Société

L’Eurovision, boulet du service public ?

 
Remontons le temps et souvenons-nous de cette époque où l’Eurovision représentait encore pour nos parents un événement télévisuel à ne rater sous aucun prétexte. Cinquante-huit ans plus tard, ce qu’il en reste est une indifférence généralisée des Français à l’égard d’une soirée interminable et synonyme, depuis 1977, de défaites souvent cuisantes.
On voit ainsi l’audience diminuer de manière constante, le triste record étant l’an dernier de 2,7 millions de téléspectateurs (14% de parts d’audience), là où la finale de The Voice en réunissait 7 millions le même soir.
Aussi, c’est pour remédier à cela que France 3, diffuseur depuis 1999, tente cette année d’innover en faisant participer pour la première fois les téléspectateurs au choix du représentant tricolore. En effet, les votes des Français, via Internet ou par téléphone, compteront pour 50% de la décision finale, le reste revenant à un jury de professionnels. Si le but affiché est d’accroître la légitimité du chanteur choisi, il n’en demeure pas moins que l’enjeu est d’attirer et d’impliquer plus fortement de potentiels téléspectateurs. On a ainsi vu durant tout février, et à grands renforts de spots publicitaires, une large campagne de présentation des trois candidats et d’appel au vote sur la chaîne publique.

Malgré tout, il n’est pas sûr que cela soit vraiment efficace. En effet, en misant une fois de plus sur des jeunes talents – Joanna, Destan et les Twin Twin – l’organisation semble oublier que les audiences n’ont jamais été aussi bonnes que lorsque des chanteurs reconnus ont été choisis. C’était le cas notamment en 2009 avec Patricia Kaas et quelques 6 millions de téléspectateurs.
De plus, il semble qu’apparaisse un véritable effet pernicieux du système. Il faut dire qu’en s’exposant pendant plusieurs semaines à l’appréciation des téléspectateurs, le programme n’a fait que générer toujours plus de critiques, pour ne pas dire de moqueries, vis-à-vis des candidats et de leur niveau jugé désespérant. Face à cela, il est donc possible que les Français, avertis plus que jamais de l’impossibilité de l’emporter, ne décident de se détourner une fois de plus du programme.
Entre service public et public à servir, il est à craindre que France Télévisions ait encore du souci à se faire au soir du 10 mai prochain.
 
Grégoire Larrieu
 
Sources :
Forum Eurovision.fr
Site de France 3
Extraits vidéos des trois candidats