Culture

Rising star : quand l'émission déchante

 
Lancée en 2013 par la société de production israélienne Keshet Broadcasting, l’émission HaKokhav HaBa – repris sous le nom de Rising Star – a très vite gagné sa place dans le monde des télé-crochets. Ce programme innovant remporte rapidement l’adhésion du public israélien – atteignant jusqu’à 49% de parts de marché – et devient alors le nouveau succès convoité des diffuseurs internationaux. En France, c’est M6 qui se montrera la plus persuasive pour remporter le contrat.
Un concept innovant où l’immédiateté règne
Avec un format reposant sur la gratuité du vote, le direct continu et une interaction plus qu’active avec le téléspectateur qui décide du sort des candidats, Rising Star rompt avec les codes classiques des télé-crochets, ces concours de chant télévisuels. Chantant derrière un mur, les candidats, sélectionnés par un jury ou bien sur Instagram, doivent recueillir 70% de votes positifs via l’application Rising Star afin de faire lever le mur et ainsi poursuivre l’aventure. C’est donc sur le principe d’immédiateté que repose cette émission, où le téléspectateur, friand du direct, peut détenir les pleins pouvoirs du déroulement d’un prime.
Des audiences en chute libre
Le 15 septembre dernier M6 diffuse un kick off* de l’émission : un succès avec 3,7 millions de téléspectateurs. Un score très encourageant qui se reproduira 10 jours plus tard pour la première avec 3,8 millions et 16,9% de parts de marché et surtout M6 première sur les cibles jeunes et féminines, les cibles recherchées. Mais voilà, ce succès n’aura pas duré puisque la deuxième émission ne rassemble que 2,7 millions pour 12% de part de marché ; la troisième chute encore en atteignant seulement 9% d’audience et la quatrième ne fait guère mieux, peinant à atteindre les 2 millions de téléspectateurs.
Des bugs techniques, un jury irritant qui sonne faux, une présentation en duo qui se cherche, un manque de souffle et de surprise : la presse, tout comme le public, sont critiques. Les réseaux sociaux, plus particulièrement Twitter deviennent des défouloirs où la moindre erreur n’est pas pardonnée. Un comble pour cette émission musicale interactive.
« @Mauraneofficiel : « En résumé, pour moi #RisingStar c’était la première et la dernière fois » »
« @neige2407 : « Avis très mitigé sur cette 1ere de #risingstar, présentation tres en deçà et le surf sur la vie privé des candidats me dérange bcp » »
Un coup dur pour la chaîne qui partait pourtant confiante avec notamment Nicolas de Tavernost qui annonçait en mars dernier : «  Je vais vous faire une confirmation, un aveu, Rising Star ça va être un immense succès, voilà. »…raté.
Malgré des améliorations, le public n’adhère pas. En conséquence, la régie publicitaire de la chaîne doit revoir à la baisse ses tarifs, le coût des écrans passant de 60.000 à 30.000 euros les 30 secondes. Avant d’être un pari risqué pour la chaîne, Rising Star reste surtout un programme très onéreux.
Rising star : le télé-crochet où la voix est oubliée
Autre critique de l’émission : la focalisation sur l’histoire des candidats. « Je veux prouver à mes parents qu’ils se sont trompés », « j’ai abandonné l’école pour réaliser ce rêve », « je veux prendre une revanche sur la vie » : Ces phrases-là ne sont que des échantillons parmi tant d’autres. Pathos et sob stories** sont mis au premier plan et la prestation même du candidat au second. Avec les codes de la téléréalité, l’histoire du candidat est alors rabâchée encore et encore par la présentation ou par une Cathy Guetta larmoyante. Le cliché supplante alors la musique et faire le buzz semble alors être l’objectif principal. Nous sommes loin du concept de The Voice où la voix est au cœur de l’émission. Une volonté de la production ? Malheureusement cela ne paye pas et engendre moins de sympathie que d’agacement.
Nathalie Nadaud-Albertini, sociologue des médias, relève également le concept du mur comme repoussoir. Ce  « mur virtuel » peut « donner l’impression de quelque chose d’un peu désincarné, ou du moins dont on n’a pas l’habitude visuellement », annonçait-elle sur BFMTV. Cette dernière ajoute qu’il faudrait «laisser du temps au téléspectateur pour qu’il s’habitue. » Mais les téléspectateurs pros du zapping auront-ils assez de patience ?
Un échec du genre
Petite dernière sur la liste, Rising Star arrive dans une période où les télé-crochets sont assez contestés.
Serait-elle donc la goutte d’eau qui fait déborder le vase ? Là où The Voice est parvenue à se faire une place grâce à son concept novateur, Rising Star semble avoir manqué la marche et entretient cette lassitude des télé-crochets chez le public français. Les récentes déprogrammations de X Factor, Star Academy et Popstars ou la baisse d’audience de Nouvelle Star annoncent-elles déjà une fin prématurée de Rising Star ?
Si M6 assure ne pas vouloir diminuer son nombre de prime, la rude concurrence de TF1 avec la série Profilage attirant plus de 30% d’audience, la pression économique ou encore des crises internes comme la récente mort d’un participant, peuvent sonner la fin de ce programme. Rising Star parviendra-t-elle à échapper à une déprogrammation en France, là où l’Angleterre n’aura même pas attendu une première diffusion ?
*coup d’envoi
**histoires larmoyantes
Félix Régnier
Sources :
BFMTV
Europe 1
RTL
Le Tube (Canal +)

Ozap.com

Culture

RIsing star : la social tv sur le devant de la scène

 
M6 avance ses pions sur le grand échiquier des programmes TV. Dans quelques mois, la chaîne lancera « Rising Star », un télé-crochet nouvelle génération. Pour espérer rivaliser avec The Voice et TF1 – dont la saison 3 cartonne actuellement – M6 mise sur un programme totalement interactif, qui marquera peut-être une vraie révolution dans l’ère de la social TV.
 « Le premier concours de chant 100% interactif »
Star Academy, X Factor ou la Nouvelle Star… on ne compte désormais plus les émissions musicales du genre passées à la trappe ou reléguées au second plan. Pourtant, avec Rising Star, l’adaptation directe d’un concept israélien à gros succès, M6 veut marquer les esprits. Plus qu’un simple talent show aux codes vus et revus, l’émission se présente comme un spectacle musical où le téléspectateur est roi.
Bien loin des fauteuils rouges qu’il faut retourner, les candidats – en solo ou en groupe – se présenteront devant un immense mur digital, symbole des téléspectateurs. Ce sont ces derniers, devant leur poste et via une application dédiée, qui décideront si oui ou non le chanteur mérite que le mur se lève et laisse apparaître un vrai public et le jury, dont le rôle sera a priori moins décisif qu’à l’accoutumée. Les rumeurs vont d’ailleurs bon train sur la composition de celui-ci : M.Pokora, Linda Lemay, Cathy Guetta ou encore – et c’est plus surprenant – Lenny Kravitz, seraient pressentis.
Un vote gratuit et immédiat
Ce concept d’interactivité totale avec les téléspectateurs va de pair avec l’idée d’un vote gratuit et immédiat. Dans la continuité d’une retransmission en direct des tweets, le téléspectateur pourra donner son avis en temps réel et aura, par là même, la chance de voir apparaître son visage – du moins sa photo de profil Facebook – sur le fameux mur digital.
Les appels et SMS surtaxés ainsi que les longues minutes de remplissage des animateurs dans l’attente des résultats ne seront plus qu’un lointain souvenir. M6 veut réussir un tour de force conséquent : faire que chacun devienne acteur de l’émission et, de fait, cultive un sentiment de quasi appartenance au spectacle. Grâce au lourd dispositif technique mis en place par la chaîne, tout un chacun pourra, depuis son canapé, laisser aller sa spontanéité et se sentir influent sur le cours du télé-crochet en question. Le second écran qu’est le smartphone ou la tablette tactile, fondateur de la notion de social TV, n’apparaît plus ici comme un simple accessoire éventuel, mais bel et bien comme un facteur nécessaire au déroulement de l’émission. « Sans le second écran, pas de show », commentait d’ailleurs le PDG de la maison de production du programme israélien.

Vers une révolution des pratiques télévisuelles ?
L’avènement des réseaux sociaux, et notamment de Twitter, a doublement impacté les programmes de divertissement à la télévision. D’un premier côté, les téléspectateurs ne se contentent plus de regarder, ils commentent et réagissent en direct. De l’autre, et dans un système de cause à effet, les producteurs se lancent dans une course aux tweets effrénée où générer du discours devient un objectif à part entière. De plus en plus, certains tweets, soigneusement sélectionnés, apparaissent à l’écran pour amplifier cette idée d’interactivité, si chère aux téléspectateurs actuels.
C’est en cela que Rising Star s’avère être incroyablement dans l’air du temps. Mais plus encore, le prochain programme d’M6  pourrait marquer un réel tournant, voire une révolution, dans les pratiques télévisuelles. Pour la première fois, et grâce à Internet, le téléspectateur est placé au centre d’une émission. Cette valorisation du plus grand nombre pourrait bien devenir, à terme, une constante des divertissements et s’imposer comme un facteur de réussite. En Israël, le programme rassemblait chaque semaine près de 50% de parts de marché.
Il semblerait que M6 veuille s’imposer comme le précurseur français de cette social TV dernière génération puisque la chaîne lancera début mars en prime time « Qu’est-ce que je sais vraiment ? », un quizz télévisé présenté par Stéphane Plaza et Karine Lemarchand, dont la singularité est de faire participer les téléspectateurs depuis leur second écran.
 
Céline MALE
Sources
Metronews
L’express
M6
Télérama
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