Publicité et marketing

Dolce & Gabbana devient l’ennemi public n°1 de la jeunesse chinoise

Raciste, dégradant, sexiste, offensant : ce sont tous les adjectifs qui sont en mesure de décrire la série de courtes vidéos de promotion de « The Great Show », un défilé organisé par Dolce & Gabbana à Shanghai. En effet, pour promouvoir l’événement, la marque à succès en Chine a diffusé sur les réseaux sociaux une série de petits films humoristiques nommée « chopsticks eating » (manger avec des baguettes). Contrairement à l’effet escompté, une vague de haine a frappé les joues luxueuses des deux fondateurs, Domenico Dolce et Stefano Gabbana. Image dégradée, boycott et messages haineux, dans quel état va donc finir la grande marque de luxe italienne ?

Publicité et marketing

H&M dans le viseur des internautes

L’année 2018 n’aura pas attendu longtemps pour nous offrir un premier bad buzz. Et la première victime n’est autre qu’H&M, épinglée par les internautes après avoir publié des photos de sa nouvelle collection. Les réseaux sociaux ont une nouvelle fois montré l’ampleur de leur puissance pour faire plier un géant du prêt-à-porter. Du côté d’H&M, difficile de croire que l’enseigne s’en sortira s’en y laisser des plumes.

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Société

Blanc sinon rien

Votre peau de couleur vous dérange ? Pas de problème ! Grâce aux comprimés Snowz de Seoul Secret, votre peau sera blanche comme neige. Plus rapide encore, rendez-vous sur l’application FaceApp qui vous fait un ravalement de façade en quelques secondes. Quant à Nivea, il y avait de quoi affoler la Toile en mars dernier avec son slogan « White is purity ». Entre badbuzz, incompréhension culturelle et véritable tendance — le blanchiment de la peau inquiète.
 
« Être blanc, c’est être un gagnant »
Avoir une peau claire est un critère de beauté répandu depuis des siècles parmi les aristocraties japonaise et française qui se distinguaient ainsi des paysans travaillant en plein air. Aujourd’hui encore, les ombrelles se multiplient en Asie dès les premiers rayons de soleil. Le culte de la blancheur est aussi visible dans certains pays d’Afrique depuis le XVIIIème siècle, période où les colons ont diffusé les canons de beauté européens. Ce symbole de succès et de beauté pousse les femmes à éclaircir leur peau au plus grand plaisir des marques et de leur portefeuille.
La marque Snowz a fait beaucoup de bruit lors de la sortie de son spot publicitaire en janvier 2016 avec le slogan “Être blanc, c’est être un gagnant”. Cette publicité jugée raciste par les internautes et qui a fait scandale en France semble en revanche n’avoir pas fait de vague en Thaïlande, pays d’origine de l’égérie de Snowz. Certes, les critères de beauté sont différents d’une culture à l’autre, mais aller jusqu’à dire qu’avoir la peau noire relève d’un manque d’hygiène, cela ne relève plus seulement de spécificités culturelles mais de racisme. Il y a ici de véritables enjeux sociétaux et sociaux relatifs au respect de soi et d’autrui dans un monde globalisé où toutes les différences sont des richesses.

 
“White is purity”
Le 31 mars 2017, on a pu penser – peut-être à tort – que Nivea voulait s’emparer de la tendance du blanchiment de la peau avec sa dernière promotion sur Facebook. Néanmoins, on s’interroge sur la véritable intention de la marque au vu du slogan plus qu’explicite « White is purity ». En voulant promouvoir son déodorant « Invisible for Black & White » au Moyen-Orient, la marque Nivea a fâché nombreux consommateurs qui se sont indignés sur les réseaux sociaux jusqu’à accuser la marque de racisme.

Ce sont les suprématistes blancs qui ont salué la publicité en commentant la publication par des images d’Hitler ou de Pepe the frog.
 
Nivea has chosen our side and the most liked comments are glorious. »
Nivea a choisi notre bord et les commentaires les plus aimés sont glorieux. »
 
Cela dit, contrairement à Snowz, Nivea s’est empressée de retirer la publicité en présentant ses excuses pour cette publication « trompeuse ».
“Nous sommes profondément désolés que quiconque ait été choqué par ce post. Après avoir compris que ce post était trompeur, nous l’avons immédiatement retiré. La diversité et l’égalité sont des valeurs fondamentales de Nivea.” Porte-parole de Nivea, site de la BBC.
 
Plus beau, plus blanc
Dans un autre registre, l’application FaceApp tout juste lancée en janvier 2017, a aussi été accusée de racisme. Elle devait simplement rendre les utilisateurs “beaux” en les faisant sourire, vieillir ou rajeunir mais l’ajout d’un filtre “hot” (sexy) a fait le buzz puisque ce dernier blanchissait la peau. La blancheur de peau a effectivement été assimilée par l’application comme un signe naturel de beauté.

Le fondateur de FaceApp, Yaroslav Goncharov, s’est excusé face aux médias et a qualifié l’incident de « problème sérieux ». Pour apaiser les tensions en vue d’une rectification de l’application, le filtre a été renommé « spark » (étincelle).
 
Oups, je n’ai pas fait exprès, …
Ces exemples font état d’une tendance inquiétante qui continue de croître et où le type caucasien devient la norme de beauté dans le monde. Des femmes vont même jusqu’à enduire sur leur visage des préparations maison contenant de l’eau de javel.
Des marques comme Seoul Secret, Nivea, FaceApp et bien d’autres qui suivent cette tendance essaient de répondre à un besoin alimenté par la mondialisation et l’industrie audiovisuelle mais cautionnent par la même occasion ces pratiques contre nature et racistes.
Les marques sont de plus en plus proches de leurs consommateurs et ont donc, par leur pouvoir d’influence et de prescription, une véritable responsabilité notamment en matière de santé. Ainsi, les followers des blogueuses beauté n’hésitent pas à se couvrir le visage de produits conseillés par les youtubeuses. Néanmoins, en octobre 2015 les fans d’EnjoyPhoenix ont fait les frais d’un masque recommandé par la blogueuse, à base de cannelle qui causait des brûlures. Suite à ce scandale, beaucoup de youtubeuses ont pris conscience de cette responsabilité qui les incombe envers leurs fans, qui sont pour la plupart des adolescent(e)s.
Par ailleurs, au vu des valeurs de Nivea, qui promeut toutes les formes de beauté féminines, il était très étonnant de retrouver la marque au cœur d’un pareil scandale de racisme. Lapsus ou réelle erreur de communication? La question demeure car ce n’est pas la première fois que Nivea est accusée de la sorte. En 2011, la marque de cosmétiques incitait déjà les américains à se « reciviliser » en abandonnant barbe et coupe afro.

Buzz ou badbuzz, on parle des marques et elles s’en réjouissent. De plus, il semble que, dans ce contexte d’alerte permanente, la véritable catharsis a lieu à travers le scandale. Celui-ci devient le défouloir de toute une société avide de mouvement, d’intolérable et de diversion face au morne quotidien. Les foules peuvent prendre les marques comme boucs émissaires de leur violence et surtout de leur liberté d’expression quand elles ne les considèrent pas comme leurs plus proches amies.
Le badbuzz est généralement craint par toute entreprise, cependant on se demande parfois s’il n’est pas voulu. Dans certains cas, cette exposition médiatique semble même révéler les fantasmes cachés des marques. Chassez le naturel, il revient au galop.
 
Voiry Flore
 
Crédits :
http://nofi.fr/2015/09/le-blanchissement-de-la-peau-un-complexe-dinferiorite/23216
Capture d’écran compte Twitter Nivea
Capture d’écran compte Twitter FaceApp
Publicité Nivea
 
SOURCES :
• LEFRANÇOIS Carole
Publié le 02/03/2016
“Sur les docks” : la mode du blanchiment de la peau auscultée par France Culture »
 
• DUVAL Jean-Baptiste
Publié le 20/04/2017
Comment les grands groupes se transforment en machines à bad buzz malgré eux »
 
• BAPAUME Virginie
Publié le 16/03/2017
« Beauté noire : les dangers du blanchiment de la peau »
 
• La rédaction de France TV
Publié le 06/04/2017
« »Le blanc, c’est la pureté » : accusé de racisme, Nivea retire une publicité »
 
• La rédaction Il était une pub
Publié le 12/01/2016
« Scandale : la pub thaïlandaise raciste pour Snowz »
 
• La rédaction Le Monde
Publié le 25/04/2017
« L’application à succès FaceApp, qui rend les gens « sexys », accusée de racisme »
 
• LORRIAUX Aude
Publié le 19/08/2011
« Nivea retire une publicité accusée de racisme »

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Culture

#OscarsSoWhite: Black Artists Matter

Les Oscars blanchis ?
Tout a commencé avec l’annonce des nommés aux Oscars 2016, le 14 janvier 2016. 71.5% d’hommes blancs, 20% de femmes  blanches et 7% d’hommes de couleur, toute catégorie confondue. Pour la deuxième année consécutive, aucune présence de femmes et d’hommes issus de minorités n’est à noter dans les catégories reines que sont le meilleur réalisateur, meilleure actrice et meilleur acteur.
Quelques jours plus tard, des stars hollywoodiennes comme Michael Moore et Will Smith appellent au boycott de la cérémonie des Oscars, accusés d’être trop blancs, via le hashtag #OscarsSoWhite. Spike Lee en tête de file réclame l’instauration de quotas pour assurer plus de diversité parmi les nommés. Il met en accusation l’organisation qui préside aux Oscars, soit l’Académie des arts et des sciences du cinéma et ses 6 000 membres.

 
Le 21 janvier, la présidente de l’Académie Cheryl Boone Isaacs, seule femme noire du comité de direction, annonce de nouvelles mesures prises dans ce sens. L’objectif est de doubler d’ici 2020 le nombre de femmes et de personnes provenant de minorités ethniques. Il faut en effet souligner que parmi les 6 000 membres, 93% sont des hommes blancs. Il s’agit donc d’une politique d’ouverture, qui se refuse à l’instauration de quotas ethniques.
La question de la discrimination ou non dans le processus de désignation des nommés fait depuis toujours débat malgré ces nouvelles mesures. Cette question fait lien avec celle de la représentativité des minorités et des femmes dans les productions culturelles et médiatiques américaines : concourent-elles à la persistance des clichés sur ces minorités et à leur exclusion des processus de création culturelle ?
Des clichés construits par les médias ?
Si la discrimination au sens de ségrégation a officiellement disparu aux Etats-Unis, c’est maintenant face à un phénomène de stéréotypie que doivent faire face ces communautés. Un phénomène relayé par les médias, notamment dans les films et séries. Concernant la représentation des minorités dans les séries américaines, Olivier Esteves et Sébastien Lefait (1), deux enseignants chercheurs, montrent qu’une logique quantitative est privilégiée par les producteurs et réalisateurs. Ils cherchent avant tout une représentativité de ces minorités en termes de nombre d’acteurs dans la série plutôt qu’une représentativité qualitative, qui échappe aux stéréotypes. Ainsi les représentations de musulmans assimilés à des terroristes (NCIS) perdurent sur le petit écran. Au-delà de la fiction, les reportages sur les arrestations et décès de membres de la communauté noire ont suscité des réactions sur les réseaux sociaux. Après la mort de Michael Brown en 2014, certains médias ont décidé de diffuser sa photo lors de sa cérémonie de diplôme, d’autres d’une photo le présentant dans une allure « gangsta ». CJ Lawrence, une avocate, lance alors le hashtag #IfTheyGunnedMeDown (s’ils m’abattaient) en montrant deux photos différentes d’elle : laquelle serait choisie par les médias ? Ce choix est déjà une prise de position : une défense ou une mise en accusation du policier responsable de sa mort.

Si dans l’inconscient américain et donc dans les médias, les minorités sont construites comme des types, il s’agit d’une construction également visible dans l’histoire du cinéma hollywoodien. Pour anecdote, la première actrice noire à être oscarisée en 1940, Hattie McDaniel, l’a gagné pour le rôle de la gentille bonne dans Autant en Emporte le Vent. Elle n’aura d’ailleurs joué quasiment que des rôles de domestique pendant toute sa carrière. Les femmes également subissent une certaine discrimination, fondée elle aussi sur le physique. En témoignent les très nombreux commentaires visibles sur les réseaux sociaux sur le physique vieilli de Carrie Fischer, de retour dans Star Wars 7. Sans s’attarder sur le nombre de rôles accordés aux uns et aux autres, l’industrie elle-même, c’est-à-dire tous les métiers du cinéma dits techniques, restent relativement hermétiques aux minorités et aux femmes, par manque de formation et de possibilité d’intégration.
Pour optimiser les profits ?
On observe aujourd’hui dans la production culturelle américaine actuelle l’émergence d’un certain communautarisme, en réaction à l’échec du Melting Pot. Il semble en effet qu’aujourd’hui les interactions ne suffisent plus pour désenclaver les communautés dans la société américaine. La notion de race existe toujours, et dans le vocabulaire, et dans l’inconscient américain et ce associé à un caractère et à un comportement, bref à un type de population. Ainsi, les chaînes de télévision, les émissions, la musique et le cinéma sont produits à destination d’un certain type de public, de communautés qui revendiquent leurs origines et leurs traditions. Les acteurs sont sélectionnés en fonction des publics visés et doivent y correspondre, que ce soit pour le secteur privé ou public (hôpitaux, supermarchés, écoles etc.). L’implicite de cette démarche étant que si l’on est noir, on connait les attentes de la communauté noire et on sera plus à même d’y répondre. L’objectif est bien sûr économique : maximiser les profits.
Dans le cinéma ainsi que dans les séries, on observe majoritairement que deux types de rôle majeur sont accordés aux acteurs et actrices noires. Tout d’abord les rôles où la couleur de peau noire est nécessaire, comme Chiwetel Ejiofor acteur principal de 12 Years a Slave, et puis les rôles secondaires auprès d’acteurs blancs, en tant que complice, comme Tyrese Gibson dans Fast and Furious. Dans l’industrie du cinéma prime en effet la rentabilité pour la majeure partie des films. L’acteur blanc est ainsi considéré comme plus bankable au détriment d’acteurs et d’actrices issus de minorités.
Ainsi, le cinéma, tout comme les médias, n’évitent pas cette stéréotypie inconsciente, même si de réels progrès sont à noter, notamment grâce à l’émancipation de la production de séries des grandes chaînes américaines (cf. Netflix). Nombre de contre exemples peuvent être trouvés. De même, la généralisation s’avère dangereuse sur ce type de sujet. Une réforme des structures de production culturelle – notamment cinématographique et médiatique – s’avère cependant nécessaire pour calmer les esprits et montrer que les médias peuvent être plus qu’un simple miroir de la société mais qu’ils peuvent également la faire avancer sur le terrain de l’égalité de tous, sans distinction de sexe ou de couleur de peau.

La question raciale dans les séries américaines (2014)

Julie Andréotti 
Sources :
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18649968.html
http://ecrannoir.fr/blog/blog/2016/01/23/oscarssowhite-face-a-la-polemique-les-oscars-se-reforment-en-profondeur/
http://www.dailyherald.com/article/20160122/entlife/160129647/
http://www.dailymail.co.uk/news/article-3415127/The-entire-country-racist-country-Danny-DeVito-Don-Cheadle-latest-celebrities-wade-Oscar-s-race-row.html
http://www.atlantico.fr/decryptage/oscars-trop-blancs-derriere-polemique-racisme-realite-pas-moins-inquietante-segregation-fait-modes-consommation-culturelle-aux-2556572.html/page/0/1
http://www.lexpress.fr/styles/vip/star-wars-carrie-fisher-en-colere-contre-les-critiques-sur-son-physique_1749757.html
http://www.lesinrocks.com/2014/12/05/series/question-raciale-les-series-us-politique-quota-permet-den-faire-moins-possible-11539654/

#iftheygunnedmedown, le hashtag qui dénonce la représentation des Noirs dans les médias aux Etats-Unis


Crédits photos :
http://images.huffingtonpost.com/2016-01-25-1453753889-3241573-oscars.jpg

#iftheygunnedmedown, le hashtag qui dénonce la représentation des Noirs dans les médias aux Etats-Unis

exhibitB
Culture

Zoo humain : le racisme pour l'art

 

Cette semaine, les travaux subversifs d’un artiste sud-africain se sont introduits entre les murs d’un grand centre culturel et artistique parisien. Du 7 au 14 décembre 2014, le Cent Quatre accueille l’exposition Exhibit B de Brett Bailey. L’exposition propose aux visiteurs la reproduction d’un zoo humain du 20ème siècle. A travers une douzaine de tableaux vivants, des noirs sont exhibés et mis en scène dans des situations de domination raciale historiques et contemporaines.
Ce spectacle déambulatoire fait l’objet de polémique, notamment en raison de son caractère potentiellement raciste. L’intention artistique de Brett Bailey est d’établir un parallèle entre l’histoire coloniale et la situation actuelle des immigrés noirs, de déclencher des réactions pour mieux dénoncer l’horreur.
En dépit de sa bonne volonté, l’exposition reste un zoo humain, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, notre société permet toujours de voir des individus exposés comme des animaux, des noirs qui se donnent à voir aux blancs. Sans distanciation, la violence symbolique est réelle, actualisée. Un zoo humain qui illustre l’atrocité de la domination blanche est mis en scène pour en faire une expérience. L’argument artistique est dégainé, mais aurait-il été tout aussi artistique, pertinent et tolérable de mettre en scène des camps nazi pour dénoncer les actes antisémites contemporains ?

La blancheur hégémonique
De plus, Exhibit B constitue un exemple plus de l’hégémonie du « mâle blanc cishétéro », la catégorie des individus socialement dominants de la société à l’heure actuelle, celle qui dispose du plus de « privilèges » au sein de la société moderne, dont fait partie Brett Bailey. Ainsi, quelle sorte de légitimité sociale peut-on lui attribuer pour exprimer la voix des noirs opprimés du 20ème siècle et d’aujourd’hui ? Exhibit B, c’est un homme blanc qui tient au nom des noirs et de leur souffrance un discours sur l’oppression et la servitude : l’illustration même du monopole de la parole blanche dans l’espace public et social, de l’appropriation culturelle.
Pourtant, l’artiste ne prend pas en compte sa propre couleur de peau (ce qui est demeure logique, puisqu’elle n’a jamais été objet de revendication) : « Je ne pense pas qu’elle soit importante. On m’a demandé pourquoi moi, un blanc, je racontais des histoires de personnes noires. Mais Exhibit B est une pièce sur l’espèce humaine. La déshumanisation concerne les deux parties. Je suis simplement un homme blanc qui parle. »
La couleur de peau, pas si importante que cela ? C’est une idée paradoxale lorsque ses travaux artistiques et réflexifs traitent des questions coloniales et raciales, qu’il a lui-même vécu dans le camp social des dominants, notamment à travers l’expérience de l’Apartheid. Son parti pris esthétique est de mettre en scène uniquement des noirs bâillonnés et muets. Quelque soit l’intention de Brett Bailey, il s’agit d’une reproduction, d’une duplication des objets racistes sans détournement ni démarquage.

Un dispositif performatif
Les partisans qui luttent en faveur du spectacle de Brett Bailey se refusent presque à parler « d’exposition » pour qualifier cet événement vivant, il s’agirait alors davantage d’une « performance », notamment en raison de la présence de comédiens noirs qui se tiennent immobiles durant une centaine minutes. Lors de ce spectacle, l’artiste insiste sur la partie prenante que constitue le public. En déambulant près de ces douze tableaux, les spectateurs sont contraints à choisir : voir ou ne pas voir ce qui se déroule sous leurs yeux.
Ce spectacle présente alors une certaine forme de performativité, mais ce dispositif est-il réellement nécessaire pour dénoncer ? En soi, la réalité historique, qu’il s’agisse de zoos humains ou d’autres abjections de l’histoire de l’humanité, et son archivage suffisent d’ores et déjà à dénoncer la cruauté humaine. Cependant, Brett Bailey a jugé nécessaire de la réactualiser dans une perspective d’art engagé. Cela dit, peut-on parler d’ « engagement » en considérant l’absence de vecteur émancipateur de ce dispositif ?
Depuis quelques semaines, le collectif Contre Exhibit B manifeste pour son interdiction. Pour ces manifestants, cette performance artistique demeure essentiellement une forme d’exploitation et chosification délibérée du corps noir. En réalité, la censure n’a pas lieu d’être mais la question de la légitimité doit se poser.
Thanh-Nhan Ly Cam
@ThanhLcm
Sources :
altermondes.org
104.fr
slate.fr
Crédits photos :
Franck Pennant / AFP
Jane Barlow

Flora Coquerel miss france 2014
Société

La belle et les bêtes

 
Depuis le 7 décembre 2013, la France a sa nouvelle Miss : Flora Coquerel, jeune étudiante de 19 ans. Si la plupart des Français approuvent ce choix (ou s’en fichent), c’est plus la nationalité franco-béninoise de l’ancienne Miss Orléanaise qui intéresse l’opinion publique que sa beauté incontestée.

On s’y est habitué : A chaque concours Miss France son scandale. Rappelons-nous seulement du litige autour du concours de 2010 entre la société Miss France (appartenant à Endemol France) et l’emblématique Geneviève de Fontenay.
Or, cette fois-ci, « le scandale Miss France 2014 » prend une dimension politique. Dès son couronnement, Flora Coquerel a été la cible d’attaques racistes, surtout sur les réseaux sociaux (à retrouver sur Buzzfeed), espaces protégés par l’anonymat. « Elle n’est même pas blanche celle qui représente la France » compte hélas parmi les commentaires les plus cléments…
De plus, de soi-disant trucages du vote du public auraient fait gagner une fille métissée en guise de réponse du Comité Miss France à Alain Delon qui, suite à ses propos favorables au Front National, n’est plus le bienvenu au Comité dont il était pourtant le parrain « à vie. »
Pourquoi ce concours est-il toujours accompagné d’une polémique ? Serait-ce surtout pour faire parler à chaque fois d’un évènement dépassé qui perd de plus en plus l’attention de la population ?
Cependant, l’élection Miss France 2014 soulève une deuxième question : celle de la légitimité de la parole sur internet, une sphère encore peu contrôlée. Les auteurs de propos racistes publiés sur la toile ne devraient-ils pas être condamnés comme dans la vie réelle ?
 
Teresa Spurr
Sources :
Le Nouvel Observateur, Le plus
Lepoint.fr
Huffingtonpost.fr
Linternaute.com
Photos :
Une : TF1
Sacre Flora Coquerel : metronews.fr

racism
Société

L’e-mail, média actif du racisme

 
« La nouveauté, ce n’est pas la banalisation des propos racistes, c’est la circulation par  Internet qui leur ouvre un espace », notait le sociologue Michel Wieviorka dans Libération le 5 novembre dernier. Si l’on constate aisément l’ampleur du phénomène sur les réseaux sociaux et les blogs, dans des commentaires d’utilisateurs souvent anonymes, une autre face de cette circulation sur Internet est bien moins médiatique : celle de chaînes d’e-mails aux tendances racistes ambigües.
L’espace qu’investissent ces chaînes est particulier : de par la régularité du phénomène et la multiplication de ses contenus, il pourrait s’inspirer du principe des Newsletters, notamment dans l’attente qu’il crée chez les personnes qui les reçoivent. Cependant son format est invariablement celui de la chaîne que l’on transmet à tout son réseau, ou du moins ceux qui ne s’élèvent pas contre cette transmission.
Au-delà des nombreux glurges et hoax souvent relayés par cette stratégie de push, il s’agit de conforter le destinataire-diffuseur dans son sentiment d’avoir raison et de ne pas être seul (au vu du nombre de destinataires du message). Cela se fait notamment à l’aide de citations, véritables arguments d’autorité, surtout lorsqu’il s’agit de personnalités frappant l’imaginaire collectif tel que De Gaulle.
Les personnes qui cautionnent ces messages en les retransmettant ne se considèrent pas comme racistes, ainsi leurs rédacteurs jouent sur cette légitimation d’une pensée flirtant pourtant bien avec un racisme décomplexé.
Si le contenu de ces chaînes est effectivement peu crédible pour qui est accoutumé au fact-checking et aux hoax, sa méthode reste pourtant prospère aujourd’hui.
Lorraine de Montenay
Source :
Hoaxbuster.com

Alain Finkielkraut
Politique

Alain Finkielkraut : entre identité et modernité

 
Ce serait peu de dire que L’Identité malheureuse, le nouveau livre d’Alain Finkielkraut, suscite la polémique – conduisant même un individu à entarter le philosophe lors de son discours d’adieu à Polytechnique où il fut professeur.
 Si l’on en croit les médias dont le philosophe ne cesse de déchaîner les passions,  ce récent ouvrage n’est autre qu’un ramassis de propos racistes anti-immigration… Surprenant pour un membre de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme).
 Dès lors, peut-être faut-il dépasser les discours médiatiques enflammés pour tenter de comprendre l’une des problématiques posées par Finkielkraut dans cet ouvrage. En tant que philosophe, ce dernier propose avant tout une réflexion sur les concepts d’identité et de diversité. À l’heure où la question de l’immigration semble de plus en plus importante,  Finkielkraut s’interroge sur la possibilité d’appartenir ou non à une nation, définie par une identité nationale. Or, cette problématique peut prendre sens lorsque l’auteur pose les questions de l’évolution technique et de la consommation au chapitre intitulé « Une chose belle, précieuse, fragile et périssable ».
 Pour Alain Finkielkraut, s’est perdu le contact avec le passé et avec ce qui faisait l’identité française, aujourd’hui attaquée par la technique et la consommation. En effet, comme pour ce dernier l’identité se définit par l’héritage, et que l’héritage est ruiné par le présentisme dans lequel nous vivons du fait même de l’interconnexion et de la technicisation, alors l’identité n’est plus. Malgré la polémique qu’un tel discours peut susciter, l’ouvrage a au moins un mérite : il permet de poser la questions du lien entre identité et médiatisation, héritage et technicisation.
 Ainsi, peut-on toujours parler d’identité nationale alors que les nouveaux médias sont vecteurs d’instantanéité et d’interactivité et ruinent par là-même le passé et l’héritage communs à la nation ? Jusqu’où y a-t-il un impact des médias et de la communication sur la question aussi bien philosophique que sociétale de l’identité et de l’appartenance à un groupe ? Enfin, comment accueillir lucidement les transformations du monde actuel ?

 
Juliette Courtillé

Culture

Tarantino déchaîné

 
N.B. : Cet article risque de décevoir les cinéphiles. On parle communication ici.
On connaît tous Quentin Tarantino à l’aune de ses films déjantés, violents et colorés, que l’on a vus, revus, ou peut-être jamais vus (d’ailleurs, il serait peut-être temps d’aller y jeter un coup d’œil). Néanmoins, on méconnaît encore Tarantino le communicant, celui qui a su, tout au long de sa prolifique carrière (depuis ses  premiers scripts réalisés par d’autres jusqu’à la sortie de son tout dernier film, Django Unchained, le 16 janvier) jouer avec son propre personnage et le contenu de ses films pour faire parler de lui et promouvoir de facto ses œuvres. Un bel exemple de personal branding que nous allons essayer d’analyser ici.
 
Un acteur raté, un cinéaste né, un communicant doué
 Il faut le dire, Tarantino semble avoir un don pour se saisir des médias et faire parler de lui, ce qui sert évidemment la promotion de ses films. Acteur raté (en 1998 il monte sur les planches de Broadway pour jouer un gangster sadique, mais se fait doublement conspuer par la critique, pour sa prestation et pour le succès mitigé de son film Jackie Brown), il a néanmoins un certain talent pour jouer la comédie et mener les médias par le bout du nez. Pourtant, ce n’est pas un personnage réellement charismatique, quoique l’on puisse en dire, mais il fait preuve devant les caméras et les journalistes d’une impudeur et d’un narcissisme qui font de lui un bon client médiatique et un bon communicant. Il aura su se créer un personnage, en adéquation avec sa filmographie, et dont il est en fait le faire-valoir : un homme haut en couleurs, connu pour ses sautes d’humeur, une star de l’industrie du cinéma que l’on attend avec impatience de voir apparaître quelques minutes dans chacun de ses films. Réfléchissez-y quelques instants : quel autre réalisateur a ce statut de star cinématographique (et qui n’est pas lui-même un acteur) ? Bien sûr, on aime à dire que l’on va voir un film de Haneke, que l’on a vu tous les Leone ou les Godard, mais aucun de ceux-là n’ont réussi là où Tarantino a triomphé : créer une « marque » associée à leur nom.
 
Un as de la promo
Avant tout, Tarantino est un maître de l’auto-promotion, du personal branding. Pour se défendre auprès de ses détracteurs qui critiquent son amour pour le feu des projecteurs, il a choisi de les placer face à un simple constat : quand un acteur est amené à parler de son film (et qu’il en fait donc la promotion « cachée »), on ne lève pas les boucliers aussi promptement. Néanmoins, on peut affirmer de manière certaine qu’aucun cinéaste n’a son attitude sous les projecteurs : le personnage Tarantino aime communiquer sur ce qui ne semble pas en rapport avec ses films (sa vie privée, son amour pour la pop culture, son opinion sur le cinéma), mais qui au fond, n’est qu’une stratégie pour occuper l’espace public et médiatique. Quand les autres voient sur le court-terme, lui recherche l’occupation à long terme. Résultat, on ne voit que lui. Depuis le 7 juin, jour de la sortie du teaser de Django Unchained, et jusqu’à  aujourd’hui, la presse et les médias ont multiplié les dossiers, reportages, rétrospectives à son propos. Une campagne de communication comme les autres me direz-vous. Pas tant que ça. Ce serait oublier que Tarantino avait multiplié les déclarations au cours des deux dernières années, évoquant son rêve de réaliser un western spaghetti, sauce Sud esclavagiste, toujours en restant assez vague, mais en donnant assez d’éléments pour que nous en redemandions. Évidemment, cela a mis l’eau à la bouche de beaucoup, et laissé perplexes certains. Mais le stratagème avait marché, et nous étions dorénavant, au mieux, en attente de nouvelles informations, au pire, au courant d’une prochaine sortie du réalisateur du mythique de Pulp Fiction.
 
Des polémiques à l’image de sa filmographie : presque ridicules, toujours alléchantes
Avant même la sortie de Django Unchained sur nos écrans, la polémique faisait rage dans les médias. Ce bon vieux Spike Lee, revenu à la charge contre Tarantino (il l’avait déjà vivement critiqué pour l’utilisation trop prolifique du mot « nigger » dans son film Jackie Brown en 1997), clamait sur Twitter et dans la presse son indignation au vu du traitement de la question noire, qu’il qualifie d’holocauste, dans Django.
 
Certes, on ne peut lui reprocher sa sensibilité sur la question, mais il a ainsi nourri le moulin à eau de Tarantino ; celui-ci, un peu excédé d’avoir à se répéter à chaque nouvelle sortie, a perdu son sang froid face au présentateur britannique Krishnan Guru-Murthy après que celui-ci lui ait demandé s’il n’y avait aucun lien entre aimer la violence à l’écran et l’aimer dans la vie réelle. Ce qui a peut-être été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est la commercialisation de figurines à l’effigie des personnages principaux du film, et qui prouve de façon plus ou moins grossière que Django est aussi un prétexte au marketing pur et dur, ou du moins que le marketing pénètre de plus en plus la sphère artistique.
 
Une fiction pas si pulp
Cependant, le système de la « marque » Tarantino a aussi ses limites, comme le dit si bien Vincy dans son article sur le site ecrannoir.fr : « À force de tout régenter en faisant de chaque sortie une machinerie marketing, centrée autour de lui-même, le réalisateur, qui n’est pas Orson Welles, risque de devenir davantage un Godard caricatural ».
C’est vrai, Tarantino, dès 1997, a rapidement saturé les médias. Et Vincy de renchérir : « À force de multiplier les casquettes et de diluer la qualité dans la quantité, le phénomène dont il était l’épicentre est devenu une tornade à hauts risques. » Mais avec Kill Bill en 2003, Tarantino revient au centre de l’attention, et malgré quelques baisses d’affection (période Inglorious Bastards), la marque Tarantino n’est pas prête de quitter les esprits. Jusqu’à ce que Tarantino se retire lui-même du circuit ? Il l’a en tout cas annoncé : il ne fera que dix films. On a donc encore de beaux jours devant nous pour observer cet énergumène médiatique, génie du cinéma et héraut de la culture moderne.
 
Laura Garnier
Sources :
Le portrait de Tarantino sur Écran Noir
Quentin Tarantino préparerait un western spaghetti sur Slate
Quentin Tarantino, le Luc Besson américain ? Sur Films Actu
Polémique : Django Unchained, le dernier Tarantino, est-il raciste ? sur Slate
 

Société

Briques racistes

 
Jabba The (Dead) Terrorist
Dans la foulée de Django Unchained, voici que de nouvelles (et succulentes) accusations de racisme viennent frapper un grand nom de la culture mainstream.
Il était prévisible que l’usage répété du mot « nègre » dans un film de Quentin Tarantino soit voué à faire des remous. En revanche, il y avait plus de quoi créer la surprise le 19 janvier, lorsque Lego a été visé par une plainte de la Communauté Culturelle des Turques d’Autriche, à la fois dans leur pays mais également en Allemagne et en Turquie.
Quel était donc le grief de la communauté ? Le set « Star Wars 9516 » sorti l’été dernier et représentant le palais de Jabba the Hutt de Star Wars VI « Le Retour du Jedi ».

Les plaignants voyaient en effet une nette incitation à la haine raciale dans la structure du jouet et dans son packaging, avec en bloc : une architecture reproduisant à l’identique (sic) celle de Hagia Sophia (Sainte Sophie) à Istanbul, une tour de garde qui ne pouvait être que l’un des quatre minarets de la même Grande Mosquée et un mercenaire alien placé au sommet de la tour et étant à l’évidence une grossière caricature d’un muezzin à l’heure de la prière. La Communauté Culturelle poursuivait en mettant en garde contre un amalgame potentiel par les enfants entre les musulmans et les criminels sadiques habitant le palais de Jabba – le jouet étant conçu pour les 9-14 ans. On se retiendra de demander quelles conséquences ils associent au film lui-même sur la jeunesse d’hier, Star Wars VI montrant un palais nettement plus réaliste et frappant.

Probablement en raison d’une certaine perplexité, Lego a mis cinq jours à réagir pour finalement délivrer un communiqué le 24 janvier. On y lit en substance et sans grande surprise que la marque n’a jamais compté offenser qui que ce soit, que le palais ne représente que des personnages fictionnels, etc.
Déjà vu
Le communiqué ne faisait nulle mention du possible retrait du set, sans doute à cause du côté anecdotique de l’évènement. Mais, il n’en est pas toujours ainsi. On se souvient des cas de Resident Evil 5 (Capcom, 2009) et Thor (Paramount et Marvel, 2011).
Le premier avait subi les foudres du New Black Panthers Party américain, car la séquelle de la célèbre série de jeux de zombies se déroulait en Afrique, menant à la dénonciation d’ « un Blanc qui tue des Noirs en Afrique ». Malgré une communication de crise réactive, Capcom avait fini par régler la question en ajoutant une héroïne d’origine africaine, qui visiblement n’avait pour sa part rien de choquant dans sa pratique du massacre vidéoludique.

Thor avait quant à lui souffert d’une méfiance semblable au moment de son annonce : une rumeur s’était répandue sur Internet et avançait que la mise en image des dieux nordiques serait une occasion d’exalter le « White Power ». Engageant Idris Elba, dans le rôle de l’être divin Heimdall pour couper court aux critiques, Marvel avait alors ouvert la porte à de nouvelles joyeusetés. Cette fois, le coup était venu de divers groupuscules néo-nazis américains. Ces derniers clamaient que « Marvel continue sa campagne radicale, anti-blanche » en engageant un acteur à la peau noire (lequel ne s’était d’ailleurs pas gêné pour mettre cette accusation en charpie). Au reste, l’offensive continue encore à ce jour en parallèle de la production de Black Panther, nouveau film de super-héros cette fois sans aucun rapport avec l’organisation éponyme.

Jeunesse en danger
Tout cela étant dit, ne mélangeons pas tout. La Communauté Culturelle Turque a été alertée par les craintes sans doute sincères d’un père de famille autrichien. Il avait initialement reçu le jouet de sa sœur pour son fils et l’avait considéré dans cette optique. Rien à voir donc avec l’hystérie néo-nazie vue plus haut. En outre, la crise relativement récente autour de Innocence of Muslims est probablement une raison, parfaitement compréhensible au demeurant, de cette paranoïa.
Il est en revanche remarquable que les producteurs et exploitants de licences fictionnelles aient de plus en plus à se dépêtrer d’amalgames immédiats et faciles et par suite, de condamnations contradictoires. Quentin Tarantino lui-même se défendait avec cet argument dans son interview pour Slate. Il remarquait en effet que The Legend Of Nigger Charley (1972), traitant de l’esclavage comme Django Unchained, avait à l’époque été boudé pour ne pas être allé assez loin dans la dénonciation. On observe la même inversion absurde que pour le cas de Marvel, à tel point que la promotion de ce type de productions semble maintenant devoir prendre en compte la moindre interprétation déplacée.
Alors, comment éviter des Flops plus ou moins graves, comme ceux que nous avons passés en revue ? Il est évident que le classique « il s’agit d’une œuvre de fiction » n’a plus beaucoup d’efficacité. L’interconnectivité d’Internet est certes incontrôlable par les marques, mais elle ne peut être le seul coupable. Le bouche à oreille fonctionnait tout aussi bien par le passé pour créer des effets d’indignation. Mais ce sont les causes de ces indignations qui prennent des formes inédites : les jouets, le jeu vidéo…
Les exploitants de licences fictionnelles sont peut-être face à un choix draconien : aplanir leur propos et leur créativité selon une logique inexorable, ou devenir assez tentaculaires sur les réseaux pour pouvoir combattre de telles crises.
 
Léo Fauvel
Sources :
7sur7
Purepeople.com
Ozap.com
Le communiqué de la Communauté Culturelle des Turques d’Autriche

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