she started it
Société

Entrepreneur[e]s

 
A l’heure où la parité gagne du terrain en France grâce aux sanctions financières imposées par le gouvernement, l’inégalité professionnelle entre femmes et hommes demeure forte dans de nombreux secteurs. Le bilan 2013 de la loi pour l’égalité des salaires en entreprise, votée le 2 novembre 2010, fait état de 4 entreprises sanctionnées et plus de 400 mises en demeure (elles ont 6 mois pour régulariser leur situation). Cependant, note la ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud-Belkacem, dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV ce mercredi 4 septembre, le chiffre le plus significatif du réveil des consciences est celui des 2700 plans d’égalités présentés par « les entreprises qui ont compris que le couperet désormais tombe ».
Loin du « name and shame » américain, les entreprises en faute ne sont pas expressément désignées. Il nous est donc permis de nous interroger sur les secteurs d’activités les plus concernées par la question de la parité. Comme souvent, les apparences peuvent être trompeuses et les secteurs les plus jeunes et dynamiques ne sont pas toujours les plus justes à l’égard de leurs membres actifs.
Cet été, entre le biopic de Steve Jobs, la sortie du livre de Sheryl Sandberg et le voyage dans la Silicon Valley de notre ministre de l’Economie Numérique, Fleur Pellerin, la question de la position des femmes du secteur « tech », devient brûlante. Mais la médiatisation récente de figures féminines exemplaires dans l’industrie technologique ne parvient pas à masquer la réalité d’une industrie souvent inégalitaire.
A y regarder de plus près, il s’avère que l’écosystème digital, partout dans le monde, n’est pas tendre à l’égard du sexe féminin. De nombreux projets veulent mettre à mal les stéréotypes en encourageant les femmes à se lancer dans l’industrie numérique.
En juillet sur Indiegogo, le projet de deux journalistes (l’une française, l’autre américaine) a récolté  des fonds pour la production d’un documentaire sur entrepreneuriat féminin intitulé « She Started It ». Nora Poggi et Insiyah Saeed ont débuté le tournage dans la Silicon Valley et elles ont prévu de l’achever à l’automne en Europe, notamment à Paris. Le but d’une telle production est de mettre en lumière le parcours atypique (ou non) de ces femmes à la tête d’entreprises numériques, mais aussi d’influencer une nouvelle génération de femmes nées avec le digital. Un programme qui se résume par « Si elles l’ont fait, alors pourquoi pas moi ? »
Un projet plus qu’utile quand on s’attarde un peu sur les chiffres de l’entrepreneuriat féminin, en France et ailleurs. Pas une femme à la tête d’une entreprise du CAC 40, et 21 seulement dans le classement Fortune 500 2013 (dont Marissa Meyer, à la 494ème place !). La France affiche un retard flagrant en terme de femmes occupant des postes à hautes responsabilités, loin derrière de nombreux pays européens et asiatiques. Un problème propre à « la culture d’entreprise française » selon Viviane Chaine Ribeiro, administratrice de Syntec Numérique, le premier syndicat professionnel de l’écosystème numérique français.
Dans ce secteur, les efforts sont nombreux pour unir et former les femmes. Girls in Tech, par exemple, fédère une communauté des femmes entrepreneurs dans le milieu technologique, en organisant des évènements qui mettent en avant les talents féminins. La fondatrice de la branche française du réseau, Roxanne Varza, évoque elle aussi la nécessité d’un changement de mentalités. Elle s’étonne notamment de l’absence de fondatrices de sites de rencontres, sites qui s’orientent pourtant vers un public très féminin. AdopteUnMec et Gleeden, qui se démarquent en étant « 100% pensés par des femmes » et au service des femmes, sont tout deux dirigés par des hommes !
A travers ce type de stratégie communicationnelle, c’est l’attitude d’un secteur tout entier qui est remise en question.
L’évolution, plus politique, des femmes dans le monde professionnel depuis ces dix dernières années est en décalage avec le rythme effréné de l’innovation technologique. Pourtant, la population féminine est chaque jour plus présente dans la sphère numérique, comme en témoigne de nombreuses études qui attribuent aux femmes l’utilisation majoritaire de réseaux sociaux tels que Facebook, Pinterest et Instagram. Il semble donc nécessaire pour le secteur des hautes technologies de reconnaître le rôle que les femmes peuvent jouer en son sein, notamment dans leur capacité à comprendre et influencer les utilisatrices qui font vivre l’économie numérique.
L’exode professionnel des femmes s’opère très tôt dans la scolarité, et peu de femmes s’orientent en ingénierie et science de l’informatique. Le taux de reconversion vers d’autres secteurs atteint des sommets au niveau universitaire.
Pour Nora Poggi, la médiatisation des femmes entrepreneurs de l’industrie numérique est un moyen d’inspirer les jeunes générations et de les convaincre de sauter le pas de l’entreprenariat. Elle nous évoque les raisons de son projet et ses aspirations pour le tournage en France : « Notre projet est à vocation globale. Mon but final est de pouvoir aller sur tous les continents à la recherche de ces femmes entrepreneurs dans l’industrie technologique. J’ai donc commencé par ce que je connais : la Silicon Valley où je vis depuis deux ans, et l’Europe d’où je viens. […] En France, j’aimerais interviewer Anne-Laure Constanza de Envie de Fraises, Céline Lazorthes de Leetchi, Fanny Pechiodat de MyLittleParis, et bien d’autres. Je veux m’intéresser aux histoires personnelles et professionnelles de ces femmes. En établissant le contexte de leurs parcours, ainsi que leurs réussites et les difficultés auxquelles elles ont été confrontées, je pense que nous verrons apparaître de manière sous-jacente les différences culturelles à l’œuvre. Il n’y aura pas de comparaison faite entre les femmes, mais plutôt une mise en contexte. Nous voulons aussi partir tourner à Berlin et à Londres, où tant de femmes entrepreneurs peuvent témoigner. »
Dans cette même lignée, un plan de sensibilisation à l’entrepreneuriat féminin a été présenté mardi 27 août par Najat Vallaud-Belkacem, Geneviève Fioraso et Fleur Pellerin. Aujourd’hui les femmes représentent 30% des entrepreneurs, un chiffre que les trois ministres voudraient voir grimper à 40% en 2017. Et dans le secteur numérique, elles composent 28% de la population active (selon Syntec Numérique), un chiffre bien en deçà de la moyenne nationale.
Ce plan de sensibilisation vise à agir tout au long de la scolarité en rendant l’entrepreneuriat attractif et accessible aux femmes. Un site de référence doit voir le jour en octobre 2013, et des fonds spécifiques vont être alloués aux projets d’entreprises menés par des femmes.
 
Clémentine Malgras
 
Sources :
She Started It Itw de Viviane Chaine Ribeiro pour Les Echos Plus d’infos sur le plan de sensibilisation : http://www.gouvernement.fr/gouvernement/entrepreneuriat-au-feminin-un-plan-pour-lever-les-obstacles

Publicité et marketing

Lo-Fi, Toaster, Hefe, Earlybird, et… Publicité

 
Instagram ajoute la publicité à son édifice
C’est officiel, après son rachat il y a plus d’un an par Facebook pour 1 milliard de dollars, l’application célèbre de partage et de retouches de photos Instagram compte à présent 150 millions d’utilisateurs actifs dont 60 millions en dehors des Etats-Unis. Pour fêter ça, l’équipe commerciale vient d’annoncer l’arrivée de la publicité sur Instagram courant 2014, le but premier étant de monétiser le service après avoir fidélisé ses utilisateurs.
Depuis sa création en 2010, Instagram s’était plutôt focalisé sur l’amélioration des fonctionnalités de son produit avec un design épuré, des filtres à foison et une utilisation très simple, en faisant un leader sur le marché des applications mobiles. Le lancement de la capture vidéo (au grand dam de son concurrent Vine) depuis le mois de juin le confortait d’autant plus dans cette position de leader. Vouloir exploiter ce potentiel commercial via la publicité paraît donc, dans ce contexte, d’autant plus surprenant.
Des hipsters à ne pas faire fuir
Facebook ayant investi une somme qui paraissait démesurée à l’époque ne pouvait que préparer son retour sur investissement. S’il y a quelques mois seulement, Mark Zuckerberg insistait sur le fait qu’ils préféraient favoriser le développement de la communauté sur Instagram avant même de songer à une quelconque monétisation de ce service, il semblerait qu’il soit enfin prêt à sauter le pas comme l’a déjà fait Facebook auparavant, générant ainsi des millions de dollars chaque jour.
Emily White, la directrice des opérations commerciales chez Instagram a bien insisté sur le fait que sa société n’était pas pressée, mais qu’elle était tout de même prête à vendre des espaces publicitaires dès l’année prochaine. S’ils n’ont pas souhaité se presser et se développer, dans un premier temps,  dans le but de se rendre indispensable et irremplaçable aux yeux de leurs utilisateurs, leur stratégie reposait également sur le fait d’écraser une quelconque concurrence pour ensuite faire payer leurs utilisateurs d’une façon ou d’une autre.
Cette attente provient aussi du fait que la société redoute sûrement de subir un autre tollé. En effet, on se souvient tous de leur premier « fail » l’hiver dernier qui avait suscité un boycott général de tous les « hipsters » pourtant si fans de l’application lorsqu’on leur avait annoncé que l’application se réservait le droit d’utiliser leurs photos à des fins publicitaires et commerciales sans qu’ils ne soient avertis ou rémunérés.
L’année 2014 s’annonce donc haute en couleurs et pleine de challenges pour Instagram puisqu’ils devront trouver une manière judicieuse d’incorporer les publicités sans faire fuir leurs utilisateurs. Il semblerait même qu’ils doivent trouver une solution alternative à celle de Facebook, les utilisateurs d’Instagram n’étant probablement pas prêts à être victimes de publicités aussi intempestives et envahissantes, sur un réseau social loin d’être aussi incontournable que Facebook.
L’application risque même de faire face au même problème que Tumblr, qui après son rachat par Yahoo, avait rencontré quelques difficultés à préserver son image « cool » auprès de ses utilisateurs tout en essayant de faire plus de profits. Instagram devrait donc prendre son temps et bien réfléchir avant de faire la rencontre de nouveaux annonceurs puisqu’ils semblent être attendus au tournant par leurs concurrents mais également par leurs utilisateurs.
 
Sabrina Azouz

Société

Jacques a dit c'est encore Lui

 

La semaine dernière, un magazine à la fois tout neuf et déjà vintage sortait dans les kiosques. « Lui », relancé cette rentrée par Frédéric Beigbeder, c’était le mensuel des vrais hommes dans les années 70 : moitié macho, moitié intello, alternant entre rubrique ciné signée François Truffaut et pin-up nue en page centrale, avec un petit côté BCBG gentiment subversif. Mais le ton particulier de cette ligne éditoriale, à l’époque assez anodin, aura-t-il la même résonnance dans une époque où la guerre des sexes a repris du poil de la bête ?
Le cap fixé par Beigbeder et son équipe semble à la fois très simple et difficile à tenir. « Lui » s’adresserait donc au vrai mâle qui sommeille en chaque métrosexuel à la virilité malmenée. Il faut dire que le contexte s’y prête. Entre « La fin des hommes » d’Hanna Rosin et «Le premier sexe »  d’Eric Zemmour, l’heure est à la proclamation de la domination féminine, que ce soit pour la déplorer ou la célébrer. Le magazine se présente donc comme l’alternative à une presse masculine trop aseptisée, paralysée par cette inversion des rapports de force. Or, pour siphonner le lectorat de GQ et compagnie, rien de plus simple : il suffirait de combiner la nudité et les articles cash pour stimuler l’inconscient archaïque de ces messieurs.
Le problème, c’est que le magazine de charme a pris un sacré coup de vieux. Avec internet les filles nues sont désormais à portée de clic, donc plus besoin de les associer à des articles de fond pour légitimer l’achat du lecteur. Il en a résulté une totale dissociation entre revues pornographiques estampillées « beauf », et une presse plus sérieuse où les rubriques géopolitique et culture ne laissent plus de place à un intermède coquin. Le challenge sera donc de fédérer ces deux types de lectorat en n’étant ni trop vulgaire ni trop pointu. Pari plutôt réussi avec ce premier numéro, auquel Léa Seydoux apporte sa caution bobo « film d’auteur », ce qui ne l’empêche pas de montrer ses seins. Mais l’équilibre est précaire, et le parti pris dangereux : si on ferme aisément les yeux sur l’objectification de la femme dans tous les journaux féminins, il est très probable que les censeurs ne seront pas aussi indulgents avec ce mensuel à la réputation déjà sulfureuse.
 
Marine Siguier 
 

Publicité et marketing

Don’t Skip, Be PreRolled

 
En 2009, Youtube lance la publicité PreRoll, à savoir une coupure publicitaire précédant le visionnage de la vidéo sélectionnée. Cela ne fait que quatre ans mais nous sommes (presque) tous habitués à ces publicités, mais surtout à appuyer sur le bouton skip après les cinq premières secondes inévitables.
Les marques l’ont compris et ne cessent de trouver des stratégies de parement pour éviter l’inévitable « skip » des visionneurs. Les cinq premières secondes sont décisives. Volkswagen par exemple a lancé sur Youtube en avril 2013, avec l’agence DDP Espagne, le spot publicitaire PreRoll le plus court du monde pour promouvoir la vitesse de la golf GTI : trois secondes seulement. Dans cette même période et pour le lancement de la nouvelle New-Beetle au Brésil , la marque et AlmapBBDO ont conçu une publicité PreRoll qui s’auto-skip. En effet, au bout de cinq secondes, le message apparaît et la souris se dirige vers le bouton prévu pour passer l’annonce : «New-Beetle  avec DSG Triptonic change automatiquement les vitesses, et passe les publicités pour vous ».   Volkswagen prouve donc bien l’importance du format mais aussi du contenu sur la publicité digitale.
Quand certaines marques donnent leurs chiffres, ça donne ça : 85% des PreRoll sont écourtées à la 5ème seconde*. Youtube a d’ailleurs créé une offre spéciale au regard du manque à gagner des annonceurs : le format PreRoll TrueView.  Avec cette offre, le spot n’est facturé à la marque que si les 30 secondes de la publicité sont visionnées.
L’existence de ces formats publicitaires sur Youtube est une inévitable évolution coordonnée à la montée en puissance de la plateforme. Mais s’ils sont devenus une mine d’or pour les marques (Youtube : 24 millions de vues et 1,6 milliards de vidéos vues par mois en France*), ils sont parfois utilisés dans des usages tout autres.
En juillet dernier, à l’occasion de la semaine des personnes portées disparues en Australie, la police fédérale, l’agence VLM Australia et Youtube se sont associés pour lancer une campagne inédite « Missing person PreRoll ».

Ainsi, chaque internaute désirant regarder une vidéo sur cette plateforme ne se voyait pas imposer une publicité mais un message d’alerte sur une personne disparue, accompagné de sa photo. Et pour que la campagne soit d’autant plus efficace, Youtube a utilisé la géolocalisation de façon à ce que les internautes voient s’afficher la photo d’une personne disparue dans la région où ils se trouvent.
Plus qu’une campagne de sensibilisation, cette campagne a proposé des moyens d’actions pour inciter les habitants à réagir face aux 1600 individus toujours portés disparus dans le pays. Le message « Avez-vous vu cette personne ? » ne s’accompagnait pas du fameux « skip the ad » (« ignorez cette publicité ») mais de deux boutons «  Yes I have » « No I haven’t » (« oui je l’ai vue », « non je ne l’ai pas vue »).

Les résultats de cette campagne ont permis à la police de récolter de très nombreux témoignages puisque 238 personnes ont répondu « oui » et ont rempli le formulaire sur le site de la police fédérale vers lequel renvoyait le lien positif.  Près d’1.2 million de personnes ont été touchées par cette campagne, selon Creativity Online,  une audience certainement plus large qu’avec de simples  affichettes ou des annonces télévisées aujourd’hui.
Si cette campagne fut inédite par le pouvoir d’action des internautes,  une campagne similaire en Belgique l’a précédé de peu. En juin dernier, si vous alliez sur le site RTL.be pour regarder un article vidéo du média, vous tombiez sur une publicité PreRoll  pas comme les autres. Dans cette campagne orchestrée par Publicis Brussels pour Prevention Suicide, le spot est constitué d’une femme dépressive qui parle à l’internaute. Et si l’envie vous prenait d’ignorer  la publicité et d’appuyer sur le bouton passer, le spot continuait et montrait la femme sautant dans le vide. Le message : « not listening can have serious consequences » (« ne pas écouter peut avoir de graves conséquences »). Si vous regardiez le spot en entier, elle vous remerciait de l’avoir écoutée.

Une idée nouvelle et interactive pour recruter des bénévoles et sensibiliser les Belges à l’importance de l’écoute chez les dépressifs. Interactif et original mais une sanction tout de même un peu violente pour le passage d’une publicité.
Le Pre-Roll, par son format court et sa propension à être « zappé » reste un support publicitaire à risques mais les marques commencent tout juste à se l’approprier et à proposer des contenus et des fonctions  innovantes. On se souvient quand même du buzz créé par Tipp-Ex qui avait ouvert la voie sur Youtube en 2010 grâce à un encart publicitaire et une vidéo, son Ours et ses infinies possibilités d’interaction.
 
Marie-Hortense Vincent
*Voir la conférence  mars 2012 du Petit Club dédiée à la vidéo online, lien : http://www.petitweb.fr/actualites/video-en-ligne-le-pre-roll-zappe-a-85/
Sources :
Com-Gom.com
evolution-emarketing.fr
Petit-Web.fr
mdelmas.net
La Réclame.fr
iletaitunepub.fr

Société

Informer, tout simplement ?

 
 « Donner la parole ne signifie pas approuver, ni cautionner » écrit Alexis Brézet, directeur des rédactions, dans l’éditorial du Figaro du Mardi 3 Septembre, édition dans laquelle les lecteurs ont pu lire en première page une interview exclusive du dirigeant syrien Bachar el-Assad. A travers dix-huit questions, le journaliste Georges Malbrunot permet au dictateur de réagir à la volonté de la France et des Etats-Unis de lancer une intervention militaire suite au recours à des armes chimiques le 21 août dans la banlieue de Damas.
Dans son éditorial, permettant de proclamer la légitimité de la publication d’un tel entretien dans un grand quotidien national français, Alexis Brézet justifie le souhait du Figaro « d’apporter à (leurs) lecteurs, à l’opinion française et internationale, un élément essentiel à la compréhension du drame qui se noue ». Ce à quoi François Hollande a répondu lors d’une conférence de presse : « On ne remerciera jamais assez le Figaro pour son sens civique que d’avoir permis à l’opinion française d’être éclairée par l’interview de ce dictateur. Maintenant, nous savons qu’il veut liquider son opposition ».
Il convient en effet d’interroger le choix du quotidien d’accorder une telle tribune à Bachar el-Assad. Certes, les questions du journaliste sont loin d’être partisanes, ni timides. Du bain de sang syrien à l’emprisonnement de journalistes français en Syrie, Georges Malbrunot espère fait parler son interlocuteur sur des sujets sensibles et même dramatiques. Certes, interviewer un tyran dans une démocratie peut avoir du sens si l’on met en avant la nécessité informationnelle de la profession de journaliste. Certes, il est possible de le comprendre comme un devoir civique. Certes, le style journalistique employé ici, l’interview, permet d’afficher une certaine neutralité de la part du journaliste qui se contenterait de poser des questions. Alors la parole du tyran apparaîtrait sous sa forme la plus « brute », « naturelle », et « libre ».
Mais n’était-il pas possible de replacer d’avantage cette interview dans son contexte géopolitique et humain (tentative veine de l’éditorial d’Alexis Brézier) ? N’aurait il pas été préférable, dans une perspective démocratique et déontologique, de confronter la parole de Bachar el-Assad à celle d’un(e) autre, chef ou représentant de l’opposition syrienne, d’un dirigeant français, d’un insurgé ?
A la première question posée sur l’usage d’armes chimiques, le dictateur syrien se prête littéralement  à un jeu de rhétorique lors duquel il détruit cette accusation, en appelant à l’usage de la raison et de la « logique » (« Quelle est la logique ? »). Il enchaîne en effet pas moins de cinq questions rhétoriques.  On ne peut que regretter que le quotidien n’y ait pas apporté de réponses pour faire office de contrepartie à l’argumentation du dictateur. Plus que « raconter (…) donner la parole aux acteurs », le Figaro aura surtout permis d’informer ses lecteurs sur les capacités rhétoriques et le niveau de démagogie de Bachar el-Assad.
Faut-il en appeler à la liberté d’expression pour comprendre ce choix de la rédaction du Figaro d’accorder une interview à un dictateur ? En mars 2011, le quotidien avait déjà interviewé le dictateur libyen Kadhafi. En 2009, en visite en France, ce dernier avait publié une annonce dans Le Figaro, dans laquelle il « invitait » les lecteurs du quotidien à consulter son site internet. La publicité, qui occupait plus d’un quart de page, représentait un portrait du dirigeant libyen se tenant les mains et ce « message »: « Mouammar Kadhafi vous invite à consulter son site internet www.algathafi.org ». Le Figaro avait été le seul quotidien national à la publier.
Dans une interview parue sur le site internet de la Libre Belgique, Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, tente à nouveau de légitimer l’interview de Bachar el-Assad. Ainsi, à la question « Après la guerre, si vous aviez pu avoir une interview d’Hitler, l’auriez-vous également diffusée ? », le journaliste français répond : « Cela n’a rien à voir. Il ne faut pas comparer ce qui ne doit pas l’être.  Vous ne devez pas comparer Hitler et Bachar el-Assad. Il faut quand même garder la mesure. Est-ce que vous savez si c’est Assad qui a lancé des frappes chimiques ? On n’en sait rien pour le moment. Personne ne sait, pas même les experts français puisqu’on attend les conclusions des experts de l’Onu. Attendons de voir avant de condamner. »
En effet, 60 millions de personnes ont péri lors de la Seconde Guerre Mondiale et sous l’Allemagne nazie. Dans un rapport rendu le 13 juin 2013, l’ONU ne dénombre que 93 000 morts dont 6 500 enfants depuis le début du conflit en Syrie il y a deux ans. Bien que la question soit peu pertinente, la définition quantitative du niveau de tyrannie d’un homme que propose ici Yves Thréard peut être aussi effrayante.
 
M. L. J.
 
Sources :
Le Figaro du 3 Septembre 2013
Peut-on donner la parole aux dictateurs ? sur Lalibre.be
Interview de Kadhafi par Delphine Minoui dans le Figaro en 2011
Kadhafi fait sa publicité dans le Figaro – le Nouvel observateur politique – 2009

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Holidays, Ô Holidays

Holidays, Ô Holidays
Le temps de la pause d’été est venu pour les rédacteurs de FastNCurious. Pas de panique, nous revenons à la rentrée pour toujours plus d’actualité !
En attendant, pour ceux qui ne sont pas encore partis, quelques publicités cultes qui sentent bon les vacances…
Du sexy avec Ricard :

http://www.culturepub.fr/videos/ricard-pacific-la-pecheuse
Coca-Cola /VS/ Pepsi :

http://www.culturepub.fr/videos/pepsi-santa-vost
Renault :

http://www.culturepub.fr/videos/renault-tranches-de-vie
De l’humour avec Tampax :

http://www.culturepub.fr/videos/tampax-shark-attack
Caprice des Dieux :

http://www.culturepub.fr/videos/caprice-des-dieux-le-maitre-nageur
Belair :

http://www.culturepub.fr/videos/belair-cigarettes-baignade
Malibu :

http://www.culturepub.fr/videos/malibu-les-tropiques
Toute l’équipe vous souhaite de bonnes vacances !

com montebourg
Politique

Montebourg 2.0

 
Mardi 2 juillet de 18h à 19h, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement Productif, a tenu une conférence vidéo sur le thème « la localisation et la relocalisation d’activités industrielles en France » via Google Hangouts et retransmise sur Youtube. Avec cette communication politique d’un nouveau genre, initiée le 6 juin dernier par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des Femmes et Porte-Parole du Gouvernement, Arnaud Montebourg entend donner aux citoyens les moyens d’ « interroger le pouvoir, ses choix, ses décisions ». Cette vidéo-conférence, organisée par le ministère mais réalisée dans les locaux de Cap Digital (grand pôle de compétitivité, pas un hasard donc) se veut donc comme le prolongement logique des compte-rendus de terrain que le ministre réalise régulièrement sur le terrain, comme cette semaine à Montpellier.
Un dispositif verrouillé
Ce que l’on retient de ce petit chat improvisé, c’est tout de même la prise de risque zéro du ministre. Les huit internautes qui ont pu interroger Arnaud Montebourg par webcams interposées avaient été soigneusement sélectionnés à l’avance par le cabinet du ministre. En outre, il s’agissait pour la plupart de jeunes entrepreneurs de starts-ups qui au bout du compte ont les moyens et la volonté de privilégier la fabrication française. D’ailleurs, les questions au ministre ne sont ni très pertinentes ni très cinglantes : le ministre peut donc développer à l’envie les différents pans de sa politique, vantant au passage les bienfaits de son logiciel Colbert 2.0, qui est censé aider les chefs d’entreprises français à relocaliser leur production. Aucun des intervenants ne lui pose des questions dérangeantes ou réellement profondes. Une communication qui n’a donc rien de symétrique, et qui s’apparente davantage à un exercice de légitimation de la politique de redressement productif du ministre Montebourg, qui brasse en effet beaucoup de dossiers (parfois avec du résultat) mais se voit réduit, contre son gré, à faire le moulin. Il en va de même pour les questions posées par tweets, via le hastag #MRPnum, que l’équipe sélectionne et écrit sur le paperboard en face du ministre.
Auj à 18h, débat numérique avec @montebourg, en direct sur http://t.co/jcRs4ePUsk Posez déjà vos questions #MRPnum pic.twitter.com/odjjR8qIdO
— Ministère RP (@redressement) July 2, 2013
Le tweet de présentation de la vidéo-conférence, via le compte du Ministère

@montebourg @redressement #MRPnum trouvez-vous normal de protéger nos artistes (protectionnisme) et pas notre industrie ? — Taf Séb (@Subtaf) June 30, 2013

Un exemple de question : pas de quoi effrayer Montebourg, qui connaît bien ses dossiers.
On peut remarquer que les chiffres et certains éléments de réponse à des questions sont également préparés à l’avance et écrit sur le paperboard ; ainsi Montebourg n’a qu’à tourner légèrement la tête pour lire ce qui y est inscrit. Un premier exercice bien cadré donc, mais légitimité dans sa forme par la contrainte technique. Dans l’avenir, le cabinet assure que le ministre souhaite réitérer l’action mais dialoguer cette fois-ci avec des internautes non sélectionnés. Toutefois cela apparaît techniquement plus complexe, car il faudrait alors valider la connexion de chaque internaute tout en conservant une certaine fluidité malgré le direct.
Plus proche des citoyens
Après la forme, penchons-nous un peu sur le fond. D’après Montebourg, sa démarche s’inscrit dans ce qu’il appelle un « colbertisme participatif ». « Colbertisme » en référence à Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV : celui-ci a en effet participé à la construction de l’État français tel que nous le connaissons aujourd’hui mais a aussi impulsé son industrialisation. « Participatif » évidemment pour désigner la volonté d’établir un lien de proximité entre dirigeants et citoyens. Montebourg introduit son « chat vidéo » en exprimant son « besoin de discuter avec la société toute entière ». Il a le souci d’expliquer sa politique de manière directe, sans passer par les médias tels que le journal de 20h ou la presse écrite qui jouissent encore d’importantes audiences mais qui laissent de côté de nombreux citoyens. Par ailleurs, la nouvelle génération de citoyens connectée au web 2.0 s’informe, communique et échange directement sur Internet via les réseaux sociaux. « Il m’a paru nécessaire d’aller sur le lieu où se rassemble le plus grand nombre de citoyens » explique-t-il. Un discours rassurant, une initiative participative qui marque l’intérêt de Montebourg pour la politique de proximité, lui qui fait chaque année sa traditionnelle ascension du Mont Beuvray dans son fief de Bourgogne. Cette année, Le Petit Journal s’était rendu sur les lieux pour railler le « ministre des Champs » et sa politique enracinée, qui joue du patois local et ironise gentiment sur l’attitude « parisienne » des journalistes présents. Sans remettre en cause la bonne foi d’Arnaud Montebourg ni même sa vocation à pérenniser la démocratie participative, on enfoncera des portes ouvertes en avançant que cet événement s’inscrit surtout dans une stratégie de construction d’une identité politique forte. Je vois davantage ici le futur candidat Montebourg en 2017, qui élabore soigneusement et patiemment une image d’homme politique enraciné et à l’écoute de tous les Français, dans la diversité de leurs conditions. Sans critiquer le volontarisme et les compétences du ministre Montebourg, force est de constater son habilité à échafauder soigneusement son écrin de « représentation » (que d’autres appelleraient un peu banalement « storytelling ») tout en jouant l’équilibriste avec le gouvernement (on connaît ses mauvais rapports avec le Premier Ministre) et sa politique (qu’il a critiquée plus ou moins ouvertement et qu’il digère sûrement difficilement).
Et Dailymotion ?
Finalement, ce qui a peut-être le plus retenu l’attention, c’est le choix de Youtube pour héberger la vidéo conférence. C’est qu’en avril dernier, le ministre du Redressement Productif avait déclenché la controverse en posant son veto au rachat de la plateforme française par le géant américain Yahoo. Selon le service presse, ce choix se justifie par des raisons purement techniques : « Depuis janvier, le ministre effectue des compte-rendus de mandat ministériel lors de déplacements en province. Il a voulu élargir l’audience au-delà des 300-400 personnes habituellement présentes à ces réunions, d’où l’idée du chat vidéo. (…) Il n’y avait pas de solution numérique en France équivalente à Google Hangouts, c’est pour ça que nous avons retenu Youtube. » Avant de quitter les lieux, Arnaud Montebourg n’hésite pas à lancer à l’équipe de Google : « Hé les gars ! Quand est-ce que vous payez vos impôts ? » Dommage que ce ne soit que pour la beauté du geste.
 
Laura Garnier

Société

La Ligue des Justiciers à la rescousse des enfants qui luttent contre le cancer !

 
La maladie chez les enfants reste un sujet encore sensible aujourd’hui, un sujet sur lequel on tente de communiquer, mais dont on ne parle finalement pas tellement. Et pourtant, ces enfants atteints du cancer auraient besoin que l’on sache, besoin d’être accompagnés, que l’on se sente concernés. Et ça, les Brésiliens semblent l’avoir compris…
C’est en effet, dans cette optique que l’hôpital de A.C.Camarguo de São Paulo a fait appel à l’agence JWT Brazil pour créer un discours sensible et sensibilisant, destiné aux enfants, pour les aider à se battre pour guérir et vivre. De cette alliance entre JWT, A.C.Camarguo et Warner Bros., est donc née une volonté de changer la perception de la dureté de la chimiothérapie en la transformant en « Superformule » pour super-héros.
La première étape dans la lutte contre le cancer, c’est de croire en son traitement et en sa guérison. Cependant, commencer une chimiothérapie peut être effrayant, autant pour la famille que pour l’enfant. En partant de ce constat, l’idée qui a fait naître ce projet est ici plutôt simple à présenter, mais très riche en termes symboliques : combiner le monde des super-héros et les soins, afin de pouvoir expliquer aux enfants la difficulté du processus de traitement avec des mots qui leur parlent. Ainsi, en mai 2013, l’hôpital A.C.Camargo, qui s’occupe donc de patients touchés par le cancer, et notamment des enfants atteints de leucémie, a lancé ce projet de « Superformule » pour aider ces derniers à trouver de la force et du courage pour surmonter leur maladie et le traitement long et pénible.
Avant tout, ce sont des boîtes. Des boîtes pour dissimuler les poches de traitement par intraveineuse. Le thème ? Les vedettes de la Ligue des Justiciers afin de créer pour la première fois, une vision douce et adaptée aux enfants. Superman, Batman ou encore Green Lantern volent donc au secours de ces enfants malades en stimulant leur imaginaire, la meilleure arme qui soit. De plus, ces boîtes ont été inventées et fabriquées en partenariat avec des médecins : elles sont donc faciles à stériliser et à manipuler et répondent à toutes les normes d’hygiène de l’hôpital.
Mais le discours ne s’arrête pas là. JWT est allé plus loin dans la construction d’une nouvelle identité du traitement contre le cancer, voire de la maladie elle-même : ils ont produit une série spéciale de dessins animés et de bandes dessinées dans lesquelles les super-héros traversent des épreuves similaires à celles des enfants atteints du cancer. Dans ces petites histoires, les héros de l’enfance parviennent à retrouver leurs forces grâce à la « Superformule » et se présentent donc comme un miroir de ces bouilles désormais pleines d’espoir de l’hôpital brésilien. L’expérience transcende ainsi les simples boîtes posées sur les perfusions pour devenir un monde presque réel : la salle de jeu des enfants de l’hôpital a été transformée en « Hall of Justice »*, les couloirs et les portes ont été décorés dans le même thème et une entrée spéciale pour ces nouveaux « petits héros » fut créée.
Pour voir en image la présentation de ce merveilleux projet, c’est par ici :

L’idée est donc bien d’aider les enfants dans leur lutte contre l’un des plus grands méchants du monde réel : le cancer. Si l’imaginaire est alors stimulé de manière forte, il ne s’agit en aucun cas d’enfermer l’enfant dans un monde parallèle qui lui ferait fermer les yeux sur la dure réalité des choses. Il s’agit bien d’utiliser la métaphore des Justiciers pour mieux faire comprendre les tenants et les aboutissants du traitement et l’implication nécessaire de l’enfant et de sa famille dans le processus. Tout est basé sur l’idée de « victoire », avec laquelle s’accorde l’identité des super-héros mais aussi les enjeux de toute maladie : il s’agit de vaincre la douleur, de surmonter les problèmes, de dépasser les épreuves et de continuer à se battre pour guérir. Le discours d’accompagnement de JWT est donc tout aussi touchant que le projet lui-même : l’identification de l’enfant malade au super-héros qu’il a toujours admiré serait une aide efficace et stimulante dans cette tragédie qu’est le cancer. Le gentil doit tout faire pour triompher sur la méchante maladie à laquelle le psychique, tout comme le physique, doit faire face. Car à la fin de ces histoires, qu’il s’agisse de Batman ou Wonder Woman, tout le monde sait qui gagne…
 
Laura Lalvée
Sources :
La Réclame
JWT.com

Publicité et marketing

Un Ricard sinon rien !

 
Désespérément gris, le ciel parisien depuis Mai n’épargne personne et le moral semble être au plus bas. Dans ce climat morose, et alors que l’été se fait désirer, rien de tel qu’un rayon de soleil directement venu du Sud – Ricard l’a bien compris.
Du jaune soleil, du bleu méditerranéen : c’est bien ce que traduisent les affiches de la dernière campagne de Ricard, orchestrée par l’agence de publicité BETC.
Jaune avec un grand R

Ricard, c’est la boisson anisée née en 1932 à Marseille, celle du Sud et du soleil dont la teneur en alcool est de 45°. L’année dernière, pour son 80e anniversaire, la marque avait mis l’accent sur la tradition et l’authenticité de sa recette, retraçant avec humour l’histoire de Ricard avec la campagne « 80 ans et toujours jaune ». La recette reste inchangée depuis sa création, et c’est ce qu’illustraient les visuels. La marque explique qu’ «en préservant la même recette depuis sa création, Ricard défend son savoir-faire et la qualité de son produit ». Notons au passage qu’en temps de crise, miser sur la tradition et la constance reste une valeur sûre.

Cette année, Ricard mise à nouveau sur le secret de sa recette, avec des slogans de ce type : « Dans la recette du Ricard, la réglisse vient d’Orient, l’anis d’Extrême Orient et les glaçons du réfrigérateur » ou encore « À Marseille, on entend dire que le Ricard est composé de 1345 plantes différentes. C’est un tantinet exagéré ». Rappelons que Ricard est la première marque de spiritueux en Europe et leader mondial des anisés.
Ricard choisit des calligrammes pour mettre à l’honneur sa boisson et véhiculer ses valeurs, et notamment ses origines marseillaises. Les lettres forment en effet des contenants, tels que le verre ballon, la carafe ou le broc.
Petite symbolique des couleurs
De jolis calligrammes jaunes sur fond bleu foncé, pour un rendu final gai et coloré. Pour mieux analyser l’impact que peuvent avoir les couleurs sur le spectateur, un peu de symbolique des couleurs.
Le bleu, tout d’abord. Couleur du ciel et de la mer, il est implicitement lié au rêve et au calme ; ici, il représente le bleu de la Méditerranée. Le jaune quant à lui est la couleur du soleil, mais aussi celle de la fête et de la joie. Chaleureuse, elle est généralement associée au contact social, à l’amitié et la fraternité. Et c’est précisément là une des valeurs de la marque Ricard, boisson populaire et proche de ses consommateurs, qui véhicule des valeurs du sud de la France comme la détente, le soleil, les vacances à la mer. Pour le grand public, le consommateur type de Ricard est un homme jovial et épicurien, originaire du Sud et amateur de pétanque.

Associé au jaune, une des couleurs les plus joyeuses qui soient, le bleu Méditerranée constitue donc un cocktail parfait pour traduire la chaleur et la joie du Sud, et a posteriori les valeurs de la marque. Simplicité, chaleur, détente, voilà les maîtres mots d’une marque et d’une campagne
Finalement, un pari réussi pour cette campagne simple et efficace qui apporte son brin de soleil dans le métro parisien. En attendant l’été…
 
Clara de Sorbay
Sources :
Geeksland.com
Actupub.com
Le Monde Marketing
La Veilleuse Graphique

Société

Wesh, ta Com’ se porte bien ?

 
Les jeunes, c’est bien connu, ne captent strictement rien à ce qui se passe dans la vraie vie des adultes. Du coup, il faut leur parler comme à des enfants, et adapter sa communication à cette faune étrange et incompréhensible. Parce que clairement, une campagne normale, avec des mots normaux, on ne la comprendrait pas.
Deux secteurs sont particulièrement touchés par ce jeunisme linguistique qui passe rarement à côté d’un énorme flop ; le secteur bancaire, et les campagnes anti-substances plus ou moins louches (drogue, alcool, et autres objets de dépravation).  Une publicité de La Poste et son service Bagoo, résume assez bien le casse-tête que représente la jeunesse aux yeux des communicants :

La publicité date de la fin des années 2000 mais conserve sa fraîcheur, contrairement à d’autres publicités plus actuelles qui sont ringardes avant même d’être diffusées. C’est bien simple, les communicants ont beau tous avoir été jeunes un jour, ils ne conservent aucun souvenir précis de cette époque-là. Pour beaucoup de communicants et comme le prouve cette vidéo, il est essentiel de pouvoir se mettre dans la peau de sa cible (attention les jeunes je ne vous parle pas de votre target en boîte de nuit mais bien de cible marketing). Ce changement de peau, ce rajeunissement est rarement une réussite, souvent parce qu’il y a du trop dans à peu près toutes les tentatives.
J’en veux pour preuve plusieurs campagnes plus ou moins récentes.
La Caisse d’Épargne : petit Larousse des expressions désuètes
La Caisse d’Épargne, pour sa nouvelle campagne dans les stations de métro a choisi, entre autre, de s’adresser aux jeunes, intrinsèquement novices dans l’univers de la banque, des finances et de l’épargne. L’idée de départ n’est pas mauvaise : proposer un mot courant et le faire suivre de la définition que donne la banque a ce même mot. Sauf que, et c’est là que j’ai du mal à comprendre, lorsque la banque s’adresse aux jeunes, le vocabulaire proposé n’est pas courant, il est soi-disant djeuns, du genre « halluciner grave » ou « ça déchire ». Mouais. Un parti pris pas vraiment cohérent avec le reste de la campagne qui n’était pas outrancière et qui commençait par ce visuel :

Bien que la définition soit du flou propre au jargon des banquiers, la Caisse d’Épargne n’essaie pas de se faire passer pour un jeunot ou une jeunette. En revanche, dès que jaillissent les expressions prétendument sorties du vocabulaire de notre génération, le ridicule frappe à leur porte. Et le pire, c’est qu’on ne sait pas vraiment qui est ridicule entre :
–          Le communicant qui a décidé de placer « halluciner grave » en pensant que c’était d’actualité et resplendissant de jeunesse
–          La jeunesse à qui l’on prête ces mots
–          Les mannequins sur les photos
Bref, une mauvaise opération de communication, le communicant semble s’être abaissé pour parler aux jeunes qui, de fait ne peuvent se sentir que plus bêtes qu’ils ne le sont réellement. L’idée de départ était bonne, la réalisation est à mon sens un joli raté.
Les communicants doivent eux aussi éviter les substances illicites
Ce  qui m’a décidé à écrire cet article n’est cependant pas la campagne de la Caisse d’Épargne, mais l’apparition d’une vidéo, relayée par un ami via Brain Magazine, qui ne peut que faire horreur.

La palme du jour du flop le plus gargantuesque revient sans conteste à la Sécurité Routière. De manière générale, on peut se demander quelle agence fait donc ces campagnes toujours plus ou moins ratées. Revenons à nos jeunes inconscients et emplis « de seum ». Nous avons ici le parfait exemple de ce qui fait TOUJOURS rater une campagne de communication pour les djeuns : essayer de jouer avec leurs (nos) codes et tenter de les imiter, surtout de manière aussi ridicule que celle-là. C’est tellement raté que l’on aurait presque envie de conduire à 5 grammes, histoire de faire un pied de nez à la Sécurité Routière qui semble volontairement vouloir se mettre ses cibles à dos.
Le jeune a un cerveau, par conséquent il est probable qu’il comprenne les mots « Ne pas conduire après avoir bu ». C’est un peu comme si l’on faisait une publicité pour les couches pour bébés en séduisant les parents avec un slogan du style « la cou-couche c’est pour faire popo dedans et en plus ça sent bon ! » Au temps pour ma mauvaise foi.
Vouloir jouer avec les codes sociaux est toujours un jeu dangereux et rarement réussi en manière de communication. En sortant de ses propres codes de langages, on tend à se ridiculiser soi-même et plus encore sa cible. Un peu comme si vous parliez français à un étranger et que vous imitiez son accent ou ses erreurs de grammaire, sans le faire au second degré.
Pour un communicant dans la fleur de l’âge, vouloir se mettre intégralement dans la peau d’un jeune ne peut pas réussir, parce qu’il met en avant un fossé entre deux générations et donne à sa cible l’impression d’être fondamentalement différente et pis encore, inférieure. Alors que s’il lui parle avec un langage neutre, il établira un terrain d’égalité et, plus favorablement, d’entente.
Comprendre sa cible, oui, l’imiter non.
 
Noémie Sanquer
Sources :
Brain Magazine
La Dépêche

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