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Que retenir du "shutdown" ?

 
Que retenir du « Shutdown » ?
Farce tragique pour les républicains ? Simple coup de com d’Obama ? Ou bien véritable farce nationale aux yeux de l’étranger ?

Le shutdown est enfin fini. Finis la paralysie budgétaire et le risque d’une déflagration mondiale ! Finies les confrontations entre démocrates et républicains pour le vote du budget !
C’est en ce jeudi 17 octobre qu’un compromis a enfin été trouvé. Celui ci met fin au fameux « shutdown », expression omniprésente dans les médias ces deux dernières semaines. Cette crise est le résultat d’une confrontation entre les démocrates et les républicains, majoritaires à la Chambre. Ces derniers, farouchement opposés à la loi Obamacare décidèrent de ne pas voter le budget le 1er octobre (jour de l’application de la loi) ce qui a contraint le gouvernement à déclarer l’arrêt de son activité et ce qui a de surcroît mis au chômage technique près de 800 000 fonctionnaires.
La crise, d’une ampleur inédite, a été gérée avec succès par l’équipe de communication présidentielle. En l’utilisant comme un opportunité politique, le shutdown a permis d’asseoir l’autorité du président et de discréditer celle des républicains. La stratégie de communication a d’abord consisté à dramatiser les effets destructeurs possibles de la crise sur le pays et sur sur l’ensemble du globe. On a donc vu s’esquisser de l’autre côté du continent une croisade idéologique entre les démocrates, se battant pour l’instauration de la sécurité sociale, et les républicains, apparaissant alors comme les « méchants » de l’histoire, les insensibles, les responsables de tous les maux. Le shutdown qui aura duré deux semaines au total, s’est ainsi soldé par l’échec cuisant des républicains, qui ne sont parvenus ni à obtenir un accord sur une réduction drastique des dépenses sociales, ni au report de la loi Obamacare.

Cette crise montre surtout les bienfaits des pouvoirs de la communication qui ont une fois de plus permis de remporter la bataille. À l’échelle nationale tout d’abord, avec une omniprésence sur les réseaux sociaux. En postant une dizaine de tweets par jours, l’équipe de communication présidentielle a diffusé une vision manichéenne en accusant directement les républicains des maux subis par les EU. Ainsi, les followers, au nombre de 37 500 000 environ, ont du tweeter le tweet suivant : « Retweet if you want this #shutdown to end ».
Mais Obama ne s’est pas arrêté là. Son plan médiatique a également été mondial. En effet, ses discours emprunts de peur ont contribué à l’essor de l’ampleur de la crise. Ainsi, lorsqu’un journaliste a demandé à Obama : « Monsieur le président, les marchés sont pour l’instant assez calmes, ils pensent que c’est une énième querelle politique à Washington, ont-ils raison ? », et que le président des États-Unis s’est empressé de répondre : « Non cette fois, c’est différent. Ils devraient s’inquiéter », et qu’il a par la suite rajouté qu’il ne cèderait en aucun cas à la demande de « rançons » des républicains, on a bien une dramatisation de la situation.
De plus, le président a illustré sa proximité, son assistance et sa compassion envers le peuple en faisant par exemple une brève apparition dans les locaux de l’association Martha’s table. Cette association caritative qui vient en aide aux sans abris et aux travailleurs aux faibles revenus a accepté son aide. En les aidant à faire des sandwichs, Obama a montré qu’il était capable, à la différence des républicains ancrés dans leurs positions, de mettre « la main à la patte » et de partager la souffrance du peuple. Ce coup de communication médiatique a été un réel succès pour Obama qui est sorti de la crise plus fort que jamais. Intangible, défenseur d’une loi sociale historique, il apparaît alors comme un président fort nécessaire au bien de l’intérêt national.

Néanmoins, le shutdown n’a t il pas surtout permis de montrer l’esprit enfantin qui règne au Congrès ? Comment un gouvernement peut il décider de faire grève alors que l’intérêt national et l’ordre économique mondial sont en jeu  ? Dans une période où les citoyens ont de moins en moins confiance en leurs institutions, cette crise a discrédité encore plus les responsables politiques.
Elle a été perçue à l’étranger comme une farce tragique subite à la fois par les républicains mais également par les démocrates car même si les sondages montrent que 74% des Américains rendent les républicains responsables de la crise, ils montrent aussi leur dédain envers les institutions et envers l’ensemble des élus et du système parlementaire. Cette crise a donc été l’occasion de donner de vraies raisons de se moquer des Etats Unis : première puissance économique mondiale et hyperpuissance, certes, mais tout cela sans gouvernement en état de marche – et ce par choix.
 
Laura de Carné