Com & Société, Flops

Réseaux sociaux : bonjour le fisc, adieu vie privée !

Le Ministre de l’Action et des Comptes Publics, Gérald Darmanin, a annoncé dans l’émission Capital sur M6 l’expérimentation de la lutte contre la fraude fiscale en surveillant les réseaux sociaux. Oui vous avez bien lu ! Cette mesure devrait entrer en vigueur au début de l’année prochaine alors il est encore temps de faire le tri dans ses photos Instagram, Facebook et Twitter avant que le fisc ne vous pointe du doigt.

internet of things
Flops

Les objets connectés peuvent nous tuer

Une vie de plus en plus connectée
L’internet des objets (Internet of things en anglais) est une dénomination qui semble surprenante, mystérieuse, qui sort du quotidien parce qu’on ne l’entend pas si souvent que cela. Et pourtant, elle recouvre l’ensemble des objets courants connectés à Internet, objets que l’on ne remarque même plus tant leur présence est banalisée : ils sont devenus infra-ordinaires. On parle ici des voitures, des balances, ou encore des pacemakers, bref, pas seulement des ordinateurs ou des téléphones portables. En somme, dès qu’il y a échange d’informations et de données, dès qu’il y a communication entre les mondes virtuel et physique, on a affaire à l’Internet des objets. A l’origine, ces objets connectés étaient conçus pour faciliter la vie de tous les jours (domotique, e-santé), pour apporter plus de sécurité comme l’expliquait le chercheur britannique Kevin Ashton qui a développé ce concept. Le CES (Consumer Electronics Show), organisé à Las Vegas début janvier, a d’ailleurs présenté ceux qui feront nos beaux jours à l’avenir. Ces objets, parce qu’ils occupent une place grandissante dans notre vie de tous les jours, témoignent bien de notre techno-dépendance. Ils nous ouvrent le champ des possibles, nous offrent la chance d’être relié au reste du monde, nous font économiser du temps et des ressources.

Vol des données personnelles, attaques à distance : désaveu de la confidentialité
Mais cet aspect pratique ne saurait éclipser les dérives et les dangers qui pèsent sur les utilisateurs. L’année 2013 a marqué un véritable tournant dans la manière dont nous percevions Internet et les nouvelles technologies avec l’affaire Snowden et les révélations concernant Prism, le programme de surveillance de la NSA. Nous sommes surveillés, nos données n’ont plus rien de personnel et nous le savons, elles sont devenues les proies de nombreux acteurs, privés et publics, qui cherchent à mieux identifier leurs cibles et leurs attentes (état de santé, état civil, recherches effectuées sur Internet, coordonnées). Cela a d’ailleurs lancé une fameuse plaisanterie, pour le moins glaçante, de James Lewis : un expert du CSIS (Center for Strategic and International Studies) à Washington : « lorsque vous composez un numéro de téléphone, sachez qu’il y a au moins sept personnes au bout du fil ». En France, les autorités ont conscience de ce problème et l’Observatoire des libertés et du numérique met en garde les utilisateurs, mais nous sommes en droit de nous interroger sur les moyens dont nous disposons afin de limiter notre exposition. L’appareil législatif est encore bien faible, et ce malgré quelques chartes signées (qui commencent à être dépassées) notamment concernant le Droit à l’oubli numérique-2010. L’Europe et le Parlement se sont positionnés l’année dernière, suite aux révélations concernant la NSA, en faveur d’un « droit à l’effacement des données ». Le paradoxe entre croissance économique et respect des libertés fondamentales, qu’on ne parvient pas à dépasser et à résoudre, ralentit toujours les discussions.

 
Rapport alarmant d’Europol : l’heure du crime par Internet a-t-elle sonné ?
Mais la surveillance et l’intrusion puis la vente de nos données privées sont-ils les seuls maux que nous sommes amenés à craindre ? La menace d’un crime par Internet plane sur nous. Et il ne s’agit pas d’un scénario catastrophe tiré d’un mauvais film de science-fiction. En effet, on mentionnait précédemment les pacemakers et l’e-santé, or, en juillet 2013, Barnaby Jack, un hacker néo-zélandais, a déclaré être dans la possibilité de se connecter à un pacemaker, d’en modifier le fonctionnement pour tuer son porteur tout en restant à 90 mètres de la scène de crime. Il devait en apporter la preuve à l’occasion de la Black Hat USA 2013, une conférence organisée sur le thème de la sécurité informatique. Il fut retrouvé mort peu de temps avant l’événement. Cette peur est bien réelle comme nous le révèle l’affaire Dick Cheney rendue publique par l’émission américain 60 Minutes. Nous sommes alors en 2007 et le Vice-Président américain subit une intervention pour ne pas que son pacemaker puisse être piraté à distance par d’autres dispositifs de communication. Il craint d’être assassiné à distance par des terroristes.
Peut-on vraiment tuer grâce à l’Internet des objets ? La menace est en tout cas prise au sérieux puisqu’un rapport d’Europol paru l’année dernière, The Internet Organised Crime Threat Assessment, revient sur ce risque que l’organisation de police juge « préoccupant ». Le document rappelle les risques d’extorsion, de chantages et note qu’ « avec la multiplication des objets connectés à Internet, nous devons nous attendre à la multiplication croissante d’attaques ». Mais ce n’est pas tout puisqu’il est aussi question « de blessures physiques voire la mort ».
Jules Pouriel
 
 
 
Sources :
Courrier International, 8 janvier 2015
Options, Surveillances, pouvoir dire « non », juin 2014
connectedobject.com
 
Crédits images :
 
France info
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Société

Copwatching : la surveillance de la surveillance

Scènes d’interventions gendarmesques musclées, de policiers tabassant sans vergogne ceux qu’ils interpellent ou d’affrontements verbaux entre forces de l’ordre et citoyens… Elles sont devenues légion sur le net et prolifèrent sous l’étendard du “copwatching”. Comprenez : “la surveillance des flics”.

Ce mouvement militant, auto-qualifié “observatoire citoyen des pratiques policières”, institue des bénévoles lambda – les copwtachers – au rang de surveillants des surveillants dans le but de dénoncer et médiatiser les éventuels dérapages des autorités policières.
Cette mission citoyenne passe principalement par la collecte puis la diffusion d’images – photographies ou vidéos – de policiers dans l’exercice de leur fonction, afin de détenir des preuves accablantes en cas de bavures, vices de procédures ou violences. Cette démarche encourage également la demande d’enquêtes, le dépôt de plaintes et les pétitions, recoupant ainsi un débat social de plus large envergure : celui du rôle et de la nature d’une police “idéale et démocratique”.
L’idée générale qui justifierait le copwatching est “que la population et les médias ont un rôle de surveillance vis-à-vis de la police, qui doit sans cesse leur rendre des comptes” (Michaël Meyer, sociologue spécialiste des relations entre police et médias).

Le copwatching est officiellement né en 1991 aux Etats-Unis à Berkeley après la diffusion d’une vidéo amateur montrant le passage à tabac d’un citoyen noir par des policiers blancs. Ce réseau d’associations s’est depuis étendu à d’autres pays (France, Canada et Royaume-Uni principalement) et prend aujourd’hui une ampleur inédite grâce à l’essor des nouveaux supports et techniques médiatiques.
Le citoyen journaliste

Dans la pratique du copwatching, le citoyen ordinaire joue de son droit à filmer/photographier légalement les policiers et gendarmes en exercice pour devenir un agent de dénonciation et d’information. Armé de son smartphone ou appareil photo, le voilà transformé en un reporter d’investigation à l’ère 2.0., capable de mettre à mal les dérives xénophobes, racistes, liberticides, sexistes ou dégradantes des forces de l’ordre.
Bien que le copwatching ait d’abord été la capture spontanée par un témoin d’une scène d’intervention policière, soit une pratique ponctuelle et isolée, c’est la formation en termes de réseau et de plateforme participative qui prévaut désormais. L’objectif est de centraliser des informations, des témoignages ou des images relatives à l’action policière et de constituer une large base de données.
Et si les copwatchers traquent quelque chose, c’est davantage un idéal de justice et d’éthique que les brigades policières en elles-mêmes.
Le surveillant surveillé
Via le copwatching, les policiers, acteurs de la surveillance et voyeurs de la population, se retrouvent dans la position d’être vus et surveillés à leur tour. Quand les observateurs deviennent potentiellement observés, les rapports de hiérarchie et d’autorité se brouillent et s’inversent. Si la surveillance ne provient plus uniquement d’un rapport hiérarchique en top-down, elle s’exerce désormais horizontalement en tout temps et en tout lieu.
L’autorité policière, à travers cette pratique médiatique, se voit alors érodée par l’autorité iconique : la photo ou vidéo devient une ressource stratégique pour son détenteur, qui jouit du pouvoir condamnant de l’image “réelle” et peut faire pression contre une figure sociale perçue jusque là comme intouchable.

L’image au sens large se positionne ainsi comme enjeu au coeur d’une confrontation médiatique. Au travers du copwatching, la bévue la plus anodine comme la dérive la plus violente est susceptible de devenir un événement médiatisé et public. Le policier agit désormais en envisageant la possibilité d’une remédiation de son intervention par les médias et de l’élargissement de la visibilité de ses actions à un public absent physiquement (la hiérarchie directe, les associations militantes, les protagonistes politiques…). Cette anticipation d’images potentiellement dégradantes induit un changement dans le déroulement pratique des opérations : elle incite le policier à un légalisme strict et une approche plus drastique des procédures à suivre.
Les dégâts collatéraux
Cette pratique médiatique engagée questionne nécessairement le rapport entre force publique, médias et perception sociale.
L’un des problèmes à souligner, concernant ce type d’images amateurs, est l’interprétation et l’unicité du point de vue proposé qui y sont convoqués : le copwatcher donne à voir une scène telle qu’il l’a perçu (vision plus ou moins proche de la scène, son plus ou moins audible…). La scène filmée ou photographiée est observable telle quelle par les internautes mais peine à s’inscrire dans un contexte d’action plus large. Si nous prenons en compte le fait que le copwatcher se met bien souvent à filmer quand la situation dégénère de manière visible, on comprend que tous les éléments précédents le “dérapage”, déclencheurs ou non, sont tronqués.
Cette inexistence du hors-champ induit donc une vision purement descriptive des faits qui demanderait à être enrichie par des données complémentaires. Le point de vue unilatéral du témoin de la scène est rarement accompagné de celui de la “victime” et du policier “fautif”, ce qui nous prive de clés de compréhension. Puisque qu’il s’agit d’un regard isolé, porté sur un événement précis à un moment donné, nous pouvons comprendre dès lors le danger qu’il y a à se limiter au strict champ visuel de l’image.
De plus, la performance du policier dans la rue se voit transformée (par sa captation et sa diffusion) en image médiatique qui va ensuite induire une perception sociale du policier dépréciée. Le copwatching en tant que représentation médiatique de la police se dresse à l’encontre d’autres imaginaires policiers aux récits et aux “personnages” déjà forgés : les fins experts des Enquètes impossibles, les bons flics défendant la veuve et l’orphelin des séries américaines à l’ancienne, les policiers sans foi ni loi des films de mafieux…
A ces représentations établies vient s’ajouter la vision véhiculée par le copwatching : celle d’une police violente et injuste. Le danger est de tomber dans l’amalgame et la généralisation : rappelons qu’il s’agit là d’une des multiples représentations médiatiques policières.
Enfin, si la pratique du copwatching s’inscrit dans une volonté de dissuader et réguler les dérives policières, elle peut s’apparenter dans ses formes les plus radicales à un mouvement anarcho-libertaire, purement contestaire face à l’establishement. Cette dérive du mouvement vers une brigade anti-flics a notamment abouti à des dépôts de plaintes par le Ministère de l’intérieur en France, à l’encontre de sites jugés diffamatoires envers les autorités. D’autres dérapages, comme la publication de photographies personnelles ou d’informations privées (adresse, numéro de téléphone…) de policiers soupçonnés d’”abus de pouvoir”, sont régulièrement recensés et rappellent les limites à respecter.
Face à cette pratique médiatique ambivalente, l’indispensable est donc de rester extrêmement prudent et de s’interdire tout jugement précipité. Car, si la frontière est mince entre le bon flic et le mauvais flic, elle l’est tout autant entre le justicier bénévole et le diffamateur malveillant.
Tiphaine Baubinnec
@: Tiphaine Baubinnec
Sources :
ethnographiques.org
copwatch.fr
amnesty.org
boursorama.com
youtube.com
Crédits photos :
https://libcom.org/library/why-copwatch-doesnt-work-arturo
http://www.newyorker.com/magazine/2014/09/01/cop-watch
http://cqfd-journal.org/Tout-flic-flique-flippe
https://www.google.fr/search?tbm=isch&oq=&gs_l=&q=copwatching
 

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Société

La France de la terreur

A la suite des faits divers survenus au commissariat de Joué­-Les-­Tours où deux policiers auraient été poignardés par un individu clamant sa radicalisation ainsi qu’à Nantes en décembre dernier, le premier ministre Manuel Valls a déclaré « jamais nous n’avons connu un aussi grand danger en matière de terrorisme ». S’il s’agissait d’actes isolés les uns des autres, ces faits divers ont effectivement alimenté la glose médiatique par leur proximité avec le phénomène du djihad (« l’effort » en Arabe). Or, la réaction très directe du premier ministre, ainsi que d’autres acteurs politiques comme Florian Philippot sur le plateau de RTL, amène à questionner l’état actuel de la société française quant à son islamophobie au sens large puisque la représentation du « péril terroriste » alimente notre quotidien médiatique et politique, en faisant du terrorisme notre plus grande peur. Certes, c’est par le vote anticipé de plusieurs lois antiterroristes ainsi que par le renforcement sécuritaire, à l’œuvre en France, que l’étau se resserre un peu plus sur la peur du djihad. Par qui les Français sont-­ils vraiment terrorisés et en somme qui nous terrorise ?

 
Un attirail législatif en écho aux faits divers
En raison de l’engagement français dans la lutte contre l’État islamique en Irak et au Levant, ou encore de la participation dans la coalition internationale pour combattre le djihad en Syrie, en Libye mais surtout au Mali et en Centrafrique, le risque d’attentats et la menace terroriste à l’encontre de la France se font, chaque jour, de plus en plus sentir. Ce sont, ainsi, plusieurs mesures qui ont été mises en place afin de réduire ce risque, de le contrer, de le prévenir.
Il s’agit, d’une part, d’un projet de loi initié en juillet 2014 en réponse directe à la multiplication de faits divers relatifs au terrorisme, notamment à la suite de l’affaire Mehdi Nemmouche devant le musée juif de Bruxelles ou encore les assassinats perpétués par Mohamed Merah à Montauban et Toulouse.
Ce dispositif législatif n’est, en réalité, qu’un renforcement puisque 14 lois antiterroristes existent déjà depuis 1986. La nouveauté de la loi votée le 4 novembre 2014 autour d’un consensus des sénateurs socialistes, UMP, radicaux et centristes réside d’abord dans l’interdiction de sortie du territoire d’un individu suspecté de velléités djihadistes à l’étranger. Cette interdiction serait rendue possible par une confiscation des papiers d’identité pour une durée renouvelable de six mois à deux ans. Cette interdiction s’applique également à l’entrée sur le territoire dès lors qu’il s’agit d’un ressortissant de l’Union Européenne ou d’un membre de sa famille. Ce nouvel article pose problème puisqu’il évoque le danger que représenterait la présence de ces individus pour la sécurité des publics. Au-­delà du non­-respect des libertés individuelles, beaucoup de juristes s’inquiètent de l’interprétation qui peut découler d’une telle interdiction surtout en ce qui concerne la communauté rom en Europe.
Ensuite, c’est bien en réponse aux faits divers de ces dernières années, ainsi que du mois de décembre à Nantes ou Joué­-Les-­Tours, que le texte prévoit de parer les « entreprises terroristes individuelles » avec la fermeture de sites faisant l’apologie du terrorisme sur Internet mais aussi en anticipant la radicalisation d’un individu agissant seul ou en groupe. Il s’agirait de surveiller la détention d’armes ou d’explosifs ou la formation au maniement de ces objets. Quid de la présomption d’innocence ou des libertés individuelles ?
De fait, Christine Lazerges, présidente de la commission nationale consultative des droits de l’homme, soulignait dans une interview au Monde que les projets de loi en matière de lutte contre le terrorisme étaient désormais toujours initiés par le ministère de l’intérieur et non le ministère de la justice quelle que soit la majorité au pouvoir. Certes, c’est bien dans une logique d’actualité et de terreur que ces lois sont élaborées de sorte qu’elles provoquent un consensus large au sein des différentes factions politiques au Parlement. L’émotion provoquée par un fait divers ne peut, effectivement, qu’encourager un vote sécuritaire. Toutefois, il s’agit bien d’anticiper un risque et non de le punir. C’est pourquoi ces lois vont à l’encontre même de notre système démocratique et répondent au sensationnel sur un rythme très médiatique sans prévoir les conséquences à plus long terme ou ce qu’un changement politique pourrait entraîner si on les appliquait avec le flou laissé en suspens autour de leur interprétation.
D’autre part, la liberté d’expression est également fragilisée puisque la loi contraint les hébergeurs de sites faisant l’apologie de l’islamisme à la fermeture. S’ils sont une menace de propagande importante, ils sont aussi un moyen d’information quant à l’idéologie djihadiste et les fermer ne représente en rien une défense de la démocratie contre la radicalisation, sinon une répression punitive ayant à voir avec les méthodes djihadistes.
Vers une société paranoïaque
Ce renforcement législatif est également accompagné d’un plan Vigipirate comprenant 300 mesures confidentielles à activer selon la gravité de l’alerte. Si elles sont jugées « indispensables » pour Le Figaro, ces lois reflètent également le climat de terreur dans lequel vivent les citoyens français. En pratique, c’est en effet, une multitude de signes qui rappellent la menace : contrôles d’identités, fouilles et patrouilles dans les lieux publics indiquent bien un risque et provoquent par conséquent la peur.
Certes, cette peur se matérialise par la traque d’un ennemi intérieur et elle rapproche notre démocratie de l’enfer décrit par George Orwell dans 1984.
Islam et djihad sont, en effet, associés dans les représentations médiatiques mais également dans les faits puisque les opérations Vigipirate s’appuient sur des contrôles discriminatoires. Dès lors, c’est en traquant le terrorisme que l’on terrorise la population. D’une part, la population musulmane qui subit l’amalgame entre sa religion et un courant criminel et barbare qui s’oppose totalement à la sagesse que peut enseigner l’Islam. D’autre part, ceux qui craignent autrui et finissent par accepter une concession face à notre système démocratique pour mieux se protéger. Pis, ces mesures pourraient à terme ressembler au Patriot Act des États-­Unis mis en place après les attentats du 11 septembre et qui légitime la surveillance d’un citoyen dès lors qu’il représenterait une menace pour la sécurité du pays. Les dérives des agences de surveillance mais surtout la capacité de contrôler nos données personnelles nous orientent alors davantage vers une société paranoïaque puisqu’elle pousse beaucoup de citoyens à douter de l’État de droit et à croire aux théories du complot.
En conséquence, ces mesures préventives isolent d’elles-­mêmes une partie de la population qui n’est pas logée à la même enseigne que le reste des citoyens français à tel point qu’il est bon de se demander si les Musulmans se sentent en sécurité en France à l’heure actuelle. Ces représentations de l’intégrisme religieux poussent, d’ailleurs, de plus en plus de jeunes français à se radicaliser, qu’ils soient d’ailleurs Musulmans ou non. Ce sont ainsi plus de 1089 français impliqués dans des filières vers la Syrie et l’Irak à la date du 23 octobre 2014 d’après le socialiste Sébastien Pietrasanta, rapporteur du texte à l’Assemblée nationale. Or, dans la plupart des cas, ces individus sont présentés comme déséquilibrés ou empêtrés dans un axe du mal. Pourtant, ce sont bien les conditions sociales et l’isolement de ces personnes qui les amènent au fondamentalisme et à s’engager dans une voie où ils n’ont plus rien à perdre. Le retour de ces Français est souvent vu comme une menace à exterminer plutôt qu’une blessure à guérir. Leur détresse n’est jamais prise en compte et leur réinsertion n’est pas envisagée de sorte que la peur entraîne la haine puis l’exclusion d’une jeunesse qui ne trouve plus sa place en France.
Ainsi, c’est à travers un travail d’information sur ce qu’est le djihad et d’intégration solidaire qu’un vrai travail idéologique doit être mené en France afin que subsiste notre démocratie. Ce sont des films comme Timbuktu où la figure du jeune djihadiste Mamby rappelle que le choix de l’islamisme n’est pas rationnel et que ces jeunes qui choisissent le départ restent des êtres humains. Dès lors, si c’est la dignité et les droits de l’homme que l’on cherche à protéger en s’opposant au djihad, encore faut-­il que notre État les respecte.
Marie Vaissette
Sources :
Lesechos.fr
Rue89.nouvelobs.com
Youtube.com
Le Monde 1, 2 , 3 & 4
Lefigaro.fr
France2.fr
Ladocumentationfrançaise.fr
Libération.fr

cyber-sécurité
Flops

La course à la cyber-sécurité, une quête sans fin

 
 
« Grâce à la liberté des communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées. » Nietzsche
 Le développement des nouvelles techniques de l’information et de la communication a marqué un tournant dans notre façon de communiquer.
Accélération des échanges, diminution de la temporalité, nos médias sont dorénavant immédiats, au point qu’aujourd’hui, un sentiment d’ubiquité nous anime. Le terme ATAWAD, cher à Xavier Dalloz prend alors tout son sens : « AnyTime, AnyWhere, AnyDevice ».
Cette ubiquité n’a aujourd’hui plus de limites, et va au delà de la « simple » communication planétaire pour rejoindre celle de l’intrusion, de la surveillance. Il est fini le temps des solitudes électroniques.
Que ce soit dans le domaine du privé ou celui de l’entreprise, de nombreuses actions sont mises en place pour faire face à ces intrusions non désirées, à cet espionnage d’un nouveau genre, tout droit sorti du 1984 de George Orwell.
Cette intrusion se traduit de manière différente qu’il s’agisse d’une organisation, d’un Etat ou alors simplement d’une personne privée.
Aujourd’hui, il est facile d’écouter un téléphone portable. Les intrusions dans la vie privée des personnes et des entreprises sont considérables. Nos systèmes électroniques ne sont pas entièrement fiables.
Récemment, 100 millions de cartes de crédit  et de comptes bancaires ont été piratés en Corée du Sud déclenchant un scandale dans le pays. De manière semblable, il y a un mois la majorité des cartes de crédit à Bruxelles ne fonctionnait plus. Ce genre d’exemples laisse place aux idées les plus folles, quand on sait que notre identité numérique implique que nous dématérialisions de plus en plus d’éléments de notre communication quotidienne.
D’un côté, les États ont un rôle important à jouer, puisqu’ils sont des régulateurs. Ils peuvent instaurer de nouvelles règles de fonctionnement.
Sur le plan de la sécurité des données, la France reste un des Etats les plus performants, que ce soit avec l’aide de Thales, ou encore celle d’Amesys dans le cadre du développement de système à capacité cryptologique. Pourtant, on apprenait il y a peu que la France faisait partie du plan de la collecte massive d’écoutes de l’Agence de Sécurité Nationale des Etats-Unis (NSA).
Sur un tout autre plan, les applications telles que Viber, Skype, Lien permettent de passer des appels audios par le biais d’Internet, rendant caduque une mise sur écoute. Mais n’importe quel individu ayant les connaissances suffisantes peut avoir accès, par exemple, au serveur tiers et prendre pleine possession des données des utilisateurs ; c’est d’ailleurs ce qu’ont connu dernièrement Orange et Snapchat pour ne citer qu’eux.
Aussi, de véritables outils pour Smartphones se développent, comme TrustCall, qui, moyennant une certaine somme mensuelle, permet de rendre la totalité des communications téléphoniques cryptées.
Plus loin encore, la société BlackPhone met à disposition un téléphone « anti-NSA » au prix d’un Iphone, permettant de chiffrer directement les communications et détruisant la totalité des informations du téléphone lors d’une intrusion.
Qu’ont ces outils en commun ? Leurs failles. Ils ne permettent pas une protection totale, ils font barrage jusqu’à un certain point,  à commencer par ce téléphone « anti-NSA » qui ne permet pas d’empêcher la collecte de métadonnées de connexion, qui s’opère au niveau du réseau.
Si certains tendent à croire que le manque de solutions à ce problème d’intrusion au niveau de l’Etat est de l’ordre d’un conflit générationnel, ce n’est pas totalement véridique.
C’est une remise en question globale sur la manière dont nous utilisons ces nouvelles technologies de la communication et de l’information qui doit être effectuée ; une prise de conscience de ce qu’est le réseau, non dans sa forme positive qui est celle de la multiplication des échanges, mais dans sa forme intrusive, qui est celle de l’interconnexion.
Il ne faut pas oublier que ces outils développés par l’homme et pour l’homme évoluent chaque jour, et la recherche d’une confidentialité totale est une quête illusoire et irrémédiablement sans fin.
 Romain Souchois
Sources :
01net.com
Lemonde.fr
Crédit photo :
Media.melty.fr

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Société

JO de Londres 2012 : la communication maîtrisée des athlètes français – L’exemple Teddy Riner

 
Cette photo restera sans doute gravée dans les mémoires comme l’un des emblèmes des JO de Londres 2012. Teddy Riner, maître incontesté du judo français, rouleur-compresseur de plus de 100Kg auquel rien ne résiste. Une image, un symbole.
Mais cette photo est aussi l’illustration de la communication sans faille des athlètes français durant ces JO. Dès le début du mois de juillet, rien n’a transpiré de la part des sportifs, focalisés sur leur entraînement. Durant les trois semaines d’euphorie londonienne, les images diffusées sont celles des chaînes de télévision possédant les droits de retransmission des jeux. Vous l’aurez remarqué alors : impossible de trouver des vidéos amateurs sur Youtube ou Dailymotion. Néanmoins, qui n’a pas remarqué le comportement exemplaire, sportif, éthique, moralement sans erreur des  athlètes tricolores ? Quand les Chinois sont accusés de tricherie et les Anglais de favoritisme, un calme absolu règne dans le service « communication de crise » du stand français. Alléluia !
Pour illustrer ce propos, prenons un exemple, au hasard Teddy Riner.
Teddy Riner, 23 ans, originaire de Guadeloupe, quintuple champion du monde de judo dans la catégorie poids lourds, champion d’Europe, médaillé de bronze à Pékin en 2008, et élève à Sciences Po Paris. La tête et les jambes : un exemple de réussite « à la Française ».
Depuis 2008, il clame haut et fort son désir de revanche, sa volonté inébranlable de domination du podium. Il devient un des sportifs français les plus attendus de ces jeux. Le 3 août 2012, il est là. A 10h30, il apparaît sur France 2. Côté internet, c’est « un de ses amis proches » (termes utilisés par l’utilisateur) qui prend le contrôle de sa page Facebook pour commenter les exploits du champion. Et c’est parti pour une journée de combats, d’adrénaline, de commentaires (plus ou moins pertinents), de soutien, de posts, de cris, de larmes, entrecoupés de pages de publicité. Parlons-en de ces pages de publicités. Fin du premier combat de Teddy Riner. Jingle de France 2. Et là, Teddy réapparaît et exécute une prise de judo. Reprise des hostilités ? Que nenni ! L’athlète s’empare d’une bouteille au contenu d’un bleu suspect et s’en abreuve avant de la passer à un autre olympien. Powerade se positionne comme « la boisson pour le sport officielle des Jeux Olympiques de Londres 2012 ». Et participe par-là à la construction de l’image des athlètes qu’elle emploie. Teddy Riner, omniprésent dans et en dehors des tatamis. Dans les intervalles entre les combats sont aussi glissés des reportages sur l’intéressé : sa vie, son œuvre ? Presque ! La vision qu’en a son entourage : son entraîneur, ses camarades de douleur (surtout pour eux la douleur apparemment !), sa famille. Focus est fait sur les réactions de sa maman durant les premiers combats : entre joie et fébrilité, on tente de faire oublier qu’il manque pour l’instant les sentiments du judoka. A l’issue (heureuse, bien sûr) de la finale, c’est (enfin) la relâche pour Teddy Riner : embrassades, autographes, interviews, photos. Les médias s’en donnent à cœur joie et le sportif n’est pas en reste. En effet, dans sa tactique cette année, le jeu avec le public et les médias, dont il est si friand, n’est pas au programme. Rigueur et sobriété sont les maîtres-mots. Ils le sont tout autant pour son entraînement que pour  sa communication tout au long de ces semaines londoniennes. Et il en est de même pour l’immense majorité des athlètes français. Alors, hasard, mise au point ou requête de la commission olympique ?
Quoiqu’il en soit, cette communication à l’unisson des sportifs tricolores sera unanimement remarquée. Une communication contrôlée, qui recentre les sportifs sur leur discipline. Une communication qui cadre parfaitement avec les attentes post-coupe du monde de football. Une communication adaptée au contexte socio-économique actuel. Maîtrisée, vous disiez ?
(1) Pour plus d’informations sur les liens entre le CIO et les réseaux sociaux :
(2) Pour information, Teddy Riner fêtera son titre olympique à Levallois le 8 septembre prochain
 
Julie Escurignan