Big Bird Presidential Elections
Politique

The mood, the Bird and the Romney

 
Petit à petit, l’oiseau jaune faisait son nid.
En effet, le fameux Big Bird de l’émission Sesame street, créée en 1969, a peu à peu envahi les télévisions américaines (et même mondiales puisque certains épisodes de la série ont été diffusés dans plus de 140 pays). Les  fondateurs de l’émission avaient choisi d’utiliser des Muppets pour  présenter aux jeunes enfants de courts épisodes à buts pédagogique et culturel (apprendre l’alphabet en chantant par exemple). Les parents pouvaient du même coup en profiter pour prendre un peu de temps pour eux. En somme, l’émission quotidienne diffusée par la chaîne à financement public PBS évoque de tendres souvenirs à plus de 77 millions d’Américains.
Aussi, le candidat Mitt Romney avait-il sous-estimé cette importance culturelle et sociale lorsqu’il a annoncé au cours d’un débat avec Barack Obama qu’il supprimerait les subventions accordées à PBS une fois élu. Cela dans le but de réduire la dette.
De très nombreux Américains avaient été choqués par cette  affirmation. Certes, Mitt Romney s’était rapidement rattrapé en avouant son enthousiasme à l’égard de la série. Quelques jours plus tard il avait même déclaré qu’il était persuadé que PBS disposerait des fonds nécessaires pour s’autofinancer. Pourtant, son « I love Big Bird » n’avait pas suffi à calmer les Américains, scandalisés à l’idée qu’on puisse toucher à cette madeleine de Proust qu’est Sesame street.
Les réactions avaient  d’ailleurs été quasi instantanées sur les réseaux sociaux. Particulièrement sur Twitter où l’oiseau bleu avait pris  la défense de son cousin jaune.  En plus des deux comptes créés en commun suite à l’interview (@ FiredBigBird et @Big Bird), de nombreux utilisateurs avaient « tweeté » pour partager leur mécontentement face à cette atteinte.
Une Puppet march a même été organisée le 3  novembre dernier, juste avant les élections présidentielles. Elle a déployé  plus d’ un million de participants  dont 1000 professionnels  venus chargés de Muppets, mascottes et autres marionnettes colorées.
Mitt Romney en voulant résoudre un problème financier, avait donc porté atteinte à l’identité culturelle américaine. Les 77 millions d’Américains qui ont regardé la série durant leur enfance voient dans la suppression potentielle des subventions à PBS, l’annonce de la fin possible d’une émission  qui a réuni de nombreuses générations. Une émission qui a permis également à de nombreux parents de profiter de leurs enfants dans le calme. Qu’ils se rassurent, Sesame street était très peu financée par PBS et dispose d’assez de fonds et de partenaires pour s’autofinancer, du moins dans les prochaines années.
L’ancien candidat Mitt Romney s’était tout de même enfoncé une sacrée épine dans le pied en osant toucher à des figures emblématiques de la télévision américaine. Peut-être pensait-il rassurer les Américains, leur montrer que les coupures budgétaires n’affecteraient pas immédiatement leurs revenus. Dommage pour lui, ce coup médiatique n’avait certes pas été un coup de pub !
Même si cette polémique ne suffit pas à expliquer la victoire de Barack Obama,  ce-dernier avait  sauté sur l’occasion pour ridiculiser son concurrent. En effet, un clip publicitaire avait ainsi été confectionné sur l’avis de ses conseillers en communication. Il mettait en scène un Big Bird accusé par Mitt Romney d’être un grand criminel. Mais ce clip suggérait surtout aux spectateurs que le candidat républicain centrait le débat sur un problème qui n’en est pas un, n’osant pas s’attaquer à Wall Street directement.
Mais Big Bird, tout comme son jeune public, a préféré ne pas s’intéresser à la politique. Sesame street avait immédiatement annoncé qu’elle ne cautionnerait pas cette publicité et ne ferait pas apparaître publiquement les personnages du programme.
Avec la victoire de Barack Obama, les jeunes fans de Big Bird peuvent se tranquilliser. L’oiseau jaune continuera son vol sans se soucier de ses finances !
 
Pauline St Mac
Sources :
Huffington Post, ici et là
Usatoday
Washington Post

Romney Accepts Party Nomination At The Republican National Convention
Politique

Clint Eastwood et la chaise vide

 
Dans la course aux électeurs américains, les stars hollywoodiennes jouent un rôle majeur : la bataille entre Barack Obama et Mitt Romney n’est pas seulement politique, elle est très people : c’est à qui comptera dans ses rangs le plus de soutiens de personnalités.
Jusqu’ici, c’est plutôt le parti démocrate qui gagne, Barack Obama peut se vanter de recueillir par exemple le soutien de Léonardo Dicaprio, Will I Am ou encore Kirsten Dunst.
L’apparition de Clint Eastwood, le jeudi 30 août, à la convention républicaine devait donc probablement être très attendue par le camp Mitt Romney. Après tout, l’homme est un réalisateur et acteur dont la renommée n’est pas à discuter, et donc un argument assez lourd pour les républicains.
Mais voilà, la prestation de Clint Eastwood a pour le moins laissé à désirer. En effet, le discours du réalisateur est décousu, il cherche ses mots, bafouille et les 5 minutes prévues se transforment en un quart d’heure interminable. Mais le clou du spectacle, si l’on peut dire, est la petite (vraiment petite) mise en scène que Clint nous a offerte : pour pouvoir critiquer la politique de Barack Obama, il décide d’utiliser la chaise vide disposée près de son pupitre, et de s’y adresser sporadiquement comme si Obama y était assis. Il lui pose des questions, lui demande de se justifier, se tourne même soudainement vers la chaise pour lui dire « What do you mean, « shut up » ? » comme si son Barack fictif l’avait interrompu. Rapidement, on se demande même si les républicains qui s’esclaffent dans la salle rient véritablement avec Clint ou s’ils rient de Clint. Un silence gêné accompagne même certaines de ses phrases.
Il faut dire que le coup de la chaise vide et de l’ami (ennemi ?) imaginaire, c’est quand même une idée bizarre … non, Clint ?
Alors Clint Eastwood a-t-il ruiné la convention républicaine et les espoirs de Mitt Romney ? En tout cas la chose a, comme toujours, beaucoup fait réagir les internautes. En vrac, un compte twitter @InvisibleObama a été ouvert (associé à une page facebook), des photos parodiant Clint et sa chaise ont tourné sur le web, et bien sûr les twittos y sont allés de leurs sarcasmes en 140 caractères !
Mais les électeurs républicains ont-ils été véritablement déçus par ce discours plutôt ridicule ? En fait, en ayant tant fait parler de lui, Clint Eastwood a peut-être simplement réussi (probablement sans le vouloir) à graver dans l’esprit des citoyens américains qu’il soutenait Mitt Romney, et c’est exactement ce qu’on lui demandait. Après tout, Clint Eastwood est, et restera, un vétéran du cinéma américain et un discours raté (qu’il a tout de même prononcé du haut de ses 82 ans) ne saurait nous le faire oublier.
Bien sûr, si le soutien de telle ou telle star pour un parti pourrait faire pencher la balance, on peut quand même espérer que ce ne sont pas les stars qui font la politique aux Etats-Unis, que ce n’est pas un chanteur ou une actrice qui va déterminer le vote des électeurs américains.
Alors pour quel combat voteront vraiment les électeurs américains, Mitt Romney VS Barack Obama ou « Clint Eastwood et le bide de la chaise vide » VS « la bande de stars hollywoodiennes fidèles au démocrate » ?
En tout cas si Mitt est élu, Clint ne pourra vraiment pas s’en féliciter !
 
Claire Sarfati
Crédits photo : ©Photo by Mark Wilson/Getty Images

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Politique

Votez Hank !

 
Soyons d’emblée très clairs, ceci n’est pas un article sur les Lolcats. Certes, le phénomène est intéressant, notamment lorsqu’on a des affinités avec le genre félin, mais il y a plus original : Hank.
Hank est un sympathique chat américain qui ambitionne de… faire son entrée au Sénat sous peu. Et, il a un programme : « make our homes and our future a better and brighter place, we don’t need to start at the top – we need to start right here with ourselves ». Mais, vous dites-vous à raison, c’est quoi ce bazar (pour ne surtout pas utiliser un autre terme) !
Eh bien ce bazar, ce sont tout de même 26 000 likers et pas loin de 2 000 followers. Imaginez donc si Hank s’était présenté à la présidentielle, histoire de titiller un peu Barack et Mitt…. Hélas, Hank n’a pas de jolie et populaire épouse pour rattraper les éventuels dérapages d’alliés ultra-misogynes à moitié déments. Du coup, il a décidé de la jouer modeste et se contente, pour cette fois, d’être candidat au Sénat pour l’état de Virginie, « the homeland of George Washington », comme il aime à le rappeler. D’ailleurs, c’est de là que lui viendrait son inspiration. « Virginia has shown the kind of can-do attitude that has kept this country great », si on l’en croit.
Nul besoin d’un brevet de lecture-entre-les-lignes pour y voir clair : à l’image d’un Obama, Hank se rêve en homme d’État et aborde clairement son passage (éventuel) au Sénat comme une simple étape vers un destin superbe, pour ne pas dire éclatant. Du coup, il soigne sa communication, avec tout de même une bonne dose de suivisme, notons-le bien. Ainsi, à l’image des candidats républicains et démocrates, notre chat est présent et bien actif sur les réseaux sociaux, comme mentionné plus haut. Cependant, il faut aller un peu plus loin dans l’analyse pour comprendre les ressorts de sa stratégie.
Au-delà donc des célébrissimes Twitter et Facebook, Hank a un blog : Hankforsenate.com. S’y trouvent, dans l’ordre : sa profession de foi, sa biographie, des communiqués de presse à disposition des journalistes mais aussi des photos de ses soutiens et une boutique où acheter divers produits à son effigie (mugs, t-shirts, pins, etc). Sous la photo de tête, où il pose les yeux au ciel devant la bannière étoilée, il est aussi proposé de s’investir dans la campagne de Hank, en passant des appels ou en faisant du porte-à-porte notamment. Rien que de très habituel outre-manche en somme. Dans cette lignée, il a d’ailleurs fait réaliser un clip vidéo, dont l’intention n’est autre que celle-ci : «showing America that we finally have a candidate who will help bring our country back
Malgré si peu d’originalité, Hank fait bel et bien le buzz. A tel point que des opposants apparaissent et se mettent à produire des vidéos à charge, où ils prétendent qu’il n’a jamais été capable de produire son certificat de naissance ou encore qu’il n’a jamais servi dans l’armée malgré ses dires. Comment expliquer un tel phénomène médiatique ? C’est que, peut-être, à l’heure du début de la campagne présidentielle américaine, quelque chose cloche dans la politique aux États-Unis, et notamment dans sa communication. En dépit de leur sophistication, les sites internet des deux candidats à la Maison Blanche ressemblent sur bien des aspects à celui de Hank : poses stéréotypées des candidats, très habituelles rubriques take action ou get involved, communiqués de presse, boutique, etc. De même, les réseaux sociaux sont exploités, voire surexploités, au point que Mitt Romney est présent sur sept d’entre eux et Barack Obama sur neuf, comme si la quantité faisait la qualité, comme s’il fallait surtout et avant tout occuper le terrain.
A côté de cela, c’est aussi la caricature du calibrage au millimètre réalisé par les équipes de campagne que les internautes ont sans doute appréciée, la charge contre cette volonté de totale maîtrise qui aboutit à des communications superficielles et stéréotypées, à la franche limite du ridicule. Ainsi, la rhétorique hankienne rappelle tristement celles des vrais candidats qui, naïvement inspirées de la publicité ou des blockbusters, sonnent parfois terriblement creux. De même, les attaques portées contre Hank rappellent grandement celles de certains républicains contre Obama au début de son mandat. Le canular devient là le fait de plusieurs voix et renforce ainsi la satire.
En somme, s’il est drôle, Hank n’a rien d’un Lolcat. Il a bien plus à voir avec Swift et La Fontaine, à moins que ce ne soit Perrault et son Chat Botté. On peut toujours rêver.
 
Romain Pédron
Sources :
Hank for senate.com
Hank for Senate – « The greatest land of all »
Canines for a feline free tomorrow – « Hank for Senate ? No way ! »