se veut réactif et interactif : ainsi la publication continue de nouveaux posts et articles est signalée comme une notification (« raw feed »), les contenus les plus appréciés et prometteurs du moment sont mis en avant pour optimiser le buzz, de grandes compétitions sont organisées entre les « users » qui sortent ainsi de la passivité et se transforment momentanément en éditorialistes… Ainsi Buzzfeed est un site polyvalent où on peut donc consulter, interagir, commenter, partager et publier des contenus.

BuzzFeed
Succès également parce que le site joue la carte de la diversité à travers ses différentes rubriques : « informations, divertissement, life, vidéo, more ». Buzzfeed s’est rendu célèbre grâce à ses fameuses « listes », souvent déjantées (un concept repris par des sites français très populaires, tels que Topito.fr) et propose des gifs à la manière d’un tumblr, des sélections de vidéos, de liens etc. Toutefois, il se positionne également aujourd’hui comme un site d’information sérieux, ambitieux et légitime. De grands reporters y proposent des articles de fond et de nombreuses exclusivités sur les thèmes suivants : monde, politique, business, technologies, sports, idées et « longform ». Rien de très surprenant finalement quand on apprend que son co-fondateur n’est autre que Jonah Perrepeti du Huffington Post (un des quelques 300 sites partenaires de Buzzfeed) et qu’entre autre Ben Smith, journaliste de Politico collabore au site. Ces articles prennent parfois une tonalité humoristique : pour Buzzfeed « sérieux » et « amusant » n’ont rien de contradictoires et le site prend un malin plaisir à se jouer des codes en « décoinçant » la presse politique. Une approche qui, de surcroît, attire plus de jeunes soi-disant « délaissés » par les autres sites d’information classiques.
Résolument innovant, volontairement concis, fait sur mesure pour les réseaux sociaux, flexible sur les contenus pour un multi-usage et une foule de visiteurs aux attentes et profils très éclectiques… si Buzzfeed est un succès c’est finalement parce que le site incarne un nouveau modèle pour la presse. Un modèle qui marche puisque le site devrait réaliser cette année environ 60 millions de recettes, soit 20 millions de plus que prévus. Tout cela sans héberger de publicité venant de l’extérieur puisque le site se finance largement grâce aux « native advertising » ou aux « advertials », mélanges de publicité « ad » et d’édito « editorial ».
Buzzfeed pique votre curiosité ? Si le site américain ne s’est pas encore imposé en France (100 000 visiteurs par mois), ce dernier a bien l’intention de conquérir les internautes non anglophones : c’est pourquoi il lancera en octobre la version espagnole et portugaise de son site, après le projet d’un Buzzfeed UK sur mesure pour les British et leur humour si… particulier. Pas de jaloux : les articles les plus populaires seront traduits en français par des équipes de traducteurs, faisant appel à des internautes, des étudiants utilisateurs de Duolingo, une plate-forme gratuite d’enseignement de langues étrangères. Il faut donc espérer que les traductions seront de qualité. Buzzfeed a cependant le projet de recruter une équipe d’éditeurs professionnels pour surveiller les opérations et permettre de publier des articles plus adaptés aux pays ciblés. Les Frenchies pourront donc expérimenter Buzzfeed dans la langue de Molière à partir du 4 novembre 2013.
Beaucoup d’OMG, LOL et WIN en perspective !
 
Maud Espie
Pour patienter :
http://www.buzzfeed.com/hannahkw/20-reasons-you-wish-you-were-at-hogwarts-during-ha-fncg
http://www.buzzfeed.com/samir/this-bad-lip-reading-of-game-of-thrones-is-the-best-thing-yo
Sources :
Le Monde, Marianne