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Un Google à deux visages ?

 
Les Jeux Olympiques d’Hiver, édition 2014, ont débuté ce vendredi 7 février à Sotchi. Une ouverture que Google a tenu à célébrer… à sa façon.
Un logo revisité
En effet, c’est avec un doodle aux couleurs du drapeau gay – impossible à rater en page d’accueil – que le célèbre moteur de recherche a décidé de fêter l’événement. Ce logo revisité s’accompagne d’un message extrait de la Charte Olympique.

Une prise de position politique
Il est vrai que Google a habitué ses utilisateurs à marquer différentes occasions avec ses fameux doodles, mais ceux-ci s’apparentent plus fréquemment au registre de la célébration, de la commémoration et de l’hommage. A titre de comparaison, en janvier 2014, l’entreprise a par exemple effectué, parmi tant d’autres, un doodle pour célébrer la nouvelle année, un pour le nouvel an chinois ou encore un doodle-hommage pour commémorer la naissance de Simone de Beauvoir.
Un doodle surprenant
De fait, le doodle en question apparaît comme inhabituel. Les couleurs choisies, en référence au drapeau gay, auraient pu être celles, traditionnelles, des anneaux olympiques. Ce choix révèle la volonté d’une dénonciation politique des abus du gouvernement russe qui, depuis quelques mois, a remis le thème de l’homosexualité et de ses droits au cœur du débat public. C’est dans cet omni discours que le gouvernement a massivement légiféré, adoptant les désormais devenues célèbres lois (du 11 juin 2013) visant à « punir tout acte de propagande homosexuelle » et à réprimer « l’offense aux sentiments religieux ».
D’autres incriminent déjà Google pour son côté opportuniste. Il lui est en effet reproché d’adopter une telle position dans le principal but de redorer son image, laquelle a lourdement souffert de son implication dans le scandale de la NSA. Les données révélées, qui proviendraient entre autres du moteur de recherche, ont mis en lumière ce monde où la surveillance est omniprésente. Google, déjà critiqué par la pertinence et l’abondance de données intimes sur ses utilisateurs, s’est trouvé au cœur d’une tempête médiatique dans laquelle il est apparu comme ce Big Brother que nous prédisait Orwell. Google n’apparait donc pas forcément comme le candidat idéal pour émettre un discours sur les libertés.
Réelle sincérité ou coup de com’ de la part du géant du web ?
Pour les moins convaincus d’entre vous, il convient de s’intéresser au contexte. En effet, Google n’en est cependant pas à sa première implication pour la cause homosexuelle.
La firme de Mountain View bénéficie déjà d’une image plutôt gay-friendly, comptant de nombreux homosexuels parmi ses employés et s’étant déjà maintes fois exprimée pour la cause gay. En 2012, la campagne « Legalize Love », qui ciblait une soixantaine de pays particulièrement réputés pour leurs lois sévères concernant l’homosexualité, avait pour objectif de créer un soubresaut, du changement au vu de l’état de la législation.

La position de Google vis à vis de la cause n’en reste pas moins controversée. Une application baptisée « Setting Captives Free » n’en finit plus de faire scandale depuis sa mise en téléchargement sur Google Play. Cette application, lancée par une organisation religieuse américaine, s’est en effet dotée du but particulier de « libérer de leurs addictions les personnes du même sexe que le leur ». Celle-ci, en somme, inscrit en filigrane l’homosexualité du côté de la maladie, puisqu’une guérison apparait nécessaire. Ce type d’application n’a toujours pas disparu de la plateforme de téléchargement en ligne de la firme, malgré les nombreuses signatures de pétitions en ligne qui réclament leur suppression.
Le géant du web semble donc plutôt essayer de satisfaire son ensemble de publics, quitte à verser parfois dans la contradiction. Cependant, ces actes militants pour la cause, effectués pour de bonnes ou de mauvaises raisons, n’en restent pas moins utiles dans un monde où les homosexuels souffrent de discrimination quotidienne.
Ce mal d’image et de réputation n’empêche pas le géant de grandir et de conquérir encore et toujours plus de marchés : la firme est en effet devenue, ce lundi 10 février, la deuxième capitalisation boursière du monde, juste derrière Apple.
 
Adeline Mateus
Sources :
Leblogducommunicant2-0.com
Lemonde.fr
20minutes.fr
Crédits photos :
Captures d’écran page d’accueil Google