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Société

Flanby, on a tous à y gagner

 
Il y a eu Le Général, il y a eu VGE, il y a eu Tonton, il y a eu Chichi, il y a eu Sarko puis il y a eu… Flanby. On ne choisit pas son surnom, on choisit encore moins ceux qui vous le donnent. Pour l’anecdote, c’est le socialiste Arnaud Montebourg qui, le premier, a affublé François Hollande de ce sobriquet si sympathique. C’est l’inconvénient d’organiser une primaire: les coups bas partent plus tôt, et sont susceptibles d’être recyclés par le camp d’en face. Les militants de droite ne se sont d’ailleurs pas gênés. On aurait du mal à le leur reprocher.
Flanby c’est excellent. Flanby, c’est exquis. Quel meilleur moyen de discréditer un candidat à la magistrature suprême que d’associer son image à celle d’un flan retourné dégoulinant de caramel. Très honnêtement, on ne voit pas. Tout y est, le gras synonyme d’oisiveté, la texture flasque pour la difficulté à choisir et à s’affirmer et enfin le caramel, péché de gourmandise et donc faiblesse dans notre morale chrétienne. Comme en plus Flanby est d’abord un produit pour les enfants, le surnom connote de surcroît l’immaturité. Une chose du coup est certaine, si le remuant Arnaud est  nommé ministre, il ne l’aura pas dû à des courbettes.
Tout cela n’a néanmoins pas empêché le candidat socialiste de gagner cette élection présidentielle. Chose intéressante d’ailleurs, il n’a jamais protesté contre ce surnom, ne s’est pas insurgé, n’a pas menacé de traîner qui que ce soit en justice. C’était intelligent. Rien de pire pour la victime de railleries que de protester contre les railleurs. Cela vaut aveu de faiblesse et attire au mieux la pitié, au pire de nouvelles salves de moqueries. Il aurait pu par contre répondre, pour tenter de réorienter les rires vers son adversaire. Si l’idée lui est venue, il a eu assez de lucidité pour en voir le danger. François Hollande a cherché pendant ses deux campagnes, pour l’investiture socialiste et la Présidence de la République, à être à la hauteur juste, c’est-à-dire à bonne distance des conflits partisans. Il ne pouvait donc se permettre de descendre sur un terrain si glissant, même par l’intermédiaire de ses militants.
Ne lui restait donc plus qu’à accepter, où à feindre d’ignorer ce surnom peu enviable. La chose peut sembler dure. Pourtant, si l’on y regarde de plus près, cela en valait sûrement la peine. En ne disant rien, François Hollande a montré de la force, de la solidité. Au lieu d’être démonté par de basses attaques ou de s’abaisser à leur niveau, il a hissé sa stature en ne leur accordant pas la moindre importance publiquement. Plus loin, les premières connotations attachées au désormais célèbre produit laitier sont peut-être en train de se faire oublier, du moins en partie. Ainsi, Flanby pourrait bien se transformer en force pour le nouveau Président, le sobriquet devenant finalement un atout en forme de capital sympathie.
Et la marque Flanby dans tout ça ? Elle s’est tout simplement payé un buzz à l’œil. Comme le dit la directrice marketing des produits frais du groupe Lactalis-Nestlé : « les gens entendent ou lisent très souvent le nom de notre marque et, avec un peu de chance, ils le gardent à l’esprit » (1). En paquet, sur assiette, sur buste, planant au-dessus du palais de l’Élysée ou en rayon à côté d’un certain camembert, on aura de plus beaucoup vu le produit en question, sans qu’il soit, lui, jamais réellement mis en danger. Si au marketing de Lactalis-Nestlé, on la joue prudent et on dit ne pas s’attendre à des hausses « impressionnantes » (1), difficile de nier qu’il s’agit là d’une belle affaire. La marque enregistre évidemment un beau gain de notoriété, sans coût financier ni d’image en outre.
Faut-il dès lors penser que Flanby, on a tous quelque part à y gagner ? L’ambitieux Arnaud sera en mesure de répondre à cette question mercredi.
 
Romain Pédron
(1) – streetpress.com