Campagne Homoparentalité Lepen
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Jacques a dit « Eva aussi aurait pu avoir deux papas gays »

 
Bon d’accord, ce n’est pas Jacques qui l’a dit. On vous explique :
Période électorale oblige, les candidats à l’élection présidentielle ont  été vus partout, dans tous les médias et dans toutes les situations, plus ou moins réelles. Après avoir vu François Bayrou ou Nicolas Sarkozy à l’agonie dans une campagne en faveur de la légalisation de l’euthanasie, on retrouve six des dix candidats dans la peau, pour le moins surprenante, d’enfants et adolescents épanouis.
Cette idée peut prêter à sourire (ou au contraire être plutôt effrayante) mais elle traite un sujet bel et bien sérieux. Ces images ont en effet été réalisées dans le cadre d’une campagne web lancée par SOS homophobie pour défendre les droits des familles homoparentales.
François Bayrou, François Hollande, Eva Joly, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Sarkozy auraient pu, comme le répète la campagne, être eux aussi élevés dans des familles homoparentales et être heureux. Voilà le message simple véhiculée par l’association qui se bat depuis 18 ans pour l’égalité des droits des couples.
Le recours aux candidats pour cette campagne relève d’un double intérêt : tout d’abord, certains électeurs, ou du moins ceux qui n’ont pas fait une overdose, ont été à l’affût de toute apparition des aspirants présidents. Dans un tel contexte, la visibilité de leur message est assurée auprès d’un large public. Public dont faisaient à coup sûr partie les principaux concernés par cette campagne : les candidats.
SOS Homophobie avait auparavant sollicité chaque candidat sur douze de leurs revendications essentielles (mariage homosexuel, don du sang, sensibilisation à la diversité des relations amoureuses dans les programmes scolaires…) et mené plusieurs actions pour médiatiser ses problématiques. Et c’est cette campagne, relayée également par Le Monde, qui constitue le point d’orgue de la mobilisation. Ces images à la fois choquantes et drôles devaient interpeller les candidats sur un thème particulièrement discret, voire absent de cette (longue) campagne, bien qu’il divise très clairement les différents candidats. Liberté et ouverture pour les uns, respect des traditions pour les autres, la question des droits des lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT) a été relayée au second plan lors des débats mais gagne de l’importance grâce à cette nouvelle campagne bien ancrée dans l’actualité.
Même si les candidats se voient interpelés par cette campagne, ils peuvent également en bénéficier. Après tout, qui résisterait à un bébé Eva ou teenager François ? L’image des candidats devient de plus en plus importante. Le futur président se doit d’être présentable, souriant et d’être un citoyen lambda. Mathieu de Martignac, photographe pour Le Parisien, l’a bien compris, en proposant même aux candidats d’être pris en photo par… eux-même ! Quoi de mieux pour maîtriser sa propre image ?
La vidéo à voir ici >> laparisien.fr
En bref  l’ancrage dans l’actualité du message de SOS homophobie, qui lui reste intemporel, augmente l’impact de la campagne et vise directement les premières cibles visées. Mais le recours à l’image des candidats est-il une nouvelle tendance ou est-il amené à retomber dans l’oubli (et avec lui les thèmes abordés) dès la fin de la campagne et de sa couverture médiatique ? Les médias montrent ici une fois de plus leur pouvoir en s’adressant, quasiment sans intermédiaire aux candidats de l’élection.  Les enseignements à tirer de ce type de campagne publicitaire sont nombreux.  Et quel que soit son avis sur la question, on ne peut qu’apprécier de voir enfin des candidats souriants !
 
Manon Levavasseur
Sources :
Sos-homophobie
Lemonde.fr

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Campagne ADMD pour l'euthanasie avec Sarkozy mars 2012
Société

Une campagne qui fait mourir les candidats à la présidentielle

 
L’euthanasie : voilà un mot qui fait peur, une idée qui fait frémir, un droit contesté. L’euthanasie, c’est le droit de mourir dignement quand il n’y a plus d’autre espoir que la souffrance et l’agonie. L’euthanasie est autorisée légalement en Belgique pour les patients en phase terminale mais elle est tolérée de manière plus ou moins explicite dans de nombreux pays européens tels que le Luxembourg, les Pays-Bas ou encore la Suisse. En France en revanche, l’euthanasie est considérée comme un assassinat, un empoisonnement prémédité passible de la peine de prison à perpétuité ; des textes législatifs élargissent néanmoins les possibilités de cessation de l’acharnement thérapeutique.
Selon un sondage réalisé en 2000, 70% du corps médical français se déclare favorable ou très favorable à l’exception d’euthanasie. Le 24 novembre 2009, les députés français ont cependant rejeté une proposition de loi présentée par le député socialiste Manuel Valls visant à légaliser l’euthanasie dans certaines conditions.
Si la majorité de l’ordre des médecins est prête à tolérer l’euthanasie pour les patients en phase terminale, il semble que les politiciens soient plus difficiles à convaincre. L’euthanasie est un sujet polémique ; l’idée d’autoriser la mort assistée d’un patient est souvent considérée comme amorale et assimilée à la violation de la loi sacrée de la vie humaine. Cependant quand il n’y a plus d’espoir, quand l’agonie se fait longue et douloureuse et que la mort n’est plus qu’une question de temps, le droit de mourir dignement est alors compréhensible.
C’était d’ailleurs le sujet de la dernière émission Sept à Huit au cours de laquelle les journalistes de TF1 recevaient le mari de Marie Deroubaix laquelle, atteinte de plusieurs tumeurs au cerveau, avait pris la décision de se faire euthanasier en Belgique pour éviter de souffrir et de faire souffrir son entourage. Quelques jours avant de s’éteindre, elle avait accordé une interview aux journalistes de TF1 pour expliquer les raisons de son choix : elle voulait ainsi montrer aux gens, et plus particulièrement aux hommes politiques français, les raisons de son choix pour permettre aux gens dans sa situation de bénéficier du droit de mourir dans les meilleures conditions possibles, dans la dignité et avec le soutien de ses proches.
C’est donc un acte militant que Marie Deroubaix a accompli peu avant sa mort. Comme elle, de nombreuses associations militent en faveur de l’euthanasie comme l’ADMD en France ou Dignitas en Suisse.
En période de campagne pour les présidentielles, ces associations tentent le tout pour le tout pour convaincre les hommes politiques de s’intéresser à la question de l’euthanasie et faire des propositions précises. L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité organise d’ailleurs un rassemblement le 24 mars prochain sur la place de la République et encourage les malades à réclamer leur droit à la fin de vie dans la dignité. Comme on peut le lire sur leur site internet « l’ADMD entend obtenir qu’une loi légalisant l’aide active à mourir (euthanasie et auto-délivrance assistée) soit votée par le Parlement, comme le réclament 94 % des Français interrogés par l’institut de sondage Ifop en août 2011 ».
Il y a moins d’une semaine, l’ADMD lançait une campagne publicitaire choc interpelant le président de la République et certains candidats à la présidence de la République (tels que François Bayrou, candidat centriste du Modem et Marine Le Pen, candidate pour le Front National) en les représentant sur leur lit de mort.
« M. le candidat, doit-on vous mettre dans une telle position pour faire évoluer la vôtre sur la question de l’euthanasie ? » demande le message d’accompagnement des affiches publicitaires parues cette semaine dans Les Inrockuptibles.
La campagne choc de l’association cherche avant tout à susciter une réaction de la part des politiques qui délaissent littéralement cette question depuis l’échec de la proposition de loi de 2009. « Même si la population est largement en faveur de nos demandes, ces politiciens continuent de ne pas écouter » affirme Jean-Luc Romero, le président de l’ADMD. La campagne pour la présidentielle apparaît donc comme une opportunité à saisir pour parler de l’euthanasie et tenter de la replacer au cœur des débats.
Cette campagne a été beaucoup critiquée ces derniers jours ; les images ont été qualifiées « d’indignes » par Jean Leonetti, ministre des Affaires européennes et auteur de la loi actuellement en vigueur. De plus, l’absence de François Hollande sur les affiches suscite l’incompréhension et la suspicion d’un favoritisme envers le candidat socialiste.
Suite au lancement de la campagne, le président de l’ADMD convoque les candidats à la présidentielle à une rencontre publique à la fin du mois pour débattre de l’euthanasie. Si François Hollande a récemment affirmé qu’il était favorable à une révision de la loi pour les patients en phase terminale d’une maladie incurable, Nicolas Sarkozy reste quant à lui très ferme sur ces positions.
Quoiqu’il en soit, s’il est incontestable que cette question continue de faire des émules, il paraît peu probable de voir un réel changement dans les mentalités des politiques.
 
 Charlotte Moronval

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Capture d'écran du site bayrou.fr pour les présidentielles 2012
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Jacques a dit qu’il fallait que la campagne soit “participative”

Ce n’est pas Jacques qui l’a dit, mais François – François Bayrou. Zoom sur son site de campagne plutôt… Etonnant.
A première vue, l’interface graphique ne semble pas des plus ergonomiques : si les cinq grandes rubriques apparaissent assez clairement en haut à droite de notre écran – « Actu », « Portrait », « Projet », « Méthode » et « Participez » –, on ne comprend pas très bien comment s’articule l’ensemble des éléments présents sur la page d’accueil du site.  Difficile d’un coup d’œil rapide de déceler la logique globale d’organisation, tant lesdits éléments sont nombreux et de nature diverse…
Le haut de l’espace est monopolisé par une bannière aux dimensions pour le moins imposantes : y défilent les photos des temps forts de l’actualité de campagne du candidat – ses dernières « initiatives »…
Vient ensuite un espace proprement dédié à l’actualité, dont on peut suivre « le fil », ou que l’on peut trier en fonction de thèmes. En termes de contenus, il s’agit à la fois de vidéos et d’articles plus classiques.
Si l’on continue à scroller, on arrive sur un espace nous proposant de « participer à changer la France » – rien que ça ! – en devenant « volontaire de campagne » – Quésako ? Les champs lexicaux de l’action et de l’interaction y sont abondamment développés – « prendre la parole et agir » ! –, et l’internaute est directement interpellé, comme le suggèrent les nombreuses apostrophes verbales – « Menez », « Proposez », « Devenez » ! Quand l’invitation se fait invective… Mais nous y reviendrons. Notons également à droite la présence d’une plateforme permettant de poster des messages de soutien. Si ce genre de dispositif apparaît de plus en plus courant sur internet, sa valeur symbolique est d’autant plus forte qu’il s’agit ici d’un site à caractère politique : François Bayrou laisse la possibilité au peuple de s’exprimer…
Il faut remarquer la manière étrange dont fait rupture l’espace qui suit – « Portrait ». Déjà, la couleur de fond change : du noir, nous passons au blanc. Si l’internaute ne perçoit pas nécessairement le changement de manière claire et consciente, il le ressent forcement : l’ambiance semble d’un coup plus solennelle. L’espace apparait comme une sorte d’îlot rassurant au milieu d’autres plus dynamiques, vantant l’action. D’ailleurs, le lexique employé est radicalement différent : « ses racines » et « ses combats » attirent immédiatement le regard et on retrouve des termes forts véhiculant des valeurs d’équilibre et de stabilité – « Les racines de François Bayrou sont pyrénéennes, terriennes et culturelles. L’éducation qu’il a reçue et les rencontres qui ont émaillé sa jeunesse ont forgé sa personnalité ». Ou l’art d’élever un mythe…
Les deux derniers espaces sont dédiés à « son projet » et à « l’agenda ». Ici, le discours et les dispositifs apparaissent plus classiques. On retrouve notamment les trois grands axes du projet du candidat, ainsi que ses positions concernant les thèmes « clés » de la campagne.
On comprend donc lorsqu’on arrive enfin en bas (parce que, point négatif, il faut beaucoup scroller) que la page d’accueil décline les cinq grandes rubriques présentées en haut à gauche. De manière habile, soit dit en passant : la diversité des éléments et des contenus, leur forme et leur lexique, tout cela participe à véhiculer une image dynamique autour des valeurs de l’action, de la coopération et de la prise d’initiative. Le tout tempéré par la rubrique « portrait », qui donne un ancrage au candidat.
Le paroxysme de ce parti pris « participatif » est cependant poussé très loin. La rubrique « Participez » (qui ressort en orange) porte un concept particulièrement innovant : le site propose aux internautes de se porter « volontaires » pour tout un tas d’actions allant de l’impression/diffusion des propositions de Bayrou sur l’Ecole au téléchargement de l’application iPhone Bayrou 2012, en passant par le partage de vidéos de campagne sur Youtube ou l’adhésion à sa page Facebook… Et pour chaque action accomplie, pour chaque prise d’initiative, l’internaute – qui est devenu un « volontaire » – gagne des badges ainsi que des points, ou « décibels , qui lui permettent d’ « augmenter la puissance de sa voix »… Tout un programme.
Que penser d’une telle manière d’aborder l’engagement politique ? Que gagne François Bayrou à en faire une sorte de jeu ? Présenter les choses de façon ludique appelle certes à la mobilisation et rend la politique plus abordable ; et à travers une telle stratégie de gamification, l’équipe Communication de Bayrou lui donne les moyens de toucher un public plus jeune, friand de jeux en tout genre, et surtout d’interactivité. Quand engagement se confond avec participation…
 
Élodie Dureu
Source et crédits photo : bayrou.fr

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