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Superbowl 2017, quand la politique s'invite au stade

Le Superbowl est un des évènements sportifs les plus importants de la planète qui a réuni cette année, plus de cent millions de téléspectateurs. Ï les annonceurs, c’est l’occasion de réaliser le coup marketing de l’année. Afin de capter l’attention des téléspectateurs, de plus en plus las des formats classiques, la publicité devient un spectacle à part entière.
Mais puisque pertinence publicitaire rime souvent avec actualité médiatique, certaines marques n’ont pas hésité à profiter de la couverture médiatique pour exprimer leur positionnement anti-Trump. Ce qui — ne le nions pas — leur offre à leur tour, un rayonnement international. Parmi les sujets très controversés sont revenus le projet de construction d’un mur à la frontière mexicaine, mais aussi le « muslim ban », décret interdisant l’entrée sur le territoire de ressortissants de certains pays arabes. Si celui-ci a été rejeté par la justice, il en dit long sur la couleur que Trump donnera à son mandat. Le traditionnel show de mi-temps, assuré par Lady Gaga, s’avère après analyse, beaucoup plus politisé qu’il n’en a l’air.
Des publicités aux messages forts
La publicité de 84 Lumbard, fabricant de bois de construction, a certainement délivré le message le plus limpide. Une mère et sa fille traversent le Mexique pour se retrouver face à un mur infranchissable en arrivant à la frontière des États-Unis. Elles trouvent finalement une porte leur permettant d’entrer. Puis, « la volonté de réussir est toujours la bienvenue ici » s’affiche à l’écran. La référence à la construction du mur est si évidente que Fox News, la chaîne diffusant le match et ayant ouvertement soutenu Trump durant la campagne, a demandé à l’annonceur de supprimer la fin du film comprenant le mur. Une censure en partie détournée par l’invitation à voir la suite de la publicité sur leur site internet, qui a rapidement saturé.

84 Lumbard s’est défendu d’encourager l’immigration illégale. Rob Shapiro de la Direction client de Brunner, l’agence à la tête de cette campagne déclare à ce sujet : « il n’était pas possible d’ignorer ce mur et les débats sur l’immigration qui se tiennent dans les médias et dans tous les foyers américains. Alors que tous les autres tentent d’éviter la polémique, n’est-il pas temps pour les marques de défendre ce en quoi elles croient ? ».
Airbnb, Expedia ou encore Budweiser ont eux aussi diffusé des spots attaquant directement la politique anti-immigration de Trump et ventant les bénéfices de celle-ci sur l’économie et la société.

La publicité politisée s’appuie sur le discours d’information objectivé par les pratiques journalistiques de la société. En l’occurrence, l’opposition à la politique controversée de Trump est largement relayée dans les journaux du monde entier. Défendre « ce en quoi les marques croient » correspond à une stratégie de communication qui reflète l’état d’esprit d’une partie de la société. Pour Patrick Charaudeau, professeur à l’Université Paris XIII et chercheur au CNRS, tous ces savoirs qui constituent la source des références faites dans la publicité, correspondent à une « représentation rationalisée sur l’existence des êtres et des phénomènes sensibles du monde ». Ce type de discours s’apparente aussi à un discours politique dans la promesse d’un bien-être prochain, l’idée d’une cause commune, où le pouvoir d’achat remplace le vote. Il rompt en outre, avec la vision d’un discours publicitaire déconnecté de la société.
Le show de Lady Gaga, une référence cachée aux scandales de Trump père?

Le spectacle de Lady Gaga avait tout ce qu’on attendait de la mi-temps du Superbowl. La scène montée en un temps record donnait l’impression d’être en plein milieu d’un de ses concerts. La chanteuse a toujours revendiqué son soutien à la communauté LGBT et son opposition à Donald Trump. Ainsi, beaucoup espéraient quelques mots à ce sujet durant son spectacle. Mais, comme elle l’avait annoncé, aucune allusion directe au Président n’a été faite, à part peut-être le jet de micro à la fin du concert, rappelant celui de Barack Obama lors de son dernier discours.
Cependant au début du spectacle, la chanteuse a entonné This is your land de Woody Guthrie. Cette chanson de protestation est extrêmement connue aux États-Unis, elle a été chantée par Bruce Springsteen à la cérémonie d’investiture de Barack Oabama. Mais ce que peu savent, c’est que l’auteur lui-même était un opposant à Trump … père.
Écrite dans les années 30, This is your land ne paraît qu’en 1951. Elle a été raccourcie et les vers politisés ont disparu pour plaire au plus grand nombre. Il aura fallu attendre jusqu’en 1997 pour découvrir le reste de la chanson. Les paroles sont en effet, une critique du système américain qui laisse, comme l’a connu Guthrie lorsqu’il écrivait cette chanson, des personnes dans la faim et dans la pauvreté.

Mais c’est dans un autre texte de 1950 que Guthrie critique ouvertement la Trump Organization, alors dirigée par Fred Trump, le père de Donald. Après la guerre, la crise immobilière a laissé des milliers de personnes sans logement. Fred Trump a profité de cette opportunité pour développer un parc immobilier en signant des contrats publics avec la Federal Housing Administration.
Guthrie a habité pendant deux ans à Beach Heaven, un parc de logement de la Trump Organization, à Brooklyn. Dans sa chanson I ain’t go home, aussi appelée Old Man Trump, il dénonce deux choses : la discrimination raciale de Beach Heaven, qui n’accepte pas les Noirs, mais aussi des loyers aux prix exorbitants en nommant directement Fred Trump comme responsable.
« Beach Haven ain’t my home!
I just cain’t pay this rent! »
« Beach Haven looks like heaven Where no black ones come to roam!
No, no, no! Old Man Trump! »
En 1954, la Trump Organization est effectivement accusée de fraude de 4 millions de dollars au gouvernement américain suite à une sur-évaluation des loyers. Entre 1973 et 1978, le département des Droit Civils l’accusera également de discrimination raciale. Les dossiers ont établi qu’une politique de discrimination raciale était menée, visant à réduire la population noire dans les logements.
En interprétant une de ses chansons, la voix de Lady Gaga se lie indéniablement à celle de Guthrie. Ainsi, tout en subtilité, elle redonne vie à l’esprit contestataire de Guthrie, ainsi qu’à son opposition à Trump. Elle n’embarrasse pas le sponsor du spectacle, Pepsi, par des remarques directes. Non, elle retourne ce géant de la culture américaine contre celui qui, en remettant en cause l’immigration, qui est un des fondements de cette société cosmopolite, tente de la détruire.
Louise Cordier
LinkedIn
@louisycordier
Sources :

« La publicité politisée : du devoir de discrétion à l’impératif de transparence » pas de date de publication, lu le 8 février 2017
« This Land Is Our Land: how Lady Gaga sang an anti-Trump protest song at the Super Bowl without anybody noticing », Telegraph, Alice Vincent, publié le 6 fevrier 2017, lu le 7 février
  « Super Bowl: des spots publicitaires anti-Trump diffusés », publié par l’Express le 6 février 2017, lu le 7 février
Fred Trump, Wikipedia, lu le 7 février 2017

Crédits :

Photo de couverture, Airbnb, Superbowl 2017
Woody Guthrie, image de la pochette du vinyl sorti en 1997, label Smithsonian Folkways Recordings
GIF Lady Gaga au Super Bowl 2017

 

Scarlett Johansson
Flops, Publicité

Super Bowl 2014 : l'avènement de la conscientisation de la publicité virale

 
Véritable institution pour les passionnés de football américain aux Etats-Unis, le Super Bowl est aussi devenu au fil des ans un événement important pour les publicitaires et les annonceurs désireux de bénéficier d’un écran publicitaire inestimable en termes de visibilité. Ainsi, c’est à ceux qui auront eu les moyens de dépenser quatre millions d’euros pour quelques secondes de spot que reviendra l’honneur d’être diffusé lors du championnat. Et l’enjeu est de taille, puisque l’évènement retransmis à la télévision américaine réunit chaque année plus d’une centaine de millions de téléspectateurs et est aussi massivement commenté et relayé sur les réseaux sociaux. Un pic d’audience annuel dont les annonceurs ont tout intérêt à profiter !
Chaque année, les heureux élus conçoivent donc un spot spécialement pensé pour sa diffusion lors de l’évènement, rivalisant d’inventivité et de moyens. Les films publicitaires sont ainsi conçus et annoncés comme de véritables points d’orgues d’une campagne. Une guerre marketing qui pousse les marques à proposer des spots assurément efficaces et dans lesquels on retrouve des éléments récurrents : animaux parlants, bébés à l’humour décapant, actrices les plus connues…
C’est dans l’optique de se moquer de ces codes que Volkswagen a décidé de les rassembler dans le teaser du spot que la marque proposera durant l’évènement. Destiné à piquer la curiosité du public avant la diffusion du véritable film lors de la finale, il rassemble chiots, poneys, bébés, célébrités et sumos afin de tourner en dérision les spots habituellement présentés lors du Super Bowl. La marque de voiture allemande n’a pas été la seule à jouer avec cette recherche du viral à tout prix et sa conscientisation (1). Puisque la course à la diffusion virale est ici explicite et sciemment revendiquée par la marque, elle se retrouve donc face à un public prévenu et conscient de la stratégie qui est ici mise en œuvre. Mais le propre d’une stratégie publicitaire n’est-il pas que celle-ci ne soit pas décelée par le public ? Dès lors, il devient possible de se demander dans quelle mesure un tel paradoxe peut être mis au service de la stratégie des marques concernées.

Du partage spontané à l’incitation, une nouvelle forme de marketing viral ?
Rappelons que le marketing viral  est un mode de promotion par lequel le public assure l’essentiel de la diffusion du message publicitaire en le recommandant spontanément à ses proches ou à un réseau de connaissances. L’effet de buzz sensé être produit par cette légère satire est donc paradoxalement une illustration de ce que tente de dénoncer Volkswagen. En effet, le film relayé par les aficionados sur les réseaux sociaux, a été pensé dans une stratégie de marketing viral, au même titre que les publicités qu’il dénonce. Et si l’ambivalence de ce spot soulève bien l’hypothèse que la conscientisation de la logique de marketing viral pourrait devenir une nouvelle stratégie, le film réalisé par la marque Sodastream nous permettrait de l’affirmer.
Cette dernière a en effet récemment signé un contrat avec l’actrice Scarlett Johansson qui devient donc sa première égérie, obtenant en prime une apparition remarquée dans le spot qui sera diffusé lors du SuperBowl 2014. Le film commence par une présentation pour le moins sérieuse du produit et de ses bénéfices par la belle blonde vêtue d’une blouse blanche, rappelant un simple discours de prescription. Mais même si l’image véhiculée par l’actrice est sans conteste plus vendeuse que celle de Mac Lesggy dans une publicité pour une célèbre marque de brosse à dents, la présentation du produit n’est en fait ici qu’un prétexte et le spot prend véritablement toute sa profondeur lorsque S. Johansson lance d’un air faussement candide : « If only I can make this message go viral… ». S’ensuit donc un show sexy sans réel rapport avec le produit où l’actrice met à profit tous ses atouts charme, avec en prime un petit message aux concurrents directs de la marque : « Sorry Coke and Pespi ».
Un spot plein d’autodérision où la conscientisation de la recherche du viral par la marque devient une stratégie à part entière. Un phénomène marketing nouveau puisque même si le principe d’une diffusion virale est déjà perçu par les annonceurs comme un moyen peu coûteux et avéré d’augmenter sa visibilité, il n’avait jusqu’ici jamais fait l’objet d’un détournement. Pour autant, cette stratégie semble pertinente au regard de la prise de conscience par les consommateurs des moyens mis en œuvre par les marques pour attirer leur attention. De plus, étant donné que les consommateurs sont aujourd’hui passés maîtres dans l’art de déjouer les codes publicitaires, le pari de la transparence peut sembler être une réponse judicieuse.

Pour autant, le fait d’aller à l’encontre du fonctionnement même du marketing viral en cherchant à pousser au partage ne pourrait-il pas créer un phénomène de rejet de la part du public ? En effet, rappelons que le principe du viral est basé sur le partage d’un contenu pour sa qualité, son originalité ou encore son caractère divertissant. Une propagation qui est donc bien sensée se faire d’elle-même et non sur la recommandation du créateur du contenu. Il s’agit ici d’un renversement du principe du viral qui voudrait que ce soit au public de juger si un contenu est assez bon pour être partagé. Le danger de l’utilisation du paradoxe entre la recherche du viral et sa conscientisation dans des spots comme celui de Sodastream pourrait donc bien être le fait que la marque décrète elle-même son film comme étant viral, et pousse en quelque sorte le spectateur à partager pour partager.
En conclusion, le tour de force des publicités les plus partagées durant les éditions précédentes du SuperBowl, à l’image de celles de Pepsi ou de Coca Cola, ne serait-il pas d’avoir réussi à susciter l’engouement nécessaire au partage par le public sans avoir à l’y inciter ?
Amandine Verdier
(1)  Conscientisation : Ici, action de conscientiser, de faire prendre conscience de la stratégie de marketing viral qui a été mise en place.
Sources :
Forbes.com
Theguardian.com
Adweek.com
Crédits photos :
Businessinsider.com

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Kiss for peace
Les Fast, Publicité

« Kiss for Peace » ou la nouvelle campagne publicitaire intrigante et novatrice du déodorant Axe.

 

Le nouveau spot publicitaire d’Axe, sorti en exclusivité avant d’être diffusé mondialement le 2 février 2014 à l’occasion du célèbre Super Bowl aux Etats Unis, détonne par rapport aux campagnes précédentes. En effet, la ligne de conduite de la marque du groupe Unilever change du tout au tout – passant de l’humour à l’audace. Les formules Anarchy, Dark Temptation ou Apollo, mettant en scène de jeunes hommes à croquer, laissent aujourd’hui place à Axe Peace. La marque se veut jeune, moderne, et n’hésite pas à s’affirmer en dévoilant un concept audacieux et novateur.
Arrogante, la campagne fait déjà le buzz en troquant ses protagonistes privilégiés – les machos et les filles en furie – pour des dictateurs et des machines de guerres. Les conflits internationaux sont résolus par le pouvoir d’un simple baiser. Axe fait désormais place au changement, en mettant pour la première fois la femme au premier plan. La figure masculine se mue en véritable gentleman prêt à renoncer à la guerre par amour. Le coup de théâtre et l’étonnement du spectateur renforcent le message de la campagne de communication.
Son succès est enfin intensifié par l’implication qu’elle donne aux internautes : ceux-ci sont sollicités pour soutenir l’association Peace One Day. En partageant un baiser sur le hashtag #kissforpeace, certains auront la chance d’être exposés à Time Square sur un panneau d’affichage. Quoi de mieux pour pouvoir être au centre de l’attention ?
 Laura de Carné
Sources :
Tuxboard
Le monde marketing
 
 

Com & Société

Peut-on toujours « madonner » le monde à 53 ans ?

 
Ce n’est une surprise pour personne : le nouvel album de Madonna est sorti le lundi 26 mars dans les bacs. Minutieusement préparée, la communication élaborée autour de la parution de cet opus provoquait déjà une scission entre les fans impatients et les autres, partagés entre l’agacement et une curiosité réservée. Toutefois,  chacun à sa manière attendait de pied ferme le retour de la « Reine de la Pop ».
Le titre même se veut accrocheur : « MDNA », initiales qui font évidemment écho aux petits cristaux euphorisants, ainsi qu’au DNA, acronyme anglais d’ADN. On s’attend alors à un album qui serait du « pur Madonna », marqué à la fois par son ADN et ses vertus addictives. La promesse est élevée, et la communication autour du douzième album de la Reine n’est pas là pour le démentir.
L’élément paroxystique de sa promotion est bien sûr sa performance à la mi-temps du  Super Bowl 2012, diffusée sur NBC. La Madone commençait en effet son live en reprenant deux de ses titres phares : Vogue et Music, avant d’enchaîner de façon plus surprenante sur une reprise de Sexy and I Know It de LMFAO. Mais c’était surtout l’occasion de chanter son nouveau single Give Me All Your Luvin avec ses deux nouvelles collaboratrices Nicki Minaj et MIA. Devant environ 114 millions de téléspectateurs, il s’agissait d’un véritable enjeu pour créer l’engouement autour de son album.

Oui mais voilà, déjà, à ce moment, un article du Figaro soulignait : « La prestation était à couper le souffle du côté de la mise en scène. Mais la chanteuse, un peu molle et hésitante dans sa performance, a perdu de sa superbe. ». Un tel propos laisse bien entendre le principal obstacle pour Madonna : personne ne nie sa capacité à surprendre et à proposer des spectacles de qualité, mais là où le doute s’installe, c’est lorsqu’il s’agit de savoir si elle est toujours celle qui casse les paradigmes des tendances musicales, celle qui trône au royaume de la musique populaire.
En effet, celle qui a vendu le plus de disques de tous les temps se confronte à des monstres de la scène musicale, prêts à jouer sur les ressorts les plus efficaces de la communication et de la provocation pour faire parler d’eux. Citons sa principale concurrente Lady Gaga, à la fois artiste la plus suivie sur Twitter et personnalité la plus influente du monde selon le magazine Time . Celle-ci cherche l’innovation à un point tel qu’elle a opté pour un changement de look au jour le jour, la création d’un réseau social (LittleMonsters.com) ou encore des prises de position politiques (la dernière en date : création d’une association pour se battre contre les humiliations subies par les jeunes lors des bizutages). Par ailleurs, l’américaine délurée est tout aussi capable de faire des shows enflammés que des ballades au piano.
En clair : la jeune génération (oui oui, Katy Perry, Shakira, et toute la clique) a formé une nouvelle cour des Grands, dans laquelle on joue certes à provoquer aux niveaux politique et sexuel, mais également à triompher sur Twitter & Co. Voilà pourquoi le nouvel album de Madonna semble décevoir : il semble presque désuet dans les moyens qu’il exploite pour faire parler de lui.  Ainsi, le clip « Girls Gone Wild » paru tout récemment, tire les ficelles du « porno chic » dans un paysage sadomasochiste qui… non seulement ne surprend plus, mais encore fait penser aux premières vidéos de Madonna, illustrant des morceaux comme Erotica.

Madonna : Girl gone wild (2012) par tartenpion333
Enfin, on serait presque tenté de dire que quelque chose sonne « faux » dans cette exhibition de la part de cette femme de 53 ans. Elle serait allée jusqu’à s’écrier « Combien d’entre vous dans cette salle ont vu Molly ? » (pour ne pas dire MDMA) au festival Ultra Music à Miami, propos qui amènera le DJ canadien Deadmau5 à poster sur Facebook : « Très classe, Madonna. Quel super message pour les jeunes fans de musique. Mais au moins, t’es hype et branchée! J’en ai rien à faire de critiquer Madonna. Je peux admirer sa carrière et tout ce qu’elle a fait de bien, mais c’était quoi, cette connerie? C’est ça, ton message? Rechercher de la drogue? Va te faire foutre, putain d’imbécile! ».
On peut donc penser, au terme de cette argumentation, qu’il y a peut-être une erreur dans l’approche de Madonna pour continuer à régner sur le monde de la pop, qui est paradoxale : pour être « in », la diva n’aurait peut-être pas dû surfer sur la puissante vague électro-érotique qui fait la grande tendance du moment. Toutefois, il faut savoir que les plus critiqués sont en général les plus grands, et que l’album de Madonna reste de bonne qualité, beaucoup de journalistes se recoupant dans leur opinion, selon laquelle les singles ne sont pas les meilleurs morceaux, l’album proposant quelques bonnes pistes à l’instar de « Gang Bang » ou « I don’t give A ».
Il revient donc à chacun de faire le choix d’aimer ou ne pas aimer.

 
Lucas Vaquer
Crédits photos: billboard.com  

nfl-dollars
Flops

Super Bol

Dans la nuit de dimanche à lundi, il y avait ceux qui dormaient, puis les autres — masochistes sur les bords — qui enchainaient les canettes de Red Bull pour ne pas sombrer devant le Super Bowl. Depuis quelques saisons, W9 diffuse cette grande messe du football américain — sport totalement confidentiel de ce côté-ci de l’Atlantique — mais qui rassemble pas loin de 150 millions de téléspectateurs chez les Américains, véritable miracle étant donné le morcellement du paysage audiovisuel états-unien.
La NFL — petit nom donné au football US (National Football League) — est le sport numéro Uno au royaume d’Obama, et dont la finale est surtout l’occasion de se marrer entre amis autour d’ailes de poulet et devant le meilleur de la pub mondiale. Ce que l’on sait moins c’est que cette joyeuse petite sauterie qui opposait les Giants made in New-York et les Patriots de Boston — doux ennemis de la Côte Est — aurait pu ne jamais avoir lieu.
Flashback en mars 2011. Le 25 au matin la NFL cesse toute activité. Les propriétaires se mettent en grève pour cause d’un désaccord sur le CBA — en VO, Collective Bargaining Agreement, en VF, l’accord syndical qui lie joueurs et propriétaires sur les conditions salariales et contractuelles de la ligue. Pour faire simple, quand les propriétaires se mettent en grève la saison s’arrête puisqu’ils sont aussi détenteurs des stades et employeurs de tous les soldats qui font tourner la League.
En NBA — la National Basketball Association — on a aussi vécu le même problème pendant l’été 2011. Début juin, les Dallas Mavericks sont sacrés champions, mais quelques semaines plus tard l’ambiance retombe assez sèchement. Même problème que chez les cousins du foot US, les joueurs et proprios ne trouvent pas d’accord sur la répartition des revenus tirés de la ligue — répartition définie par le CBA.
Alors en NBA comme en NFL, le « lockout » est décrété. Littéralement, les joueurs se trouvent « enfermés dehors ». Les entrainements et matches ne peuvent avoir lieu puisque les salles restent closes tant qu’un accord ne sera pas trouvé sur les répartitions de la juteuse manne financière qui découle du basket et du foot US.
Côté NFL, aucun matche n’a été annulé puisqu’un accord a pu être trouvé avant le début de la saison. Mais pour les amoureux de la gonfle orange, l’attente fut bien plus longue et préoccupante.
David Stern — le NBA Commissioner, en gros le patron de la Ligue — annonce le 28 octobre que les deux premières semaines de la saison (censée commencer début novembre) sont annulées étant donnée l’absence d’accord et l’affolante apathie qui entoure les débats. Finalement ce seront près de  deux mois de compétition qui seront supprimés. Le 26 novembre, après des centaines d’heures de réunion, l’intervention d’un médiateur envoyé par Washington et des millions de dollars envolés, un nouveau CBA a pu être signé. La saison commencera le jour de Noël, histoire de faire oublier aux fans les mois de chamailleries.
De juillet à fin novembre, les LeBron James et autres Chris Paul se sont étripés avec les propriétaires sur la répartition des gains que rapporte la ligue. Jusqu’ici les joueurs récupéraient 57% du gâteau et les proprios se partageaient le reste. Cependant il apparaissait assez clairement qu’un tel accord ne pouvait plus durer puisque les propriétaires clamaient perdre énormément d’argent. Les joueurs eux faisaient la sourde oreille avec une ligne de défense unique : sans eux, pas de spectacle ni de ligue.
Alors pendant 5 longs mois, les fans ont vu des joueurs multi-millionnaires batailler pour quelques 5 ou 6 misérables pourcentages — donc une bouchée de pain rapporté à leurs revenus qui s’élèvent pour les plus talentueux à 20 millions de dollars par saison. Les principaux sites de basket reprenaient tous en coeur le même refrain « Qu’ils nous rendent notre sport favori, et qu’ils arrêtent de pinailler pour si peu ». Ainsi nombreux étaient ceux à se dire littéralement dégoutés par l’attitude de leurs idoles, les plus virulents n’hésitant pas à appeler à un boycott en cas de reprise de la saison. Ainsi d’importantes pertes en termes d’audience étaient à prévoir lorsque le basket daignera reprendre.
Le mois dernier les chiffres des premières audiences sont tombés. Résultats accablants pour les fans excédés il y a quelques semaines de ça : la NBA et la NFL sont encore plus populaires post-lockout. Dans le LA Times, Helene Eliott a pu observer que les salles NBA étaient plus pleines cette année que l’année passée et que les audiences télé avaient elles-aussi augmenté — sur la même période.
Le Super Bowl a réalisé dimanche dernier les meilleures audiences de son histoire. Que ce soit en NFL ou en NBA, les fans semblent donc touchés d’une amnésie profonde quand on repense aux réactions ulcérées qui tapissaient Twitter et la rubrique commentaires d’ESPN.
Apparemment les fans viennent de donner le feu vert aux responsables des deux ligues majeures — NBA et NFL — pour se comporter comme ils l’entendent, en tout cas dans l’irrespect total du public — public qui fait d’ailleurs vivre tout ce beau monde. Les fans avaient pourtant là l’occasion de montrer qu’ils étaient — eux et eux seuls — ceux qui faisaient tourner ce cercle vertueux, véritable machine à billets vert. Mais apparemment le spectacle offert par le basketball et le football américain fait oublier toutes les péripéties. Ainsi ces chiffres actent une amnésie certaine du fan de sport qui avait enfin le pouvoir de réclamer son dû pour sa passion — essence indispensable du moteur rugissant de l’industrie sportive.
 
PAL

Teaser "The Bark Side" par Volkswagen célébrant le Big Game
Les Fast

Il n'y a pas si longtemps dans une galaxie pas si lointaine…

Vous l’avez sûrement deviné, je vous parle de Volkswagen (vous allez croire que j’ai des actions chez eux à force). La marque automobile et son agence Deutsch Los Angeles continuent de nous étonner avec cette année un orchestre de toutous « so geek » !
A l’occasion du Super Bowl, Volkswagen sort à nouveau son sabre laser du jeu avec ce nouveau spot qui vient un an après le fameux « The Force ». Souvenez-vous (bien que je doute que cela vous soit difficile) d’un mini Dark Vador déterminé à faire bouger de multiples choses grâce au pouvoir de la force. Pour ceux qui l’aurait loupé (coincés dans une grotte ou en prison) :

Le spot de cette année ne semble pas destiné à faire le tour des télévisions mais bien du web. « The Bark Side » (joli le jeu de mot) est en effet un teaser en l’honneur du Big Game (première journée du 46ème Super Bowl) qui fait le buzz sur la toile avec déjà 6 704 869 vues depuis le 18 janvier sur Youtube uniquement ! Découvrons ensemble ce qui fait aboyer tout le monde :

Volkswagen n’aurait pas pu choisir mieux que Star Wars pour parler de la force et donc du pouvoir de l’ingénierie allemande (attention à ne pas tomber dans la métaphore fasciste cela dit). Le tout bien sûr avec humour et légèreté, on doit avouer que c’est vraiment bien joué !
 
Marion Mons

Balle de football américain au sol représentative du Super Bowl Américain
Com & Société, Publicité

La publicité, grande gagnante du Super Bowl

Commençons avec une devinette : quel est le jour de l’année où les Américains consomment le plus de nourriture ? Okay, Thanksgiving, that was an easy one. Et le deuxième sur le podium ? Réponse : le Super Bowl Sunday. Le what ?
Le Super Bowl, c’est la finale du championnat national de football (américain, of course). Mais c’est aussi 1,25 milliards d’ailes de poulet, 4000 tonnes de guacamole, 14 500 tonnes de chips et surtout, environ 100 millions de téléspectateurs. Ce dimanche‑là est presque considéré comme un jour férié à part entière, le match est regardé en famille ou entre amis, et la consommation suit le mouvement, ainsi que les taux d’audience ! Le Super Bowl XLV (la 45ème édition du match depuis la toute première en 1966) est même à ce jour l’émission télévisée américaine la plus regardée de l’Histoire.
111 millions d’Américains rassemblés devant leurs téléviseurs par la seule beauté du sport ? Pas tout à fait. Chez l’oncle Sam, un match de football est toujours accompagné d’une fanfare, de cheerleaders, de l’hymne américain… Autant dire que lors du Super Bowl Sunday, le spectacle est à son comble ! Chaque année, le processus de sélection de la ville qui organisera la grande finale s’apparente aux sélections olympiques. Important aussi, le choix de l’artiste qui aura l’honneur de chanter l’hymne américain, et de celui qui animera la mi‑temps par un mini‑concert (mais avec un maxi‑public). Cette année pour le Super Bowl XLVI, qui aura lieu le 5 février, ce sont Indianapolis, Kelly Clarkson, et Madonna qui ont raflé la mise.
Mais pour les téléspectateurs, le spectacle ne se joue pas uniquement sur le terrain, il est aussi dans les coupures publicitaires. Eh oui, quand on s’appelle Coca Cola, Doritos ou Budweiser et qu’on s’adresse au tiers de la population américaine à travers un spot qui peut coûter jusqu’à 100 000 dollars la seconde, on s’arrange pour ne pas louper son coup. Résultat : les publicités diffusées lors du Super Bowl sont bien souvent des merveilles d’ingéniosité et de drôlerie, et sont une des raisons pour lesquelles tant d’Américains se regroupent devant leur télé ce soir-là. Dans une société dite de plus en plus publiphobe, quel drôle de phénomène que celui-là: la pub est appréciée, voire plébiscitée, elle est presque appréhendée comme une forme d’expression artistique, à la manière du cinéma ou de la photo. Alors que les pauses publicitaires sont traditionnellement pour les téléspectateurs un moment propice au zapping ou à la satisfaction des besoins les plus élémentaires de l’organisme, ici les annonceurs s’efforcent de contrer le phénomène et de retenir les Américains dans leur canapé à l’aide de talentueux exercices de style. D’une certaine façon, pendant le Super Bowl, la pause pipi c’est le moment où le match reprend ! Selon Stephen Master, le vice président de l’institut de recherche et de sondage Nielsen, près de 50% des téléspectateurs allument la télé pour regarder les publicités, plus que pour regarder le match*.
Néanmoins, on peut s’interroger. Les bijoux publicitaires dévoilés lors du Super Bowl Sunday valent-ils vraiment leurs 3,5 millions de dollars (pour un spot de trente secondes) ? Il semble pourtant que les marques trouvent leur compte dans cet investissement. En effet, l’audience atteinte par les publicités du Super Bowl ne se limite pas aux quelques 111 millions d’Américains qui auront passé le dimanche devant le match. Les publicités du Super Bowl sont un tel phénomène que désormais on voit fleurir sur Internet les listes récapitulatives et autres « tops des 20 meilleures pubs du Super Bowl ». Si par ailleurs, on tient compte de la dimension affective qui lie les consommateurs à ces perles attendues chaque année avec impatience, on imagine sans peine l’impact que peut avoir un spot au Super Bowl pour les marques. Faire partie des happy few qui communiquent lors du Super Bowl est déjà en soi une raison d’être au cœur de la conversation ! En témoigne l’attention que reçoivent dès aujourd’hui GoDaddy.com, Doritos, Skechers, Teleflora, Pepsi, ou encore Kia pour avoir annoncé qu’ils diffuseraient un spot lors de ce Super Bowl XLVI.
 
Esther Pamart
* Source: money.cnn.com
Crédits photo : ©Anderson Mancini Flickr

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