Jeux olympiques de Sotchi
Publicité et marketing

Ceux qui mettaient les Jeux Olympiques à profit…

 
Cinq jours après le lancement des Jeux Olympiques d’hiver 2014, l’enjeu est de taille pour les sportifs du monde entier… mais pas que. Les marques aussi jouent une part importante de leur marché aussi bien en termes économiques qu’en termes de visibilité. Surfant sur les valeurs du sport et de l’échange, les marques internationales profitent de cet évènement de taille. Déclinant chacune une offre d’exception, elles redoublent d’imagination pour nous proposer des campagnes aussi uniques que le seront ces JO de Sotchi…
La version : « je vais vous faire rêver »
Pour assurer sa couverture médiatique, la chaîne britannique BBC diffuse depuis la fin du mois de janvier ce qui peut vraisemblablement s’associer à un film publicitaire. Un trailer puissant offre une mise en bouche des plus alléchantes : à coups de musique percutante, d’images à couper le souffle et avec en prime la voix de Charles Dance – alias Tywin Lannister dans la série Games of Thrones – qui nous explique que beaucoup de sportifs ont déjà tenté leur chance dans ces jeux. Ce discours grave résonne comme une mise au défi pour les nouveaux athlètes de 2014. En compétition avec une nature glaciale et redoutable, les athlètes –ou plutôt la BBC- nous promettent du show sur plus de deux cents heures de couverture télévisuelle.

La version : « j’ai du jamais-vu pour vous »
La marque Samsung prépare quant à elle depuis l’année dernière une grande campagne intitulée « Les Jeux Olympiques de tous » qui se décline sous plusieurs initiatives. Elle met notamment à la disposition de la famille olympique, des hautes personnalités, des organisateurs, du personnel et des officiels une nouvelle plateforme de communication,  WOW (Action olympique sans fil), qui permet de recevoir les dernières actualités des Jeux Olympiques par le biais d’appareils mobiles Samsung de pointe. Mais la plus grande avancée mise en valeur par la marque, c’est l’ouverture de cette plateforme au grand public qui pourra avoir accès à toutes les informations des JO depuis le monde entier. « Samsung s’efforce de faire que les Jeux à Sotchi en 2014 soient vraiment des Jeux Olympiques ouverts à tous en permettant aux fans de prendre une part active et de partager leur expérience à tout moment partout, » confie le vice-président et responsable de la section Marketing sportif mondial chez Samsung Electronics, Yung Kook Lee. Il ajoute qu’avec ce partenariat, « Samsung a pour but de se connecter émotionnellement avec les consommateurs et d’élaborer une marque qui mobilise au niveau mondial. ».
Samsung a également mis en place un programme d’ambassadeurs en invitant des grands athlètes de niveau, des quatre coins du monde, à partager cette expérience avec les fans grâce aux technologies mobiles. En s’associant à des sportifs, la marque semble ainsi s’imprégner des valeurs du sport et de la compétition et valoriser un certain style de vie. En témoigne Tatiana Borodulina, championne d’Europe en 2005, qui fait partie de cette initiative Samsung pour 2014 : « Je suis ravie de me joindre à cette campagne de promotion du Mouvement olympique, du sport et des modes de vie sains (…) et de démontrer de manière exemplaire et ce notamment auprès des jeunes générations qu’en sport il s’agit avant tout de croire en soi (…) ». La marque incite enfin, au travers d’un autre programme, les bloggeurs mondiaux à relayer l’avancée de ces Jeux.
La version : « je vais vous donner de l’émotion » (…encore une fois !)
Le groupe Procter & Gamble, spécialisé dans les biens de consommation courants, ont mis en ligne dès janvier la suite de leur campagne « Thank you Mom », débutée l’été 2012 pour les Jeux Olympiques de Londres. La marque se place comme sponsor des mères dans ce premier court-métrage de deux minutes, « Pick them back up » (« Aide-les à se relever »). On y découvre des mères qui redressent leurs petits sur leurs pieds, les aidant toujours plus à se relever de leurs chutes et à persévérer. Des premiers pas aux exploits sportifs de compétition, les mères restent présentes. De la même façon qu’elles soutiennent leurs enfants, P&G soutient les athlètes 2014. Le groupe s’appuie sur l’idée de persévérance et de continuité, visible avant tout dans la reprise de sa campagne, et mise à l’honneur dans le message final : « For teaching us that falling only makes us stronger… Thank you Mom ». Une vidéo tout en émotion et sans aucune référence aux produits de P&G.

Les marques semblent au final avoir compris tout l’intérêt qu’il y avait à s’associer à un évènement sportif d’échelle internationale : jouer sur le registre de l’émotion, du spectaculaire, du partage pour mieux mettre en avant l’image responsable et moderne de l’entreprise. Une communication que semblent aborder les équipes nationales pour mieux faire valoir ses athlètes : la campagne  #WeAreWinter créée par le comité olympien canadien, fortement axée sur le digital, tente elle aussi de faire naître ce sentiment de cohésion. Une nouvelle entrée dans la communication sportive olympienne qui n’a pas froid aux yeux…
 
Laura Pironnet
Sources
Ilétaitunepub
Veillebrandcontent
Cdusport
Actumediasandco
Olympic

Société

Pimp my visibility

 
Lorsque les marques ont investi Internet, elles ont du bouleverser leurs usages et s’adapter aux logiques de la Toile. Ce nouvel espace leur a fourni une visibilité sans précédent. Mais celle-ci doit être exploitée et constamment entretenue. Jusqu’ici, la visibilité dépendait de l’argent que les marques investissaient dans leurs campagnes. Désormais leur visibilité ne dépend plus d’elles seules : elles doivent comprendre et jouer avec des acteurs tiers, comme les moteurs de recherche qui sont devenus les principaux outils pour accéder au Saint Graal. Analyse.
Lorsqu’une marque se déploie sur Internet, elle doit être référencée. C’est le seul moyen pour qu’elle puisse atteindre ses clients. Plusieurs stratégies existent : les stratégies de buzz, qui ont pour but de créer le plus de bruit pour gagner en visibilité et le référencement naturel sur les réseaux. Là où le premier élément prend souvent place dans une campagne ponctuelle, le référencement permet d’avoir de la visibilité sur le long-court.
Le référencement naturel est né avec les moteurs de recherche. Il s’agit d’avoir un site suffisamment visible pour qu’il puisse être trouvé en première page de ces derniers. Sous l’impulsion de Google, leader du marché, les moteurs fonctionnent selon une logique de méritocratie. Lorsqu’un internaute recherche quelque chose, l’algorithme trouve les sites correspondants à ces mots clés. Il classe les sites selon leur popularité et le bruit qu’ils ont produit c’est-à-dire que plus un site aura été partagé et linké, plus il sera mis en avant dans les résultats de recherche.
Une méthode proche du buzz a été mise en place par les marques. Il s’agit de faire un maximum de bruit autour d’un sujet précis qui est celui du site que l’ont veut promouvoir. Par exemple, une marque alimentaire va faire de la création de contenu dans son domaine d’exercice et non sur un de ses produits.
Or, ces contenus doivent être facilement repris et linkés pour mieux s’afficher sur les moteurs de recherche. C’est dans ce contexte que l’on assiste actuellement à une mutation des méthodes d’écriture sur Internet. Sous l’emprise de la recherche de la visibilité, les marques s’emparent des méthodes journalistiques pour produire du contenu. Elles deviennent des médias à part entière, se déployant à 360 degrés, sur les réseaux sociaux, les sites Internet, les sites de vidéos… Tout cela pour créer un contenu partageable augmentant leur visibilité. Ce contenu portant les artifices du journalisme fait office de porte d’entrée vers un site.
Cette nouvelle stratégie, dans un premier temps propre aux marques, se diffuse largement au sein du journalisme. Les marques se font médias et les médias se font marques en adoptant leurs stratégies de référencement. C’est particulièrement visible sur les sites de pure-players, ces journaux gratuits disponibles exclusivement en ligne. En regardant la liste d’articles d’un site comme Slate, on remarque que les articles sont souvent écrits à l’infinitif (car on ne conjugue pas ses verbes quand on fait une recherche) et les titres prennent la forme d’une question et sont écrits en mots-clés. On évite les articles de fond, peu adaptés aux usages de lecture fondés sur la rapidité de la lecture. Les contenus écrits tendent clairement vers la simplification.
Pour le bien de la visibilité on assiste à une mutation des contenus qui s’emparent des règles de référencement et sont présentés d’une manière à attirer le plus de clics. Par un phénomène de contagion, cette tendance s’est ancrée dans les usages des marques et des médias. On peut donc se demander si l’ont n’assisterait pas à une baisse de la qualité des contenus disponibles sur Internet ?
 
Arthur Guillôme