Publicité et marketing

Taquineries et affrontements: la publicité comparative en question

Approchez, approchez mesdames et messieurs ! Préparez-vous pour l’affrontement, celui qui va marquer
toute une époque ! Les marques montent sur le ring pour votre plus grand plaisir.
Face au rejet de la publicité par les consommateurs, les marques redoublent d’effort et d’imagination pour séduire des individus devenus sourds aux appels des annonceurs. Plutôt que de vanter banalement leurs nouveaux produits, les marques critiquent avec humour leurs concurrents. Cependant, cette scène qui semble habituelle aux Etats-Unis est totalement utopique en France. Puisqu’ici on parle de publicité comparative, une pratique qui est peu répandue en France et très règlementée. Cela se réduit souvent à une guerre des prix faute de pouvoir se taquiner.
Mauvais temps pour la publicité
Dans une société où la publicité se fait de plus en plus intrusive, on voit naître un nouveau type de consommateur avec l’Adblocking, ce petit logiciel incorporé au navigateur d’un internaute, qui empêche l’affichage des bandeaux ou autres formats publicitaires. Une étude du CSA parue en 2016 montre que 24% des Français possèdent un adblocker. Ils font comprendre aux annonceurs que « trop c’est trop ». Il y a un lieu pour s’informer, se divertir et un autre pour la publicité. On ne mélange pas les torchons et les serviettes.
De la même manière, plus de 300 panneaux publicitaires ont disparu de Grenoble pour laisser place aux arbres. Le contrat de la ville avec l’afficheur JCDecaux n’a pas été renouvelé pour combattre la pollution visuelle liée à l’affichage publicitaire. Une idée qui pourrait en inspirer d’autres …
Et ce ne sont pas les multiples scandales autour de certains annonceurs qui vont arranger les choses. Entre l’huile de palme, les émissions de C02 et les lasagnes à la viande de cheval, les marques ont perdu la confiance des consommateurs. Les annonceurs doivent donc relever de nombreux défis notamment sur le plan de l’image, adopter un discours en lien avec les aspirations des consommateurs et le traduire en actes.
« Je suis ton ami », les marques prennent la parole
Les marques rivalisent donc sur le plan de l’imagination et de la créativité. On observe alors une certaine humanisation des marques qui rentrent sur le terrain des émotions pour séduire les consommateurs qui boudent la publicité. Elles ont un ADN, une identité, une histoire et parfois même des conversations amusantes avec les internautes sur les réseaux sociaux.

La publicité comparative à l’américaine et les joutes verbales entre Community Managers incarnent parfaitement cet esprit de camaraderie que les marques veulent se donner. Comme si le monde des marques n’était qu’une cour de récré sortie de Logorama.
Mais tout rêve semble avoir ses limites, car si aux Etats-Unis, les marques s’en donnent à cœur joie, en France la loi sur la concurrence est très stricte en matière de publicité comparative.
Freiner la créativité pour protéger les annonceurs ?
Selon l’article L121-8 du code de la consommation, une publicité comparative est licite si la comparaison porte « objectivement (sur) une ou plusieurs caractéristiques essentielles, pertinentes, vérifiables et représentatives de ces biens ou services, dont le prix peut faire partie. »
Dès 2009, le match a commencé entre les hypermarchés. Leclerc a pris l’initiative avec son comparateur de prix mais Intermarché, Casino, Carrefour ont vite rebondi et rectifié leur positionnement-prix. Leclerc continue d’innover en plaçant le consommateur comme un acteur au cœur des rayons avec le comparateur de prix sur son smartphone. Ce match aura été rapide et sans grands rebondissements aux yeux du consommateur.

Tandis qu’aux Etats-Unis, une à deux fois par an, les Américains prennent plaisir à voir Coca Cola et Pepsi s’affronter avec humour. Ou même Burger King se déguiser en McDonald’s pour Halloween. Alors la publicité comparative peut-elle pallier au désamour des consommateurs pour la publicité ?Outre Atlantique, au pays du libre-échange et de l’autodérision, cela semble fonctionner pour les annonceurs. En effet, la publicité comparative représente en France et en Europe moins de 3 % des volumes de campagne, contre 7 % aux États-Unis.
Cependant en France, les marques prétendent que ce n’est pas seulement la loi qui bride les annonceurs, mais la mentalité des consommateurs, qui dénigrent ce discours du « c’est moi le plus fort ». Pour les marques, ces éléments de langage ne sont pas valorisant et source de problèmes s’ils sont mal employés. Ils préfèrent capitaliser sur leurs valeurs et leurs engagements plutôt que de s’attaquer directement aux concurrents. « Ça ne nous intéresse pas d’aller proposer ça aux clients », renchérit Maria Galleriu, responsable du planning stratégique de BETC.
Une bonne excuse ou un réel frein à la créativité ? Les Français sont-ils si rationnels et dépourvus d’humour que ce que les marques affirment ? Smart a prouvé en 2015 qu’il y avait encore de quoi faire travailler l’imagination des publicitaires tout en respectant la loi, aussi stricte soit-elle.

Flore Voiry
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Sources:

B.BathelotDéfinition : Publicité comparative Definition-marketing.com Mis à jour le 7 avril 2016 h Consulté le 03/11/2016
Young Planneur, Blogger at youngplanneur Humanisation de marque Slideshare.net Le 25 oct. 2010  Consulté le 03/11/2016
Denis Fainsilber La publicité comparative effraie les marques françaises Business.lesechos.fr  Le 27/09/2013 à 06:00  
 Consulté le 03/11/2016
La rédaction Les grands clashs de la publicité comparative gqmagazine.fr Le 19 septembre 2012 Consulté le 03/11/2016

 

Société

La fin du monde, décembre 2012

 
L’Apocalypse attendue pour le 21 décembre 2012
« La menace extraterrestre (…) est réelle et actuelle. Je maintiens que des communications ont bien eu lieu entre les deux groupes belligérants extraterrestres en présence de moi « . Aussi Jean-Pierre Delord, maire du désormais célèbre village de Bugarach, se voit-il submergé de lettres de ce type concernant la fin du monde présumée. D’après les rumeurs, le pic de ce petit bourg de l’Aude serait épargné par l’Apocalypse du fait de ses pôles magnétiques inversés. Face à cette notoriété soudaine et à l’afflux de visiteurs, l’accès au village a été interdit. En attendant, l’annonce de la fin du monde a fait grimper en flèche les ventes de vin à Bugarach. Des vignerons indépendants ont eu la bonne idée de créer des cuvées spéciales « Fin du monde », et leurs bouteilles ont connu un succès foudroyant. C’est notamment le cas de Jean Pla, négociant en vin à proximité du village. Il a su jouer avec les légendes locales, qui racontent que le pic de Bugarach serait le lieu de rendez-vous privilégié des extraterrestres, et a lancé « La Cuvée du Rescapé » le 22 décembre.
Les personnes qui croient et se préparent à l’Apocalypse sont appelés les « survivalistes ». Elles apprennent généralement des techniques de survie, construisent des abris et stockent de la nourriture en prévention d’une hypothétique catastrophe mondiale. Néanmoins, si les survivalistes qui se préparent à la fin du monde ont mauvaise presse et se voient qualifiés d’ « illuminés », la plupart se contentent d’anticiper des aléas plus quotidiens de la vie, tels que la perte d’un emploi ou une catastrophe naturelle. Leur but est davantage d’acquérir une autonomie afin de ne pas dépendre de l’Etat en cas de pépin. Avec l’annonce de la fin du monde, de nombreux sites de survie ont connu une hausse de fréquentation (voir par exemple Survivre.com ou encore Survivalisme-et-Survivaliste.fr).
La fin du monde, une opportunité marketing
L’annonce de la fin du monde constitue une opportunité marketing de choix, et les marques l’ont bien compris. Différentes stratégies sont mises en œuvre, majoritairement fondées sur l’opportunisme : il s’agit de jouer avec les peurs et les émotions collectives pour accroître la notoriété de marques ou de produits. C’est ce qu’explique Thomas Jamet, président de Moxie (du groupe Publicis) :  » L’émotion est un excellent stimulus pour générer une hausse des intentions d’achat ou augmenter l’affinité envers la marque. Le digital permet de vivre cela de manière plus intense. On est dans le pur « storytelling », dans la pure émotion. »
A ce sujet, il peut être intéressant d’analyser quelques exemples de campagnes publicitaires.
Le marketing de destination
Le Mexique a lancé une campagne axée sur la fin du monde afin d’attirer les touristes dans ce berceau de la civilisation Maya. A cette occasion, le site Mundo Maya 2012 a été créé afin de promouvoir des destinations Mayas, avec un compte à rebours du temps restant avant l’Apocalypse. Le pays attend donc environ 52 millions de visiteurs.
Protéger ses proches
De nombreux slogans du type « Protéger sa famille avec un abri atomique, c’est possible » prolifèrent sur internet. Sur ce thème de refuge pour survivalistes, le fort de Schœnenbourg, situé en Alsace, s’est offert un coup marketing de taille. Il s’agit d’un fort comportant des caractéristiques exceptionnelles : trois kilomètres de galeries, une série d’appartements permettant de vivre à plus de 500 à trente mètres sous terre dans un air filtré, un abri antiatomique. Autant d’atouts qui en feraient un refuge idéal en cas d’Apocalypse. Accessible tout au long de l’année, le fort a ouvert ses portes la nuit du 20 au 21 décembre, créant à cette occasion un formidable coup de pub et attirant un grand nombre de visiteurs.
Une fois les proches réfugiés en lieu sûr, il s’agirait de penser à la suite. C’est ce que propose l’entreprise Costco, qui offre toute une gamme de produits pour survivre à la fin du monde, comme une étagère pouvant contenir 6 mois de nourriture en conserve ou encore des denrées suffisantes pour un an de survie.
Dans la même veine, l’agence mexicaine Menosunocerouno a créé un kit de survie pour la fin du monde. Il s’agit d’un produit qui n’est pas mis en vente, mais qui sert à promouvoir l’image de l’agence auprès des clients et de faire une démonstration de sa créativité, avec des slogans humoristiques tels que : « The perfect gift for friends and clients (only the ones we want to keep). »
Les canulars
Les éditions Edilivre se proposent d’éditer et protéger vos mémoires en cas d’Apocalypse avec la formule « Fin du monde ». Pour la modique somme de 6000 euros, le client peut choisir les packs « Immortalité » ou « Eternité » afin d’écrire et mettre à l’abri ses mémoires dans un bunker. Un canular qui a malgré tout piégé quelques 10 000 personnes, ces dernières ayant essayé d’acheter les packs proposés..!
La marque LDLC, spécialisée dans la revente de matériel informatique, a quant à elle lancé une opération humoristique sur son site. Elle propose de vendre des places limitées pour un bunker, vantant la résistance de la forteresse et « l’accueil chaleureux ».

Mais lorsque l’internaute clique sur la réservation, il tombe sur cette page :

La méthode semble fonctionner puisque le nombre de visites en ligne pour la marque a augmenté de 25%.
C’est la fin du monde, profitons-en !
Les marques exploitent largement la thématique de l’hédonisme fataliste dans leur communication. C’est notamment le cas de Pepsi ou encore de Shock Top, qui invitent à jouir de la vie tant qu’il en est encore temps.

Le créatif Daniel James Evans a conçu une campagne publicitaire pour les préservatifs Durex axée sur la fin du monde. La campagne est largement diffusée sur internet et louée pour son originalité.
La marque Axe quant à elle propose une vision de l’Apocalypse fidèle aux valeurs de la marque à travers un film publicitaire qui promeut une édition 2012 « spéciale fin du monde ». On y voit un homme fabriquant une arche de Noé, destinée à accueillir des centaines de femmes attirées par l’odeur du déodorant Axe.
La faim du monde
 
Alors que de nombreuses marques détournent avec humour le thème de l’Apocalypse, des organisations humanitaires invitent à se préoccuper de la faim dans le monde qui constitue, elle, une menace réelle. Elles lancent des appels aux dons, avec par exemple la campagne de l’Aide médicale internationale, qui rappelle que plus de 870 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde.

 
Clara de Sorbay
Sources :
L’Express
Slideshare.net
Adviso.ca
La Tribune
Blog Préparation Québec

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