La loi des Séries
Ici point de fans hystériques ni de billets d’entrée au prix exorbitant d’un bras, voire même deux si vous refusez de partir sans votre photo de l’accolade avec votre déité cathodique fétiche. Le Forum des Images organise pour sa troisième édition le festival « Séries Mania », qui vous donnera un avant goût des séries françaises qui tiendront sous peu le haut de l’affiche. Mais loin d’être chauvin, ce festival vous donnera également l’occasion, grâce à une sélection internationale, de voir ce qui se fait de mieux aujourd’hui à l’étranger en termes de productions pour le petit écran. Débuté lundi, le festival s’achèvera lundi prochain. Et bon point pour les étudiants, les « sériephiles » ou tout autre curieux, l’entrée est gratuite.
L’occasion de trouver Série à son pied…
La bonne idée de ce festival c’est de mettre en lumière certaines séries peu ou pas – encore – révélées au grand public. Le festival n’a pas pour mission de promouvoir des séries qui tiennent déjà le haut du pavé et qui nous sont souvent resservies à loisir façon chewing-gum remâché. Qu’elles soient récentes ou diffusées en avant-première, ce festival a cela de frais qu’il nous concocte un programme blindé de pépites en puissance que nous aurions découvert au mieux quelques mois après leur diffusion dans leur pays natal (et pour cause, l’outre-Atlantique est souvent dure à traverser, quoique l’arrivée du streaming ait un peu changé la donne…), au pire jamais. En effet quelle meilleure vitrine que ce festival pour des séries comme Ta Gordin/Mice , tout droit venue d’Israël, dont les deux premiers épisodes seront projetés dimanche avant une présentation par Amit Cohen, le scénariste de la série, et Ron Leshem, son producteur exécutif. Car l’autre valeur ajoutée de ce festival, c’est incontestablement la présence d’émissaires venus présenter leur production, l’occasion, on l’imagine, d’ouvrir des espaces de discussion. On le comprendra c’est donc un véritable melting-pot télévisuel avec la mise à l’honneur cette année de l’Australie et du Québec. « Pour la première fois, l’Amérique du Sud est aussi présente avec une moisson de séries argentines, tandis que l’Europe du Nord étonne toujours avec une découverte belge sur le tour cycliste de Flandres (De Ronde) et la burlesque incursion d’un mafieux américain dans les paysages de la Norvège profonde (Lilyhammer) ». Un programme intéressant donc, qui reflète tant les divers visages de la création télévisuelle que son extrême fertilité.
Quand les séries tiennent le haut de l’affiche
Qui ne saliverait pas devant cette présentation faite sur le site officiel du festival ?
« Séries Mania présente un choix de séries anglo-saxonnes qui font ou feront l’événement dans les mois à venir, parfois associées à des noms prestigieux du cinéma, comme Michael Mann pour Luck, Laura Dern pour Enlightened ou encore Steven Spielberg pour Smash. Des showrunners particulièrement prolixes reviennent avec leur dernière création, tels J. J. Abrams (Alcatraz) et Ryan Murphy (American Horror Story)… » .
Ce « teaser » est la meilleure illustration de la nouvelle perméabilité entre cinéma et série T.V. De là à dire que la série T.V est une héritière toute trouvée de son aîné, il n’y a qu’un pas, qu’on ne serait pas les premiers à franchir : réalisateurs, acteurs ; les passerelles sont nombreuses et il est courant de voir les têtes connues passer du grand au petit écran.
Et s’offre même le luxe de la réflexivité
Depuis quelques années, la création des séries télévisées se fait beaucoup plus dense, de meilleure qualité aussi. Fini Dallas, sirènes en maillots rouges et autres telenovelas culculs diffusées ou tard le matin, ou en plein après-midi. Désormais les séries télé se veulent arty, esthétiques voire carrément intellos. Une série télé ne se subit plus, elle se déguste. Preuve en est le succès de Lost, tarabiscotée comme il faut, créant sa propre mythologie, de Madmen, visuellement impeccable, ou encore dans un autre genre la rediffusion – sur Arte – près de 20 ans après sa première diffusion en France, de la série Twin Peaks créée par David Lynch, qui avait alors été déprogrammée faute de public.
C’est donc logiquement que des séries si travaillées et dont le contenu n’est aucunement laissé au hasard, s’offrent si bien à l’exégèse et au commentaire. Riche de ce constat, le festival a intégré à ses projections des tables rondes et conférences* qui raviront autant les initiés que les novices. Cette année, le festival abordera notamment ces questions : « Les génériques : un art en soi ? », « Une série peut-elle être politique ? » mais aussi la spécificité des programmes courts qui font aujourd’hui recette (Bref, Scènes de ménages,…). Des zooms seront faits sur les séries Lost, Ainsi soient-ils, ou Friday Night Lights.
Et parce que les séries jouent les prolongations en dehors du petit écran, vous trouverez également des juke-boxes diffusant le meilleur des génériques, et des images d’une sélection de Web-séries et de mini-formats. A découvrir par lot de deux épisodes ou à engloutir par saison entière, le site du festival sera votre meilleur allié pour vous constituer un menu à la carte !
Marie Latirre
*Tables rondes qui pourront être suivies en direct ou en différé sur le site du festival notamment.