Société

Passer outre les clichés sur l'Outre-Mer

Le petit écran est, comme tous les lieux de représentation, régulièrement accusé de véhiculer des stéréotypes. Des clichés de tout types (de la femme bimbo aux jeunes en passant par la banlieue) sont confortés par le « quatrième pouvoir » qu’est la télévision en rendant visible un imaginaire collectif stéréotypé. Cependant, combattre les clichés plutôt que d’y contribuer peut être un choix de ligne éditoriale. C’est en tout cas le pari que se sont lancés Sébastien Folin et toute son équipe avec l’émission C’est pas le bout du monde diffusée sur France O depuis le 7 mars 2017, et qui a pour ambition de lutter contre les clichés sur les DOM-TOM.
L’émission, C’est pas le bout du monde
Il y a comme un air de déjà vu pour le téléspectateur qui a allumé son poste de télévision le 7 mars au soir. En effet, le plateau de C’est pas le bout du monde ressemble à ceux des grands talk-shows avec sa table en triangle faite de bois et de verre, autour de laquelle on retrouve le présentateur entouré de son équipe et de ses invités. Le logo de l’émission rappelle également ceux des talk-shows de Canal+ avec un effet graphique et le rappel des initiales. Ainsi le média fait appel au familier pour déconstruire les images communes.
Programmée jusqu’en juillet à raison d’une émission par mois, C’est pas le bout du Monde entend mettre en valeur la diversité et la richesse des cultures de l’Outre-mer en allant au-delà des idées préconçues. Pour ce faire, Sébastien Folin a à ses côtés trois experts qui ont trois regards différents sur la diversité culturelle qu’offre l’Outre-Mer. On retrouve Elliot Chemlekh pour l’humour, Erika Govinda Rajen pour le sérieux et l’expertise journalistique et Fabrice d’Almeida pour le regard de l’historien.
Il s’agit de découvrir des lieux et des traditions inscrits au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, d’en savoir plus sur des chanteurs ultramarins ou encore d’aller dans les coulisses des musées des DOM-TOM, pour que les métropolitains comme les ultra-marins en sachent plus sur les diversités et les richesses des territoires d’Outre-mer.
Les invités sont choisis pour donner l’image la plus sincère possible de l’Outre-Mer. Pour la première émission, c’est Rachid Badouri qui fut invité. L’humoriste québécois aime à souligner les différences culturelles entre le Québec et la France, celles entre le Maroc, pays dont est originaire son père, et le Québec. Bref, Rachid Badouri était l’invité idéal pour aborder les différences culturelles dans le cadre détendu du talk-show puisque son approche humoristique des différences culturelles appliquée à l’Outre-Mer donne d’emblée le ton de l’émission de Sébastien Folin.
Les stéréotypes sur les DOM-TOM ont toujours le vent en poupe
L’Outre-Mer semble être l’oubliée des médias français. Lors des dernières élections régionales, aucun média n’avait diffusé les résultats des DOM-TOM. Le directeur du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires) s’était emporté face à cet oubli et avait déclaré: « Nous en avons assez que L’Outre-mer compte pour du beurre » et avait ajouté « Ce mépris régulier constitue à la fois un déni de démocratie et une forme de racisme par omission ». A la suite de quoi, le CRAN avait saisi le CSA qui doit garantir le traitement médiatique des outremers au même titre que les territoires de l’hexagone lors de résultats d’élections. L’association « OriZon Réunion » s’en est quant à elle remise à l’Etat en lui demandant de communiquer davantage sur ces territoires. L’objectif est que les ultramarins soient des membres de la République reconnus à part entière, différents mais pas indifférenciés en tant que citoyens français et donc qu’ils soient comptabilisés dans les calculs et les statistiques électorales comme toutes les autres régions et collectivités.
Cette absence dans les médias ne se résume pas aux résultats électoraux. En effet, en 2011, Claudy Siar, délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer, avait déjà dénoncé les « injustices concrètes » dont étaient victimes les territoires et départements d’outre-mer. A commencer par l’absence de bulletins météo dédiés à ces territoires.

En outre, lorsque les médias font référence à l’Outre-mer, ils mettent en avant les images collectives que l’on se fait de ces territoires. Zouk, plage et cocotiers viennent tout de suite à l’esprit quand on parle des DOM-TOM. Les cadres paradisiaques des clips de Francky Vincent ou de la Compagnie créole diffusés sur le petit écran dans les années 80 et des séries françaises comme Meurtres au paradis font désormais partie de l’imaginaire collectif, et ont construit l’image que les téléspectateurs se font de ces lieux et participent à conforter les clichés associés aux DOM-TOM.
Branle-bas de combat chez France Ô
L’ambition première de France Ô était de répondre à ce déficit de traitement médiatique des DOM TOM dans les médias français. Il s’agissait de créer une chaîne de télévision qui puisse offrir aux Français d’outre-mer vivant en métropole une fenêtre sur leurs régions. Cependant, la chaine d’information peine à trouver une ligne éditoriale clairement définie. France Ô est tiraillée entre ses racines ultramarines et l’injonction qui lui est faite de s’adresser à toute la diversité française. Ces difficultés se traduisent par des audiences très faibles (le 25 octobre 2014, la chaîne a même réalisé 0% de part d’audience). En ce sens, c’est un échec pour France Télévision qui tente d’accorder davantage de visibilité à l’Outre-mer mais qui n’est pas suivi par l’audimat dans sa démarche d’ouverture, ce qui a amené le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à se poser la question du maintien de la chaîne au sein du groupe public. Finalement, France O fut maintenue au sein de France Télévision avec pour mission de concentrer sa programmation sur l’ultramarin dès la rentrée 2016 et depuis les audiences redécollent. Un jour en outre-mer, ou encore Génération What ? Outre-mer sont des émissions aux lignes éditoriales plus proches du terrain ultramarin. Ainsi, elles ont participé à la hausse de part d’audience ainsi qu’à rendre France O plus visible médiatiquement.

C’est pas le bout du monde vient donc compléter cette grille de programmes en ajoutant au combat pour la visibilité de l’outre-mer celui de la lutte contre les clichés que les médias font circuler à son propos et arrivera sûrement à convaincre les autres médias d’intégrer l’Outre-Mer à leur contenu.
Judith Grandcoing
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Sources:
Fabien Piliu, La métropole s’intéresse-t-elle enfin à l’Outre-Mer? La Tribune, le 12.12.2016, consulté le 16.03.2017
Les invités de Mediapart, L’absence de l’Outre-Mer, un déni d’identité? Mediapart le 21.09.2011, consulté le 17.03.2017
AFP, Le CSA saisi sur l’absence des Outre-mer dans les médias, L’expansion, le 14.12.2015, consulté le 16.03.2017
Anne Sogno, C’est pas le bout du monde, Sebastien Folin contre les clichés, Nouvel Obs, le 07.03.2017, consulté le 16.03.2017
Sebastien Folin, Haro sur les clichés de l’Outre-Mer, l’Instant M, le 06.03.2017, consulté le 06.03.2017
Crédits images:
. Pleine vie, Sebastien Folin nous parle de l’Outre-Mer pour sa nouvelle émission c’est pas le bout du monde, le 05/03/2017
. Telecaps, Anais Baydemir présente la météo sur France 2 le 29/08/2013
. L’observatoire Caledo, Génération What ? le 20/11/2016

Sexisme pub
Société

Sexiste ou non ?

 
“Sexisme (nm): attitude de discrimination fondée sur le sexe.” Trouvez-vous cette publicité pour un match de football sexiste ?
Je ne la considère pas comme telle. Pourtant, sur le blog Stéréopub, 76,8% des internautes pensent le contraire…
Aïe ! Suis-je « macho » ? Créé par 6 étudiants en journalisme de Sciences Po, Stéréopub nous montre plusieurs publicités de 1960 à nos jours. Face à elles, 3 choix s’offrent à nous : soit nous considérons la pub « sexiste », « non sexiste », ou cliquons sur le bouton « sans avis ».
Ainsi, il peut arriver que notre avis ne soit pas partagé par la majorité. Le sexisme serait donc une question de perception et d’interprétation. Et ces dernières ne sont pas dues à une question de genre puisque les publicités catégorisées comme sexistes sont l’avis autant des femmes que des hommes. Les internautes qui ont trouvé la publicité du Stade Rennais « sexiste » sont composés à 53,7% de femmes, et à 46,3% d’hommes. Ce qui est également intéressant, c’est l’évolution de la publicité de 1960 à nos jours. Même si les mœurs de la société ont considérablement évoluées, certains codes publicitaires d’antan subsistent encore aujourd’hui.
Ce blog permet aussi de faire un constat : il est aujourd’hui devenu extrêmement complexe pour les annonceurs de communiquer. Chaque mot, chaque insinuation peut très vite aboutir à une polémique. Toute publicité peut se retrouver accusée (à tort ?) de sexisme. Alors, discriminante la pub du Stade Rennais ?
 
Pierre Halin
Sources :
Stéréopub
Libération