Google nest
Société

L’objet Google

 
Depuis le début des années 2000, Google n’a cessé d’acheter des entreprises dans le but d’améliorer ou de développer ses services. Ces nombreuses acquisitions ont permis au géant américain d’être présent dans de nombreux domaines en rapport avec internet et son application web au sens large. Google est à présent un acteur majeur du monde numérique. Néanmoins, depuis quelques temps, l’esprit de Google est au réel. Le moteur de recherche veut désormais élargir son niveau de compétence en dehors du logiciel et produire de l’objet. En cela, l’achat de Nest Labs mi-janvier, troisième plus gros investissement jamais fait par Google, n’est pas anodin.
Pour le comprendre, il faut se pencher sur ce qu’est Nest Labs et saisir en quoi cette entreprise symbolise les volontés nouvelles de son acquéreur.
Nest Labs est une jeune entreprise fondée en 2010 spécialisée dans la domotique ou “maison intelligente”. Créée par deux anciens employés d’Apple, Tony Fadell et Matt Rogers, la société californienne fabrique des thermostats et détecteurs de fumée connectés qui apprennent des habitudes de leurs utilisateurs. Mais pourquoi payer 3,2 milliards de dollars pour, si l’on empreinte la formule à un lecteur du Monde, “un thermostat et une puce wifi”?
Trois raisons à cela :
1- Nest Labs est une société en expansion, dont les produits sont achetés en grande quantité dans le marché nord-américain (plus d’un million de thermostats déjà vendus selon Tony Fadell). La force de Google rendrait possible une croissance nationale et internationale facilitée ce qui permettrait à son investissement d’être tout à fait rentable à moyen terme.
2- L’équipe de Nest Labs est composée de nombreux ex-employés d’Apple. Google a acheté des compétences. Sa volonté à devenir global passe obligatoirement par la capacité à créer des objets sans avoir besoin de lier des partenariats. C’est encore le défaut de Google actuellement : la firme a du mal à produire des objets attrayants, aussi intéressante qu’en soit la technologie. Les Google Glass en sont un exemple parlant. Google a besoin de penser design, et ses dirigeants en sont conscients.
3- C’est le point le plus important : on comprend très bien l’intérêt de Google à entrer sur le marché de la domotique et à plus grande échelle dans celui des objets connectés (même si c’est déjà en partie le cas avec les Google Glass). L’objectif principal étant évidemment de ne pas rater la prochaine vague technologique, voire de devancer ses concurrents directs. On pensera par exemple à Apple qui, avec l’IPhone et IOS, avait forcé Google à jouer les rattrapages et à proposer Androïd gratuitement. Ici, Google veut se placer en premier sur le marché. Le but étant, on le devine, de fournir un système complet, de relier tous ses anciens services et terminaux aux nouveaux afin de maximiser l’écosystème Google auprès de l’utilisateur.
Car c’est là tout l’enjeu de ce nouveau marché pour les entreprises de services web. Si l’utopie des objets connectés parlant directement entre eux a peu à peu été abandonnée, la capacité des objets parlants entre eux par l’intermédiaire d’un opérateur web devient bien réelle. Et c’est là que Google pourrait tirer remarquablement son épingle du jeu. Dans l’hypothèse non pas d’un internet des objets mais d’un web des objets, Google a ainsi la possibilité de créer un système complet (voir fermé), regroupant par exemple équipements de domotique, wearable technology (objets connectés portables sur soi comme une montre ou une paire de lunettes), smartphones, tablettes et ordinateurs, tous utilisables à partir d’un compte Google et tous connectés entre eux. Cette possibilité explique le peu d’énergie déployée par Google et par les autres entreprises impliquées dans les objets connectés à essayer d’en réduire le nombre.
On comprend dès lors mieux le nouveau leitmotiv de l’entreprise californienne, “Computing everywhere”, mettre des ordinateurs partout.
Recueillir, proposer et classer les informations, fondements de l’activité du moteur de recherche, ne pourraient plus se penser dans l’avenir sans ce “web augmenté”. “Web augmenté” qui par ailleurs ouvrirait tout un nouveau champ de possibilités en termes d’interactions, d’usages, de marketing et de publicité. Google ne perdrait donc quand même pas de vue sa principale source de revenus, la publicité.

Thomas Luck
Sources :
Nouvelobs.com
Lemonde.fr
Wired.com
Crédit photo :
Gizmodo

Publicité et marketing

Numericable : bad buzz for good business ?

 
Il est là, le tout premier buzz de cette jeune année 2014. C’est l’opérateur et fournisseur d’accès Numericable qui l’a créé en présentant le lundi 6 janvier dans le quotidien 20 Minutes sa nouvelle campagne de publicité à l’humour douteux et qui, surtout, flirte avec le sexisme.
Pour commencer l’année… une pub aux frais des femmes !
Afin d’inciter ses consommateurs (qu’apparemment Numericable ne jugerait qu’être masculins) à choisir sa fibre optique de haut débit, le câble-opérateur joue d’une manière osée sur les clichés de genre. En effet, en adoptant la fibre optique (fournie par le leader du marché auto-proclamé) Numericable promet : « Téléchargez aussi vite que votre femme change d’avis ». Un énoncé périlleux qui a immédiatement déclenché une vague d’indignations et qui s’est vu fortement discuté sur Twitter.

Même Le Petit Journal s’est emparé de l’actualité pour railler à sa manière les créateurs de cette pub à caractère misogyne.
Le basculement: les hommes « soudainement » mis à l’honneur
Plus tard dans la journée, Numericable présente sur son compte Twitter « en avant-première » la suite de la campagne « que vous pourrez retrouver en version papier dès mercredi ». Cette fois-ci, la fibre Numericable permettra de « télécharge(r) aussi vite que votre mari oublie ses promesses » et ce sont donc maintenant les hommes dont on se sert pour tenter de faire rire.

Pourquoi une publicité en deux temps ?
Pourquoi Numericable n’a-t-il pas publié ces deux annonces en mêmes temps ? On peut y voir deux théories : si l’on en croit l’opérateur, cette campagne serait le fruit d’une stratégie de communication réfléchie, misant sur le buzz et l’indignation de sa première pub pour pouvoir ensuite lancer la deuxième contre-affiche, cette fois-ci en se moquant des hommes. En agissant ainsi, Numericable a de toute évidence cru bien faire bien faire et être équitable. Sauf que la parité dans le sexisme, ce n’est pas mieux que le sexisme en soi, mais le même principe : l’un comme l’autre reste dégradant, terriblement stéréotypé et surtout ennuyeux. Car faire de la publicité en jouant sur les clichés hommes-femmes n’est pas vraiment novateur, c’est avant tout un concept publicitaire archaïque et dépassé… surtout en 2014.
C’est en cela que l’autre théorie, celle du rattrapage de dernière minute, reste pour beaucoup la plus plausible comme en témoigne ce tweet :

Cela paraît surtout suspect du fait que Numericable ait prétendu auprès de la presse que « ce deuxième volet était prévu », mais sans pour autant vouloir en apporter la preuve ni fournir davantage d’explications.
Un véritable « bad buzz » ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette polémique a été inefficace pour le fournisseur d’accès à Internet. Au contraire, Numericable a réussi à faire (beaucoup) parler de lui et cela sans grand renfort d’investissements publicitaires (se cantonnant seulement à une annonce dans le 20 Minutes et une deuxième sur Internet). Tous les médias ont voulu sauter sur l’occasion pour informer leurs lecteurs de cette publicité révoltante, et ils se sont même quasiment trouvés « contraints » de continuer de publier des articles à propos de la suite que prenait cette campagne. Comme l’illustre cette accroche commerciale « deux articles pour le prix d’un », Numericable aura donc à la fois profité du buzz ainsi que de la réinterprétation de son message. Des points de vue communicationnel et économique, une tactique plutôt maline, même si celle-ci n’était probablement pas réfléchie.
Morale de cette histoire ?
Cette communication est sans doute osée mais elle l’est surtout dans un contexte où le Gouvernement français a comme objectif de lutter contre le sexisme sur le Web et où l’Assemblée Nationale travaille sur l’égalité hommes-femmes dans la société. Eventuellement aussi une raison pour laquelle cette campagne fait tant parler d’elle.
Quoiqu’on en dise, une chose est sûre : si l’objectif de toute campagne est de faire parler d’une marque, celle-ci risque d’être une nette réussite pour Numericable. En revanche, si on en parle bien, c’est une autre question.
Teresa Spurr
Sources :
Leplus.nouvelobs.com
L’Express
Le Point
Le Huffington Post
Numerama.com
Canalplus.fr
assemblee-nationale.fr

Publicité et marketing

Making people scream…. and buy

 
«Achetez ou mourrez». C’est le message délivré par la marque japonaise de pneus Autoway dans son nouveau spot publicitaire mis en ligne le 19 Novembre dernier. Cette vidéo est précédée d’une mise en garde envers les personnes cardiaques, ce qui vous laisse très vite imaginer le topo. Conçu comme un mini-film d’horreur, le spot nous plonge à l’intérieur d’une voiture circulant sur une route de campagne enneigée, au beau milieu de la nuit. Apparait alors brusquement le fantôme effrayant d’une petite fille au loin. Cette dernière, le visage zombifié, la taille enserrée par un pneu, vient frapper contre le pare-brise. Le conducteur (nous) est terrifié et s’enfuit en marche arrière. Au loin, le zombie tient un ordinateur portable avec une phrase inscrite sur l’écran, que l’on pourrait traduire par « achetez des pneus d’hiver ou vous mourrez». Bien que le sens soit assez difficile à saisir, il semblerait qu’Autoway nous conseille d’acheter des pneus d’hiver pour éviter l’accident et ne pas finir en zombie décomposé.
Ainsi, la compagnie de pneumatiques a intelligemment repris les codes narratifs et esthétiques des films d’horreur japonais tels que The Ring ou Dark Water. Cheveux longs noirs, fantôme de petite fille, caméra amateur, visibilité réduite : le pari est réussi. Mais pourquoi utiliser le registre de l’horreur alors que d’autres marques comme Michelin utilisaient il y a quelques années de sympathiques personnages de dessin animé ? L’horreur ferait-elle vendre?

Bien qu’à première vue cela semble loufoque, ce postulat n’est en réalité pas si décalé. En effet, si l’on regarde de plus près les tendances actuelles, on voit très vite émerger un nouveau marché, celui du gore, de la peur et du paranormal. Depuis une dizaine d’années s’enchainent les succès cinématographiques appartenant au registre de l’horreur ou de l’épouvante, comme REC, Saw ou encore Paranormal Activity. A la télévision, on retrouve le même engouement aussi bien dans les émissions de TV réalité comme Fear Factor que dans les reportages insolites de Vice. Les séries TV sont quant-à-elles plus que révélatrices: les zombies de The Walking Dead, les vampires de True Blood et les sorcières de American Horror Story font désormais partie de l’univers culturel de toute une génération.
Certaines entreprises sont donc arrivées à la conclusion qu’effrayer faisait vendre. Face à une génération en permanente quête de dépassement et de sensations fortes, le marketing de la peur se présente en effet comme une arme potentiellement intéressante. En 2011, la marque américaine Phone 4U lançait une publicité inspirée des films d’horreur, si effrayante qu’elle avait été interdite à la diffusion. Malgré cela, ce spot dont le slogan menaçant était «missing our deal will haunt you» a marqué le début d’une nouvelle tendance qui n’a cessé d’aller crescendo depuis. Récemment, elle s’est matérialisée sous la forme de caméras cachées, qu’il s’agisse de l’opération de télékinésie totalement ficelée par l’équipe du film Carrie, la vengeance, ou encore du canular mis en place pour la promotion du dernier film Chucky au Brésil. Souvenez vous, la vidéo de la poupée Chucky en chair et en os venant terroriser des passants assis sous un abribus avait fait le buzz et généré plus de 11 millions de vues sur Youtube.
Si les publicitaires ont su exploiter de main de maître le filon, une agence de communication est allée jusqu’à en faire son mot d’ordre.  La célèbre agence St John repousse les limites de « l’experiential marketing » en inventant « l’ exFEARiential marketing ». Dans un petit reportage mis en ligne sur son site, l’agence explique en quoi la peur a un potentiel marketing exceptionnel. La peur étant un sentiment qui reste longtemps imprégné dans la mémoire du spectateur, au même titre que la musique ou la joie, elle serait donc un outil communicationnel hors pair. Dans sa vidéo, l’agence vante les mérites des canulars (émeutes, agressions ou encore babynappings), ces derniers ayant théoriquement le pouvoir de pousser à la consommation.

Le marketing de la peur est-il alors une véritable tendance ou une nouvelle idée farfelue destinée à faire le buzz ? Difficile à dire. Ce qui est certain c’est qu’aujourd’hui, le client ne veut plus simplement consommer, mais aussi vivre une expérience lorsqu’il achète. Le consommateur du XXIème siècle ne se contente plus uniquement de publicités centrées sur le produit, il veut plus que ça. Les marques se battent alors pour être celles qui offriront l’expérience la plus forte, la plus inventive. Qu’il s’agisse de l’amour, du désir, du bonheur ou de la beauté, les sentiments majoritairement invoqués sont positifs.  Et pourtant rien ne nous dit qu’ils ont davantage d’impact que les sentiments négatifs. En s’alignant sur le goût certain des nouvelles générations pour l’horreur et la peur, « l’exFEARiential » s’inscrit dans l’ère du temps grâce à une logique osée et innovante. Cependant, la route paraît encore longue avant qu’une publicité comme celle de la marque japonaise Autoway fonctionne indépendamment du buzz qu’elle a  provoqué.
 
Hélène Carrera
Sources
FranceInfo
LeGeekC’estChic
AdvertBlog

Mauboussin
Publicité et marketing

Un Noël de luxe (pour tous) !

 
Des campagnes de publicité affichant le prix, des partenariats avec des marques de grande distribution bon marchés, le lancement de gammes accessibles… Le luxe et son élitisme traditionnel serait-il aujourd’hui paradoxalement à la portée de tous ?
Rappelons d’abord que le luxe n’a cessé de se rapprocher du plus grand nombre : dans les années 1970 avec le passage au prêt-à-porter et aux accessoires, puis dans les années 1980/1990 avec la démocratisation du luxe et la recherche de cibles plus larges et diversifiées. Aujourd’hui, c’est autant de guests designer pour H&M que de magasins Zara. Stella McCartney, Lanvin, Versace, Marni, Jimmy Choo, Maison Martin Margiela et plus récemment Isabelle Marant, y sont passés, rendant leurs produits accessibles au consommateur moyen. Si les avantages pour la marque ne se comptent bien évidemment pas en termes de chiffre d’affaire, ce genre de partenariat permet un gain en termes d’image de marque et de notoriété, sous le thème du « accessible à tous » démocratique et tendance.

Cependant, un luxe accessible n’est-il pas justement impossible, le luxe étant par définition rare et réservé à une sorte d’élite économique ? Même si la qualité et la marque demeurent, le luxe se base encore sur des prix élevés et la promesse d’une certaine singularité du produit à l’inverse des fabrications en série. C’est le standing du « pas comme tout le monde » et de la série limitée qui attire tant dans une société de plus en plus uniformisée aux membres en quête d’affirmation individuelle. En outre, dans cette démocratisation du luxe, l’autre prise de risque des marques semble se situer au niveau de ces consommateurs de la première heure : ces classes supérieures vebleniennes à la consommation ostentatoire visant la différenciation par rapport au « reste » de la société. Quels pourraient alors être les arguments faisant pencher la balance vers un tel choix marketing ?
L’idée d’un luxe investi dans une cause sociale, celle égalitaire démocratique, ne colle pas. Le luxe a depuis longtemps fait le choix marketing du haut de gamme et surtout du haut revenu. Cette tendance d’accessibilité, même ponctuelle et éphémère, doit se comprendre autrement. La réalité est telle que ces collections capsules citées précédemment permettent davantage de donner envie au consommateur lambda d’avoir plus, de lui mettre « l’eau à la bouche » afin d’orienter ses futurs choix de consommation vers une « grande » marque, quitte à ce que l’achat du produit de luxe se fasse au détriment d’autres consommations. C’est le choix classique du « quantitativement moins  pour du qualitativement mieux ». C’est également un moyen de faire découvrir une marque par des prix d’entrée accessibles pour ensuite attirer le consommateur vers des produits plus chers. « Il faut au luxe une entrée de gamme et un haut de gamme… C’est de la « tension » entre les deux que naît le désir. » écrit Michel Gutsatz. Que cette entrée se fasse via un partenariat avec H&M pour Jimmy Choo ou la mise en vente de bagues Mauboussin en série limitée à 500€ l’unité, elle passe par un payement facilité. « La modernité du luxe, c’est le partage. » écrivait en 2010 Alain Némarq, président de la célèbre marque de joaillerie de la Place Vendôme.

C’est qu’en terme de luxe accessible, Mauboussin domine : que ce soit en vitrine ou sur ses affiches publicitaires, le prix est toujours renseigné, et ce depuis 2004. Cette pratique de mass-market, renforcée par des lieux privilégiés de diffusion de masse, à savoir le métro parisien et plus récemment la radio RTL, permet ainsi d’éviter au client d’avoir à subir le moment délicat de la demande et de l’annonce du prix, surtout si celui est au-dessus de ses moyens. Si cette pratique demeure très contestée, autant par les professionnels que par les consommateurs (qui aurait envie d’offrir une bague dont tout le monde connaît le prix ?), une autre stratégie d’accessibilité envahit aujourd’hui le marché du luxe pour attirer de nouveaux clients moins fortunés : celle du fameux « payable en x fois sans frais ». Chez le joaillier Mauboussin, on peut ainsi se payer une bague à 2 000 euros en 12 fois sans frais. Chez Porsche, on peut repartir au volant d’un bolide avec un crédit spécial « sans engagement ». Et la dernière tendance c’est la montre pour homme à 8 000 euros en crédit-bail.
Autant de pratiques destinées à agrandir le marché des enseignes du luxe en cette période de crise économique. Car si les riches ne suffisent plus à remplir les objectifs de chiffre d’affaire, les classes moyennes (supérieures), elles, n’y manquent pas. Tout le monde semble alors y trouver son compte. La question reste cependant la même : se rendre accessible à un plus grand nombre ne va-t-il pas à l’encontre même de la définition du mot luxe ? Comme le rappelle Michel Gutsatz l’étymologie du mot vient de « luxus » signifiant « qui ne pousse pas droit », « déviant ». Le luxe renverrait alors à un comportement du consommateur qui ne consommerait pas comme tout le monde, qui dévierait de la norme du plus grand nombre…
Eugénie Mentré
Sources :
Michelgutsatz.typepad.com
Webandluxe.com
Influencia.net
M6.fr

personal branding - be a brand !
Publicité et marketing

Jacques a dit : « Brand Youself !! »

 
La notion de « Personal Branding » est introduite en 1997 par Tom Peters, un spécialiste américain du management. Il s’agit d’appliquer des méthodes de communication et de marketing non plus à un produit mais à soi-même.
L’exemple le plus connu et fameux est sûrement celui d’Alain Affelou qui capitalise son nom pour vendre ses produits. Dans les années 1980, Affelou casse les codes de la communication en se mettant en scène dans la saga publicitaire : « il est fou Affelou, il est fou !»

Le personal branding : une norme du XXIème siècle ?
Attention, n’oublions pas que le « personal branding » est vieux comme le monde. Repensez donc aux rois qui travaillaient leur image avec leur peintre.
Aujourd’hui, les hommes politiques ont un tas d’experts en communication à leur disposition, on parle de « marketing politique », les entreprises ont toutes un service de communication, de marque employeur, etc…
Mais le Personal Branding n’est plus seulement réservé à une petite partie de professionnels : avec l’arrivée du web 2.0 (les blogs, les pages persos et bien sûr les réseaux sociaux) tout le monde peut « développer sa marque personnelle ».
Le « Personal Branding » est très proche de l’e-réputation car il s‘agit de gérer son image, son nom sur la toile. Qui n’a jamais réfléchi à la manière dont il allait formuler un statut, ou à quelle photo de profil choisir ?
Le web 2.O : outil extraordinaire ou nid à catastrophes ?

L’instantanéité d’Internet semble merveilleuse car elle permet une réactivité phénoménale, un impact très important, une visibilité et un partage de contenus très rapide. Mais  à la moindre faute d’orthographe, photo inappropriée ou contenu douteux, c’est la catastrophe.
Il faut donc une maîtrise parfaite : on doit y être actif et réactif. Ainsi, on remarque que le double usage des réseaux sociaux s’est multiplié : un usage récréatif et un usage professionnel. Donc, il y a bien ici une stratégie de gestion de son nom et de son image.
Certains twittent de manière anonyme et possèdent un compte LinkedIn très complet. L’un n’empêche pas l’autre.
Ainsi « l’individu 2.0 » s’organise autour d’une double vie : la virtuelle et la réelle. Pour cela, rien n’est acquis. Cet individu est en perpétuel apprentissage du « comment communiquer » dans un monde immédiat qui ne pardonne rien.
On apprend tous de nos erreurs.
Où en est le Personal Branding aujourd’hui ?
Aujourd’hui, exister numériquement devient une norme. En effet, qui ne vous dit pas que vous vous tirez une balle dans le pied en n’ayant pas de compte Viadeo ou LinkedIn ?
Pour être plus fort, il faut des soutiens d’experts, donc se constituer un réseau. C’est bien lui qui permet d’exister numériquement et cela les réseaux sociaux l’ont bien compris. Rappelez vous de la campagne « BrandYou » lancée par LinkedIn en 2010. Un groupe avait été créé pour échanger avec des experts et un jeu ludique permettait d’évaluer votre attractivité sur le réseau.
La devise : « Understand how to brand yourself ».
Effectivement, savoir gérer son image et son nom sur la toile, mettre en avant ses compétences, expertises et expériences est devenu un passage presque obligé pour les étudiants en recherche d’emplois ou de stages par exemple.
Tout le monde doit avoir LinkedIn/ Viadeo, Facebook, Twitter, Google +… Pourquoi ? Pensez aux recruteurs qui n’ont plus du tout de CV papier entre les mains car tout se fait sur la toile : ils ne sont pas si marginaux !
Le problème du Personal Branding chez les jeunes est le suivant : comment se distinguer si l’on fait tous pareil et qu’on est tous sur les mêmes réseaux ?
Si le Personal Branding est partout, il faut « sortir du lot », être original :
En voici un exemple parmi tant d’autres :

N’oubliez pas chers Curieux, Internet c’est la visibilité à portée de clic. Alors soyez créatifs et intelligents dans l’usage de votre image et de votre nom sur la toile.
 
Sophie Cleret
Sources :
Commentcamarche.net
LesEchos.fr
Crédits photos :
36creative.com
20 Minutes
Makemelaugh.com

Culture

Who runs the world ? Beyoncé !

 
Un retour inattendu
Personne ne s’y attendait. Alors que les critiques musicaux annonçaient le retour dans les bacs de Beyonce en 2014, l’artiste a surpris ses fans en publiant son nouvel album dans la nuit de jeudi à vendredi.
Uniquement proposé en téléchargement légal sur la plate-forme Itunes (qui avait négocié l’exclusivité), l’opus s’est hissé en quelques minutes à la première place des ventes. En seulement 72 heures, 828 773 unités ont été vendues. Bien plus qu’un succès, il s’agit d’un record. Mardi 17 décembre, la compagnie Apple a d’ailleurs fait paraître un communiqué annonçant qu’il s’agissait de l’album vendu « le plus rapidement de toute l’histoire de l’iTunes Store dans le monde entier », dépassant la performance de Justin Timberlake, dont le disque intitulé 20/20 s’était écoulé à 580 000 exemplaires en l’espace d’une semaine.
Habituée à faire parler d’elle, Beyonce avait déjà fait le buzz en publiant en 2008, l’album I am… Sacha Fierce, vendu sous la forme d’un coffret composé de deux disques, représentant deux aspects de sa personnalité : l’un plus romantique avec des ballades pop et l’autre plus « fierce » (sauvage) avec des chansons dansantes aux accents électro. Quelques semaines avant le lancement de ce disque, Beyonce avait été multiplié les apparitions médiatiques et les deux singles choisis pour porter l’album (If I were a boy et Single Ladies) avaient été diffusés en boucle sur toutes les radios.
Mais pour promouvoir son nouvel album, la star a décidé d’adopter une toute autre stratégie. Aucun teaser n’a été publié sur internet.  Aucun single n’a été envoyé aux radios. Aucune interview n’a été accordée à la presse. Comment cette absence de communication a-t-elle abouti à un tel succès ?
Un album hybride
Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, Beyonce explique à son public à quel point elle regrette l’époque où la musique primait sur les stratégies marketing. Se revendiquant plus artiste que business woman (ce qui semble quelque peu ironique sachant qu’elle a créé une ligne de vêtement, lancé un parfum à son nom et a été égérie pour des marques telles que Pepsi, H&M ou Nintendo), la chanteuse a pris la décision de garder secrète la date de lancement de son album. Elle a justifié ce choix en indiquant qu’elle ne souhaitait pas que sa maison de disque informe la presse de la sortie de l’album afin qu’elle puisse directement l’annoncer à ses fans. Vendredi matin, elle a donc publié un message sur ses comptes Facebook, Twitter et Instagram pour signaler que l’album était disponible en téléchargement sur Itunes. Mais en refusant d’avoir recours à des pratiques communicationnelles et promotionnelles dont la finalité est de faire le buzz, Beyonce a justement fait buzz.
Intitulé BEYONCE, le disque est en lui-même un instrument du buzz. Qualifié par la presse « d’album visuel », il comprend 14 chansons et 17 vidéos. Si la star n’a cessé de clamer ces derniers jours que la musique devait passer au premier plan, l’album BEYONCE semble pourtant être en contradiction avec cette idée. Le disque revêt ici une nouvelle forme : il ne s’agit non pas d’un contenu purement musical, mais plutôt d’un mélange de sons et d’images mettant nos sens en éveil. Beyonce a déclaré avoir voulu offrir au public une représentation de ses chansons : « Je voulais que les gens entendent les chansons avec l’histoire qui est dans ma tête. ». La chanteuse a notamment avoué s’être inspirée de la fameuse chanson de Michael Jackson, Thriller, dont le succès repose en partie sur le vidéoclip. Beyonce, nouvelle Queen of Pop ? Queen of marketing, c’est certain.
 
Lisa Brunet
Sources
Lemonde
Chartsinfrance
Crédits photos : Thecorner 

GoldieBlox
Publicité et marketing

L'ANTI-SEXISME AU PIED DU SAPIN

 
Comme chaque année, à l’approche de Noël, nous sommes bombardés de publicités de jouets pour enfants faisant la part belle à une séparation archaïque des genres. Si les petit garçons se voient offrir des voitures high-tech et autres outils de mécano, on réserve aux fillettes les dinettes roses à pailletes et les poupées « so girly ». C’est ce que dénonce , un Tumblr répertoriant avec humour les jouets les plus sexistes qui n’offrent aux petites filles d’autre ambition que celle de devenir de parfaites ménagères.
A contre-courant de ce marketing très genré, la marque californienne Goldieblox fait le buzz sur le net grâce à son nouveau spot publicitaire. Celui-ci met en scène trois petites filles qui, lassées de faire la popote pour leurs poupées, préfèrent s’adonner aux jeux de construction. Surfant sur la vague de la communication anti-sexiste, la start-up a décidé de faire résonner sa démarche en parodiant le titre ouvertement machiste « Girls ! » des Beastie boys. Si le célèbre groupe de rap décrivait la femme idéale comme une bonne à tout faire, Goldieblox transforme les paroles en affirmant qu’il est temps, pour cette mêmes femme de construire des vaisseaux spatiaux et de coder des applications.

II y a quelques semaines les magasins U créaient la polémique en dévoilant un catalogue de Noël révolutionnaire car non genré. On ne peut pas en dire autant de Goldieblox qui, s’intéressant uniquement aux petites filles, tombe tout de même dans le piège du marketing « pour filles ». Cette vague de publicités anti-sexistes n’est-elle alors que la recherche d’un millième outil marketing destiné à faire le buzz afin de vendre toujours plus, ou relève-t-elle réellement d’une démarche revendicative visant à détruire pour de bon les clichés culturels préexistants et à faire bouger nos sociétés?

Hélène Carrera
Sources :
Marieclaire.fr
Meltybuzz.fr
Lexpress.com
Enseignementsup.blog.lemonde.fr

Publicité et marketing

Pietà : quand les points de croix mènent à la rédemption

 
« Pietà » : c’est le nom de la statue en marbre de Michel Ange représentant la Vierge Marie tenant le corps du Christ descendu de la croix. Mais c’est aussi le nom du label de vêtement créé il y a quelques mois par Thomas Jacob, un Français de 26 ans expatrié au Pérou et dont les productions originales sont entièrement confectionnées par des détenus à Lima. Car comme la figure de la Vierge, ils acceptent avec dignité leur destin et prennent à bras-le-corps leur situation.
Ce projet intéressant et novateur a d’abord une vocation sociale. Il permet à ces détenus d’occuper leur quotidien difficile en s’échappant un peu de l’enfer carcéral, de retrouver une certaine forme de confiance en eux et de considération des autres grâce à un nouveau métier, mais aussi de bénéficier d’un revenu et de réductions de peine pour chaque jour travaillé. Et surtout, c’est l’occasion pour ces exclus de réintégrer une forme de tissu social par le biais des machines à coudre. Qui sait si cela ne donnerait pas quelques idées, voire Révélation, à nos constitutionnalistes français…
L’innovation du projet ne s’arrête pas là. En créant Pietà, Thomas Jacob a souhaité se libérer des « canons » du marketing. S’il y a bien étiquette, il n’y a pas de logo. C’est du moins ce que symbolise la petite croix sur le col des créations, ainsi que la signature personnelle sous forme de broderie de celui qui a conçu le vêtement. La marque de l’individu devient identité visuelle de l’entreprise. Il n’y a pas non plus de positionnement défini. La ligne est très sobre et unisexe pour plaire à toutes les communautés et mettre en valeur tout un chacun. Il s’agit d’effacer les stigmates : ceux de l’uniforme rayé des « taulards » comme ceux de la mondialisation anonyme des vêtements habituels de monsieur et madame tout-le-monde. Enfin, le créateur l’affirme lui-même, tout le design du site internet de commercialisation est « 100% handmade » et avec peu de texte, encore un choix original,  pour que les vêtements soient plus visibles et plus forts. On parle bien d’un nouveau credo de la mode.
C’est en cela aussi que le projet séduit. Bien que soit nié tout processus de marketing ou de communication, on ne peut que saluer les choix opérés par le créateur, amplement justifiés et promesses de qualité. Son choix de l’utilisation de matières nobles et écologiques d’abord, purs produits péruviens, qui en plus de surfer sur la vague de la « green attitude » donnent du cachet au travail des prisonniers. L’unicité des pièces ensuite, qui valorise leurs œuvres exportées aux quatre coins du monde. L’authenticité, enfin, présente depuis la création jusqu’à la commercialisation sur le site internet : toutes les pièces sont dessinées pour eux selon leurs compétences respectives, entièrement assemblées en prison, et les prisonniers s’improvisent même mannequins pour en faire la promotion.

Surtout, c’est l’image de la prison et de ses pénitents forcés  qui est changée grâce à ce projet. Out l’uniforme triste des Dalton, out le charme diabolique des bads boys repris de justice rendus célèbres par nos séries préférées, out le « taulard » qui passe ses journées à tourner en rond, payant sa peine sur les deniers de la société. Ils ont désormais un visage, des compétences techniques et esthétiques, ils sont volontaires pour faire ce que certains pharisiens appelleraient « un travail de gonzesses » et s’investissent dans un projet à long terme.
Car les collaborateurs de Thomas Jacob semblent avoir largement fait leurs preuves, au point qu’ils pourraient bien continuer à travailler pour la marque à leur sortie de prison, si elle réussit un jour à sortir du purgatoire du e-commerce pour ouvrir une boutique.
A nous consommateurs avec un peu de foi pour les projets à dimension humaine de porter la bonne parole de cette belle initiative qui ne compte pas sur la publicité et les rouages de la communication bien huilés. Thomas Jacob, en visionnaire créatif et ambitieux, compte bien développer son réseau et convertir d’autres établissements pénitenciers, ainsi qu’élargir la gamme des produits de la marque. Mais si son bussiness plan est des plus orthodoxes, il n’entend pas renier sa philosophie du 100% carcéral et donner la chance à ceux qui ne sont pas aussi habiles de leurs mains de participer au projet autrement. Cela pourrait aussi donner des idées à de futurs entrepreneurs avec une fibre sociale qui souhaiteraient aider des hommes en bas de la pente à la remonter grâce à une reconversion utile et originale. Quoiqu’il en soit, le relais est donné au public consommateur qui peut, lui aussi, saisir le fil du projet et, à hauteur de ses moyens, s’y engager en faisant l’acquisition d’une des pièces uniques de la collection et ainsi soutenir ce label prometteur qui a fait le pari de réussir en sortant des sentiers battus et rebattus de nos grandes marques de mode.
 
Inès Garmon
Le site du projet 
Sources
Posemag
Meltystyle
L’express
Influencia

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La colère des étudiants des Beaux Arts de Paris face au mécénat et aux donateurs privés

 
« L’École n’est pas à vendre ». Voici ce qu’on pouvait lire sur les banderoles mises en place dans la cour des Beaux Arts le 4 octobre. Les étudiants dénoncent la mise en place de politiques de mécénat sans concertation des élèves. Les faits survenus ont prouvé les difficultés de faire concilier les activités des Beaux-Arts avec les évènements organisés par différents donateurs. En échange du financement de la rénovation de l’Amphithéâtre d’Honneur, Ralph Lauren a organisé un gala où les VIP ont pu déguster des petits-fours et… déposer leurs vêtements dans un des ateliers transformés en vestiaires. Ainsi, 12 ateliers d’étudiants sur 24 ont été fermés, sans qu’ils n’aient pu s’organiser.
Si le mécénat est un des moyens fondamentaux de soutenir l’École et ses étudiants, en rénovant des bâtiments et en payant du matériel et des voyages scolaires, il permet aux entreprises de trouver des avantages communicationnels et fiscaux indéniables :
Nespresso, Lanvin ou Neuflize investissent à l’ENSBA au moyen de 60% de déduction fiscale sur la somme avancée. Plus que la défiscalisation, ces opérations s’intègrent dans une stratégie de communication bien ancrée. Ralph Lauren y voit l’occasion de s’assimiler à la culture et le luxe français, en associant ses activités au patrimoine parisien. Les entreprises mécènes attendent de leur hôte une compensation symbolique, dont ces évènements huppés accompagnent l’image fastueuse de la marque donatrice.
Or c’est l’image même de l’École que les étudiants souhaitent conserver. Ils pointent du doigt ces financements privés qui cherchent à soutenir les projets les plus voyants, sans tenir compte des véritables travaux qui pourraient être utiles à la vie de l’école. Rénover une salle somptueuse est plus « communicable » que de financer la mise en place d’une isolation performante permettant aux étudiants de mieux travailler l’hiver…
Ainsi les valeurs des donateurs pourraient être repensées, en s’adaptant plus profondément aux valeurs de leurs bénéficiaires autour d’une communication plus pertinente qu’une communication de façade.
Joséphine Dupuy-Chavanat
Sources :
Slate.fr
Lemonde.fr

les dieux du stade
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Zoom sur… le calendrier des Dieux du Stade

Il s’agit désormais d’une tradition : tous les ans, au mois d’octobre, le calendrier des Dieux du Stade s’invite dans les librairies. Il met en scène des sportifs, principalement des rugbymen, et leur plastique très avantageuse et avantagée par toute une série de lumières et positions particulières.

Cette esthétique est présente depuis sa création en 2001, sous l’égide de Max Guazzini, co-fondateur de la radio NRJ et à l’époque président du Stade Français, club de rugby de la capitale. Ce lancement controversé du fait de la nudité présentée faisait alors partie d’une stratégie plus large, visant à donner une splendeur nouvelle au club parisien. C’est par la suite que sont introduits les fameux maillots roses, déclinés jusqu’à aujourd’hui sous plusieurs formes, allant des éclairs aux fleurs en passant par l’incrustation des visages dessinés de Blanche de Castille ou de Dalida. De même, les matchs délocalisés au Stade de France permettent de créer un véritable engouement par des places dès 5 euros et des animations précédents les matchs (pom pom girls, concerts, arrivées mystères du ballon).
Tout ceci vient à la suite de la création du calendrier, pour en renforcer le but premier : faire venir un public parisien difficile à fidéliser mais aussi de manière plus concrète, générer de nouveaux revenus à investir dans le domaine sportif.
La volonté première se concentre alors bien autour de la question du public. Le rugby venant de se professionnaliser en 1995, le calendrier vient accélérer une nouvelle image de ce sport, souvent perçu comme brutal. La dimension esthétique de ce travail attire un public porteur de ce genre de préjugés sur le rugby. La cible principale est évidemment féminine, par la présentation des corps nus des rugbymen et le geste caritatif opéré à l’achat du calendrier, car une partie des revenus est reversé à des associations précédemment choisies. Le rugbyman devient alors une figure plus aseptisée, qui attire plus facilement les projecteurs. L’acheteur du calendrier est convié à voir le rugby côté coulisses, hors des terrains. A partir de 2004, il peut le voir de façon encore plus privilégiée avec la sortie du dvd making-of du calendrier, qui donnera une véritable renommée au calendrier lui-même.
Cette plongée dans les vestiaires séduit ainsi de plus en plus d’acheteurs, si bien que les ventes oscillent entre 150.000 et 200.000 unités selon les années. La publication du calendrier s’accompagne d’une campagne de promotion souvent efficace, relayée notamment à la télévision et à la radio, avec des joueurs qui viennent pour en parler.
Parfois même, c’est une polémique ou un étonnement général qui permet de faire la promotion du calendrier. C’est par exemple le cas lorsque d’autres sportifs viennent se mêler aux rugbymen à partir de 2004, ou lorsqu’en 2013 une femme, Sophie Hélard (danseuse au Crazy Horse) fait son apparition en arrière-plan. Le caractère érotique des photos fait également partie du débat à plusieurs reprises, notamment en 2008 lorsque le photographe Steven Klein choisit des poses ambigües, jugées trop suggestives avec notamment l’utilisation presque systématique de chaines.
Au contraire, l’édition 2014 ne soulève pas de scandales, l’esthétique est même décrite comme « un peu mystique » par Fred Goudon, le photographe de cette année. La publication du calendrier de cette année se fait même dans un certain anonymat. Seuls quelques médias ont mentionné sa sortie, ce fut le cas par exemple avec un rapide reportage dans la rubrique Culture & vous sur BFM TV. Cette tendance s’était déjà amorcée depuis quelques années, depuis la démission de Max Guazzini en 2011. Thomas Savare, nouveau président du club, n’a pas le même goût que son prédécesseur pour le spectacle et la provocation, mais surtout, le club n’a plus la même aura. Les performances ne sont plus véritablement au rendez-vous, et ils sont obligés de jouer au stade Charléty pendant les travaux de leur stade Jean Bouin. Les matchs ne font plus véritablement recette, le public ne se déplace pas.

Cet ensemble de paramètres poursuit un certain détachement au niveau de l’image entre le Stade français et son calendrier des Dieux du Stade, qui existe désormais comme une entité presque entièrement distincte.
Ainsi cette année, les stars du calendrier sont plutôt Nicola Karabatic, handballeur ou Olivier Giroud, footballeur, bien plus connus que les rugbymen qui y participent, comme Julien Dupuy, Jules Plisson ou Hugo Bonneval. La couverture est tout de même assurée par un joueur du Stade Français, Scott Lavalla l’année dernière et Alexandre Flanquart cette année, et la photo de profil du compte facebook des Dieux du Stade représente toujours les trois éclairs symboles du club parisien, mais en noir et doré, et non pas en rose et bleu. Il faut dire que le Stade Français a choisi de plus communiquer sur son nouveau stade Jean Bouin, pour attirer plus de spectateurs autour de l’élément central de leur activité : le rugby. Il replace de fait le calendrier comme un produit dérivé au même titre que les maillots et n’en fait plus une actualité directement liée au club. Cela reste tout de même un évènement, concrétisé par une soirée « people » au Motor Village des Champs Elysées le 10 octobre dernier, mais la promotion du calendrier n’est plus la même, elle a évolué avec la notoriété grandissante du rugby, qui n’a plus forcément besoin de cette vitrine, et avec les changements connus par le stade français. Le rugby s’est en effet suffisamment ouvert sur un public plus varié, de plus en plus de femmes viennent voir des matchs en s’intéressant réellement au jeu. Il semble bien que le calendrier des Dieux du Stade en devenant progressivement un rituel se détache donc en partie de son objectif principal pour devenir principalement un objet esthétique, dont le succès perdure chaque année.
 
Astrid Gay
Sources :
Le Figaro
Stade.fr
La page Facebook des Dieux du Stade