Société

Les goodies, good pour l’entreprise ?

Le 30 novembre 2016 a eu lieu l’anniversaire des cinq ans de notre cher FastNCurious, l’occasion d’organiser un petit jeu-concours : quels prochains sujets d’articles pour le blog ? Les heureux gagnants remportaient ensuite un tote bag à l’effigie du site. FastNCurious était une fois encore « IN » ce soir-là puisque le tote bag, c’est la tendance du moment ! Dans les salons, dans les foires, à la fac ou encore sur la plage : il est partout et on l’adore. Plus largement, ce sont des dizaines de marques qui ont aujourd’hui choisi de capitaliser sur les produits dérivés gratuits. Problème : cela a un coût et leur succès n’est pas toujours garanti. Alors les « goodies » peuvent-ils suffire à la marque pour acheter l’adhésion (tant convoitée) du consommateur ?
C’est bon, c’est good et c’est cadeau !
Aujourd’hui dans le domaine de la communication, la publicité par l’objet occupe une place de plus en plus importante et s’est imposée au sein des nombreuses techniques de promotion. Le tote bag, avec son aspect « fourre-tout » et son look branché, colle à la peau des jeunes générations. Les marques l’ont bien compris et ont ainsi choisi de capitaliser sur ce type de produits : de plus en plus d’entre elles créent des départements entiers consacrés aux goodies. Stylos, crayons, autocollants, sacs en tissu et on en passe, il y en a pour tous les goûts !
L’intérêt ici est la gratuité de la marchandise. Recevoir un cadeau lorsqu’on achète un produit ou l’on participe à un événement donne parfois l’impression de faire des économies, voire de gagner de l’argent ! Pourquoi se payer un tote bag à cinquante euros quand on peut avoir le même gratuitement ? Grandes Écoles, universités, associations… Cette pratique est de plus en plus répandue et participe directement à la création d’un univers de marque. Et rien de mieux pour se mettre le client dans la poche !
Dans un contexte de crise économique et avec le développement massif d’Internet et des nouvelles technologies, l’objet publicitaire est un véritable levier de contact avec la cible visée et permet au message publicitaire d’être reçu très largement. Une valeur sûre, donc ! Selon la 2FPCO (Fédération française des professionnels de la communication par l’objet), en mars 2012, le montant global des investissements en matière de communication par l’objet en France s’élevait à 1,4 milliard d’euros. Cela dit, toute la difficulté pour l’entreprise repose sur le choix du bon produit… ou pas.
Une seule règle d’or : be coherent
Si le produit dérivé gratuit figure parmi les stratégies les plus pertinentes en termes d’amélioration de la relation client, il n’est pas évident que cela fonctionne à tous les coups. La difficulté principale lorsqu’une marque déploie sa gamme de goodies est de rester dans l’environnement quotidien de ses clients, de manière à ce que ces derniers aient toujours dans leur champ de vision le message qu’elle désire leur transmettre. Le tote bag, par exemple, représente le it-bag par excellence auprès de la jeune génération. Ainsi, les marques de mode à l’univers bohème et parisien branché sont les premières à s’approprier ce genre d’objets, comme la boutique de prêt-à-porter Les Petites… Les salariés ou cadres d’entreprise, quant à eux, seront davantage friands d’un stylo tactile à l’effigie d’Engie, plus représentatif de l’image sérieuse, ingénieuse que le fournisseur de gaz et d’électricité a acquis auprès de sa cible.
Au-delà d’un choix astucieux, les goodies sont aussi créatrices de nouvelles problématiques pour les marques. En effet, le choix de l’objet gratuit comme support publicitaire signifie du temps et des coûts de production supplémentaires pour ces dernières. Il s’agit donc de créer des objets qui conviennent aux clients, de qualité et en limitant les coûts trop élevés. Prestations de designers, achats de machines spéciales pour l’impression des logos sur des supports divers, autant de pré- requis qui eux, ne sont pas gratuits ! Par exemple, chaque bracelet distribué au début d’une soirée ou d’un événement coûte en moyenne une petite dizaine de centimes d’euros à l’entreprise, même chose pour les stylos ou étuis pour cartes. Alors en réponse à ces efforts, quel retour sur investissement ?
Les goodies, ambassadeurs de choc !
À la fin des années 2000, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un produit pour aider les enfants d’Asie et d’Afrique et agir principalement contre la soif dans ces régions. Ce produit prenait la forme d’un verre sur lequel figurait la photo d’un enfant africain très maigre. Une fois rempli d’eau, l’enfant grossissait, symbole d’une santé qui s’améliore. Grâce au concept de l’objet publicitaire, l’OMS a pu récolter environ 13 850€ de fonds.
Sans faire du consommateur un énorme panneau publicitaire, le goodies se fait ambassadeur de la marque ou de l’organisation qui l’utilise. Celle-ci peut alors toucher des publics différents et sortir des cercles sociaux restreints. Si je porte un tote bag FastNCurious, le logo imprimé sur le sac est à la portée du premier voyageur dans le métro, alors piqué ou non par la curiosité d’aller se renseigner sur Internet. La réputation de la marque s’active donc à distance.
L’objet brandé incarne également le lien affectif qu’entretien le consommateur avec sa marque et est pour celle-ci un moyen de garder un contact direct avec ses clients. En effet, Olivier Doré- mieux, gérant de la société New Software Marketing, spécialisée dans la conception de cadeaux publicitaires, met en garde contre l’essor incontrôlé de l’immatériel : « Internet est pratique et sé- duisant, mais attention à ne pas perdre la proximité avec ses interlocuteurs, à ne pas ternir les relations. »
La solution : un outil marketing et de communication non intrusif et discret que l’on manipule et s’approprie aisément. La marque intensifie ainsi son rôle d’influenceur et voyage avec celui qui la porte. Selon une étude de 2FPCO en juin 2011, plus de 70,4 % des personnes ayant reçu un objet publicitaire se souviennent de la marque ou du nom de l’entreprise qui y est inscrit, et environ 58% d’entre eux voient l’entreprise à l’origine de l’initiative d’un bon œil, après réception du cadeau. Il semblerait bien que, plus qu’efficaces, les goodies, on en redemande !
Camille Lainé
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Sources :
BRIAND Béatrice, « Tote bag personnalisé », Blog-objets-publicitaires.fr, 22/11/2016 http://www.blog-objets-publicitaires.fr/tote-bag-personnalise, consulté le 18.01.17
ALAIMO Mathieu, « Et si on réinventait le stylo publicitaire (suite et fin) », Blog-objets-publicitaires.fr, 12/09/2016, http://www.blog-objets-publicitaires.fr/et-si-on-reinventait-le-stylo-publicitaire-suite-et-fin – consulté le 18.01.17
FISCHBACH Jérôme, « Tribune libre : l’objet brandé, un lien affectif entre la marque et le consommateur », e-marketing.fr, 21/11/2014, http://www.e-marketing.fr/Thematique/Tendances-1000/Breves/Tribune-libre-objet-brande-lien-affectif-entre-marque-consommateur-247905.htm#H1zHIjc1eHXdRfmq.97
JT 20H de TF1 du 17/10/2016, http://www.lci.fr/lifestyle/le-tote-bag-nouvel-accessoire-indispensable-au-quotidien-2008194.html consulté le 20.01.17
Amélie, « Le mystère du Tote Bag décrypté en 3 points », Madmoizelle, 04/10/2016, http://www.madmoizelle.com/tote-bag-pourquoi-257523 – consulté le 20.01.17
SIMONEAU Jean-Louis, « Le cadeau publicitaire, outil de communication indispensable ? », 3collaboractifs.com, 15/04/2015 https://3collaboractifs.com/2015/04/15/le-cadeau-publicitaire-outil-de-communication-indispensable/#more-1599 – consulté le 24.01.17
Objet-publicitaire-ecologique.org, « L’intérêt de la publicité par l’objet », 01/03/2010, http://objetpublicitaire-ecologique.org/publicite-par-objet/ – consulté le 24.01.17
CANEVET Frédéric, , « Comment utiliser les Objets Publicitaires pour booster vos ventes ? », blog conseilsmarketing.com, http://www.conseilsmarketing.com/fidelisation/comment-utiliser-les-objets-publicitaires-pour-booster-vos-ventes – consulté le 25.01.17
Crédits images :
https://3collaboractifs.files.wordpress.com/2015/04/goodies-3collaboractifs.jpg

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notification facebook nombre
Société

Sur le net, le nombre est d'or #Fibonacci

Elles sont décidément partout. Mine de rien, elles envahissent notre quotidien. Elles sont là, sous nos yeux. Elles cherchent à attirer notre regard, captent notre attention, nous promettent l’inconnu, et disparaissent dès qu’on frôle du doigt notre écran. Elles se font parfois désirer, parfois ignorer. Les réseaux sociaux leurs font la part belle. J’ai nommé : les notifications.
Un événement près de chez vous ? Un nouveau message ? Un anniversaire à souhaiter ? Toutes les occasions sont bonnes pour chercher à influencer notre regard et notre conduite sur les écrans. Les notifications illustrent à merveille l’invasion des chiffres sur le Web. On peut difficilement balader son regard sur un écran sans qu’un nombre se glisse sous nos yeux. Tout pour nous « notifier » que la navigation n’est pas si libre qu’elle n’y paraît. Retour sur une omniprésence oppressante, ignorée ou inconsciente pour certains. 
Des chiffres en surnombre
Que ce soit sur les réseaux sociaux, sur votre Smartphone ou sur votre ordinateur, les notifications se manifestent inopinément sur tous types de support. De la nouvelle publication aux emails en passant par les Snap de vos amis, elles jaillissent de nulle part, sans prévenir. Prévenir, c’est pourtant leur principale fonction. Les notifications sont une figure d’appel ou de rappel qui nous avertissent d’une nouveauté sélectionnée, qui nous est personnellement destinée.
Parallèlement, elles sont une figure de renvoi, elles ne sont que passage. Bien au chaud, protégées dans leur bulle, elles glorifient la nouveauté et se laissent porter par l’actualité en lui laissant leur place. Mais si les notifications s’inclinent face à la puissance de l’incommensurable temps, d’autres chiffres leur enclenchent le pas. Vincent Glad, journaliste du blog hébergé par Libération « l’An 2000, Chroniques numériques », dénonce « la tyrannie des chiffres sur Internet ». L’espace est saturé de chiffres, qui sont le moteur de « l’Internet social ».

Vous avez (3) trains de retard sur votre vie
Ces (1) ou ces (4) nous donnent l’impression que quelque chose est en attente, que l’on rate des informations majeures. De là naît un trouble psychique contemporain : « la phobie des non-lus ». L’habitude face aux notifications est si ancrée que certains en deviennent obsédé, comme si chacun de ces chiffres symbolisait un retard sur notre vie en somme. Vincent Glad évoque ainsi cette obsession du zéro, de l’absence, là où le modèle de la société numérique repose sur ces chiffres annonciateurs. Si l’informatique, les réseaux sociaux et les nouveaux modèles médiatiques ont bien participé d’une certaine accélération et d’une densification de l’actualité, ils ont par la même changé notre rapport quotidien au temps et à l’activité, introduisant de nouvelles exigences de présence numérique et de réactivité à l’événement, désormais marqué par un nombre. Cette pression de l’actualité, présent dans les médias traditionnels (chaînes télévisées d’informations en continu, live tweet etc.) aussi bien que dans sur les nouveaux supports numériques, se manifeste par une nécessitée accrue de chiffrer les choses, de réaliser des infographies, de collecter des data, de présenter le « chiffre du jour » etc. tant le chiffre est devenu un marqueur de la valeur d’une information.
L’actualité en temps réel : un oxymore chiffré
Sur Internet, les chiffres sont le témoin, simple et rationnel d’une existence, d’une actualité intéressante. Les nombres nous permettent de poser un regard apaisé sur la vie et ce flux permanent et insaisissable qu’est le temps. La folie des Big Data se comprend dans cette dynamique de stabilité sur une actualité qui s’accélère. Twitter est la parfaite incarnation du lien entre l’information en continu et l’abondance de chiffres : chaque nouveau tweet est indiqué qui là ne sont plus fixes, mais qui se succèdent presque chaque seconde. La fièvre des nouveaux tweets nous gagne rapidement.

Click the animation to open the full version (via penny stocks).
Selon le site planetoscope, véritable incarnation de l’obsession pour le temps réel, née de l’interconnexion croissante des personnes, de l’intensification des réseaux et de la densification des échanges, 5900 tweets sont expédiés chaque seconde sur Twitter, soit 184 milliards de tweets par an. Une masse d’information qui vient « alimenter le flot d’informations (« big data ») publiée par l’humanité chaque jour sur internet » et faire des nombres une structure du Net.

Internet : une liberté structurée
L’exemple extrême de la phobie du non-lu explicite l’aliénation des utilisateurs envers l’Internet social. La prédominance des chiffres sur Internet est l’occasion de repenser la liberté sur cet espace. En effet, la course à l’épuisement de l’actualité est intimement liée à la question de la nouveauté, qui n’est remarquable qu’« en rapport avec ce qui est établi, institutionnalisé, ou reçu à un moment donné, l’époque est donc en jeu. » selon Philippe Mengue, philosophe et auteur de Deleuze et l’histoire de la démocratie. Les notifications et tous les chiffres présents sur le Web font partie intégrante du concept même des réseaux sociaux et de toute application qui vise l’échange et l’interaction. De nos jours, ils rythment notre quotidien et jugent, sélectionnent d’un contenu en fonction de notre profil.
Il s’agit donc de défaire le mythe de la liberté sur Internet, au regard de la force des nombres et notamment des notifications. Mais Internet pourrait devenir encore plus inégalitaire avec un Internet à péage, qui pourrait établir un Internet à deux vitesses (two-tier society).
Deux rythmes, il y en existe déjà. Team (1) ou team (2479), choisis ton camp camarade.
Fiona Todeschini
@FionaTodeschini
Sources :
L’an 2000, Libération : http://an-2000.blogs.liberation.fr/2015/12/02/la-phobie-des-non-lus/
Planetoscope.com : – http://www.planetoscope.com/Internet-/1547-nombre-de-tweets-expedies-sur-twitter.html
Crédits images :
Planetoscope
L’an 2000
Pennystocks