Guy Cotten
Publicité et marketing

Scrollez ou coulez !

Si vous n’êtes toujours pas allé sur ce site, je vous conseille de brancher votre casque, d’éteindre la lumière et de passer en mode plein écran pour vivre  totalement l’expérience étrange (et un chouïa traumatisante) de sortie en mer.
Vous vous trouvez mystérieusement plongé dans un film tourné en première personne où vous incarnez Julien, homme expérimenté en mer sur son voilier avec un certain Charles pas très débrouillard. Les deux français semblent partis pour une excursion au large entre amis sur un joli bateau avec une météo digne de la côte d’azur quand tout bascule…
Vous vous prenez la baume (erreur d’amateur) et tombez à l’eau.
On comprend assez vite que l’expérience a pour but de nous sensibiliser aux questions de sécurités vitales sur un bateau auxquelles on ne pense pas vraiment. La vidéo semble s’inscrire dans la veine des campagnes choc de sensibilisation qui marchent plutôt bien de nos jours.
Procédé pas très innovant donc, me direz vous, mais c’est sans compter le caractère immersif et interactif de l’expérience : vous n’êtes pas simples spectateurs de l’action, vous êtes virtuellement en train de vous noyer et devez vous battre pour rester hors de l’eau. Enfin, vous devez scroller sans relâche.
Finalement, vous vous noyez et les messages suivants apparaissent :
Vous vous êtes noyés au bout de X minutes.
En mer on se fatigue plus vite qu’on ne le croit.
Portez un gilet de sauvetage.
Par GUY COTTEN L’abri du marin.
Et c’est là qu’on découvre que tout le site à l’apparence d’un jeu vidéo immersif et très bien réalisé est en réalité une publicité pour Guy Cotten, qui ne s’avère pas être un artiste réalisateur s’essayant aux jeux vidéo mais une société bretonne spécialisée dans les vêtements de protection en milieu marin.
L’idée géniale du site mystérieux et de l’expérience interactive vient de l’agence de communication CCM BBDO qui réalise là un coup de pub magistral pour l’entreprise bretonne. La campagne n’a d’ailleurs pas tardé à devenir virale de la campagne (à ma dernière tentative, c’était quelques 2 924 027 internautes qui avaient virtuellement coulé), les boutons de partage sur les réseaux sociaux étant accessibles à tout moment en bas de la page et visibles à la fin.
Une campagne inspirée
 Les références au monde du jeu vidéo et des cinématiques interactives sont claires et c’est ce qui rend vraiment intéressant le procédé de communication. On ne partage pas le site pour prévenir des risques du non port de gilet de sauvetage mais pour voir combien de temps nos collègues ou amis vont tenir à scroller et accessoirement savoir à quel point cela a été perturbant pour eux.
Le côté « choc » d’incarner quelqu’un qui lutte pour se maintenir à la surface a tout du film d’horreur. Le procédé d’immersion par la caméra en première personne a fait le succès de nombreux films du genre tels que les célèbres REC et Cloverfield. Il n’est pas non plus sans rappeler les jeux vidéos d’horreur comme FEAR qui ont aussi un très grand nombre de joueurs. Avec un tel univers en toile de fond, il n’est pas étonnant d’avoir entendu parler de cette campagne sur un réseau social de gamers à la moyenne d’âge de 30 ans comme cela est mon cas. Si c’est là la cible de cette campagne, l’angle est d’autant plus intelligent que l’on va forcément repartager le site à nos amis, parents, connaissances au pied marin amoureux de la navigation ou au moins qui partent en vacances en bateau. Là sont les vrais potentiels acheteurs de superbes gilets orange et autres accessoires de survie fluorescents.
Chapeau bas pour cette idée géniale donc. En effet, exception faite des mordus de sports maritimes, la plupart d’entre nous n’aurions sûrement jamais entendu parler de Guy Cotten et de ses gilets de sauvetages sans une telle expérience.
 Rimond Leïla
 Sources :
Sortieenmer.com
Meltybuzz