Politique

Twitter : arme de communication massive ?

 
En novembre dernier, une nouvelle étape a été franchie dans la communication de guerre. Pour la première fois depuis l’invention d’Internet, un Etat a utilisé ce médium pour annoncer publiquement son entrée en guerre.
La guerre version 2.0
Le 14 novembre dernier, le porte-parole de l’armée Israélienne – le Tsahal- a en effet publié sur Twitter ce message : « The IDF has begun a widespread campaign on terror sites & operatives in the #Gaza Strip, chief among them #Hamas & Islamic Jihad targets » afin d’annoncer le début des opérations militaires dans la bande de Gaza.

« Fast and Curious » n’ayant aucune vocation politique, le but de cet article n’est pas de prendre parti dans le conflit israélo-palestinien mais bien d’analyser un phénomène de communication sans précédent.
Avec une moyenne de 50 tweets émis par jour, l’IDF (Israel Defense Forces) est entré dans une véritable phase de communication massive pour expliquer au World Wild Web et donc à l’opinion publique mondiale les tenants et aboutissants de cette guerre. Une telle initiative ne peut être le fruit du hasard et relève donc de toute évidence d’une véritable stratégie de la part de l’Etat Israélien.
Au cours des derniers conflits, le gouvernement de Benjamin Netanyahou s’était en effet vu reprocher par la scène internationale son manque de transparence sur le conflit. Cette nouvelle stratégie prend le contrepied des critiques précédentes. Israël rend quasi compte en temps réel du nombre de rockets qui sont envoyés sur Gaza. De plus, en alertant les autorités palestiniennes plusieurs heures avant les attaques qu’ils s’apprêtaient à mener, l’Etat Israélien met en évidence sa volonté d’éviter les pertes civiles.
Cette stratégie de communication numérique ne se limite pas à envoyer des messages sur la plate-forme de microblogging. Un site internet complète les informations relayées sur Twitter. Et le Tsahal va même jusqu’à publier sur Youtube les vidéos des bombardements visant des hauts responsables du Hamas, empêchant ainsi le mouvement islamiste de nier les faits.
Comprenant l’utilisation qu’il était possible de faire des réseaux sociaux, le Hamas s’est lui aussi emparé de la toile afin de répondre sur Twitter aux messages postés par l’IDF. Chacune des parties prenantes invective ses followers à faire entendre leur voix, notamment en retweetant les posts sur leurs propres comptes.
Depuis le 14 novembre, la guerre des tweets a bien lieu.
#cleanwar
On peut s’interroger sur légitimité d’un Etat à utiliser un réseau social pour effectuer ce genre d’annonces. Peut-être est-il nécessaire de rappeler que sur Twitter, les comptes les plus suivis sont ceux de Lady Gaga et de Justin Bieber (avec respectivement 21 millions et 18 millions de followers). Certes, des politiques s’invitent en haut du classement avec notamment la présence de Barack Obama dans le top 10. Mais, n’aurait-il pas paru déplacé que le président des Etats-Unis annonce, en juin 2011, la mort d’Oussama Ben Laden en 140 caractères ?
Certes, l’éthique n’est jamais l’enjeu prioritaire en temps de guerre. Mais la guerre, à l’image de toute autre situation critique, n’implique- t-elle pas une dose de retenue? Le danger avec Internet est de considérer la guerre, et donc les morts que celle-ci entraîne inévitablement, comme faisant partie d’une réalité virtuelle. Et donc, de rendre les pertes humaines et matérielles plus acceptables. Signe de ces dérives, des images du conflit circulent déjà sur Instagram, la célèbre application permettant le partage et le traitement des photos. Regarder un village se faire bombarder en couleur sépia ne semble pas le moyen le plus approprié de prendre conscience de pertes humaines.
Et pourtant, avant ces évènements, des photos de guerre étaient déjà exposées en une des magazines et les militaires détaillaient en conférence de presse l’avancée des opérations. De toute évidence, la communication de guerre n’est pas une idée nouvelle. Alors pourquoi une telle défiance médiatique face à la stratégie mise en place par le Tsahal?
Certains n’hésitent pas à affirmer que c’est parce qu’elle prive les journalistes du « scoop » qui fait vendre. En réalité, la plus grande perte du journalisme est ici d’être privé de son rôle d’intermédiaire. A une époque où la communication est omniprésente, la médiation entre discours officiel et réception individuelle est plus que jamais nécessaire. En supprimant la fonction d’intermédiaire, on autorise des forces politiques à ne diffuser qu’une seule vision de la guerre : la leur.
Il y a 40 ans, Internet était créé à des fins militaires. Le dernier conflit israélo-palestinien nous rappelle qu’en 2012, le web est plus que jamais une arme efficace pour qui sait l’utiliser.
 
Angélina Pineau
Sources :
Slate
Rue89
France24

Publicité et marketing

Jacques a dit Versailles est le centre du monde

 
Jacques ne nous apprend rien de nouveau. De Louis XIV à nos jours, des livres d’histoire aux magazines, nous l’avons lu et relu. Le Château de Versailles fut le soleil de l’occident, la lumière qui attira les intellectuels de tous pays. Tout venait à Versailles, tout passait à Versailles, tout partait de Versailles. C’est ainsi que l’on peut résumer le rôle qu’eut ce marais aménagé. Soucieux de la culture de tous, Jacques a tapissé certains murs avec de belles images pour rappeler aux Français ce lieu commun.
Cette tapisserie urbaine nous dit implicitement : «  Versailles est le centre du monde ». Surinterprétation des slogans ? Peut-être. Pourtant ces derniers font référence à différentes parties du monde et les situent à Versailles. Ainsi, « le Loch Ness » est à « 20 minutes de Paris. ». D’ailleurs, le Loch Ness côtoie la Grèce Antique, l’Angleterre et Venise, elles aussi étrangement situées à « 20 minutes de Paris ». Cette périphrase désigne bien-sûr l’illustre château et son parc. Par ces différents slogans, les publicitaires définissent Versailles comme un centre historique, réunissant différentes époques en une même temporalité, et un centre géographique, rassemblant différents milieux en un même lieu. Dans le passé comme aujourd’hui, Versailles reste le centre du monde.
Les panneaux publicitaires s’inscrivent donc dans une continuité historique. Simples, épurés, ils rappellent le classicisme du château. Pourtant, il ne s’agit pas d’affiches standard, avec une forme en adéquation avec le fond, c’est-à-dire sans originalité. Bien au contraire, elles surprennent ! Cherchant à attirer des touristes à Versailles, elles ne montrent pas de photo du château : ce sont toujours des éléments périphériques qui sont mis en valeur. Ainsi sur une affiche, l’on voit le cheval d’une fontaine, sur une autre le soleil d’un portail etc. Il a fallu apporter un peu de nouveauté dans la promotion d’un lieu plus que célèbre. En France tout le monde connait ce Château, est en mesure de dire à qui il appartenait et sait le situer. Il s’agit d’un sujet vu et revu, battu et rebattu. Les publicitaires cherchent donc à nous montrer que non, nous ne connaissons pas tout, et que oui, nous devrions y retourner (ou y aller). Certaines des affiches ont un côté mystérieux. Reprenons (encore et toujours) celle du Loch Ness. Votre curiosité n’est-elle pas éveillée ? N’avez-vous point envie de saisir votre manteau et monter dans le RER afin d’aller guetter l’apparition du monstre légendaire ?
Convaincante. C’est ainsi que l’on peut résumer la démarche de promotion du Château. D’ailleurs, les publicitaires l’ont bien compris. Cette campagne en effet dure depuis plus d’un an. Régulièrement, de nouvelles images apparaissent dans le métro, toutes basées sur le même concept. Les plus récentes étant celles de la Grèce Antique et du Loch Ness. Cette campagne sur le long-terme est accompagnée de gentlemen-wagons transformés en mini-Versailles.Cinq rames feront découvrir le Château, et ce pendant 2 ans. Versailles envahit Paris semble-t-il…pour la plus grande joie des paresseux qui auront la Galerie des Glaces à portée de main !
Aventure ou tranquillité, monstres ou décors fastueux… deux campagnes pour deux publics différents. A vous de choisir votre camp !
 
Clothilde Varenne

Sources :
http://paris-ile-de-france.france3.fr/info/diaporama—le-rer-c-s-habille-en-versailles-73934498.html