Environnement, Société

Web et écologie : une communication (au mieux) absente

 
Bons citoyens éco-responsables que vous êtes, vous avez probablement tous été déjà sensibles à cette petite ritournelle qui occupe la fin de vos factures et autres relevés de comptes, vous invitant, en misant sur votre bonne conscience et sentiment de culpabilité, à demander vos factures en lignes plutôt que par papier pour réduire la consommation de CO2. Que ce transfert soit moins coûteux pour les entreprises, c’est prouvé. Moins polluant… ce n’est pas si évident.
 
Immatérialité, immatérialité chérie           
Si on doit dégager quelques spécificités propres à Internet, la plus évidente serait sans doute la masse de fantasmes, métaphores, mythes qui l’enveloppent et nourrissent nos imaginaires. Et l’un des plus forts est cette notion d’immatérialité. Notion qui, avouons le, par sa seule évocation, mobilise en nous une sorte de crainte, au sens religieux du terme, mêlée d’une douce rêverie de science fiction. Or, on le sait, toucher notre inconscient et nos émotions est la recette d’une communication réussie. Le concept d’« immatérialité », un peu comme celui de « transparence », vaut de l’or.
Mais qu’en est-il réellement ? Bien sur que non, Internet n’est pas dématérialisé. On y accède par un support, quel qu’il soit. S’il faut se connecter, l’utilisateur a également besoin d’un objet assurant la transmission du réseau, qui lui même est amené par d’autres infrastructures… Quant au transfert et au stockage d’information, il est assuré par la présence des serveurs, et je vous invite à jeter un œil sur ceux de Google, assez impressionnants.

Tout cela relève de l’évidence. Mais c’est pourtant dessus que se joue toute la communication des diverses entreprises, qui ont , elles, plutôt intégré les valeurs économiques qu’écologiques de cette « révolution numérique ».
 
Quels enjeux pour le développement durable ?
Brosser un portrait complet de la multitude d’enjeux que sous tend ce changement serait hélas trop long, complexe et confus pour tenir dans un seul article. Mais l’on peut tout de même mettre en exergue quelques points clefs qui seront sans nul doute au cœur des réflexions très bientôt.
On peut d’abord songer au e-commerce, souvent encensé pour ses vertus écologiques : il serait moins polluant de commander un livre plutôt que d’aller l’acheter en magasin. En fait, il est quasiment impossible de faire un tel calcul, car il faut prendre en compte une multitude de facteurs : à quelle distance est le magasin ? Comment s’y rend-on ? Si l’on achète un livre sur Internet, d’où vient-il ? Ou se fait-on livrer ? Un article de Slate détaille ces questions, et, contre les idées reçues, conclut que, pour le moment, on ne sait pas grand chose.
Se pose ensuite la question, très vaste, des objets technologiques, avec au cœur le problème de l’obsolescence programmée (techniques permettant de réduire la longévité des appareils afin que les utilisateurs s’en rachètent), ainsi que l’habitude de renouveler ses téléphones par exemple, beaucoup trop souvent (tous les 2 ans en France) alors que les métaux les composants, en plus d’être de plus en plus rares, sont extrêmement nocifs (cf l’article du Courier International :  « Un poison radioactif dans nos smartphones ») Place de la toile a récemment consacré une émission à la question de l’écologie, « Les faces cachés de l’immatérialité », référence au livre Impacts écologiques des Technologies de l’Information et de la Communication du groupe EcoInfo, où elle aborde cette question, mais aussi la plus importante certainement : celle des TIC. Il est vrai que l’usage intensif des mails est de plus en plus critiqué. Mais rarement d’un point de vue écologique. Or, un mail de plus d’1Mo a un impact de 19 grammes de CO2, et 247 milliards de mails sont envoyés par jour. Quant aux recherches, « deux requêtes sur Google généreraient 14g d’émission de carbone, soit quasiment l’empreinte d’une bouilloire électrique (15g) » selon Le Monde.
Bien sur, il ne faut pas être trop alarmiste, et voir que le web permet aussi de réduire certains coûts environnementaux, ne serait-ce qu’en propulsant des pratiques telles que le covoiturage ou les téléconférences par exemple. Mais rien ne peut expliquer cette absence quasi totale de vraie communication, assez étrange d’un point de vue économique, quand l’écologie est partout ailleurs (même dans le secteur textile, comme l’avait montré Clémentine Malgras jeudi dernier) utilisée comme un argument de vente, mais aussi d’un point de vue éthique quand on pense qu’en France, les marques ont pour obligation de nous dire qu’il faut manger cinq fruits et légumes par jour et que le tabac et l’alcool sont dangereux. Et cette absence se fait sentir : selon Ipsos (2011), 45% des Français sont écolo-sceptiques, soit… 15% de plus qu’en 2008.
 
Virginie Béjot
 
Pour aller plus loin :
Le documentaire et dossier du Vinvinteur : Web et développement durable
Le compte rendu de L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie)
Photo : espaces de stockage d’Amazon, crédits : Slate.fr

Société

MSN allons voir si la rose…

 
MSN est mort, vive Twitter : petit panorama de l’évolution de la communication sur Internet
 
Que vous puissiez « aimer » (ou pas) cet article à la fin de la lecture n’a rien d’anodin. La décision de Microsoft de mettre fin à son célèbre service de messagerie en ligne, MSN, service qui a bercé notre tendre adolescence non plus. Qui ne se souvient pas, avec une pointe de nostalgie (et d’embarras ?), des « pseudos », « wizz », et conversations plus phatiques qu’autre chose, où l’on se retrouvait sans mot après un fascinant échange de « coucou, ça va ? » ? Et pourtant, qui d’entre nous n’a jamais pensé revenir sur ce programme, qui nous paraît maintenant (alors que nous l’utilisions il n’y a que 5 ans), un dinosaure de l’Internet aussi obsolète que la télévision en noir et blanc ? L’on serait tenté d’objecter que cette pratique de la discussion instantanée a tout simplement été déplacée, sur Facebook majoritairement. Certes, mais elle est loin d’être le noyau de Facebook, qui fonctionnait bien avant l’introduction du « chat », et peu de monde je crois, l’utilise de la même façon qu’il utilisait MSN : dans le seul but de parler. C’est aussi qu’à l’époque de MSN, la parole était le seul moyen d’exister, tandis que l’évolution de l’Internet s’est fait de telle manière que les moyens se sont bien diversifiés depuis.
C’est à ces transformations que j’aimerais m’intéresser aujourd’hui, pour essayer de comprendre comment l’on a pu passer, en quelques années, de MSN aux « réseaux sociaux », et quelles en sont les conséquences.
 
Au commencement était le Verbe (et la connexion à 56ko/s)
Dans les débuts de l’Internet, tels qu’on peut encore se les rappeler, l’image était tout sauf une priorité dans la mise en page. À cause de la technique, certes, qui ne permettait pas de les charger assez rapidement, mais peut-être n’est-ce pas la seule raison. La série populaire Buffy contre les vampires, diffusée entre 1997 et 2003, cristallise deux mythologies très en vogue autour d’Internet à une époque décisive, en confrontant les points de vue de deux personnages principaux : Giles, un bibliothécaire, et Willow, une étudiante. Le premier oscille entre l’idée qu’Internet ne sert à rien ou tuera le livre, et l’autre fait preuve d’un enthousiasme exacerbé à son égard,le considérant comme un outil presque intelligent en soi qui aurait réponse à tout.
L’avènement de l’Internet, pour une importante partie du public adulte, était loin de paraître nécessaire. Aussi cela peut-il expliquer le manque d’images et la mise en page des premiers sites : la publicité s’en désintéressait totalement. Il faut aussi noter qu’il y a deux textes sur l’Internet : celui que tout le monde voit, et un autre, bien plus voilé, et pourtant sur quoi tout repose… le code. Aux débuts d’Internet, impossible de produire du contenu sans une petite connaissance du html au moins. C’était alors un monde de l’écrit.

 
La formidable révolution du Web 2.0
Lorsque la fabuleuse, voire magique expression de « Web 2.0 » a commencé d’apparaître, l’Internet s’est refait une beauté aux yeux du grand public. Ce terme, relevant d’abord du marketing, fut employé à tort et à travers pour refléter un changement qui, s’il ne relève pas exactement d’une « révolution », est tout de même réel : l’Internet s’est « socialisé ». Il est désormais question d’engager des « interactions », d’abord manifestées par des entreprises de mise en commun des connaissances ou travail collaboratif (avec les wiki par exemples), puis, par des blogs favorisant la discussion grâce aux commentaires. En parallèle, les chats prennent de l’importance, comme IRC et MSN, pour citer les principaux. Toutes ces interactions étant facilitées par un « domptage » du code tel qu’il est désormais possible d’avoir son blog, de s’exprimer sur la toile sans en avoir aucune connaissance. Mais ce modèle n’est toujours pas assez rentable financièrement. Et c’est la qu’intervient un tournant clef de l’Internet et de l’idée que nous nous en faisons : sa structure, et donc, la manière dont nous communiquons, va être modifiée par la publicité.
 
De MSN à Twitter : la disparition élocutoire du destinataire
Lorsque nous parlions sur MSN, nous nous adressions à une personne en particulier, et attendions une réponse pour rebondir. Il en était de même pour les forums, même si le destinataire était moins identifié, l’on s’adressait à une certaine communauté, avec l’idée d’instaurer un échange. Comment, dès lors, un message publicitaire pouvait-il éviter de tomber dans la conversation comme un cheveu sur la soupe ? S’imagine-t-on, lorsque que l’on parle à un ami de vive voix, être coupé par un slogan entre deux phrases ? Il fallait alors qu’une autre façon de communiquer émerge.
Prenons maintenant l’exemple de Twitter. Qu’est-ce que « tweeter » ? C’est envoyer un message de 140 caractères à un public qu’on ne connaît ni ne maitrise, la plupart du temps. Pour que ce message ait une bonne visibilité, et soit repartagé, il doit être drôle, spirituel, ou provocateur ; bref, il faut qu’il soit suffisamment marquant pour interpeler le lecteur. Or, qu’est-ce qu’un slogan publicitaire, si ce n’est un message court et percutant ?

 
Que devient alors la communication sur Internet ? Il est rare d’attendre une réponse à un tweet, la conversation étant rendue difficile par la limite des 140 caractères. Facebook n’est pas en reste : ce sont les « likes » qui dominent, c’est-à-dire une petite image sur laquelle on clique pour signaler qu’on a vaguement ressenti quelque chose en voyant ce post, mais on commente bien moins souvent, et d’ailleurs, nos commentaires étant visibles par tous, il est moins question d’engager une réelle discussion que d’obtenir des « likes » à son tour pour flatter son image.
Tout, dans ces pratiques, rappelle la publicité. La frontière entre celle-ci et les messages personnels devient de plus en plus floue (cf les questions des « influenceurs » et du « personnal-branding »).
La publicité avait donc tout intérêt à favoriser ce changement de paradigme, qui lui permettait de s’intégrer plus naturellement et sans choquer. Bien sur, il existe des exceptions, et la pratique du « chat » ne s’est pas totalement éteinte. De même, je ne tente pas d’imputer ces changements à la seule volonté de la publicité d’investir la toile, changements que je ne juge d’ailleurs pas. Néanmoins, force est de remarquer que notre usage quotidien d’Internet a été profondément modifié, et qu’aujourd’hui, la fermeture de MSN ne trouble ni notre navigation ni notre esprit, ce qui n’aurait surement pas été le cas s’il avait été question de Facebook.
 
Virginie Béjot
 
Sources :
La fermeture de MSN :
Comportements liés aux réseaux sociaux : http://www.guardian.co.uk/technology/2012/mar/17/facebook-dark-side-study-aggressive-narcissism
http://www.internetactu.net/2012/03/29/pourquoi-avons-nous-peur-des-medias-sociaux/
La bibliothèque dans Buffy contre les Vampires : http://cm.revues.org/84

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FranceTV-Info-iPhone
Société

Francetv-info : l’information hybride

 
Voilà quatre mois que Francetv-Info.fr a fait son apparition sur le Web (et sur les smartphones). Une plateforme aux promesses ambitieuses qui s’inscrit dans le prolongement des évolutions médiatiques récentes.
Il s’agit d’une plateforme lancée par France Télévision avec l’envie de permettre à l’internaute de suivre l’actualité au moment même où elle se passe. L’accès au site ne nécessite pas de s’inscrire. Concrètement, dans la lignée de Twitter, on peut suivre un fil d’actualité constitué de courts messages émanant d’une équipe de journalistes et de points de bilan faits régulièrement sur l’ensemble des sujets chauds. Comme cela est possible sur Twitter, chaque post commence par un hash tag qui permet de retrouver rapidement les informations que l’on veut consulter. La plateforme veut ainsi proposer de l’actualité « sur mesure », c’est-à-dire que l’internaute peut aller directement aux informations qui l’intéressent via le mur d’actualité ou en allant sur les pages et les onglets qui regroupent les sujets qui font l’actualité sous formes d’articles plus longs et plus détaillés ou encore en parcourant les pages dédiées aux régions. Francetv-info tire ainsi profit du vaste réseau de rédactions de France Télévision puisque chaque région et chaque thème a son propre flux d’informations. Autre innovation, on peut directement interpeler les journalistes en leur envoyant une question ou une remarque. Là encore, on est dans le prolongement de Twitter et cela contribue au « sur mesure » prôné par Francetv-info.
Ainsi, Francetv-info propose de l’information en continu en mettant à disposition un journaliste qui répond en live aux possibles messages des lecteurs, des articles de fond, des liens vers d’autres sites d’analyse d’actualité ou encore des photos et des vidéos. C’est donc un hybride entre les chaînes télévisuelles d’information en continu et Twitter. De ces deux médias, Francetv-Info garde le foisonnement et l’ubiquité. Des chaînes d’information, Francetv-info conserve la légitimité et la crédibilité. Enfin, de Twitter, Francetv-info garde l’interactivité, la proximité avec les journalistes et la possibilité de ne voir que ce que l’on veut. Francetv-info cherche ainsi à réduire l’asymétrie qui existe entre journalistes et curieux autour du traitement de l’information.
 
Thomas Millard

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Agora, Com & Société

Wax Tailor, la révolution numérique s'exprime aussi par la musique

La révolution numérique est paradoxale. Certes, Internet, les blogs, les smartphones et Twitter ont révolutionné notre rapport à l’écrit et sacralisent une écriture intuitive, rapide et fragmentée; mais ces mêmes outils s’inscrivent dans une tradition de l’écriture et revendiquent bien souvent des référents anciens (l’icône correspondant à la composition d’un nouveau tweet est celle d’une plume et d’un parchemin).
Toutes les formes d’art sont touchées par le paradigme propre au numérique de l’articulation du passé et du moderne. A l’heure ou David Fincher est qualifié de cinéaste du numérique; dans le milieu musical aussi, l’innovation prend forme. Les musiques dites « électroniques » sont une fusion détonante entre la nostalgie et l’innovation. Wax Tailor explique très bien cette synthèse, lorsqu’il expose dans le blog de l’Atelier, son double rapport au vinyl et aux platines: « Il faut garder le meilleur des deux mondes […]. J’ai une collection de Mp3, des outils qui me permettent de voyager léger. Quand je vais faire un DJ set, je vais être capable d’aller jouer avec des fichiers […] mais cela ne m’empêche pas de collecter des vinyls. Il y a un rapport affectif à l’objet, à son histoire. C’est quelque chose qu’on ne peut pas nous enlever. » 
Zoom sur Wax Tailor, alias Jean-Christophe le Saoût, compositeur et Dj mixant le trip-hop, le hip-hop et la down tempo. Voici 6 raisons pour lesquelles sa musique me semble particulièrement emblématique des nouvelles tendances la révolution numérique.
 
• La duplication et la répétition
 
Dans la chanson We be (clip ci-dessous), l’anaphore du « We be », la répétition du même discours en fond (« Power to the people! ») semble faire écho au matraquage médiatique, au flux incessant des réseaux sociaux… Cette pratique est à lier à celle du morcellement, du découpage en petites unités, qui est au fondement d’un média comme Twitter. Wax Tailor utilise des petites phrases répétées inlassablement, des répliques de films sorties de leur contexte et re-mixées avec d’autres paroles. Ces segments sont comme ces phrases volées par les médias et journalistes, partagées et naviguant d’utilisateur en utilisateur grâce au partage et au retweet, qui personnifie pleinement cette notion de fragmentation.
 
• L’importance de l’écriture
 
La pratique de l’écriture est une forme de communication hyper prégnante et magnifiée par les nouveaux médias (le règne du commentaire, de l’ « exprimez vous! », l’application « Notes » pour les Iphones designé comme du papier brouillon…)
Dans l’univers visuel de Wax Tailor, c’est une forme de communication efficace. Dans ses clips, on retrouve souvent de l’image et du texte mixés ensemble. Dans Positively Inclined (2e clip ci-dessous), le graphe est mis en valeur, et les mots qui s’inscrivent ont un pouvoir performatif qui doit donner l’inspiration au rappeur-poète :« inspiration », « insulation », « intonation »…
 
• Les thématiques du rassemblement
 
Dans son morceau We be, les paroles expriment un besoin de se regrouper autour d’une identité commune, de se rassembler en transcendant les différences: « We be… Joinin’ the endless convoy of cultural hegemony. »; « We be…oh so many… like the multitudes of souls, lost… in the wars of men…/Over gold, over power, over god & hate/; « Why can’t we be more peaceful? Why can’t we be… nicer… to one another? Why can’t we be… we be… what we were meant to be: LOVE ». C’est un discours souvent tenu par les nouveaux médias et qui se matérialise par la création de plus en plus de communautés virtuelles qui transcendent les nationalités, les âges, les idées politiques pour se concentrer sur d’autres intérêts tel que la musique, justement.
 
• L’emprunt, le patchwork
 
« Wax Tailor », le tailleur de cire en anglais: la matière est celle qui est commune à tous. Ici, le tailleur, c’est celui qui mixe, qui fait un montage, un patchwork: les musiques de Wax Tailor sont un vrai « melting pot » d’influences diverses et d’emprunts.
Dans le clip Positively Inclined, cette pratique est illustrée par le flux de couleur noire, le matériau de l’inspiration musicale qui passe de personnage en personnage, de l’objet à l’humain dans un mouvement constant de va-et-vient. On rejoint la pratique du partage, qui est commune à tous les médias 2.0.
 
• L’héritage du passé
 
Cet emprunt se fait selon des référents universels, une sélection parmi une culture populaire qui symbolise notre héritage.
Comme les multiples applications smartphones opérant un fascinant retour au vintage (Vintage caméra, Instagram), Wax Tailor utilise (et c’est bien sa marque de fabrique) des répliques de films (la plupart des années d’après-guerre: Welles, Lubitsch, Ford, Hitchcok.. ou des années 70 Forman, Cassavetes) pour ponctuer des rythmes innovants. De plus, il recycle des musiques cultes (comme le « Feeling Good » de Nina Simone dans How I Feel).
 
• Le laboratoire de l’innovation : réaliser un synthèse
 
Mais ces emprunts nostalgiques ne s’inscrivent justement pas dans une vision passéiste et poussiéreuse.
Le collectif franco-suisse-argentin de tango Gotan Project est un autre exemple d’artiste de la génération 2.0. Ils expliquent en 2010, interviewés par l’Express, que le titre de leur dernier album « Tango 3.0 » « symbolise la collision entre l’ancien et le moderne, le tango qui a un siècle d’histoire et le Web 3.O qui commence tout juste la sienne. Notre parti est celui d’une expérimentation autour du tango et de la musique électronique. ». En mixant par exemple des instruments très traditionnels avec du rap ou de la techno minimale allemande, le projet de Gotan Project peut somme toute, résumer celui des NTIC: elles innovent et créent des usages sans précédant, mais restent néanmoins fidèles aux usages hérités du passé, s’inspirent de traditions instituées pour les faire rentrer dans des nouveaux cadres, ceux de la modernité.

Wax Tailor « We Be » By Mathieu Foucher

Wax Tailor, « Positively Inclined » by Tenas
 
Camille Principiano

Sources :
« l’Express.fr » : interview de Julien Adigard
« le blog de l’Atelier », Lila Meghraoua