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Jacques a dit : Le sauvage nous enchante !

 
Il est temps de faire un petit bilan de cet événement qui a fait le buzz pendant des jours, que vous avez pu voir dans les rues de Paris, à la télé, sur votre ordinateur ou même depuis votre Smartphone si vous trainiez sur votre compte twitter…
Le zoo de Vincennes a réouvert ses portes le 6 avril. 25 000 personnes sont venues lors du 1er week end pour faire un parcours de près de 4 kilomètres, traverser 5 biozones et espérer apercevoir près de 1 000 animaux.

Inauguré officiellement en 1934 par Albert Lebrun, ce zoo faisait déjà parlé de lui avec ses enclos non grillagés. L’exposition universelle de 1931 avait donné le ton, il était bien question de pouvoir faire le tour du monde en une journée.
Aujourd’hui le zoo réouvre ses portes après 6 ans de fermeture, 170 millions d’euros de travaux et avec un plan de communication béton.
Il faut bien le dire, le Musée National d’Histoire Naturelle a mis le paquet. La célèbre agence Publicis Conseil lance la campagne d’affichage le 2 avril. Celle-ci est composée de quatre visuels en noir et blanc, mettant en scène de vrais animaux sauvages dans Paris. Le sauvage investit donc la ville avec classe et sobriété.

Plus que du simple affichage, une opération de street marketing originale menée par l’agence Ubi Bene se fait remarquer. Des grandes caisses d’animaux ouvertes et vides dans les rues symbolisaient l’arrivée tant physique que symbolique de ceux-ci.

Une fois encore le sauvage investit l’urbain, comme si les animaux avaient été lâchés dans la ville.
Mais la campagne ne s’arrête pas là, celle-ci nous accompagne jusque chez nous, sur nos écrans avec une série de films documentaires co-produits et diffusés par France Télévision et bien évidemment le digital avec notamment le compte Twitter de la star du zoo : Adeline la Girafe

A son ouverture initiale, Vincennes a vite été qualifié de « révolutionnaire », aujourd’hui pourrions-nous faire ce même constat ?
Sans doute pas, car les campagnes de communication crossmedia sont partout. De plus, il semble que la stratégie de Vincennes s’aligne sur des exemples tels que celui du zoo de San Diego, qui a un compte Twitter, Pinterest, Instagram, Facebook, et même une chaine Youtube
 En effet, utiliser les réseaux sociaux lors d’une campagne de communication n’a rien de nouveau… Par ailleurs, les animaux et le 2.0 ont toujours fait bon ménage : n’oublions pas le succès des « cute cats », des loutres ou encore des pandas sur Twitter.
Mais quel est l’intérêt de solliciter les réseaux sociaux pour un zoo ?
Une publicité gratuite ? Une sorte de bouche à oreille du 2.0 ? Une invitation à la participation, qui n’est plus seulement virtuelle mais qui peut devenir concrète. Il est en effet possible aujourd’hui de « parrainer » un animal ou même de faire un don. Ainsi derrière l’aspect participatif ludique des réseaux, peut-on parler d’une véritable tentative de sensibiliser les esprits à la cause animale ?
Si un zoo est un paradis pour les enfants, le gros de la campagne digitale s’est faite pour séduire les adultes, les faire rire, les émouvoir. Ainsi, par sa campagne de communication le zoo de Vincennes a voulu réunir petits et grands autour d’un émerveillement partagé.
En cette période chargée en événements politiques : élections, tensions en Europe, remaniement ou autres réjouissances, la réouverture du zoo fait la une. Elle est partout dans la rue, dans les intimités, sur nos écrans, à la radio…
Les animaux sauvages s’infiltrent dans le quotidien urbain, dans la ville et cela fait du bien. Une touche d’émerveillement  au milieu d’une morosité ambiance.
Nous savions que les animaux communiquaient entre eux, qu’ils ont leur langage mais nous ignorions encore qu’ils communiquaient aussi bien, tout court.
 
Sophie Cleret
Sources :
Piwee.net
Lemonde.fr
Blogs.rue89.fr
 

Société

Les shampoings à barbe passés à la loupe

 
En ce décembre 2012, l’antenne zurichoise de la célèbre agence publicitaire Publicis vient de publier une campagne d’affichage de trois visuels assez atypiques à la demande du client Garnier. Pour la promotion de leur nouvelle gamme Fructis, les shampoings Garnier ont fait le pari d’une campagne drôle et décalée. Et il faut dire que le pari est réussi. Le slogan reste le même « Prends soin de toi. » mais l’accroche « Pour tous types de cheveux » prend ici un tout nouveau sens. En effet, les images publicitaires mettent en scène trois personnages masculins, un roux, un brun, un blond (afin de respecter la sacro-sainte trinité) possédant chacun une magnifique barbe ondulante. Au lieu des traditionnels cheveux de femme, Garnier semble ici adresser ses vertus nutritives aux hommes et à leurs barbes. Quelle est la raison ? Une envie d’élargir leur cible ? De développer une approche universelle et mixte ? De briser le conservatisme des codages sociaux ?
Que nenni. En analysant un peu plus les prints ci-dessus, force est de constater que la stratégie marketing employée ici par Garnier n’est pas tant de diversifier ses consommateurs que d’en donner l’illusion pour mieux flatter leur cible originelle et fidèle : les Femmes. Par la mise en place d’un territoire publicitaire humoristique et décalé, Publicis développe ainsi une campagne en plusieurs couches visuelles, très subtile et subversive.
Le double parcours de lecture
Si notre premier contact visuel se focalise sur la pilosité des barbes soyeuses de ces messieurs, notre deuxième contact nous révèle l’astucieux trompe-l’œil. Il faut en effet quelques secondes à notre oculaire pour assimiler le fait que cette crinière appartient à une femme vue de dos que l’homme serre contre lui. Cet effet d’optique opère une séparation très nette entre les deux couches visuelles et donc relève une disparité analytique. Ce double parcours de lecture est un classique dans les analyses iconiques (cf : le schéma de Freud ci dessous qui contient consubstantiellement un homme à lunettes et une femme nue). Le deux en un trompeur assoit et légitime une profondeur de l’interprétation de l’image. Le deuxième plan devient alors plus important que le 1er car secret et sujet à réflexion. Ici, le cœur de l’affiche, celui qui fait objet de devinettes et qui ne se laisse pas découvrir au premier abord, n’est rien d’autre qu’une femme …

Garnier, des shampoings féministes ?
À l’image d’un Brad Pitt devenu nouvelle icône du parfum Chanel n°5, les publicités pour femmes développent de nos jours une nouvelle tendance féministe : introduire des hommes pour être les mannequins de leurs produits à l’instar des produits masculins qui eux ont depuis toujours utilisé les femmes pour attirer les panels de mâles dans leurs filets. Peut-on y voir là un moyen de contrecarrer le sexisme en renversant les codes ? Chez Garnier, l’homme devient appât et cela donne un côté jeune et dynamique en affirmant sans tabous la sexualité décomplexée des femmes. En effet, chez Garnier, ce ne sont plus des femmes qui parlent aux femmes des secrets de beauté dans un langage mièvre mais une émancipation sexuelle qui s’affirme : il faut des hommes pour attirer les femmes. C’est l’affirmation de l’homme-objet dans la publicité. Au lieu d’engendrer la femme à ressembler à un idéal féminin dicté par des lois canoniques, Garnier lui tourne le dos (sans mauvais jeux de mots) et masque le visage de la femme pour affirmer celui de ses désirs : l’homme, qui lui nous regarde face caméra. Pour autant, la publicité ne se fait pas anachronique car celle qui détient les cheveux et qui est au cœur de l’interprétation iconique reste la femme. Cette instrumentalisation de l’homme, qui devient un simple accessoire pour la femme, permet un renversement des codes genrés traditionnels.
Les trois prints publicitaires de Garnier se révèlent ici très brillants : leur forme, iconique et esthétique, sert ici le fond à savoir le message symbolique délivré. En effet, l’analyse à deux étages de l’image dont le centre est la femme, permet de révéler et de souligner la profondeur de l’interprétation féministe.
Une campagne intelligente et vraiment pas « barbante » …
 
Claire Lacombe

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