Jacques a dit : « vous reprendrez bien une part de tarte ? »
A la suite de la première campagne contre les violences éducatives, lancée en 2011, la Fondation pour l’enfance relance un spot de sensibilisation, visible depuis ce 22 juin 2013. L’agence ROSAPARK est la créatrice de cette campagne TV/web ; 30 secondes de film, déjà analysées par cet article FastNCurious de vendredi.
Campagne de 2011 :
Campagne de 2013 :
L’interdiction des « violences éducatives ordinaires » faites aux enfants, si elle est acquise en Suède par exemple, fait débat en France… même si la grande majorité pense qu’il y a des claques qui se perdent. Il n’y a qu’à voir les sondages amateurs lancés par les sites de presse en ligne, du type « Faut-il une loi pour interdire la gifle » par le Figaro, en date du 18 juin 2013 (91,87 % de non).
Les plus sarcastiques trouvent toujours le bon mot pour exprimer leur hébétude, face à ce qu’ils considèrent comme un excès de moralisme social. Narquois, l’auteur de cet article remarque : « Les droits des enfants déchaînent les passions : tandis que certains se battent pour leur donner « un papa, une maman », d’autres promeuvent l’abolition de la GPA (Gifle Parentale Autoritaire) ».
Mention spéciale pour le commentaire de cet internaute sur le site du Huffingtonpost : « la ville où ça doit faire mal, c’est bien Gif(le)-sur-Yvette ! La pauvre Yvette ! ».
Toutefois le projet anti-baffes, ou plus sérieusement de lutte contre toutes les formes de violence physique et psychologique faites aux enfants, fait l’objet d’un consortium serré entre médias et politiques.
L’agence réalise « gracieusement » ce spot de prévention grand public, selon le dossier de presse référent, en partenariat avec France Télévisions. Et la Fondation pour l’enfance, à l’origine du projet, bénéficie de soutiens stratégiques, dont l’action se répercute sur un maillage élargi. On trouve ainsi dans les supporters une élue de l’Assemblée nationale, impliquée dans la lutte contre les violences faites aux femmes et son pendant de répercussions douloureuses sur les enfants. Il y a aussi une bibliothécaire, qui analyse les droits des enfants par le prisme de la littérature : « Des écrivains, au nom de leur humanisme, Montaigne et Rabelais se sont opposés aux châtiments corporels imposés aux élèves et on se souvient des règles libérales de l’Abbaye de Thélème ! ». Cette bibliothécaire à double casquette, également Vice-présidente du Conseil Régional d’Ile-de-France, insiste sur le rôle des infirmier(e)s et assistantes sociales dans les écoles, en faveur du combat contre les châtiments corporels, et en appelle à une prise en main politique. Et puis on rencontre un docteur pédiatre, députée de Paris de 2009 à 2012, auteur de livres d’éducation pour les parents (« L’autorité sans fessées ») et surtout auteur des propositions de loi en 2010 « visant à abolir les châtiments corporels infligés aux enfants » et « visant à abolir toutes les formes de violences physiques et psychologiques infligées aux enfants ».
La sensibilisation se fait bien au travers de multiples canaux : par l’édition papier, l’éducation scolaire, la tentative de législation et le concours du web et de France Télévisions. Le dossier de presse monté par la Fondation pour l’enfance, comme support et justification de cette campagne, présente toute l’architecture de cette communication, comme la notice minutieusement détaillée d’un médicament, (d’une seringue, ajouterait le sociologue Harold Lasswell [1]).
Entre moralisation et prise de conscience, l’essentiel est de marquer les esprits. Rien n’est pire que l’indifférence, le mutisme. La mort est silencieuse, n’est-ce pas. D’où la nécessité de provoquer la discussion, et de marquer les esprits par un aphorisme incisif : « Il n’y a pas de petites claques ».
Pour ce qui est des slogans sumos, ou termes catcheurs, une campagne du même ton a été réalisée pour la première fois, et avec brio… en Arabie Saoudite.
« Certaines choses ne peuvent pas être couvertes », indique la bien-nommée catch-phrase, en éclairage de cet œil au beurre noir, que ne peut cacher le fameux niqab.
Le contexte certes ici est différent, mais d’aucuns pourraient arguer que, en ce qui nous concerne, certaines tapes correctrices, en amont, pourraient bien éviter les torgnoles pulsionnelles, en aval.
Sibylle Rousselot
Sources :
Dossier de presse
[1] LASSWELL Harold, Propaganda in the World War