Pooductive
Société

Pooductive: réinventez votre expérience utilisateur des… WC

L’intimité ? C’est so 2012…
À l’ère du digital, il apparaît que les réseaux sociaux, jeux en ligne et applications en tout genre aient révélé un mal profond de notre société contemporaine : la peur de la solitude. Pour y remédier, les ingénieurs et autres geeks s’évertuent à créer de plus en plus de plateformes de rencontre et de communication, si bien qu’il n’existe désormais que peu de moments de notre quotidien pendant lesquels nous sommes obligés et forcés de rester seuls, face à nos proches ou à nous-mêmes. Que ce soit dans le but de rencontrer l’amour, de sympathiser avec TrollSympadu34 dans un monde parallèle ou de battre Monique87 au Scrabble, tout est fait pour que votre vie sociale soit comblée par de multiples avatars, et pour que vous épanchiez vos émotions dès que vous en ressentez le besoin, que ce soit en Comic Sans MS sur MSN ou à coup d’ « autocollants » sur Facebook.
Partager le trône

Depuis août, un pas de plus a été fait vers l’ère du social diktat. Pour vous, on a créé un nouvel agora, un nouveau lieu de partage et de communion, facile d’accès, cosy et tranquille : vos toilettes. Il s’agissait peut-être du dernier lieu sur terre où vous ne ressentiez pas le besoin d’avoir une vie sociale trépidante – sauf vous les filles, quand vous y allez toutes ensemble en soirée. Vous n’aurez plus à faire de choix entre développer votre vie sociale et satisfaire vos besoins naturels : Pooductive est là pour vous apprendre à concilier les deux. Le principe est simple : vous prenez place sur le trône, et souhaitant contrecarrer l’ennui, vous vous connectez à l’appli qui se résume à un simple chat, connectant des gens dans la même position que vous. Plusieurs choix s’offrent à vous : chat global ou local – vous pouvez choisir la distance entre vous et votre interlocuteur – chat à deux ou en groupe. Selon ses créateurs et comme indiqué sur leur site web, l’application est faite pour que ses utilisateurs « philosophent, partagent des idées et jouent à des jeux », le petit coin étant le lieu parfait pour s’adonner à ces activités puisqu’il serait un « incubateur de créativité ».

L’appli tombe à l’eau
Pooductive est un flop, pour plusieurs raisons. En premier lieu, tout porte à croire que la majorité des gens a téléchargé l’application pour en rire, ou poussé par une curiosité obscure et inavouable ; quoi qu’il en soit, ceux-là n’y sont sûrement pas restés plus d’une journée, voire plus de 15 minutes. Il existe pourtant une cible réelle, un public enthousiaste et dont la créativité déborde au moment d’utiliser les toilettes, un public qui attendait et rêvait d’appartenir à une communauté de pooductive people. Oui, ils existent (selon les créateurs de l’application). Malheureusement, ces publics enthousiastes ont été fortement déçus par la lenteur de l’application, qui met effectivement un certain temps à trouver des partenaires et à vous mettre en contact – pas pratique si on était parti sur une courte pause pipi. Qui plus est, l’application n’offre pas beaucoup de possibilités, outre le chat. On ne peut pas envoyer de photos (c’est peut-être pour le mieux d’ailleurs), mais seulement des extraits de chansons aux noms évocateurs comme Booty in the air, Who let the dogs out ou encore Drop the bombshell. Amusant, mais tout de même un peu lassant. Certaines personnes se servent donc uniquement de l’appli comme d’un tremplin, permettant de rencontrer des gens pour ensuite les recontacter sur d’autres plateformes comme Snapchat ou Facebook… Au contraire de LinkedIn ou Tinder, personne ne sait vraiment ce qu’il vient faire sur Pooductive, et les échanges en pâtissent, ne pouvant s’accorder. Ce que l’on cherche dans une application s’apparentant à un réseau social, c’est qu’elle devienne le moteur de nos rencontres mais conduise à quelque chose d’extérieur à sa simple utilisation. Un réseau social comme Clowdy par exemple est intéressant en ceci qu’il permet d’établir des liens entre des créatifs (musiciens, vidéastes, graphistes, etc.), afin qu’à terme des collaborations puissent voir le jour. Mais quand le seul point commun des utilisateurs d’un chat est le lieu où ils se trouvent, la rencontre n’a plus rien de constructif. Et si l’objectif est simplement de passer le temps aux toilettes, autant aller vers d’autres applications plus distrayantes et ayant un fond réel comme PoopFiction qui dirige ses utilisateurs vers des extraits plus ou moins long d’oeuvres littéraires, de Tolstoï à James Baldwin.
Une bombe sur Pooductive
En vraie journaliste d’investigation, j’ai tout de même décidé de voir par moi-même de quoi il s’agissait, en menant anonymement une enquête de terrain. Flop ou pas, l’application a tout de même connu un certain battage médiatique à sa sortie (cf. photo ci-dessus). Incognito (et dans le thème) sous le pseudonyme de « ThePooPope » j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes très différentes, du « fart & poo fetishist » au père de famille très concerné par les exploits de sa fille sur le pot.
 
 
 
 

 
De manière générale, les conversations sont des plus banales et n’entrent pas forcément dans des délires scatophiles – tant mieux ? dommage ? à vous de voir. Je n’ai pas eu la chance de philosopher, ni d’exprimer ma créativité, et la plupart des gens à qui j’ai parlé étaient là par curiosité, ce qui a donné lieu à des conversations inconsistantes, voire emmerdantes (passez-moi l’expression).
Pooductive va donc avoir du mal à réunir de nouveaux utilisateurs et à les fidéliser. Toutefois, les têtes pensantes de ce bijou post-moderne sont en train de le faire évoluer, y installant de nouvelles activités et re-travaillant sa performance… Affaire à suivre. Sur ce, je retourne à ma « morning training potty session », ThePooPope’s kisses.
Merci à Victoire Coquet de m’avoir servi de wingwoman dans mon investigation.
Alix Leridon 
Source :

Crédits photos : 
http://provocateur.gr/manners/10458/wtf-an-exeis-moysi-empaine
Application Pooductive 

Adopte un curé
Société

« Adopteuncuré.com » : une parodie 100% divine !

 
Après « Le calendrier des prêtres les plus sexy du Vatican » et « François le Pape 2.0 », voici la dernière campagne de communication du diocèse de Rouen, « adopteuncuré.com ».
Visiblement au fait des dernières tendances, l’Eglise marche sur les pas de la modernité et cible un public peu familier du denier du culte, les jeunes connectés.

Redynamiser l’image du clergé, encourager la jeunesse à repeupler les églises et, plus pragmatique mais non moins nécessaire, renflouer les caisses des différentes paroisses ; tels sont les enjeux de ce joli buzz médiatique.
En charge du dossier, l’agence lyonnaise Alteriade mise sur l’humour propre au web pour prêcher la bonne parole.
Au placard la retransmission de la messe dominicale par France Télévision ! Parodie du site tendance et ultra-plébiscité par les 18-30 ans « adopteunmec.com », « adopteuncuré.com » met les codes du site de rencontre au service de sa mission !
Le tutoiement, de rigueur, abolit les distances. Léger, et impertinent, le ton d’ « adopteuncuré.com » n’en est pas moins didactique puisque le site explique à ses fidèles internautes les ressorts de la défiscalisation des dons. Refrains grégoriens et voix de femme suave chantant les louanges de son produit « 100% divin », « nouvelle promotion de jeunes séminaristes » ou bien « curé à la retraite encore très actif » comptent quant à eux parmi les offres de ce petit bijou insolite.
Sans surprise, les grands défenseurs de la messe en latin et autres adeptes du conservatisme ont sonné le glas… de la réprobation. Dans une interview donné à Libération, Eric de la Bourdonnaye, paraphrasant le Saint Père, leur répond : « Là où il y a trop de sérieux, il n’y a pas l’esprit de Dieu ».
Quoi qu’on en dise, l’entreprise est une véritable réussite puisqu’au-delà des retombées enregistrées dans les grands médias, plus de 678 012 dons ont déjà été effectués.
 
Marine Bryszkowski

Sources :
Adopteuncure.com
Liberation.fr
Ouest-france.fr
Lefigaro.fr
Lci.tf1.fr
Grazia.fr