Le « flat design » : le graphisme minimal à succès
Mais qu’est-ce que le flat design ? Vous l’avez déjà vu, vu et revu, mais vous ne le savez pas. Depuis 2013, le flat design a envahi nos paysages numérique et physique, au détriment du « skeuomorphisme » autrefois présent chez Apple. Le flat design, c’est « la mise à plat » du design, son uniformisation et sa simplification au profit de grands aplats de couleurs minimalistes. Pourquoi une telle diffusion ? Et surtout, une telle réussite ?
Tout d’abord, petit retour sur le skeuomorphisme. So 2000’s et désormais passé de mode, il correspond à la traduction du terme anglais pour désigner des éléments d’interface informatique reproduisant des objets physiques (par exemple des textures : cuir, papier, bois) dans le but de donner des repères facilement accessibles à l’utilisateur, de manière intuitive. Dans les faits (et c’est plus parlant), c’est ça :
Il est apparu au fil du temps que de nombreux sites internet avaient abusé de ces effets en surchargeant leurs pages d’éléments superflus et peu ergonomiques, signant ainsi l’arrêt de mort de cette approche esthétique. Malgré tout, il faut noter que flat design et skeuomorphisme ne sont pas forcément incompatibles, et que la combinaison des deux n’est pas rare encore aujourd’hui (elle est parfois appelée « skeuominimalisme »).
Ainsi, de nouveaux standards graphiques sont apparus, en premier lieu chez les grandes marques. On les a notamment retrouvés chez Windows (les détenteurs du Windows Phone lancé dès 2012 comprendront) et par la suite chez Google, Apple, Facebook et Soundcloud pour ne citer qu’eux (vous voyez mieux ?).
Le flat design a progressivement fait la place aux formes géométriques de grandes tailles et angulaires, aux polices épurées (sans sérif) sans effets ni volume. En filigrane, on distingue chez ces marques la promesse de vendre de la lisibilité, de l’essentiel et du contenu aux clients ; une manière finalement d’intégrer la nécessité de transparence à leur marque, tendance fortement influencée par Internet.
Le flat design, ressort marketing :
Exemple devenu presque canonique, Monoprix a très bien compris qu’un design épuré, plat et intemporel pouvait devenir un argument marketing. Cela à tel point que l’enseigne lançait en décembre dernier une application permettant de personnaliser les packagings cultes de la marque. Il s’agissait de sélectionner un type emballage, d’entrer le prénom et d’y apposer le message décalé de son choix. Simple mais terriblement efficace.
Récemment, c’est même McDonald’s qui a actualisé ses pictogrammes. TBWA\France a revu leur campagne en accentuant l’aspect iconique de la marque. En épurant au maximum ses produits phares (le Big Mac, le Sundae, les nuggets…), McDonald’s adopte un langage universel, accessible à tous. Ces pictogrammes seront à l’honneur dans une grande campagne d’affichage déployée au niveau national à partir de juin.
Enfin, si l’on peut saluer cette tendance, c’est bien pour son côté accessible. Cette caractéristique correspond à bon nombre de nouvelles préoccupations comme le « responsive web design » (site adaptatif), la réflexion sur l’expérience de l’utilisateur et sur l’ergonomie. Tendant à la simplification, le flat design est aussi l’occasion d’utiliser des illustrations plus claires et compréhensibles.
Mais voilà, on en revient aux questionnements métaphysiques premiers : est-ce qu’en faire moins, ce ne serait pas en faire trop ? Un risque de basculer vers l’uniformisation à l’extrême ? Nous pourrions alors retomber dans un phénomène de lassitude à l’égard du « flat ». En définitive, et au contraire, les marques semblent, paradoxalement, vouloir s’adapter à un monde devenu complexe qui réclame des expériences plus accessibles et plus vraies. Stratégiquement, c’est plutôt bien joué, et le succès de l’application-jeu 2048 est peut-être aussi à chercher de ce côté-là.
Il est en tout cas à parier que la tendance perdurera, au vu de la multiplication des packagings… « flatisés ». A vos souhaits !
Céline Repoux
Sources :
L’ADN
Lunaweb.fr
Webmarketing-com.com
Crédits Photos :
Renda Harding