Agora, Médias

Le « Jeremstargate », ou le tribunal médiatique.

Lundi 15 janvier 2018, c’est un pavé dans la mare qui est jeté chez les fans de télé-réalité et du personnage de Jeremstar. Ce dernier est accusé de complicité dans une affaire de «  viol aggravé sur mineur, corruption sur mineur, atteinte sexuelle sur mineur, recours à la prostitution de mineur ». L’autre accusé s’appelle Pascal Cardonna, il se fait surnommer « Babybel » à travers les divers réseaux sociaux du blogueur, et est coordinateur numérique chez Radio France. Comment les deux hommes ont pu en arriver là ?

Petit rappel des faits

Annoir Sinnaour, aka « Aqababe », un jeune Youtubeur de 18 ans a diffusé sur internet une vidéo exclusive mettant en scène Shanna Kress et Adrien Laurent, des personnages du programme « Les Anges 10 », actuellement en cours de tournage. Jérémy Gisclon, de son véritable nom, a apparemment utilisé ce contenu pour alimenter son site de potins sur la télé-réalité, sans citer sa source. Cet acte déclenchera le courroux du jeune homme, qui décidera alors de se venger en publiant une vidéo à caractère pornographique de Jeremstar sur le compte Snapchat du blogueur et chroniqueur chez Ardisson. Plusieurs milliers de personnes l’ont vue. Mais cela ne s’arrête pas là. S’en suivirent d’autres accusations et des divulgations de notes audio ambigües accablant Cardonna, au travers d’un trend Twitter et des hashtags #Jeremstargate et #BalanceTonBabybel.
En somme, Pascal Cardonna est accusé par Annoir Sinnaour d’avoir utilisé la notoriété de Jeremstar pour inviter des jeunes hommes mineurs chez lui et ainsi obtenir des faveurs sexuelles de leur part. Les accusations sont extrêmement graves et cela a provoqué la fermeture immédiate du compte Snapchat du blogueur, ainsi que son silence. Cela fait depuis le 16 janvier qu’il est totalement inactif sur les réseaux sociaux, lui qui d’habitude y est omniprésent. Il a même été suspendu de C8 jusqu’à nouvel ordre. Sur ses réseaux sociaux, il a publié deux communiqués le 17 et 23 janvier, où il clame son innocence, nie en bloc tous les faits dont on l’accuse et dit se désolidariser complètement de Pascal Cardonna. Des plaintes ont été déposées dans les deux camps, et l’affaire suit son cours.
Les liens des communiqués :
https://twitter.com/jeremstar/status/953666291172339713
https://twitter.com/jeremstar/status/955905920785113088

Le « Jeremstargate » mettra-t-il en péril les programmes de télé-réalité ?

C’est une question que l’on peut se poser. Jeremstar c’est avant tout une agence de communication, et une vitrine de visibilité pour les candidats. Il est suivi par plus d’un million de personnes sur chacun de ses réseaux sociaux et donc bénéficie d’une audience sans précédent. Lorsqu’il révèle des potins sur les candidats des émissions de télé-réalité, et notamment quand ils sont en tournage, cela engendre une visibilité considérable et produit une forte attente du côté des téléspectateurs. Même si ces derniers sont en quelque sorte « spoilé » par le blogueur, ils voudront en savoir plus, et faire comme Saint Thomas d’Aquin : croire que ce que l’on peut voir. Jeremstar crée de l’intérêt pour ces programmes et ses candidats. On le remarque notamment avec le programme « La Villa des Cœurs Brisés 3 » cette année, qui a vu son audience exploser, vu que le journaliste people a dévoilé la demeure luxueuse de Saint Martin sur son Snapchat avant même que le tournage ait commencé, et également révélé sur son blog des scoops sur les candidats.
Jeremstar s’est toujours déclaré comme « parasite médiatique », mais en un sens, sans lui, les programmes de télé-réalité ne bénéficieraient pas d’autant d’audience. Il est un maillon essentiel à cette industrie de l’image. La télé-réalité survivra-t-elle à la mort médiatique de son plus fidèle ambassadeur ?

Une affaire révélatrice des comportements face aux scandales

Le phénomène du « gate » est spécifique : lorsque les réseaux sociaux s’en emparent en plus des médias traditionnels, la parole est certes libérée mais ils n’en demeurent pas loin des lieux où la violence verbale y est prédominante. Le « gate » est caractéristique de l’hystérisation et de l’embrasement collectifs face à l’information : le jugement est donné avant même que la justice ait tranché. L’année dernière, François Fillon avait utilisé l’expression « tribunal médiatique » pour parler des journalistes lorsqu’il traversait sa polémique qui a mis à mort sa carrière politique et ses ambitions à la présidence. On peut dire qu’on retrouve le même cas de figure avec le « Jeremstargate » : ces informations et ces accusations accablent le blogueur et chroniqueur, et signent en quelque sorte son déclin médiatique.
Il ne faut pas confondre opinion personnelle et vérité absolue, la Justice est rendue au sein d’un tribunal et non au sein de la twittosphère.
Florence Arnaud
Sources :

Crédits photos :

  1. Capture d’écran YouTube.
  2.  Capture d’écran d’une photo de Jeremstar et Babybel publiée sur Twitter, à la sortie d’un escape game.
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