Application de rencontres Once
Société

Once upon a time …

Une « petite nouvelle » vient d’arriver dans le paysage à présent familier des applications de rencontres : Once compte bien tirer son épingle du jeu grâce à son concept résolument novateur. Exit le volume et la rapidité des actuelles applications de rencontres, Tinder en tête, place au « slow-dating ». Once, comme son nom l’indique, c’est une seule rencontre par jour.
WANTED : Prince charming
Chaque jour, à midi pile, l’application nous révèle le profil d’une éventuelle âme sœur. Comme sur Tinder, les deux personnes ne pourront rentrer en contact que si elles se « likent » réciproquement. Si notre âme sœur du jour n’obtient pas grâce à nos yeux, il suffit de décliner. Un compte-à-rebours s’enclenchera alors jusqu’à notre prochaine suggestion de rencontre, le lendemain à midi. Pour Jean Meyer, créateur de Once (un Français, soit dit en passant), cette lenteur que prône l’application est « un gage de qualité » puisqu’elle ferait fuir les célibataires qui ne seraient pas à la recherche d’une relation sérieuse. Car c’est sur ce créneau du « serious dating » que Once compte bien peser. L’application s’adresse, en effet, aux 20-35 ans à la recherche du prince ou de la princesse charmant(e)s, coincés entre Meetic qu’ils considèrent comme trop vieillot et Tinder qui ne leur a offert que des déconvenues (Sauf s’ils font partie des 65 couples mariés grâce à Tinder). Once serait ainsi la synthèse parfaite entre deux modèles : facilité d’accès et utilisation ludique des applications, d’une part, et caractère plus sérieux de Meetic, d’autre part.
Once, « l’anti-Tinder »
Once cherche à se positionner en prenant ouvertement le contre-pied du leader sur le marché : Tinder … Une stratégie qui pourrait s’avérer payante puisqu’elle convoque l’imaginaire de Tinder, bien connu de la cible que vise Once, et permet à l’utilisateur, par un effet de miroir inversé, de visualiser immédiatement ce que Once n’est pas, à savoir « un supermarché du cul » d’après Jean Meyer. « Tinder (…) est directement estampillé «sexe facile». L’application possède une aura très négative », explique-t-il dans une interview au Figaro. L’application aux « swipes » incessants commence en effet à lasser et l’introduction du service Freemium a bien du mal à convaincre les utilisateurs. Once semble donc arriver au bon moment. « Epuisé(e) des rencontres qui s’enchaînent à la vitesse d’un pouce ? » peut-on lire comme description de Once dans l’Apple Store. La référence saute aux yeux. Ce positionnement de l’application comme « l’anti-Tinder » se manifeste également par un romantisme assumé. « Nous, nous voulons recréer une dose de magie dans la rencontre » déclare son fondateur au Figaro. Le vocabulaire du jeu est abandonné : on ne parle plus de « match » mais de « rencontre ». L’étude des deux logos est, elle aussi, révélatrice de ce positionnement. Constitués tous deux d’un fond blanc, Tinder arbore une flamme rouge tandis que le logo de Once affiche une grenouille bleue avec une couronne sur la tête : une façon imagée de représenter le grand amour. Ainsi, le rouge et la flamme, symbolisant la passion, font place au prince charmant et au bleu, couleur du romantisme. Nul besoin de prouver que les imaginaires créés par les deux marques n’ont, en effet, rien en commun. Une seule interrogation persiste : comment ont-ils bien pu faire pour savoir que le beau / la belle Dominique (vive les prénoms mixtes !) était fait(e) pour vous ?

« Qui allons-nous choisir pour vous ? »
Le slogan de Once met en avant une des autres singularités de l’application par rapport à ses concurrentes. Le sujet « nous » ne renvoie pas ici à un algorithme mais à « des entremetteurs », en chair et en os, employés par Once pour sélectionner les profils susceptibles de nous intéresser (parmi une liste éditée tout de même par un algorithme). L’intervention dans le processus de sélection d’une personne réelle éloigne l’image froide que renvoient les algorithmes et permet à Once de s’afficher comme une marque originale qui s’implique véritablement dans le service qu’elle propose. Une agence matrimoniale 2.0 en somme. Les critères pris en compte par Once ne révolutionnent, en revanche, absolument pas le monde des applications de rencontres puisque le premier critère demeure le physique et le second, le groupe socio-professionnel (Bourdieu es-tu là?). Les intérêts en commun ne représenteraient, eux, que 10% des critères pris en compte par Once, ébréchant l’image « fleur bleue » que l’application souhaite se donner. Nous ne sommes pas si loin du « hot or not » de Tinder que Jean Meyer entend pourtant rejeter… Trouver le grand amour serait donc, avant tout, une question de physique et de milieu social. Réducteur mais néanmoins pas vraiment faux puisque l’homogamie, le fait de se marier entre mêmes catégories sociales, reste un phénomène largement dominant en France. Et pas la peine de faire l’hypocrite, le physique, s’il ne fait pas tout, compte quand même (beaucoup). Reste à voir si les personnes à la recherche du grand amour se tourneront effectivement vers l’application. Une chose demeure certaine : à défaut d’avoir trouvé votre âme sœur sur Once, vous n’aurez pas perdu votre soirée à éplucher inlassablement des profils sans jamais trouver la perle rare. Autant de temps que vous pourrez utiliser pour sortir et, qui sait, faire une belle rencontre…

Héloïse Bacqué
Sources : 

jouanito.com : http://jouanito.com/post/63583956990/tout-ce-quil-faut-savoir-sur-tinder-lapp-qui
JDN : http://www.journaldunet.com/ebusiness/internet-mobile/tinder-plus-payant-0502.shtml
Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/10/02/01016-20151002ARTFIG00073-le-drame-de-la-generation-y-est-que-nous-avons-trop-de-choix-dans-les-rencontres-amoureuses.php
20 Minutes : http://www.20minutes.fr/high-tech/1690207-20150930-once-nouvelle-appli-rencontres-dont-tout-monde-va-parler
Challenges : http://www.challenges.fr/high-tech/20150925.CHA9791/once-l-appli-de-rencontre-slow-dating-qui-prend-le-contrepied-de-tinder.html
L’Obs : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1411110-rencontrer-l-amour-sur-tinder-ou-happn-difficile-ses-applis-favorisent-l-ephemere.html

 
Crédits photos : 

Inkulte

Stylistic

Publicité et marketing

Who is the smart-est ?

Rapide rappel aux moins anglicistes d’entre nous : « smart » signifie élégant et raffiné mais également pratique, fin et intelligent. C’est surtout cette seconde définition qui a donné son nom à la fameuse voiture Smart.
La smart est issue de l’association de l’horloger suisse Swatch et de la filiale Mercedez-Benz (Swatch Mercedez Art car project). Voiture du citadin, elle veut bouleverser les codes en étant une voiture innovante, sympathique et fonctionnelle car particulièrement adaptée à son environnement. Dès 1997 à Francfort, la Smart se revendique « fashion victim » obtenant le Prix européen du Design. Idée chère à Swatch : les panneaux de carrosserie en plastique colorés de la Smart sont interchangeables, permettant de changer de robe facilement.
C’est pourquoi une campagne où la Smart revêtirait la même tenue que son propriétaire prend tout son sens ! L’idée de Smart est la suivante : poster sur Twitter une photo de soi dans sa tenue préférée (un selfie, mot de l’année 2013, pratique qui consiste à se prendre soi-même en photo) et ajouter le hashtag officiel de Smart. Une Smart qui imite la photo d’origine est ensuite présentée. Smart pose ensuite cette simple question, visible sur l’image publiée : « Who wore it better ? ».

La campagne éclair (quatre jours) a été bien accueillie sur Twitter avec des internautes intrigués et amusés. En effet elle instaure un réel lien entre les consommateurs potentiels et la marque. Les clins d’œil de Smart font sourire. Le ton choisi est le bon : malicieux, enthousiaste et sobre à la fois. La marque se montre réactive, inventive et adaptable tout comme le produit qu’elle promeut !
Cela est d’autant plus futé que les participants, fiers d’avoir leur avatar Smart créé rien que pour eux partagent l’image, faisant gratuitement la publicité de la marque.
Encore une campagne intelligente menée par Smart qui montre qu’elle est aussi maligne sur Internet que pour ses affiches :

Après « Who wore it better ? » on pourrait se demander « Who is the smartest ? ». Un indice : la réponse est dans la question.
 
Maud Espie
Source
Marketingland