Com & Société, Politique

La Trudeau Mania, ou comment devenir l’homme politique le plus populaire et sexy en 3 minutes

Ce qui nous plait chez nos politiciens c’est qu’ils soient distants, qu’ils apparaissent comme inaccessibles, qu’ils vivent comme des pachas sans connaître le prix d’une chocolatine. FAUX, comme dirait Norman. Aujourd’hui, ce qui plait aux électeurs ce sont des hommes politiques accessibles. Des hommes politiques comme nous, qui nous ressemblent.
Les ingrédients
Alors comment ressembler aux électeurs ? Il suffit d’analyser la stratégie de Justin Trudeau. Considéré comme la personnalité de l’année 2015, Trudeau a lancé une vague de Trudeau mania au Canada et dans le monde.
Trudeau c’est l’humaniste. C’est la politique « optimiste ». Trudeau c’est le cœur sur la main, illustré par les 25 000 Syriens qui ont pu trouver refuge au Canada. Trudeau c’est l’arrêt des frappes aériennes en Syrie et en Irak dans le but de protéger les civils. Trudeau c’est un féministe moderne. C’est soutenir les communautés LGBT. C’est légaliser le cannabis. Mais Trudeau c’est aussi un boxeur, un sportif, un ancien étudiant à la fois de littérature et de sciences de l’ingénieur, un ancien professeur. Trudeau c’est un ancien citoyen, c’est nous. Il incarne l’égalité de genre, de religion, d’orientation sexuelle, l’engagement et la jeunesse. Trudeau a été élu l’homme politique le plus sexy de l’année 2015. En somme, c’est une douce bouffée d’air frais dans une démocratie beaucoup trop verticale qui s’essouffle.
Son principal outil de communication : sa sincérité. Souvent critiqué pour sa candeur, c’est pourtant elle qui l’a porté au poste de Premier Ministre du Canada. Trudeau incarne une gentillesse pure et simple. Pas d’esclandre — sa communication est claire et honnête ; un tweet illustré par une photo, effet escompté garanti.

Un nouveau postulat démocratique ?
La société actuelle est lasse des mensonges et de la malhonnêteté des politiciens. Les électeurs ne croient plus à leurs discours. Ils sont fatigués de ces dirigeants qui semblent nés dans la politique et dont la seule ambition est l’accès au pouvoir. Un seul mot ressort : déception. Les hommes politiques n’inspirent plus. Les campagnes électorales ressemblent davantage à une cour de récréation de maternelle plutôt qu’à une véritable campagne.
Cette mise en spectacle infernale et ces règlements de compte font que les électeurs sont déçus et ne croient plus aux discours politiques ; pour 71% des 18-25 ans, la cause principale d’abstention est le mensonge des politiques, 45% ne votent pas car ils considèrent que les politiciens ignorent les préoccupations réelles des campagnes électorales, et la troisième cause d’abstention est due à la malhonnêteté des hommes politiques.
L’art de la maîtrise des réseaux sociaux
La tendance aujourd’hui, c’est la démocratie horizontale dont l’ingrédient crucial est la maîtrise des réseaux sociaux et des codes 2.0.
Pour être compris et ce n’est pas nouveau, il faut savoir communiquer et donc parler la langue de l’autre comme dit Bourdieu dans Ce que parler veut dire. Aujourd’hui, il faut parler la langue des internautes, et c’est là, tout l’art de Trudeau. Il maîtrise à la perfection la langue d’Instagram comme lorsqu’il met en scène sa famille ou quand il pose avec des pandas qui ont fait craquer plus d’une de ses fans. Celle de Twitter également, où il plaisante avec la Reine d’Angleterre ou participe à l’Invictus Games (tournoi organisé pour les soldats blessés), ou encore Youtube, où il présente sa politique.
Subtile et malin, il se sert également des réseaux sociaux pour maintenir ses relations internationales ou pour atteindre un nouveau public. Il a même un compte sur les deux médias sociaux les plus répandus en Chine : WeChat et Weibo (le Messenger et le Twitter chinois).
Ce premier ministre canadien a aussi été très habile quant à sa stratégie face à Trump; après l’attentat de la mosquée à Québec, il avait répondu indirectement au protectionnisme trumpiste vis-à-vis de l’immigration et du multiculturalisme par un tweet tout simple : [Le Canada accueillera] « les réfugiés indépendamment de leur foi, au lendemain de la décision de la Maison Blanche d’interdire l’entrée des USA aux ressortissants de sept pays musulmans ». Trudeau doit gérer ses relations avec les États-Unis afin d’éviter tout conflit dans les accords commerciaux, comme par exemple Aléna.

Une stratégie 2.0 égale pour tous ?
La maitrise des réseaux sociaux : l’unique ingrédient pour être aimé ? Il semblerait que non ou alors pas autant comparé à Obama et Trudeau. On ne peut pas reprocher à nos politiciens d’avoir essayé, à l’instar de Mélenchon et sa page Youtube ou plus récemment son meeting holographique. Mais notre jeune pimpant Macron ? Marchera, marchera pas ? Il semblerait qu’il ne tienne pas ses promesses avant même que la campagne présidentielle ne commence.
Alors, à quand un Obama/Trudeau à la française ?
Maëlys Le Vaguerèse
@lvgmaelys
Sources :
• « Pourquoi tout le monde aime Justin Trudeau », 7sur7 publié 10/03/2016 et consulté le 14/03/2017.
• « Démocratie verticale ou démocratie horizontale, que voulons-nous ? », Alternatives Pyrénées, publié le 20/02/2015, consulté le 14/03/2017
• « L’utilisation des réseaux sociaux en politique », Ambasdr, publié le 21/04/2015, consulté le 14/03/2017
Crédits :
• @JustinTrudeau
• « Chevelure soyeuse, sourire ravageur, look de bad boy… Les internautes ont le cœur qui fait boom », @RachelLeishman

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Flops, Politique

Stars, musique et investiture : ce que la politique doit à la musique

C’est le 20 janvier dernier que le nouveau Président élu a été introduit à la fonction suprême, au cours de l’une des cérémonies les plus codifiées de la tradition américaine. L’usage veut en effet que la prestation de serment soit suivie d’une série de chants et de concerts à la gloire de l’Amérique et de son nouveau leader.
MUSIQUE & INVESTITURE
La musique tient une place importante dans cette très longue cérémonie, où un/une artiste de premier plan vient célébrer l’union du pays. Une nouveauté cette année : venir chanter à l’intronisation du président des États-Unis est devenu un acte politique. En effet, de grandes chanteuses classiques telles que Marian Anderson ou encore Jessye Norman s’étaient produites aux inaugurations de présidents aux idées radicalement opposées (Eisenhower et Kennedy pour la première, Reagan et Clinton pour la seconde). Même Ray Charles, démocrate convaincu, était prêt à venir chanter pour Reagan, et le fit par ailleurs pour une convention du parti républicain.
C’est depuis Roosevelt en 1941 que showbiz et politique se sont liés pour faire de cet acte solennel un évènement marquant de l’Histoire. Parler sur l’esplanade du Capitole n’était alors pas un acte de soutien au nouveau dirigeant, mais une preuve d’engagement pour la nation. À l’époque, ce sont les paroles d’Ethel Barrymore ou encore celles de Charlie Chaplin reprenant un monologue de son film The Great Dictator, qui ont résonné devant le Capitole. Une liste des plus grandes icônes de la culture américaine du XXème siècle a suivi : de Frank Sinatra à Fleetwood Mac en passant par Bob Dylan, Aretha Franklin, Stevie Wonder ou encore Beyonce.
Jusqu’à l’ère Obama, être invité à chanter dans le cadre d’une investiture était un honneur, une consécration pour l’artiste et son œuvre, entrant au panthéon des grandes voix de l’Amérique. Inviter des artistes est aussi le moyen pour le nouveau président élu de faire une synthèse historique de l’Amérique des Arts et de celle du pouvoir, pour produire le symbole fort d’un pays rassemblé sous le même drapeau, le temps de son mandat du moins.

TRUMP MUSIC
Aux prémices de la nouvelle ère Trump, se produire à l’investiture n’est plus un acte patriote, mais est vu comme un service rendu à un homme sans foi ni loi. Jennifer Holliday, icône gay et un temps annoncée, s’est finalement retirée n’ayant « pas pris en compte le fait que [sa] participation serait vue comme un acte politique allant à l’encontre de [ses] propres croyances et serait considérée à tort comme [son] soutien à Donald Trump et Mike Pence ».
Son impopularité sans précédent et ses prises de position protectionnistes, misogynes ou anti-islamistes ont fait de lui un ennemi face auquel la culture s’est rassemblée. Les rumeurs de refus de grandes stars telles que Céline Dion ou Justin Timberlake se sont rapidement répandues dans les médias. Certains artistes ont refusé publiquement la proposition de l’équipe de Trump comme Moby, publiant même sur Spotify une playlist de ce qu’il aurait joué comme DJ à sa soirée d’investiture (American Idiot de Green Day ou encore Strange Fruit de Billie Holiday en font partie).
D’autres ont paru hésiter quelques temps avant de refuser à leur tour. C’est le cas du ténor italien Andréa Boccelli, dont le candidat élu était visiblement très fan. Ce dernier aurait finalement lui-même conseillé au chanteur de ne pas se produire à sa propre cérémonie « à cause des réactions que cela pourrait provoquer ».
Certains autres ont rompu les rangs du rassemblement, souhaitant chanter « contre le racisme », comme Rebecca Fergusson ou encore Azealia Banks. Ce ne sont évidemment pas celles qui auront été retenues. Au programme s’alignaient Jackie Evancho, finaliste malheureuse de America’s got talent, Toby Keith, chanteur country aux paroles plutôt patriotes, The Rockettes, troupe de danseuses new-yorkaises se produisant chaque Noël au Radio City Music-Hall, entre autres.
Cette pauvreté en termes de programmation a rapidement suscité les sourires, et le symbole d’un Président entouré de si peu de représentants de la culture populaire a renforcé l’image d’un leader isolé du peuple qu’il s’apprête à diriger. L’invitation de célébrités, censée sous Roosevelt être un vecteur de popularité et de confiance, s’est révélée être un échec cuisant sur le plan de la communication de Donald Trump. Tom Barrack, grand organisateur de cette cérémonie d’investiture, relativisera finalement ces désistements en assurant : « Nous avons la chance d’avoir la plus grande célébrité du monde, qui est le président élu […] Donc ce que nous allons faire, au lieu de mettre autour de lui des gens illustres, c’est l’entourer de la douce sensualité des lieux. Il s’agira davantage d’un mouvement poétique que d’une cérémonie de couronnement façon grand cirque. »

CONTRE-CONCERT ET PROTESTATION, LA MUSIQUE EN MARCHE
Dès le lendemain de l’investiture, les rues de Washington se sont remplies de 500 000 opposants au nouveau Président. : la Women’s March rassemblait des mécontents parmi lesquels des célébrités du cinéma et des stars de la musique. Scarlett Johansson, Alicia Keys, Madonna, Katy Perry, Janelle Monae étaient au micro de la scène montée pour l’occasion, pour exprimer leur colère et l’espoir d’un pays qui respecte ses femmes.
Quelques jours plus tôt, lors de la fête de départ du couple Obama, une liste impressionnante d’artistes conviés, des plus anciens aux plus jeunes, de Stevie Wonder à Chance The Rapper. Des concerts étaient aussi organisés à la Maison Blanche, Barack Obama ayant par ailleurs fait l’honneur aux employés d’inviter Bruce Springsteen pour un concert privé.
La musique et l’art en général, ont donc fait entendre leurs voix pour choisir leur camp, et ce contraste frappant entre un pot de départ avec autant de stars et une cérémonie officielle dépourvue de têtes connues, a tôt fait d’alimenter les shows télévisés. Donald Trump, pour la première fois, est apparu officiellement comme un Président qui n’a pas su rassembler de grands acteurs du rayonnement international de son pays, et a même suscité l’hostilité du milieu de la musique, l’un des plus puissants soft powers américains…ayant un jour donné à l’Amérique sa grandeur.
César Wogue
Crédits photo :

REUTERS/Yuri Gripas
Hahn Lionel/ABACA USA,
Paul Morigi, Getty Images
Mikaëla Samuel, Investiture de Donald Trump: comment les stars américaines lui ont tourné le dos
Sarah Larson, TRUMP AND CELEBRITY APPROVAL: YOU CAN’T ALWAYS GET WHAT YOU WANT

Sources :

24.01.17, Investiture de Donald Trump: comment les stars américaines lui ont tourné le dos, consulté le 6/02/17
Jess Fee, Music Monday: Inauguration Artists Over the Years, 22.01.13, http://mashable.com/2013/01/21/, consulté le 5/02/17
09.01.17, Trump and Celebrity Approval: You Can’t Always Get What You Want, The New Yorker, consulté le 5/02/17
FACT, We reviewed all the really great, not sad acts playing Donald Trump’s inauguration, 20.01.17, consulté le 5/02/17
Sylvain Siclier, Un accueil musical cinglant pour Donald Trump, Le Monde abonnés, 20.01.17, consulté le 5/02/17
Pierre Bouvier, L’investiture de Donald Trump, un spectacle codifié, Le Monde abonnés, 20.01.17, consulté le 6/02/17
Le Monde, Donald Trump a peiné à trouver des artistes pour son investiture, 20.01.17, consulté le 6/02/17
Stephanie Merry, Inauguration performances weren’t always so contentious: Highlights from the last 75 years, The Washington Post, 12.01.17

Dossiers et conférences

Étude de cas d’un héros, Obama

Le 4 novembre 2008, Barack Obama était élu 44ème président des Etats-Unis d’Amérique à la suite d’une véritable Obamania médiatique qui avait passionné toute la planète. Certes il est le premier métisse à accéder à la magistrature suprême de ce pays au passé fortement raciste. Mais un tel engouement international pose tout de même question. Que la majorité de ses concitoyens tourne des yeux subjugués vers lui peut sembler normal puisqu’elle l’a élu pour les gouverner, mais le fantasme qui prend le reste du monde fait glisser la figure d’Obama : d’homme providentiel pour son pays il devient un véritable messie pour la planète entière.

please don't wait
Société

Touche pas à mon net!

 
« La neutralité du Net est l’essence même d’Internet depuis sa création, mais c’est aussi un principe que nous ne pouvons pas prendre pour acquis. » C’est en ces mots que s’est exprimé Barack Obama le lundi 10 novembre. Face à la Federal Communications Commission, – autorité de régulation du marché des télécommunications aux États-Unis – le président américain a tenu un discours sans équivoque en faveur d’un internet ouvert et des libertés individuelles, pressant la FCC d’appliquer des règles strictes pour préserver le web.

Le gendarme américain des télécoms change les règles du jeu
Pour comprendre la raison de ce rappel à l’ordre, il faut revenir en mai 2014, le 15 plus précisément. L’autorité de régulation a alors approuvé un texte qui prévoit la mise en place « d’un traitement préférentiel » entre les différents maillons constituant Internet tel qu’on le connaît aujourd’hui. Pour résumer, les opérateurs pourront faire payer les sites web pour assurer un débit de connexion optimal à leurs utilisateurs. Ceux qui refusent de payer se verraient attribuer une vitesse de connexion bien plus lente. Alors qui se cache derrière ces décisions ? Qui met la neutralité du net en danger ? Pour ceux qui ne seraient pas tout à fait familier avec le concept de neutralité, l’article « Internet sous péage : entre voies express et chemins de terre » devrait vous aider à y voir un peu plus clair.
Barack Obama poursuit: «ni les câblo-opérateurs ni les opérateurs télécoms ne devraient se comporter comme des gardiens de passerelle, en restreignant ce qu’il est possible de voir ou de faire sur Internet.» Cette volonté de réglementation émane de fournisseurs d’accès très imposants sur le marché des télécoms comme Verizon, AT&T ou Comcast. Ces trois entreprises ont d’ailleurs été incriminées dans l’affaire de la NSA suite aux données d’utilisateurs qu’elles auraient communiquées au gouvernement via le fameux programme informatique PRISM. La démocratie paraît presque contre-productive pour leur modèle économique. En plus d’interdire toute forme de priorisation, la neutralité du net passe également par l’exigence d’une transparence accrue, possible avec un internet respectueux de l’anonymat de ses utilisateurs. Pourtant, la conjoncture actuelle campe à des kilomètres d’une vision éthique du web…

« La loi, c’est moi. »
La position de force revient avant tout aux fournisseurs d’accès qui ont su faire entendre leur voix dans le cadre de la législation, bien plus que les utilisateurs ou leurs représentants politiques. TAFTA, c’est sous ce doux nom que se cache la potentielle mort programmée du net libre. Cet accord commercial transatlantique de libre-échange entre l’Union Européenne et les États-Unis, qui est en discussion depuis 3 ans maintenant, pose les fondements du net idéal – pour les multinationales. Peu médiatisé, les réglementations qu’il contient ont de quoi faire pâlir plus d’un défenseur des cyber-libertés.
Parmi les acteurs les plus influents de ces négociations, les multinationales, dont la coalition du commerce numérique (Digital Trade Coalition) qui regroupe des industriels du net et des hautes technologies. Cette coalition – ou plutôt ce lobby, bouscule les négociateurs pour qu’ils abolissent les barrières empêchant une circulation fluide des flux de données personnelles de l’Europe vers les États-Unis. L’USCIB, le conseil américain pour le commerce international, qui réunit des sociétés similaires à Verizon va plus loin. Il affirme que cet accord de libre- échange chercherait « à circonscrire les exceptions , comme la sécurité ou la vie privée afin de s’assurer qu’elles ne servent pas d’entraves au commerce déguisées ». Cette tendance qui vise à libéraliser l’Internet à outrance s’inscrit dans une tradition politique « récidiviste ». TAFTA est le fruit de propositions précédentes similaires, très mal accueillies par la société civile.
Ainsi, entre 2007 et 2010, ACTA, l’accord commercial anti-contrefaçon imposait aux acteurs du net des sanctions pénales et des mesures répressives pour les forcer « à coopérer » avec les industries créatives (cinéma et musique principalement), dans le but de surveiller et censurer les informations délivrées sur la toile, sans passer par l’organe judiciaire. Négocié secrètement, il regroupait 39 pays dont les 27 de l’Union Européenne, les États-Unis et le Japon. Ce traité a été massivement refusé par le Parlement Européen.

Une fois la machine infernale des traités lancée, elle ne s’arrête plus. 2012 marque la naissance du projet SOPA (Stop online Piracy Act) qui permet au procureur d’imposer aux entreprises américaines de « cesser toute activité avec un site accusé de violer les droits d’auteur. » Dans la pratique, cela se traduirait par l’interdiction pour Google de référencer tout site proposant du contenu piraté. La mesure principale du texte imposait aux fournisseurs d’accès américains de rendre inaccessibles les sites incriminés. Il a été refusé par la majorité des entreprises du net…
Le mode opératoire est le même d’un traité à l’autre : des négociations tenues dans l’opacité, avec une tentative quasi-systématique d’écarter l’appareil démocratique. L’ennemi reste le même : la culture du partage. Les mises en garde de la société civile face à ces textes de lois n’ont visiblement pas été suffisantes, puisque les membres européens du parlement ne sont pas opposés au manque de transparence de ces dites négociations, et n’ont même pas exigé leur suspension pendant l’affaire d’espionnage des hauts responsables européens par la NSA…
La confusion est donc totale pour la population. Difficile de s’opposer à une machine aussi bien huilée en tant que simple individu, même si, depuis 2009, l’Union Européenne possède le droit de veto contre ce genre de traité. Le recours politique reste le seul levier que les citoyens européens aient entre les mains pour faire entendre leur mécontentement – mais encore une fois l’opacité des négociations complique la donne. Une solution serait d’adapter la nature des discussions dans un cadre démocratique, loin des pratiques actuelles, qui alimentent la désinformation et les fantasmes autour de ces textes de lois.
Ces conflits d’intérêts montrent à quel point les frontières qui définissent l’Internet sont floues. S’agit-il d’un média, d’un instrument de pouvoir, d’un espace supplémentaire aux luttes géopolitiques ? Un accès démocratisé ou régi par les lois du marché ? Une réglementation plus stricte en faveur d’un Internet considéré comme un service public ferait considérablement avancer les choses, mais la nonchalance des parlementaires ne favorise en rien un avancement dans ce domaine.

Karina Issaouni
Sources
Lemonde.fr
Nytimes.com
Laquadrature.net
Obsession.nouvelobs.com
Crédits Images
Revolution-news.com
Whitehouse.gov
Cagle.com
Oneworldsee.org

Les Fast

"My friends call me Batman"

La double vie d’un collaborateur d’Obama sur Twitter.
Un haut responsable de l’administration Obama a été démis de ses fonctions le 23 Octobre dernier pour avoir proféré des insultes à l’encontre des membres du gouvernement sur un compte Twitter anonyme. Depuis 2011, Jofi Joseph, responsable de la lutte contre la prolifération nucléaire et membre de l’équipe en charge des négociations avec l’Iran autour des armes nucléaires, tweetait régulièrement sous le pseudonyme @natsecwonk, n’hésitant pas à critiquer ouvertement la politique de la maison blanche ou même à divulguer des informations internes sur l’administration Obama. « My friends call me Batman », avait-il tweeté, narguant les services de sécurité lancés à sa recherche.
Egalement soupçonné d’avoir ouvert un second compte anonyme, @dchobbyist, sur lequel il publierait cette fois-ci des commentaires sur ses recours aux services de prostituées, Jofi Joseph, a finalement avoué les faits avant de s’excuser auprès de ses collaborateurs et de déclarer :« ce qui avait commencé comme une parodie de la culture de Washington est devenu un ensemble de commentaires déplacés et mesquins. J’endosse la responsabilité totale de cette affaire et je présente mes sincères excuses à tous ceux que j’ai insultés ».
A l’heure où certains supérieurs hiérarchiques n’hésitent plus à licencier leurs employés pour des discussions sur Facebook, cette affaire aux apparences de simple scandale politique fait pourtant ressurgir une problématique récurrente. Entre parole publique et échange à caractère privé, la prise de parole sur les réseaux sociaux ne bénéficie pas encore d’un statut clairement défini. Il est donc légitime de se demander où se situe aujourd’hui la frontière entre ces deux statuts autrefois clairement dissociables.
 
 
Amandine Verdier

Com & Société

Que retenir du "shutdown" ?

 
Que retenir du « Shutdown » ?
Farce tragique pour les républicains ? Simple coup de com d’Obama ? Ou bien véritable farce nationale aux yeux de l’étranger ?

Le shutdown est enfin fini. Finis la paralysie budgétaire et le risque d’une déflagration mondiale ! Finies les confrontations entre démocrates et républicains pour le vote du budget !
C’est en ce jeudi 17 octobre qu’un compromis a enfin été trouvé. Celui ci met fin au fameux « shutdown », expression omniprésente dans les médias ces deux dernières semaines. Cette crise est le résultat d’une confrontation entre les démocrates et les républicains, majoritaires à la Chambre. Ces derniers, farouchement opposés à la loi Obamacare décidèrent de ne pas voter le budget le 1er octobre (jour de l’application de la loi) ce qui a contraint le gouvernement à déclarer l’arrêt de son activité et ce qui a de surcroît mis au chômage technique près de 800 000 fonctionnaires.
La crise, d’une ampleur inédite, a été gérée avec succès par l’équipe de communication présidentielle. En l’utilisant comme un opportunité politique, le shutdown a permis d’asseoir l’autorité du président et de discréditer celle des républicains. La stratégie de communication a d’abord consisté à dramatiser les effets destructeurs possibles de la crise sur le pays et sur sur l’ensemble du globe. On a donc vu s’esquisser de l’autre côté du continent une croisade idéologique entre les démocrates, se battant pour l’instauration de la sécurité sociale, et les républicains, apparaissant alors comme les « méchants » de l’histoire, les insensibles, les responsables de tous les maux. Le shutdown qui aura duré deux semaines au total, s’est ainsi soldé par l’échec cuisant des républicains, qui ne sont parvenus ni à obtenir un accord sur une réduction drastique des dépenses sociales, ni au report de la loi Obamacare.

Cette crise montre surtout les bienfaits des pouvoirs de la communication qui ont une fois de plus permis de remporter la bataille. À l’échelle nationale tout d’abord, avec une omniprésence sur les réseaux sociaux. En postant une dizaine de tweets par jours, l’équipe de communication présidentielle a diffusé une vision manichéenne en accusant directement les républicains des maux subis par les EU. Ainsi, les followers, au nombre de 37 500 000 environ, ont du tweeter le tweet suivant : « Retweet if you want this #shutdown to end ».
Mais Obama ne s’est pas arrêté là. Son plan médiatique a également été mondial. En effet, ses discours emprunts de peur ont contribué à l’essor de l’ampleur de la crise. Ainsi, lorsqu’un journaliste a demandé à Obama : « Monsieur le président, les marchés sont pour l’instant assez calmes, ils pensent que c’est une énième querelle politique à Washington, ont-ils raison ? », et que le président des États-Unis s’est empressé de répondre : « Non cette fois, c’est différent. Ils devraient s’inquiéter », et qu’il a par la suite rajouté qu’il ne cèderait en aucun cas à la demande de « rançons » des républicains, on a bien une dramatisation de la situation.
De plus, le président a illustré sa proximité, son assistance et sa compassion envers le peuple en faisant par exemple une brève apparition dans les locaux de l’association Martha’s table. Cette association caritative qui vient en aide aux sans abris et aux travailleurs aux faibles revenus a accepté son aide. En les aidant à faire des sandwichs, Obama a montré qu’il était capable, à la différence des républicains ancrés dans leurs positions, de mettre « la main à la patte » et de partager la souffrance du peuple. Ce coup de communication médiatique a été un réel succès pour Obama qui est sorti de la crise plus fort que jamais. Intangible, défenseur d’une loi sociale historique, il apparaît alors comme un président fort nécessaire au bien de l’intérêt national.

Néanmoins, le shutdown n’a t il pas surtout permis de montrer l’esprit enfantin qui règne au Congrès ? Comment un gouvernement peut il décider de faire grève alors que l’intérêt national et l’ordre économique mondial sont en jeu  ? Dans une période où les citoyens ont de moins en moins confiance en leurs institutions, cette crise a discrédité encore plus les responsables politiques.
Elle a été perçue à l’étranger comme une farce tragique subite à la fois par les républicains mais également par les démocrates car même si les sondages montrent que 74% des Américains rendent les républicains responsables de la crise, ils montrent aussi leur dédain envers les institutions et envers l’ensemble des élus et du système parlementaire. Cette crise a donc été l’occasion de donner de vraies raisons de se moquer des Etats Unis : première puissance économique mondiale et hyperpuissance, certes, mais tout cela sans gouvernement en état de marche – et ce par choix.
 
Laura de Carné

Agora, Com & Société

Les discours de Newtown

 
La fusillade de Newtown du 14 décembre 2012 relance le débat autour des armes à feu aux Etats Unis et en fait l’une des préoccupations majeures de la politique d’Obama. La surmédiatisation de l’évènement entraîne de nombreuses analyses qui mettent en avant les chiffres effrayants des victimes d’armes à feu (selon demandaplan.org, 33 personnes meurent chaque jour sous le coup d’une arme à feu aux États-Unis).
Cependant il semble que le traitement médiatique en lui-même échappe aux réflexions, tant il s’insère dans la construction généralisée du fait divers. En tant qu’objet d’étude, celui-ci a été établi depuis longtemps comme la résultante d’un besoin primaire du public, agissant sur les foules comme un catalyseur d’angoisse et d’empathie. Pourtant une brève analyse du traitement médiatique de la tuerie de Newton et de ses effets sur le public nous conduit à penser les limites possibles de ce storytelling de l’information.
À l’instar des fusillades de Columbine, Virginia Tech ou Aurora, le traitement de la figure du tueur devient le centre névralgique du récit construit autour de la tragédie de Sandy Hook. Son identité et son passé sont longuement commentés et alimentent une fascination bien connue du public pour les figures transgressives. Cette prise de position des médias peut néanmoins s’avérer problématique : d’une part, elle reflète souvent l’ambition du tueur de sortir de l’ombre, et de l’autre elle peut entrainer des mouvements pervers. Ainsi dans le cas du meurtre commis par Luka Rocco Magnotta, la révélation de l’identité du meurtrier à entrainé la naissance de nombreux blogs de fans lui vouant un culte. Mieux encore, il a été nommé fin décembre “NewsMaker of the Year 2012” par The Canadian Press. Cette distinction a provoqué de vives réactions, obligeant les jurés à justifier leur choix par l’omniprésence du tueur dans les médias et le traitement médiatique dont il a bénéficié. Ce prix ne serait que l’illustration de choix éditoriaux qui, dans la course à l’audience, misent sur les ressorts passionnels du fait divers plutôt que sur l’analyse raisonnée, qui est alors relayée au second plan.
Face à ce triste constat, force est d’admettre la puissance marchande du fait divers et son impact émotionnel sur le public. Nécessaire donc, mais dans une certaine limite. Si elle n’est pas précisément encadrée, l’exposition des faits divers les plus violents comme la tuerie de Newton, présente un risque fort pour le public comme pour les médias. Il peut conduire à une désensibilisation des publics, mais aussi à un effet de défiance pour l’appareil médiatique.
Dans le cas de Sandy Hook, l’attention est détournée des problèmes sociaux au profit d’une lutte d’influence politique, menée de front par la NRA. En proposant de poster des policiers armés dans chaque école, Wayne LaPierre élude le problème des motivations psychologiques du tueur. L’inquiétante porosité des frontières entre fiction et réalité n’entre pas dans le combat politique. Ainsi, la fusillade et le discours d’Obama ont eu pour conséquence une hausse notable de la vente d’armes à feu et la prolifération des discours “pro-guns”. La vision ironique d’Art Spiegelman, représentant des enfants armés pour aller à l’école sur une couverture du New-Yorker en 1993, pourrait devenir réalité.

Pour s’opposer à cette spirale infernale 800 maires américains ont constitué l’association demandaplan.org, qui souhaite obtenir de l’administration Obama un contrôle plus règlementé de la vente d’armes à feu. Cette campagne bénéficie d’une large médiatisation, en partie due au soutien d’Hollywood. Dans un clip qui dépasse les 6 millions de vues, acteurs et entertainers nous invitent à rejoindre leur action contre la violence des armes. Dans cette lignée, comment ne pas proposer une réflexion « de l’intérieur » sur l’influence des produits culturels, qui font le succès d’Hollywood, auprès des jeunes générations. Une telle vidéo n’en serait que plus pertinente.
Cette question cruciale nous renvoie ainsi au rôle des médias dans notre manière d’appréhender les événements comme celui de Newton. Phénomène récent, le commentaire du fait divers s’émancipe de la sphère médiatique officielle et gagne les réseaux. Face à la prolifération de ces discours anonymes, la police d’État du Connecticut menace de poursuivre les utilisateurs qui répandraient volontairement de fausses informations concernant la tuerie. Le citoyen, par tous les biais, cherche à s’approprier ces récits.
L’intense médiatisation de la tuerie de Newton donne à cet évènement tragique un poids politique fort, susceptible d’influencer le vote citoyen. Ancré dans une société, le fait divers en révèle bien souvent les pires travers, et finit peut-être par l’incarner s’il occupe une place trop grande dans notre hiérarchie de l’information.
 
Clémentine Malgras
Sources
Sandy Hook Shooting: The Speculation About Adam Lanza Must Stop
http://www.demandaplan.org/
http://www.newyorker.com/online/blogs/hendrikhertzberg/2012/12/guns-in-banks-are-not-like-guns-in-schools.html
Howard Kurtz and Lauren Ashburn weigh in on the media's coverage of the Newtown shooting

Big Bird Presidential Elections
Flops

The mood, the Bird and the Romney

 
Petit à petit, l’oiseau jaune faisait son nid.
En effet, le fameux Big Bird de l’émission Sesame street, créée en 1969, a peu à peu envahi les télévisions américaines (et même mondiales puisque certains épisodes de la série ont été diffusés dans plus de 140 pays). Les  fondateurs de l’émission avaient choisi d’utiliser des Muppets pour  présenter aux jeunes enfants de courts épisodes à buts pédagogique et culturel (apprendre l’alphabet en chantant par exemple). Les parents pouvaient du même coup en profiter pour prendre un peu de temps pour eux. En somme, l’émission quotidienne diffusée par la chaîne à financement public PBS évoque de tendres souvenirs à plus de 77 millions d’Américains.
Aussi, le candidat Mitt Romney avait-il sous-estimé cette importance culturelle et sociale lorsqu’il a annoncé au cours d’un débat avec Barack Obama qu’il supprimerait les subventions accordées à PBS une fois élu. Cela dans le but de réduire la dette.
De très nombreux Américains avaient été choqués par cette  affirmation. Certes, Mitt Romney s’était rapidement rattrapé en avouant son enthousiasme à l’égard de la série. Quelques jours plus tard il avait même déclaré qu’il était persuadé que PBS disposerait des fonds nécessaires pour s’autofinancer. Pourtant, son « I love Big Bird » n’avait pas suffi à calmer les Américains, scandalisés à l’idée qu’on puisse toucher à cette madeleine de Proust qu’est Sesame street.
Les réactions avaient  d’ailleurs été quasi instantanées sur les réseaux sociaux. Particulièrement sur Twitter où l’oiseau bleu avait pris  la défense de son cousin jaune.  En plus des deux comptes créés en commun suite à l’interview (@ FiredBigBird et @Big Bird), de nombreux utilisateurs avaient « tweeté » pour partager leur mécontentement face à cette atteinte.
Une Puppet march a même été organisée le 3  novembre dernier, juste avant les élections présidentielles. Elle a déployé  plus d’ un million de participants  dont 1000 professionnels  venus chargés de Muppets, mascottes et autres marionnettes colorées.
Mitt Romney en voulant résoudre un problème financier, avait donc porté atteinte à l’identité culturelle américaine. Les 77 millions d’Américains qui ont regardé la série durant leur enfance voient dans la suppression potentielle des subventions à PBS, l’annonce de la fin possible d’une émission  qui a réuni de nombreuses générations. Une émission qui a permis également à de nombreux parents de profiter de leurs enfants dans le calme. Qu’ils se rassurent, Sesame street était très peu financée par PBS et dispose d’assez de fonds et de partenaires pour s’autofinancer, du moins dans les prochaines années.
L’ancien candidat Mitt Romney s’était tout de même enfoncé une sacrée épine dans le pied en osant toucher à des figures emblématiques de la télévision américaine. Peut-être pensait-il rassurer les Américains, leur montrer que les coupures budgétaires n’affecteraient pas immédiatement leurs revenus. Dommage pour lui, ce coup médiatique n’avait certes pas été un coup de pub !
Même si cette polémique ne suffit pas à expliquer la victoire de Barack Obama,  ce-dernier avait  sauté sur l’occasion pour ridiculiser son concurrent. En effet, un clip publicitaire avait ainsi été confectionné sur l’avis de ses conseillers en communication. Il mettait en scène un Big Bird accusé par Mitt Romney d’être un grand criminel. Mais ce clip suggérait surtout aux spectateurs que le candidat républicain centrait le débat sur un problème qui n’en est pas un, n’osant pas s’attaquer à Wall Street directement.
Mais Big Bird, tout comme son jeune public, a préféré ne pas s’intéresser à la politique. Sesame street avait immédiatement annoncé qu’elle ne cautionnerait pas cette publicité et ne ferait pas apparaître publiquement les personnages du programme.
Avec la victoire de Barack Obama, les jeunes fans de Big Bird peuvent se tranquilliser. L’oiseau jaune continuera son vol sans se soucier de ses finances !
 
Pauline St Mac
Sources :
Huffington Post, ici et là
Usatoday
Washington Post

Mitt Romney Style Parody
Com & Société

Do you have the Romney Style ?

 
L’Amérique a voté : Barack Obama a été préféré à son concurrent Mitt Romney. Mais revenons sur cette élection qui a tenu en haleine le monde entier. Campagne présidentielle oblige, la parodie était à l’honneur sur le web, où tous les coups sont permis. La Toile proposait alors aux spectateurs de cette course à la présidence de déterminer qui des deux avait le meilleur style.
Collegehumor, le must du divertissement et du détournement de vidéos en tout genre, a su encore une fois surfer sur la vague de l’humour. Le blog s’est penché sur la politique américaine en diffusant une parodie du clip « Gangnam Style » du rappeur coréen Psy, mettant en scène Mitt Romney, à voir sur :

Pour les pourfendeurs de la musique « commerciale », quelques éclaircissements sur ce hit issu de la culture virale qui a littéralement explosé l’audience. Créé par le rappeur coréen Park Jae Sang, alias Psy, le clip, sans pour autant porter une critique sérieuse, moque la vie bling-bling d’un district huppé de Séoul, Gangnam. Psy y danse de manière insolite dans divers endroits du quartier. Véritable révélation, le clip diffusé sur YouTube est rapidement devenu le plus aimé et la huitième vidéo la plus vue de toute l’histoire du site.
Un succès opportun semble-il, au détournement.
Le procédé est simple : mélangez argent, bling-bling, une bonne dose de mépris et d’extravagance … et vous obtenez une caricature grossière de Mitt Romney. Grossière, mais après tout, c’est bien comme ça qu’on les aime.
Un sosie du candidat républicain vante le « Mitt Romney Style » en respectant l’essence du Gangnam Style « Dress classy, dance cheesy ». La chorégraphie de Psy est en effet reprise dans cette parodie fonctionnant en miroir, reprenant chaque élément du clip initial en les adaptant: lorsque Psy marche sous la neige, Romney déambule sous une pluie de dollars. Sa fortune, estimée à 250 millions de dollars, est en effet l’élément central de la caricature. Chevaux de course, dîners mondains, cigares, champagne, polo, tout y passe.
Son slogan : « Richesse, extravagance, c’est Mitt ! Profits, investissements, c’est Mitt ! Vous devriez m’élire tellement j’ai d’argent ». Sa religion mormone n’y coupe pas non plus. Comme l’a dit l’autre, on peut rire de tout.
L’actuel président n’a pas non plus échappé à ce déferlement. Une vidéo le visant a rapidement suivie celle de Romney. Dans le même ordre d’idée, Obama y est présenté comme un menteur jetant l’argent des Américains par les fenêtres. Mais le procédé est différent ; ce n’est non pas un acteur qui intervient dans le clip, mais un chanteur parlant d’Obama. Il est intéressant de comparer les deux procédés : l’intention est la même et, dans le fond, les dispositifs sont proches. L’effet créé est également différent : l’incarnation de Mitt Romney donne un sens plus direct à la critique puisque le personnage lui-même chante ses goûts honnis et vante un style qui déplaît profondément. Dans le clip visant Obama, l’intervention d’un personnage extérieur se rapproche davantage d’une simple critique émise par n’importe quel artiste, comme on en voit régulièrement. L’efficacité du « Romney Style » est intrinsèquement liée cette incarnation.
La satyre du politique ne date pas d’hier, mais aujourd’hui les évènements sont plus faciles à détourner et à diffuser. N’importe qui peut poster sa vidéo, sa parodie et la partager. Dans ce cas précis, on observe l’apparition de plateformes spécialisées dans la parodie et le détournement en tout genre, tels Collegehumor. L’impact de cette parodie a bien sûr été quasiment inexistant sur la scène politique et s’inscrit dans la longue liste des reprises du Gangnam Style, qui se prête apparemment bien à la parodie en tout genre ! La prolifération de telles vidéos est davantage intéressante car elle amène un premier constat : la parodie est devenu un mode de communication répandu et populaire.
Elle a aussi permis d’illustrer les nombreux impairs de la communication électorale de Romney : ses gaffes répétées (rappelons-nous de son pari « à 10 000$ » avec Rick Perry ), ses phrases cultes « J’aime virer les gens », « Je ne me préoccupe pas des pauvres »  , « Ma femme a quelques Cadillac » mises hors contexte ont permis la construction d’une image désastreuse au niveau des relations publiques, conduisant à tout occulter de sa réussite professionnelle et de ses talents de businessman. Le Romney Style illustre ce que ses erreurs de com’ lui ont coûté : l’association à une image d’homme ultra riche, extravagant, méprisant. Et cela suffit à la parodie : le rire n’a pas besoin d’argumentation.
Quoiqu’il en soit, Gangnam style, Romney style ou Obama style, si vous ne connaissez pas encore la choré, il n’est pas trop tard pour vous y mettre.
 
Bénédicte Mano
Sources :
Collegehumor
« AVEC STYLE – Barack Obama et Mitt Romney parodiés » – Bigbrowser
Minutebuzz
Newsone

Les Fast

Yes, he did !

 
Ce mercredi 9 mai fut un tournant dans la campagne électorale américaine mais également dans l’histoire du pays. En effet Barack Obama a pour la première fois annoncé son soutien au mariage homosexuel déclarant  qu’ « iI [était] important pour [lui] personnellement d’aller de l’avant et d’affirmer que les couples de même sexe devraient pouvoir se marier », ce qui constituerait dans les faits une avancée plus franche que le seul accès aux partenariats civils.
Arguant que son expérience et ses rencontres personnelles l’avaient fait progressivement changer d’avis, citant au besoin ses collaborateurs et ses deux jeunes filles, Malia et Sasha, il a enfin clairement exprimé son avis sur la question, à titre personnel cependant, laissant le pouvoir de trancher et de légiférer aux États américain.
Alors vraie conviction ou savant coup de com’ destiné à reconquérir ses électeurs libéraux quelque peu démotivés, il est encore trop tôt pour le savoir mais il est certain que le débat devrait se cristalliser sur ce genre de thématiques. En effet, la société américaine est encore très divisée à ce sujet et si Obama est certain de ravir le cœur d’un bon nombre de citoyens, on peut parier que la pilule aura du mal à passer chez les conservateurs. D’ailleurs la popularité grandissante du républicain Romney, mormon de son état, est une preuve tangible de l’attachement féroce aux valeurs les plus traditionnelles, celui-ci réaffirmant d’ailleurs le jour-même son opposition au mariage gay.
Coup de poker qui pourrait bien lui coûter sa place, on pourra toujours se souvenir que Barack did it !
 
Marie Latirre