Politique

La Valls-mania : splendeurs et misères d’un virtuose de la communication

Camps de roms, émeutes, violences urbaines, tueries policières… L’effervescence politico-médiatique autour du Ministre de l’Intérieur révèle une fascination pour celui qui fut aussi le directeur de communication de la campagne de François Hollande,  à tel point que certains le rêvent déjà à Matignon.
 Comment ce virtuose de la communication parvient-il à incarner la figure du chef dans un gouvernement en recherche de leadership ?  Si l’actualité brûlante et le charisme du Ministre pèsent lourd dans la balance, M. Valls est toutefois parvenu à se tailler, seul,  un costume de leader du gouvernement.
Depuis l’été, les projecteurs sont braqués sur lui. Toujours  plus populaire, l’« hyperministre » ne cesse de séduire l’opinion et l’exécutif, et de s’attirer les sympathies de l’opposition. C’est à l’Université de la Rochelle que le  phénomène Valls s’est  déployé dans toute sa splendeur, à travers un discours ferme, aux accents sécuritaires : « Je continuerai à mener le démantèlement des campements là où il y a de la misère sociale et sanitaire, de l’insalubrité. » Manuel Valls, adepte des formules grinçantes, a même tonné que la gauche devrait rétablir l’ordre républicain dans les quartiers où il y a « un ordre de la jungle ».

Le Ministre de l’Intérieur a profité d’une actualité estivale ultra-chargée.  Des émeutes d’Amiens en août aux règlements de compte en série à Marseille, en passant par les manifestations islamistes ou le double meurtre d’Echirolles, Manuel Valls  a pu mettre en œuvre son art de  manier le verbe et de maîtriser l’image, revêtant le costume du tribun et séduisant les médias. Il aurait ainsi donc  tenu le pari de l’alchimie complexe qu’est la communication politique, alors que les courbes de popularité de l’exécutif s’affaissent.

Cet accomplissement scelle une longue métamorphose, si on se souvient des premiers pas de M. Valls en politique à la tête des jeunes socialistes européens. Toutefois, il ne suffit pas à étouffer certains paradoxes : il n’est en effet  pas rare de lire dans la presse que la femme du Ministre, Anne Gravoin, influence les prises de position de son mari avec, dernièrement, une sortie  sur la « tolérance zéro » envers les SDF “fleurissant” sur les trottoirs, suite à une brève agression de la violoniste dans la rue. Si le Ministère a assuré qu’il n’y aurait aucune mesure privative, on se souvient  des déclarations de Mme Valls cet été à propos de la femme de Jean-Marc Ayrault,  affirmant qu’il était plus glamour d’être violoniste que « prof’ d’allemand ». Autant de couacs qui pourraient finir par porter préjudice à l’image de son mari.

Dans un paysage politique où le Premier Ministre peine à incarner l’autorité auprès de ses ministres, Manuel Valls apparaît, d’une certaine manière,  comme son héritier naturel, se saisissant des valeurs de courage et de fermeté dans un contexte de violences urbaines. Il joue aussi le rôle de l’homme d’action dans  un gouvernement trop souvent taxé d’ « attentisme ».

 Danaé DM