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Société

Rétrospective ou recyclage ?

 
C’est dans la joie et la bonne humeur que 2013 s’achève, emportant avec elle son lot de guerres, d’attentats, de consécrations et de morts célèbres. Vous l’avez compris, l’heure est à la rétrospective, et ce depuis quelques semaines déjà.
 En 2013, les récapitulatifs qui étaient habituellement réservés aux artistes et organisés dans des musées, des galeries ou des cinémas sont partout : Google, Facebook, Pinterest, dans le Huffington Post, Libération. Si les listes de mots les plus recherchés sur Google dans le monde et par pays se basent sur des statistiques et présentent un certain intérêt, les résumés de l’année 2013 présentés par des journaux ou des sites d’information en ligne ne tiennent-ils pas plutôt du recyclage ? Un journal est un lieu d’information où l’on traite de sujets d’actualité, et c’est justement là que la question de la pertinence d’une rétrospective se pose. Depuis plusieurs semaines, chacun des sites mentionnés nous propose un panorama de l’année écoulée. Or, plutôt que de nous présenter les moments forts de 2013, certains se démarquent en mettant en avant leurs articles les plus marquants de l’année, ceux qui comptabilisent le plus de like, de partages. Nous resservir ces articles, ce n’est pas célébrer l’information mais fournir du réchauffé.
 Il en va de même pour les rétrospectives que chaque personne inscrite sur un réseau social peut télécharger et partager avec ses amis, abonnés, followers : nos publications ayant recueilli le plus de « like » méritent-elles véritablement que nous les publiions ? 2013 a été une année chargée et internet n’aime pas le vide, mais en ces périodes de fêtes, ne ferions-nous pas mieux de cesser de communiquer sur des actus qui n’en sont plus et d’arrêter le recyclage ?
 
 Clémence Lépinard
Crédit photo :
Branchez-vous.com

Société

Jacques a dit : « Triez de plaisir »

 
« Et si vous pimentiez vos relations avec les déchets ? Découvrez les plaisirs du tri sans complexe » Voilà la promesse de la nouvelle campagne de sensibilisation au tri sélectif lancée par la métropole d’Angers. Revisitant le Kamasutra en 12 positions de recyclage, lejustetri.fr cherche à capter spécifiquement l’attention des étudiants, très présents dans la ville, pour donner enfin un côté « sexy » au tri des déchets.
 
Sexe et communication, ça marche à tous les coups ?
Utiliser les connotations sexuelles pour convaincre, ce n’est pas nouveau. Déjà en 1939, dans Le viol des foules par la propagande politique, Serge Tchakhotine mettait en évidence la manière dont l’utilisation des pulsions pouvait servir une cause idéologique, et parmi elles il comptait la pulsion sexuelle.
À présent employé de manière beaucoup moins subversive, le sexe reste un ressort de communication fréquemment utilisé. Et quoi de mieux quand il s’agit de toucher la cible spécifique des jeunes, cette espèce mutante en permanence livrée à un déferlement hormonal incontrôlable ? En effet, comme l’affirme sans complexe Olivia Dansette, responsable de fabrication à Liner Communication, l’agence qui a réalisé cette campagne : « Le plaisir sexuel est l’une des préoccupations des jeunes, c’est bien connu. Nous avons donc proposé une campagne décalée et ludique, qui devrait permettre de les interpeller plus facilement. »
Une assimilation qui paraît un peu simpliste. Mais se défendant de tout côté scabreux, cette opération n’aurait que pour but d’enclencher le dialogue avec les jeunes. Le site Internet s’accompagne en effet d’une tournée au contact des étudiants dans les principales universités angevines avec, au programme, théâtre de rue (le « Trishow »), distributions de badges et de tracts informatifs…
 
Un site Internet difficilement recyclable
Toutefois, au-delà des petits jeux et tests extrêmement bien conçus et interactifs, on regrette tout de même un peu que l’information n’aille pas jusqu’au bout de sa mission. Impossible par exemple de récupérer sur le site Internet un petit récapitulatif des bons gestes à adopter, qui en gardant un ton humoristique aurait pu être placé facilement sur le frigo des étudiants. À vouloir jouer sur le ludique à tout prix, lejustetri.fr constitue donc un outil de sensibilisation selon moi trop éphémère, négligeant le fait que c’est devant sa poubelle que l’on se retrouve désarçonné à devoir trier, plutôt que devant son écran d’ordinateur.
 
Un enjeu d’image pour la métropole d’Angers
Mais au-delà du tri sélectif, il ne faut pas oublier le retentissement que peut avoir une telle campagne pour Angers et sa métropole. 
Avec des campagnes telles que « Je veux Metz » ou encore « L’Aisne it’s open », les villes et agglomérations rivalisent d’originalité pour attirer les jeunes talents.
Ainsi pour Angers Loire Métropole, capitale européenne du développement durable, cette campagne est aussi un enjeu d’image pour se montrer comme une ville dynamique et innovante, afin de continuer à attirer des étudiants mais également de jeunes actifs.
Les petites vidéos proposées sur le site sont d’ailleurs astucieusement tournées dans des lieux touristiques de la ville d’Angers, tel un placement de produit discret. De même, cette opération est lancée stratégiquement un mois avant « Made in Angers », le gros évènement annuel qui vise à promouvoir l’économie angevine et ses filières stratégiques, dont bien évidemment le développement durable.

Judicaëlle Moussier