Société

The NSA is watching you

 
Presque trois ans après l’affaire Wikileaks, et en plein procès de Bradley Manning, une nouvelle affaire de fuite fragilise l’administration américaine.
Nom de code : PRISM
Le 2 juin, un homme révèle posséder des données secrètes relatives à un programme mené par la NSA (National Security Agency), intitulé PRISM et ayant comme objectif la surveillance de tous les américains. Il explique avoir récupéré ces documents dans l’intérêt du public. Il révèle son identité lors d’une interview réalisée par des journalistes du Washington Post et diffusée par le Guardian. Son histoire ressemble à un film d’espionnage américain.
Edward Snowden, 29 ans, ex-employé de la CIA, travaille en tant que consultant pour la NSA. Pendant quatre ans, Edward est un employé modèle. Le salaire élevé qu’il perçoit (200 000$ par an) le retient de poser des questions sur les écoutes, souvent  illégales, que ses supérieurs lui demandent d’effectuer pour le compte de la NSA. Au fur et à mesure que l’agence semble abuser de son pouvoir d’écoute, Edward commence à contester son organisation. En mai, il copie des donnée du programme PRISM, prétend devoir subir un traitement de lutte contre l’épilepsie afin de poser plusieurs jours de congés qui lui permettent de quitter le pays et annoncer la fuite d’informations classées secrètes à laquelle il vient de procéder.
Exilé à Hong Kong, Edward témoigne à visage découvert et explique qu’à travers cet acte, il souhaite alerter l’opinion américaine et internationale sur le caractère illégal des méthodes employées par la NSA. Selon lui, la NSA aurait accès aux relevés de communications téléphoniques et, plus grave, aux données de serveurs informatiques tels que Google, Apple et Facebook. Toujours selon Edward, la plupart des personnes placées sur écoute ne représente  en rien un danger pour la sécurité du pays.
Défendu sur internet par nombre d’internautes qui souhaitent connaitre l’utilisation qui est faite de leurs données, Edward risque aujourd’hui la prison. Mais avant d’être jugé, il faudrait que le jeune homme réapparaisse puisqu’il a mystérieusement disparu de son hôtel hongkongais le 9 juin.
De vives réactions aux Etats-Unis
Outre-Atlantique, les politiciens ont réagi violemment aux révélations du Guardian et du Washington Post. Des voix se sont élevées parmi les députés afin de s’opposer à ces pratiques d’espionnage. Le sénateur Rand Paul, a même déclaré «La saisie et la surveillance par la NSA de quasiment tous les clients de Verizon [un opérateur téléphonique] est une attaque stupéfiante contre la Constitution ». Ni la NSA, ni la Maison Blanche n’a jusqu’à présent démenti l’existence de ce programme, mais ces dernières se défendent de toute activité illégale. La NSA a demandé le samedi 8 juin une enquête au Ministère de la Justice américaine. Selon l’agence, tous les procédés utilisés visent à renforcer la sécurité du pays et la fuite dont elle a été victime constitue, en ce sens, une atteinte portée à son efficacité et à la mise à bien des futures opérations de lutte anti-terrorisme. A la Maison Blanche, même discours. Bien qu’il soit encore trop tôt pour l’affirmer, Obama pourrait avoir à justifier de la légalité du programme PRISM devant l’opinion américaine.
Et pendant ce temps-là en Europe….
La Commission Européenne a accédé positivement à une requête des Etats-Unis le 13 juin dernier. Les Etats-Unis souhaitaient que la Commission soit moins sévère sur la protection des données téléphoniques et numériques des européens. Le lobby américain a donc eu raison des réticences européennes. Est-ce une sous-estimation de l’enjeu de la protection des données ou une mise en danger conscientisée de la vie privée des citoyens ? Quoi qu’il en soit, en France, les débats sur la protection de la vie privée se cantonnent presque exclusivement à une remise en question de la vidéo surveillance ou à la protection des données bancaires sur Internet. Il serait souhaitable que l’acte d’Edward Snowden ne soit pas vain et que les médias favorisent un éveil des consciences sur les enjeux relatifs à la protection de la vie privée sur Internet.
 
Angélina Pineau
Sources :
L’interview de Eward Snowden
Résumé de l’affaire et réactions aux Etats-Unis
Résumé de l’affaire et réaction de la NSA
Bruxelles ou le bon sens de l’avenir