Société

UFC QUI PUNIR ?

 
L’association de consommateurs UFC Que Choisir a assigné devant le tribunal de grande instance de Paris Facebook, Twitter et Google+ pour clauses jugées « abusives ». L’association s’est attaquée aux plus grands et pointe du doigt leur manque de transparence quant à la gestion des données personnelles des internautes.
L’association avait déjà mis en demeure ces géants de l’internet en juin 2013, et déplore l’avancement des discussions depuis l’année dernière : « Après plusieurs mois de discussions, malgré nos avertissements, ils s’entêtent à maintenir des clauses que l’association juge abusives ou illicites, et ont fait le choix de maintenir les clauses problématiques de leurs conditions générales d’utilisation ».
En effet, il n’y a eu aucun progrès concernant la transparence des accusés. « Les conditions sont toujours aussi inaccessibles, illisibles, remplies de liens hypertextes – entre 40 et 100 liens hypertextes – renvoyant parfois à des pages en langue anglaise », « Pire, les réseaux persistent à s’autoriser très largement la collecte, la modification, la conservation et l’exploitation des données des utilisateurs et même de leur entourage. Ils s’octroient toujours, sans l’accord particulier des utilisateurs, une licence mondiale, illimitée et sans rémunération, d’exploitation et de communication des données à des partenaires économiques » déplore l’UFC.
Alors que des millions d’internautes partagent des messages, des photos ou des vidéos, l’association demande à Facebook, Twitter et Google+ de respecter le code de la consommation ainsi que la loi Informatique et des libertés. La politique de ces derniers permettrait une utilisation tentaculaire et à l’infini de nos données personnelles, un véritable enjeu et une vraie problématique à l’heure où l’information est devenue une véritable monnaie d’échange.
Selon Alain Bazot, patron de l’UFC, l’assignation en justice est justifiée par le fait que le plus souvent les internautes ignorent que ces réseaux peuvent utiliser leurs informations, les transmettre ou les vendre. L’UFC prend l’exemple de l’icône de partage d’un message ou d’un article via Twitter, Facebook ou Google+. « Ce sont des icônes espions qui permettent de savoir que vous avez visité la page et qui suivent votre comportement sur Internet ». Le but serait de favoriser la publicité ciblée. Vous savez, cette fameuse publicité qui mettent en avant un appareil photo ou des chaussures devant lesquelles vous bavez depuis des mois, et qui apparait innocemment sur votre compte Facebook, cette publicité qui enrage et qui nous alerte sur la disponibilité de nos informations personnelles.
Certains bugs informatiques, comme les messages privés qui apparaissent sur les murs Facebook de chacun, nous rappellent que ces informations sont stockées et utilisables sans que l’on puisse avoir une quelconque emprise sur celles-ci. C’est pourquoi les internautes – de moins en moins dupes – se posent de réelles questions sur la protection de leurs informations personnelles. Selon un récent sondage de CSA pour Orange, 42 % des Français pensent que la protection s’est détériorée et 85 % déclarent être dans l’impossibilité d’effacer d’Internet des informations les concernant.
L’association a donc mis en ligne une pétition intitulée « Je garde la main sur mes données » illustrée par des vidéos « Sur les réseaux vous êtes vite à poil » :

L’association française n’est pas la première à faire état du manque de transparence des réseaux sociaux. Le 31 décembre 2013, Techbrunch a publié un article révélant le piratage de l’application Snapchat par le site SnapchatDB.info. Les informations de 4,6 millions d’usagers de Snapchat ont alors été rendues publiques. Le but premier de ce piratage était de pointer du doigt la faible protection des informations des usagers de l’application. Snapchat a immédiatement réagi en annonçant une nouvelle version sécurisée afin de rassurer ses usagers. Le piratage de cet outil de communication a fait ressurgir bien évidemment des débats sur la limite de la vie privée sur les réseaux sociaux.
Le signal d’alarme a été enclenché : il serait temps que les géants commencent à faire preuve de plus de transparence.
Sibylle de la Marandais

Sources :
Lemonde.fr
Leparisien.fr
Quechoisir.org