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Publicité et marketing

RATP : Entre com' et comédie !

 
Et si la RATP parvenait à faire cesser l’incivilité la plus courante sur ses lignes grâce à une communication pour laquelle elle n’aurait pas versé un sou ? Depuis plusieurs mois une troupe de comédiens indépendants a investi nos rames parisiennes pour faire leur promotion, et ce pour notre plus grand plaisir de spectateur passager.
Imaginez : deux hommes en costumes-cravates, sac de sport à la main et badge RATP au côté, entrent dans votre wagon et se présentent comme les agents d’un nouveau service mis en place par le groupe pour vous apprendre à valider votre ticket. Mais très vite leurs gesticulations dans tout le wagon vous font douter. Le fou rire commence à monter quand ces joyeux comiques dégrafent théâtralement leurs costumes pour amener le dénouement. Le dernier acte est alors libérateur d’un rire franc qui sort tout seul de votre gorge : les deux troubadours grimpent désormais aux barres parallèles et s’y trémoussent dans tous les sens, le tout sur un remix de « Je t’aime moi non plus » mettant sous les projecteurs l’orgasme de la validation du ticket. Evidemment, l’annonce finale de leur véritable identité n’est plus vraiment un coup de théâtre.
Un show des plus hots dont vous vous souviendrez, ce qui explique sans doute que le très sérieux groupe RATP, qui jusqu’ici a mis la culture à l’honneur à travers ses expositions sous-terraines ou ses campagnes de poèmes, n’a pas censuré un tel spectacle et a accepté qu’il se joue sur ses planches. En effet, si certains grimacent devant les caleçons aux motifs des plans du réseau et en font tout un drame, la plupart des passagers applaudissent à pleines mains devant la performance et ne sont pas près d’oublier comment valider leur ticket.
 
Inès Garmon
Crédits photo :
panoramadelart.com

Cher Voisin de Transport - page d'accueil
Société

Le retour du défouloir des urbains !

 
Si tout comme moi vous êtes sortis des transports en commun ce matin avec de fortes envies de meurtre, ce site créé par la RATP est pour vous… Après un large succès l’année dernière, la plateforme « Cher Voisin de Transport » revient pour le plus grand plaisir de ces coups de gueule qui se sont tus. Il semblerait que l’ambition de notre transporteur adoré (Rentre Avec Tes Pieds pour les intimes) fut celle de mettre à disposition de ses voyageurs un espace pour exprimer aussi bien ses prises de têtes que ses coups de cœur. On voit aisément de quel côté penche la balance. De quoi faire évoluer le discours sur les incivilités dans les transports ? Et peut-être même dans la vie quotidienne ? La RATP n’en est pas à sa première campagne sur le sujet comme nous avions pu le voir, ici, dans l’article d’Héloïse Hamard en novembre dernier. Pourtant qui peut prétendre avoir vu de véritables changements depuis ? Peut-on vraiment espérer faire évoluer les comportements avec une campagne de communication ? Hélas, c’est là le grand dilemme des campagnes sociales. En attendant ce renversement surprenant, cela nous donne tout de même à voir de belles campagnes.
Si la campagne d’affichage (très réussie à mon humble avis) n’a pas eu l’effet escompté, le site « Cher Voisin de Transport » aura, lui, fait beaucoup d’heureux. Le concept était très simple : les voyageurs frustrés de ne pas avoir pu exprimer leur joie ou leur mécontentement pouvaient enfin se lâcher sous la forme d’un billet joliment tourné. Celui-ci était ensuite publié sur la page d’accueil du site qui s’apparentait alors plus à un blog. Les internautes se prêtaient ensuite au jeu des likes et des commentaires pour élire les pamphlets les plus populaires.
Cette année, le procédé a évolué vers des « mèmes » ou, plus simplement, vers des photographies représentant les situations les plus communes d’incivilités sur lesquelles les internautes peuvent inscrire le message de leur choix, le tout avec humour s’il vous plait !
Voici les trois plus populaires à ce jour :

Si ces mèmes sont plutôt comiques, il reste qu’ils ne sont pas tout à fait conformes à l’intention première du dispositif. Le coup de gueule comme le coup de cœur sont absents mais le détournement est, lui, bien présent. Maintenant vous savez où vous défouler,  n’hésitez pas à nous faire partager vos œuvres en commentaires.
 
Marion Mons
Sources & Crédits photo :
RATP.fr
CherVoisindeTransport.fr

Campagne RATP et Publicis Conseil - Le buffle
Société

Jacques a dit « Bonjour… j'ai dit bonjour ! »

Maudire un voyageur qui refuse de se lever, bien que vous soyez à moitié assis sur ses genoux. Rêver de pouvoir couper le crachotement de ces hauts parleurs ou les cris de cet usager d’un simple claquement de doigts. Rattraper celui qui a lâché le lourd portillon du métro pile sur votre nez pour l’informer de votre douleur, et par la même occasion de votre existence. Oui, vous aussi avez vécu tout cela, car vous aussi prenez les transports en commun chaque jour.
Pour tenter d’améliorer la situation quotidienne de plus de dix millions de voyageurs, la RATP a lancé en Septembre 2011 une grande campagne « Contre les incivilités des transports ». De multiples slogans frappants inspirés de La Fontaine, comme « 2 bonjours font 1 bon jour » – réutilisant les couleurs des lignes de métro pour les chiffres – ont envahi quais et wagons des métros, RER, bus et tramways parisiens. Les affiches-miroirs de la campagne, représentant exactement ce qui nous entoure au moment où on les voit, nous mettent physiquement face au problème par des représentations animales de ces perturbateurs de tranquillité. Quelques spots télévisés ainsi que des actions dans des gares aussi diverses que Saint-Lazare, Torcy ou Nanterre sont venus parfaire cette campagne, qui avait tout pour frapper les esprits et nous faire prendre conscience des 9 999 999 voyageurs qui nous entourent.
Pourtant, environ deux portillons sur trois claquent aux nez tous les jours en sortant des quais, les portables sonnent plus fort que jamais et adolescents comme quinquagénaires continuent de s’avachir sur les strapontins dans une foule courroucée et épuisée. Non, on ne peut pas dire que cette campagne ait réellement changé les choses, bien que la RATP ait pleinement rempli son rôle (comme le pensent 90% des Franciliens¹). Les grèves et pannes quotidiennes (qui n’aident pas la diffusion de la bonne humeur et de la politesse dans les rames) n’étant pas une nouveauté, il semble bien que les parisiens d’aujourd’hui soient de nature tout aussi « incivile » qu’au début de cette campagne.
Il faut cependant noter les millions de personnes qui chaque jour ne se laissent pas décontenancer par ces râleurs – moins nombreux mais plus marquants. Laisser sortir avant d’entrer soi-même dans la rame, se lever de son siège quelques minutes avant de sortir pour éviter de trop gêner les autres ou encore céder sa place aux cheveux blancs ou aux ventres ronds sont des actes récurrents, mais peu observés et encore moins imités par les dissidents. Si l’on devait chercher une explication, on pourrait évoquer la psychologie classique propre à chaque être humain de voir en face de lui un « autre », qui gêne par son regard inquisiteur, observateur… Humain. Mais justement, c’est bien pour cela que recevoir un sourire plutôt qu’un regard glacial en sortant péniblement du train est une fonction communicative indispensable de la société, une lutte permanente contre la solitude impossible à mener dans la ferraille glacée de la voiture individuelle.
La campagne de la RATP prouve que cette fonction essentielle des transports en commun côtoie cependant bien des aspects pénibles, et qu’un peu de gentillesse, un simple sourire peuvent éclairer la journée de quelqu’un. Si le nombre (pas si minoritaire que ça) de voyageurs « civils » augmentait, le quotidien n’en serait que moins sombre en ces heures de crise, mais vu les faibles résultats observables de cette campagne on peut malheureusement penser que les perturbateurs de notre sérénité ont encore de beaux jours devant eux.
 
Héloïse Hamard
¹ d’après le Cabinet d’études TNS Sofres
Crédits Photos : ©Publicis Conseil/RATP

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