Chirac dans le métro
Société

Chirac et l'inconscient français

« J’apprécie plus le pain, le pâté et le saucisson, que les limitations de vitesse »

 … Jacques Chirac
 
Le 15 décembre, le tribunal correctionnel de Paris a rendu une décision historique : la condamnation de l’ancien Président de la République, Jacques Chirac, à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris de 1990 à 1995. Cette décision, bien que relayée par tous les grands médias, ne semble pas particulièrement choquer l’opinion publique française.
En effet, Jacques Chirac et les français c’est une longue histoire d’amour, qui dépasse les clivages politiques. Il est leur personnalité préférée depuis la fin de son mandat en 2007.
Parallèlement, la popularité de N. Sarkozy souffre des affaires Karachi et Bettencourt. Certes la crise économique rend la question de l’argent plus sensible, mais il est aisé d’observer un phénomène de deux poids deux mesures dans ces scandales. Existerait-il une tolérance particulière de l’opinion publique française à l’égard de Jacques Chirac ?
La réponse est certainement positive. La communication chiraquienne autour de ce scandale, couplée à la construction de son personnage médiatique pendant sa carrière, lui ont permis de conserver une certaine aura malgré les différentes affaires qui ont émaillé son parcours.
A l’automne 2010, Chirac, la ville de Paris, et l’UMP ont signé un accord les engageant à rembourser la mairie de Paris à hauteur de 2,2 millions d’euros. Celle-ci, en échange, ne se constituera pas partie civile. Un arrangement rendu public sous forme d’aveu de culpabilité, qui a pourtant reçu l’adhésion de l’opinion. Jacques Chirac rembourse, accepte la sanction (en refusant de faire appel) et dit prendre ce jugement « avec sérénité » bien qu’il se défende toujours d’être coupable.
Une histoire ancienne, qui semble être vue comme une erreur de parcours tout au plus. Pourtant, certaines personnalités politiques ont chuté pour bien moins que ça. Le personnage sympathique, jovial, convivial et en accord avec l’inconscient français fonctionne bien comme une protection pour l’ancien Président.
Jacques Chirac, toujours plus capitaine que réel acteur. Des hommes susceptibles de sauter à sa place : Dominique de Villepin pour le CPE, Alain Juppé pour l’affaire de la mairie de Paris. Jamais de petites phrases. Homme politique à l’ancienne, cultivé, distingué. Une vraie hauteur de vue en somme.
A l’ancienne peut-être, mais toujours préoccupé par le fait d’être en accord avec la France et ses aspirations. En 2003, il dit non à la guerre en Irak et rassure l’orgueil français. Nous sommes encore de ces nations qui peuvent dire non à la première puissance mondiale nous insuffle t-il.
Aujourd’hui malade, il n’inspire pourtant pas la pitié. Il garde cette étiquette un peu gaullienne de grand homme politique, qui savait faire passer ses décisions avec intelligence et diplomatie et qui n’allait jamais en force contre la rue.
Jacques Chirac aimait le pouvoir, l’argent et les femmes. Les Français ne lui en veulent pas car il n’a jamais rompu publiquement le contrat qu’il avait passé avec eux. Peu importe que les politiques dérogent à la loi, tant qu’ils le font dans les règles de l’art. La communication politique entre alors en jeu pour perpétuer le mythe.
 
Ludivine Preneron

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Culture

C’est qu’une question de temps…

Le 23 novembre, pendant que certains buvaient les paroles d’un penseur de l’homme, d’autres ont fait la queue au cinéma du coin pour voir « Time Out », le nouveau film d’Andrew Niccol, à qui l’on doit notamment Simone et Lord of War. Cet édito n’a pas pour but de faire une critique cinématographique, mais bien d’analyser ce synopsis de fiction pas si fictionnel. Alors, ce film est-il une triste métaphore ou le fruit de l’imagination d’un homme ? Car ne l’oublions pas : le cinéma, de par son statut de média, sert de reflet de la société, tant par le message qu’il émet que par la façon dont il est perçu et reçu.
Le synopsis
 
Tout commence par une injustice. N’est-ce pas toujours le cas ?
Nous voilà plongés dans un monde régi par le temps. Le temps comme monnaie. Le temps comme but à l’existence. Chaque être humain naît avec 25 ans de vie, mais dès sa vingt-cinquième bougie soufflée, voit un compteur se mettre en marche sur son avant-bras avec 365 jours de « crédit ». A partir de là, il faut gagner son pain ou son temps pour subvenir à ses besoins et ainsi, survivre. Car, comme si cela ne suffisait pas, chaque achat se fait par une déduction de ce temps. Ainsi, un café coûte 4 minutes, un trajet en bus coûte 2 heures, et une chambre d’hôtel pour une nuit coûte 2 mois. La suite logique des choses : les riches sont éternels alors que les pauvres vivent au jour le jour, s’entretuant pour quelques minutes.

La problématique du temps
 
Les rapports aux dialogues actuels sont assez apparents. Tout d’abord dans la quête d’une vie rallongée, voire éternelle. La médecine met aujourd’hui en place des techniques qui ont pour but de repousser l’inévitable et si possible en ne prenant pas une ride. Andrew Niccol apporte une solution avec l’impossibilité génétique de vieillir qui nous donne à voir des visages jeunes à jamais. L’âge véritable, de qui que ce soit, devient donc imperceptible : un père et sa fille, par exemple, sont facilement pris pour un couple. Pourquoi a-t-on si peur de vieillir ? Aujourd’hui, ne plus vieillir ne suffit pas, il s’agit de rajeunir. Comme le montrent plusieurs articles sur le sujet, des femmes toujours plus jeunes soumettent leurs visages au botox et placent la vieillesse en pire ennemi de la beauté.
Par ailleurs, le serment d’Hippocrate et l’innovation pharmaceutique ont perturbé l’ordre naturel des choses. On peut les tenir pour responsables, en partie, des difficiles discussions actuelles sur les retraites. En effet, qui va payer pour les personnes âgées alors qu’elles sont en supériorité numérique et gérer une possible surpopulation future ? Là aussi, le concept du film propose une alternative en instaurant le règne du plus fort. C’est la loi de la jungle : un concept qui pousse à l’individualisme induit par le capitalisme, un autre thème fort de l’analyse. Si les riches sont immortels, les pauvres doivent leur laisser la place sur terre donc pour diminuer leurs chances de survie, les taxes dans « les ghettos » sont augmentées chaque jour.
« Remember that time is money »
 
On en revient à l’idée du « temps c’est de l’argent », que l’on doit à Benjamin Franklin, un des pères fondateurs des États-Unis. Cette expression, symbole du capitalisme, n’a jamais été aussi vraie qu’ici. Car ce concept reflète particulièrement le régime américain qui, contrairement au régime français, prévoit peu d’aides sociales. En effet, un citoyen américain qui ne travaille pas jour et nuit, ou qui ne prend pas de grands risques, a très peu de chances  de faire carrière et ainsi faire fortune.
La critique du capitalisme est aussi très présente dans la mise en scène de la société de consommation. Chaque achat correspond à une « perte » de temps. Comment être plus clair ? Perdre du temps, c’est se tuer à petit feu. Donc par déduction pure : consommer, c’est faire le choix d’écourter sa vie. Cette idée est d’autant plus vraie lorsque les héros prennent un verre dans un bar ou achètent un paquet de cigarettes.
 
Enfin, pour conclure, on peut voir dans le film un message d’espoir avec le thème récurrent du don, institué entre deux poignées de mains, par des héros à la Bonnie and Clyde, perdus dans un Robin des Bois futuriste. Quand on sait que le film sort à la période de Noël, connue pour être la période des dons depuis les réductions d’impôts qui y sont associées, on peut se demander si c’est un simple hasard…
 
Marion Mons

Laurent Blanc lors d'une conférence de presse à Paris
Société

« Je crois que bon… »

6 juillet 2010. Boulevard de Grenelle, siège de la Fédération Française de Football.
 
Les journalistes sportifs rapatriés de Johannesbourg sont là pour assister à la première conférence de Laurent Blanc en tant que boss des Bleus. L’ex-Bordelais pénètre dans la salle de presse avec son combo chemisette bleue ciel et pull Lacoste noué autour du cou. La dégaine d’un premier communiant. Forcément on est obligé de se taper un retour ému sur les événements de Knysna et l’épisode du bus. Lolo sue beaucoup et lit clairement ses fiches pour éviter tout raté sur le sujet chaud du moment. Bon… ça commence bien. On a connu entrée en matière plus charismatique.
À l’époque, Blanc traine la figure du sauveur, avec pour seule mission, celle de faire aimer à nouveau ce foutu maillot frappé du coq. Challenge accepted. Il était de toute façon entendu qu’il ne pourrait pas être plus mauvais que son prédécesseur aux gros sourcils. Donc si défi il y a, il est clairement à sa portée.
Pourtant l’état de grâce ne va pas durer bien longtemps ; guère plus que celui du père Mitterrand en 1981. En effet à la mi-avril, Mediapart veut se faire son petit WikiLeaks à la française — toute proportions gardées donc. D’après le journal en ligne, Blanc et ses copains de la FFF voulaient se lancer dans une refonte « bleue Marine » de la formation des jeunes footballeurs. Il était question de privilégier la technique au physique, discriminant de fait, selon la logique toute singulière de Blanc, les « Blacks » qui seraient « grands, costauds, puissants » selon les mots du sélectionneur des Bleus. Ouïe, premier caillou dans les crampons du « Président ».
Ainsi, il va s’avérer difficile de faire aimer une équipe dont les responsables refuseraient des gosses de 13 ans —  les Bleus de demain — sous prétexte qu’ils sont « trop costauds » autrement dit « trop colorés ». Finalement Mister White s’en sort blanc comme neige après la double commission d’enquête commandée par le Ministère des Sports, où on avait sans doute un peu peur de perdre l’homme dit « providentiel ». Allez trouver un entraineur pour reprendre l’Equipe de France à un an de l’Euro…
Le deuxième coup de trique va se jouer à la fin de l’été 2011. Se trouve alors mis en cause Jean-Pierre Bernès, agent de Laurent Blanc et d’une dizaine d’internationaux français. Au cours d’un rassemblement à Clairefontaine, Florent Malouda — qui ne fait pas partie de l’écurie Bernès — se serait plaint de l’omnipotence de l’agent, dénonçant un hypothétique favoritisme de Blanc envers les poulains de JPB. Les premiers suspects sont vite identifiés: Rami et Menez — clients de Bernès — trustent les places de titulaires bien que les deux postes ne manquent pas de concurrence. Lorsque l’on connait la valeur financière de l’étiquette « international français » pour un joueur, on est en droit de s’interroger sur les intentions de l’attelage Bernès-Blanc. Rappelons que Wanderlei Luxemburgo — ex-sélectionneur du Brésil — avait touché des pots de vin d’agents de joueurs contre la distribution de capes internationales.
Alors certes, tout n’est pas noir pour Laurent Blanc. L’EdF va à l’Euro en Polo-Ukraine sans passer par la case « barrages », l’équipe est invaincue depuis 17 matchs — comme celle de Domenech entre 2004 et 2005 d’ailleurs. Mais alors que sa mission était de faire oublier le camouflet sud-africain — symbole d’un foot business individualiste —, Blanc a fait planer les soupçons du racisme et du copinage sur cette même équipe, et sur la Fédération. Au fil des casseroles, le « Président » a fermé sa communication comme Domenech avait pu le faire et semble ainsi perdre son pari de rendre cette équipe accessible et aimée.
 
PAL

Société

Tu n'elle, tue elle, tu née elle

 

PREMIÈRE PARTIE
 
L’acte de communiquer n’a en apparence rien de compliqué, il ne l’est de fait peut-être pas : je communique, tu communiques, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Cependant, il peut tout de même arriver que certains obstacles surviennent, rendant la communication plus difficile, il arrive même parfois (rarement ?) que la communication soit ou devienne impossible. C’est ce que nous donne à lire, entre autres choses, Ernesto Sabato, dans son ouvrage El tunel.
 
Ô Christine…
 
Les obstacles de la communication peuvent se rencontrer au quotidien : souvent, un manque ou un surplus d’intelligence suffit. Par exemple lorsque Christine Boutin nous dit que « les civilisations qui ont reconnu l’homosexualité ont connu la décadence », elle choisit une communication dite à obstacle : la compréhension de son discours est difficile, car son surplus d’intelligence lui fait voir ce qui nous est invisible, soit que la Grèce antique était une civilisation de la décadence. De manière générale, une inégalité de compétence ou de qualité peut entraîner des problèmes de communication. Un autre obstacle possible serait un manque de consensus : deux êtres ne peuvent communiquer, s’il n’existe entre eux un terrain d’entente, d’échange.
 
L’histoire

Dans le roman d’Ernesto Sabato, Juan Pablo Castel, un peintre, tombe amoureux d’une jeune femme nommée Maria Iribarne. La relation amoureuse en général contient en elle-même tout un panel de codes et de signes qui encadrent et régulent sa communication. Mais celle-ci a la particularité de n’obéir à aucune règle, aucun code, car Juan Pablo, le héros et narrateur du roman, ne saurait s’y soumettre (ou alors, il transcende ses codes en choisissant de les appliquer à la lettre, mais ceci est l’objet d’une autre réflexion). Ernesto Sabato parvient alors à nous offrir l’exemple d’une relation où la communication devient petit à petit impossible, à force d’obstacles – comme celle entre moi-même et Christine Boutin.
Le premier des obstacles est donc la différence d’intelligence : Juan Pablo est un homme à la logique implacable, son raisonnement s’appuie sur un système de déductions, basé sur la stricte observation, n’admettant aucune variation ou influence affective. Son intelligence est abstraite, rapide, infinie dans ces cycles de déductions et d’inductions. L’intelligence de Maria nous est très peu décrite, elle apparaît cependant comme une femme à l’intelligence fine, mais commune, souvent parasitée par ses émotions ; on pourrait penser que le lecteur a davantage tendance à s’y identifier.
Le second obstacle est le manque d’un espace de partage, d’une interface d’échange : Juan Pablo et Maria n’ont absolument rien en commun, ils sont en réalité presque à l’opposé l’un de l’autre. Le peintre est un homme qui a pour valeur l’absolu : il ne conçoit rien en dehors de sa vision du monde, il a une lecture exclusive de ce qui l’entoure, qui se veut universelle (puisque strictement logique). Ainsi il ne peut supporter que Maria ne réponde pas précisément à ses questions, ou qu’elle se permette de laisser des silences au sein de leurs conversations : pour lui, si elle ne dit pas tout, c’est qu’elle lui cache quelque chose ; refuser de parler, de lui donner à lire, de se donner à lire entièrement, c’est le trahir. Maria, elle, est une femme aux valeurs relatives, elle incarne davantage ce qu’on pourrait qualifier de communication « facile » : elle a plusieurs amants, elle est mariée, elle a un travail qui l’occupe et des amis, elle navigue entre différents milieux sociaux sans difficultés ; et cette qualité lui permet de comprendre l’homme que jamais personne n’avait compris : Juan Pablo.
 
Un roman à clefs
 
Leur rencontre se produit de manière très précise autour d’une image clef : une partie d’un tableau de Juan Pablo, qui représente une fenêtre, à travers laquelle on aperçoit une femme au bord de la mer :
« Era una mujer que miraba como esperando algo, quizá algún llamado apagado y distante. » (C’était une femme qui regardait comme si elle attendait quelque chose, peut-être un appel effacé et distant.)
Ils ont le sentiment qu’ils sont les seuls à avoir la bonne lecture de cette image, qui serait censée représenter « la solitude anxieuse et absolue », « un message de désespoir », mais cette lecture n’est que très confusément expliquée. Quoiqu’il en soit, ça sera la seule chose qu’ils n’auront jamais en commun : ce bout de tableau, qui traduit leur vision du monde, et leur relation. En effet, à plusieurs reprises, ils incarneront eux-mêmes l’image du tableau, Maria étant la femme au bord de la mer, pleine d’espérances nostalgiques, et Juan Pablo le peintre, qui la voit, la désire, et la contrôle. Ce qui est très intéressant ici, c’est que cette image écrite (le livre ne comporte aucune illustration), et incarnée par les personnages, est donnée à lire aux lecteurs sans que Juan Pablo et Maria parviennent eux-mêmes à clairement définir les sentiments qui y sont associés. Le roman est tout entier l’écriture de cette image, sans qu’elle soit vraiment décrite objectivement, ni complètement traduite émotionnellement. L’image dans le texte est davantage comme une ombre, clef de la communication, qui ouvre aux personnages et aux lecteurs un monde de possibles indicibles. La seule chose qui permet en réalité de véritablement construire cette image, c’est la certitude qu’elle n’a qu’une seule vraie lecture, et que c’est à condition qu’on la comprenne que l’image (et donc le roman) prendra sens.
 
Marine Gianfermi
Toutes les traductions faites ici sont personnelles, et corrigées par Irène Gimenez.
Pour les étudiants et amateurs, le livre se lit aisément en espagnol.

Opération Mobilia
Publicité et marketing

Mobilia mobilise la conversation

Cette semaine on part en Suède, et plus précisément à Malmö, au centre commercial Mobilia. Ils ont récemment fait parler d’eux sur les blogs et les réseaux sociaux avec leur coup de pub pour leur nouveau parking, orchestré en octobre dernier par l’agence Halva Kungariket.
À l’origine, un problème : les clients n’utilisent pas le parking couvert construit par Mobilia. C’est là qu’Halva Kungariket intervient : dans le parking extérieur utilisé par les clients, l’agence expose deux voitures superposées, qui symbolisent à quel point le parking est bondé. Les clients intrigués réagissent, prennent des photos, postent sur les réseaux sociaux ; la presse locale reprend l’affaire et relaie elle aussi la photo de cette sculpture insolite. Et c’est seulement après avoir assuré la présence de son client dans les médias et dans les conversations que l’agence sort l’affiche de la campagne « Bekvämare parkering » (littéralement, parking plus pratique) : la photo, désormais connue, des voitures, accompagnée du texte : « C’est plus facile de se garer dans notre nouveau parking ». Rapide, économique, efficace.

Là où l’agence a fait preuve de talent, c’est dans son habileté à créer un buzz avant même la revendication officielle par Mobilia de la sculpture, tout en restant proche de sa cible. Le message, bien que métaphoriquement contenu dans les deux véhicules garés l’un sur l’autre, n’est délivré explicitement qu’après le buzz, dans un effet de surprise qui profite au centre commercial. D’abord la sculpture donc, puis la signature : on y associe un nom et un message. Cette configuration, qui n’a rien d’innovant en soi, puisqu’on peut très souvent l’observer dans des campagnes de teasing utilisant des supports médias traditionnels, reste cependant relativement originale et pertinente dans l’application qu’en fait Halva Kungariket. En effet, il ne s’agit pas uniquement de buzzer ni de teaser, mais avant tout d’influencer les comportements d’une cible bien précise : les clients de Mobilia. Or, quel meilleur endroit pour s’adresser à eux que le parking sur lequel ils s’entassent ? Dans une telle situation, l’utilisation du street marketing prend tout son sens, et prouve, si besoin est, que l’agence n’a jamais perdu de vue l’objectif final de la campagne.
Le processus de « street teasing » a donc été efficace, et au moment où la campagne d’affichage est lancée, la conversation, elle, est relancée. Mais ça ne s’arrête pas là. Quelqu’un (à moins que ce ne soit l’agence elle-même?) met le feu aux voitures. Halva Kungariket fait alors preuve de réactivité et transforme le texte de l’affiche en un : « C’est plus sûr de se garer dans notre nouveau parking ».
Dans cette démonstration d’ambient marketing exemplaire, Mobilia a donc non seulement fait l’objet de trois vagues de conversations successives, mais a également réussi à atteindre efficacement sa cible, tout en faisant l’économie d’un plan média traditionnel. Voilà qui n’est pas prés de remettre en cause le stéréotype selon lequel les suédois réussissent tout à la perfection !
 
Esther Pamart

Le Calendrier des Dieux du Stade 2010 par François Rousseau
Société

Les Dieux du Stade

Il nous fait rêver, excite notre curiosité, électrise l’atmosphère, érotise le quotidien, met de l’ambiance dans les réunions Tupperware et dans les salles de muscu. Les femmes en sont folles, les hommes jaloux. A quelques semaines du déballage des cadeaux, zoom sur le phénomène du calendrier des Dieux du Stade, qui connait depuis 2004 un succès foudroyant.
Apparu en 2001, le calendrier des Dieux du Stade montre des athlètes, principalement des rugbymen, dans des poses érotiques illustrant chaque mois de l’année. Dès 2004, un DVD du making-off sort en parallèle du calendrier, contribuant à son succès. Cette année, les Dieux du Stade innovent encore, avec la sortie en juin prochain d’un livre du photographe 2010 des Dieux du Stade, Tony Duran, qui montre cette fois les joueurs totalement nus.
Il n’est alors peut-être pas si incongru de se demander : les Dieux du Stade, ode au sport ou ode au corps ?
Dans la société sensible à l’apparence que nous connaissons, les Dieux du Stade apparaissent à la fois comme une adéquation et comme une provocation.
Une adéquation avec les valeurs de jeunesse, de beauté extérieure et de perfection physique véhiculées par une société qui se veut profonde en se montrant superficielle. Et en effet, nul ne peut contester la beauté sans pareille des modèles du calendrier, mis en valeur par des photographes de talent. Les corps ressortent dans toute leur force majestueuse, les muscles salliants, érotisme se conjugue avec virilité pour un cocktail explosif. Dans cette perspective, le calendrier n’est rien de plus qu’une mise en valeur du Corps, pimentée par une pointe de sensualité.
Néanmoins, les Dieux du Stade sonnent aussi comme une provocation dans une société qui, bien que vouant un culte au corps parfait, n’a jamais autant rougi devant sa nudité. Malgré les publicités qui dévoilent les corps, les esprits ont rarement été aussi éloignés de la libération sexuelle des années 1970. Face à cette beauté brute et sans artifice, les regards se baissent, les joues rougissent, et les lèvres esquissent des sourires gênés. On avance l’argument de la plaisanterie pour l’offrir ou se l’acheter. Qui ose dire qu’il aime les Dieux du Stade pour l’esthétisme des photos et la nudité des corps ?
Mais les Dieux du Stade, ce n’est pas que des corps, de la beauté, de l’art, c’est aussi un ballon de rugby, le culte de l’ovalie à l’état pur. C’est un hymne au sport ainsi qu’aux valeurs qu’il véhicule : amitié, solidarité, fidélité, courage, force, l’essence même du rugby. C’est une main tendue vers tous ceux qui revendiquent cette ligne de vie sans pour autant faire du rugby. C’est enfin un cadeau aux amateurs (et surtout aux amatrices), qui peuvent s’enorgueillir d’un sport dont le courage ne se montre pas que sur le terrain, mais encore devant l’objectif. Car au-delà des considérations économiques qu’avanceront certains, il faut un certain courage pour poser ainsi, nu, lascif, abandonné devant l’objectif, en s’exposant ainsi au regard des autres, les nôtres en l’occurrence.
Originalité française, les Dieux du Stade ont de quoi faire parler d’eux. Et encore de quoi nous surprendre. Gageons que cette année sous le sapin, la rugbymania qui a enflammé le pays ces derniers mois n’est pas près de s’éteindre !
 
Julie Escurignan
Crédits Photo : ©François Rousseau/Stade.fr

Campagne RATP et Publicis Conseil - Le buffle
Société

Jacques a dit « Bonjour… j'ai dit bonjour ! »

Maudire un voyageur qui refuse de se lever, bien que vous soyez à moitié assis sur ses genoux. Rêver de pouvoir couper le crachotement de ces hauts parleurs ou les cris de cet usager d’un simple claquement de doigts. Rattraper celui qui a lâché le lourd portillon du métro pile sur votre nez pour l’informer de votre douleur, et par la même occasion de votre existence. Oui, vous aussi avez vécu tout cela, car vous aussi prenez les transports en commun chaque jour.
Pour tenter d’améliorer la situation quotidienne de plus de dix millions de voyageurs, la RATP a lancé en Septembre 2011 une grande campagne « Contre les incivilités des transports ». De multiples slogans frappants inspirés de La Fontaine, comme « 2 bonjours font 1 bon jour » – réutilisant les couleurs des lignes de métro pour les chiffres – ont envahi quais et wagons des métros, RER, bus et tramways parisiens. Les affiches-miroirs de la campagne, représentant exactement ce qui nous entoure au moment où on les voit, nous mettent physiquement face au problème par des représentations animales de ces perturbateurs de tranquillité. Quelques spots télévisés ainsi que des actions dans des gares aussi diverses que Saint-Lazare, Torcy ou Nanterre sont venus parfaire cette campagne, qui avait tout pour frapper les esprits et nous faire prendre conscience des 9 999 999 voyageurs qui nous entourent.
Pourtant, environ deux portillons sur trois claquent aux nez tous les jours en sortant des quais, les portables sonnent plus fort que jamais et adolescents comme quinquagénaires continuent de s’avachir sur les strapontins dans une foule courroucée et épuisée. Non, on ne peut pas dire que cette campagne ait réellement changé les choses, bien que la RATP ait pleinement rempli son rôle (comme le pensent 90% des Franciliens¹). Les grèves et pannes quotidiennes (qui n’aident pas la diffusion de la bonne humeur et de la politesse dans les rames) n’étant pas une nouveauté, il semble bien que les parisiens d’aujourd’hui soient de nature tout aussi « incivile » qu’au début de cette campagne.
Il faut cependant noter les millions de personnes qui chaque jour ne se laissent pas décontenancer par ces râleurs – moins nombreux mais plus marquants. Laisser sortir avant d’entrer soi-même dans la rame, se lever de son siège quelques minutes avant de sortir pour éviter de trop gêner les autres ou encore céder sa place aux cheveux blancs ou aux ventres ronds sont des actes récurrents, mais peu observés et encore moins imités par les dissidents. Si l’on devait chercher une explication, on pourrait évoquer la psychologie classique propre à chaque être humain de voir en face de lui un « autre », qui gêne par son regard inquisiteur, observateur… Humain. Mais justement, c’est bien pour cela que recevoir un sourire plutôt qu’un regard glacial en sortant péniblement du train est une fonction communicative indispensable de la société, une lutte permanente contre la solitude impossible à mener dans la ferraille glacée de la voiture individuelle.
La campagne de la RATP prouve que cette fonction essentielle des transports en commun côtoie cependant bien des aspects pénibles, et qu’un peu de gentillesse, un simple sourire peuvent éclairer la journée de quelqu’un. Si le nombre (pas si minoritaire que ça) de voyageurs « civils » augmentait, le quotidien n’en serait que moins sombre en ces heures de crise, mais vu les faibles résultats observables de cette campagne on peut malheureusement penser que les perturbateurs de notre sérénité ont encore de beaux jours devant eux.
 
Héloïse Hamard
¹ d’après le Cabinet d’études TNS Sofres
Crédits Photos : ©Publicis Conseil/RATP

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Pochette Pink Floyd - Femmes peintes
Culture

Votez Pink Floyd

En tant que grande fan des Floyd (merci papa), je me devais de décortiquer les asymétries qui les entourent ces derniers temps. Rien de nouveau sous le soleil : Pink Floyd, ce sont deux cents millions d’albums vendus à travers la planète, dont quarante-cinq millions pour The Dark Side of the Moon en 1973, quatorze albums studio, trois albums live, et de multiples récompenses.
Mais, être considéré comme l’un des groupes les plus avant-gardistes ne signifie pas accepter sans compter les nouvelles pratiques de consommation de la musique… jusqu’à ce que ces dernières servent une de leurs plus grosses campagnes de communication. Je dis bien « campagne » puisque c’est le terme employé par EMI Music, l’écurie des Floyd depuis 1967 (rachetée il y a peu par Vivendi Universal).
On se souviendra de la bataille judiciaire de 2009-2010 menée par nos british préférés contre leur maison de disque, qui avait débouché sur la victoire du groupe. Pink Floyd refusait la vente de leurs œuvres sous toute autre forme que leur version originale. Il y avait alors discorde quant à l’application des termes du contrat signé entre les deux parties en 1999, remis en cause avec l’arrivée des plateformes de téléchargement sur le net. Faute d’entente, certains albums et chansons, postérieurs à The Dark Side of The Moon, avaient été retirés d’iTunes, Amazon, Music Me, entre autres. Si la principale raison devait être avant tout financière (la vente des titres à l’unité est plus avantageuse pour la maison de disque que pour le groupe), l’argument avancé par les avocats des Floyd n’était autre que la cohérence de ces « albums-concepts ». On peut aisément le comprendre, il suffit de réécouter Animals ou The Wall.
Seulement Pink Floyd est une véritable poule aux œufs d’or pour EMI Music. Ainsi, apprenait-on le 4 janvier dernier qu’un accord a finalement été signé. Exit l’épisode judiciaire. La major est désormais autorisée à proposer à la vente les titres indépendamment des albums. Je m’interroge : est-ce un hasard si ce rebondissement se profile peu avant le lancement du projet de remasterisation? Absolument pas, puisque celui-ci s’est décidé dans le même temps. Digne d’une élection présidentielle destinée à rallier les partisans et à en démarcher de nouveaux, cette campagne « Why Pink Floyd » planifie la sortie des différents coffrets selon un savant programme, du 26 septembre dernier au 27 février 2012, pleine période de fêtes. En bref, un gros coup marketing qui fera le plaisir des plus grands fans.
Pour l’occasion, un plan de communication impressionnant a été développé : un site internet participatif (offrant aux fans l’opportunité de répondre à la fameuse question « Pourquoi Pink Floyd ? »), une newsletter, un teaser diffusé sur le net,

une publicité pour la télévision britannique,

une chasse « aux trésors » – ou plutôt « aux affiches » reprenant les pochettes des 14 albums – dans divers villes du Royaume Uni, ou encore, la création d’une application officielle. Le jour du lancement, on pouvait également voir voler le fameux « cochon gonflable », Algie, au-dessus de l’usine désaffectée de Battersea (Londres) : un clin d’œil au visuel de l’album Animals.
Bref, si avec tout ça, vous ne trouvez pas encore de bonnes raisons de vous précipiter sur ces petits bijoux, monsieur le directeur d’EMI, pourquoi Pink Floyd? « Parce que leur musique est sans égal et que ces merveilleuses nouvelles parutions permettront aux fans de redécouvrir leur incroyable héritage et montreront qu’on ne se lasse jamais d’apprécier une telle qualité artistique ».
Alors à quand la signature d’une convention avec Deezer afin que nous puissions également apprécier cette qualité artistique en streaming ? Prochaine étape ?
 
Harmony Suard
Crédits Photo : ©Tony Mai/Phyllis Cohen/Pink Floyd

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Sarkozy et Merkel se font la bise
Politique

Carla Bruni-Sarkozy aurait-elle du souci à se faire?

De nombreux journaux ont choisi cette semaine d’illustrer leur article, désormais rituel, sur La Crise – de l’euro, la dette qu’importe : tremblez ! – par la photographie d’un Nicolas Sarkozy et d’une Angela Merkel que l’on croirait sur le point de s’embrasser. L’initiative est sans doute la bienvenue en ces temps douloureux où l’on appelle les populations du monde entier à se « serrer la ceinture » (Nicolas Sarkozy, le 1er décembre 2011 au meeting UMP de Toulon), alors que les dirigeants n’ont rien d’autre à promettre que de la sueur, du sang et des larmes. Un peu de dérision, donc. Ce fut en outre l’occasion pour nos médias d’informations, muselés par la gravité de la situation, de laisser s’exprimer leur sens de l’humour et leur imagination – de quel brillant toupet sait faire preuve la presse française, quelle liberté de parole et d’image ! Il faut admettre que la photographie rompt avec les traditionnelles et ô combien ennuyeuses poignées de mains.

Mais un tel choix n’est-il réellement que l’expression toute simple d’un besoin de fraîcheur et de légèreté ? Puisque c’est aujourd’hui pratique courante, livrons-nous au décryptage. Et commençons pour ce faire par mettre en relation la médiatisation de nos fausses embrassades avec la diffusion des images montrant la ministre italienne des Affaires sociales Elsa Fornero en larmes à l’annonce de l’adoption d’un plan de rigueur. Si le rapport n’est pas évident à priori – passer si brutalement du transport au désespoir ! –, le dénominateur commun apparaît rapidement : les sentiments – ou plutôt : la sentimentalité…
 
La transmission de l’information est aujourd’hui systématiquement accompagnée d’un volet communication soigné ; les journalistes ont peut être un peu abdiqué leurs prétentions à l’objectivité. Car tout le travail ne consiste plus à rendre l’information disponible : il faut qu’elle touche. C’est pourquoi les médias et médiateurs cherchent à paraître toujours plus proches du public.
L’émission Place Publique, présentée pour la première fois lundi soir sur France 3 par notre PPDA national, illustre cet effort. Le concept de l’émission est d’ailleurs brillamment résumé par son titre – « Place Publique » : il s’agissait de laisser s’exprimer les Français dans un cadre de prétendue démocratie directe, à propos de sujets les concernant de manière immédiate. En première partie, nous rencontrons Nassira, qui nous parle de sa précarité dans un Français plein d’imperfections que les concepteurs du programme imaginent sans doute touchantes : « Je suis handicapée par rapport à moi-même », annonce-t-elle, ajoutant « J’ai mal au crâne, j’ai mal tout ce que vous voulez à cause de toutes ces factures là, qui arrivent comme de la pluie sur moi » – et la voix-off de surenchérir : « Cette année encore, il n’y aura rien sous le sapin. Dans la chambre de Marion, leur fillette de 10 ans, aucun jouet, la petite est résignée »…
Oui, en voilà un vrai débat. Les Français, leur quotidien : nous sommes loin des discussions au sommet, des querelles lointaines des Politiques. Si seulement…
 
En effet, je n’ai jamais eu autant l’impression que le débat politique fut si pauvre. Par quoi est-il alimenté, sinon par de petites phrases assassines que tous passent leur temps à se renvoyer à la figure, comme le font les couples pendant une scène de ménage ? Mélanchon qualifiant Hollande de « capitaine de pédalo », alors qu’Aubry le taxait il y a quelques semaines d’être « mou »… Il est très souvent, et classiquement reproché aux Politiques d’utiliser leur position de pouvoir pour manipuler les populations ; or ils n’ont jamais parus si semblables à nous – « normaux », comme dirait l’autre, prompts à l’emportement, mesquins aussi parfois…
… Mais surtout si effrayés à l’idée de perdre le contact que la communication politique tend à se réduire à de la communication phatique.
 
Elodie Dureu

Marine Le Pen dans les rues de New York
Politique

Le rêve américain s’effondre pour Marine Le Pen

Mardi 1er novembre, Marine Le Pen, présidente du Front National et candidate à la présidentielle de 2012, s’est rendue aux Etats-Unis pour y rencontrer plusieurs ambassadeurs et représentants américains. Le but de cette tournée américaine est simple : Marine Le Pen veut se doter d’une stature internationale à quelques mois de la présidentielle, afin de prouver qu’elle a l’étoffe d’une future présidente, ou au moins d’une candidate sérieuse. Cette démarche est assez courante chez les politiques français, mais dans le cas de Marine Le Pen, les choses ne se sont pas exactement passées comme le FN l’avait prévu.
 
Marine est abandonnée par ses hôtes
 
Si Marine Le Pen avait des rendez-vous prévus (elle avait annoncé des rencontres avec des représentants des communautés noires et juives, des élus au congrès, etc.), personne ne s’est bousculé pour la rencontrer. Une à une, les personnes en question ont annulé ou écourté leur rendez-vous avec la candidate d’extrême droite. Doit-on y voir le refus d’associer son image à celle d’un parti d’extrême droite française ? Ou bien doit-on comprendre que les dirigeants américains n’ont pas de temps à accorder à une personnalité qu’ils connaissent finalement peu, voire pas du tout ? Le fait est que celle-ci a fini par faire du tourisme dans les rues de Washington.
En fait, ce n’est pas tout à fait juste, Marine Le Pen a bel et bien rencontré un représentant américain, et pas des moindres : l’ambassadeur d’Israël à l’ONU. Tout un symbole pour la fille de celui qui avait qualifié les horreurs de la Shoah de « point de détail », et peut-être, qui sait, cela aurait-il eu un effet positif pour le FN si l’ambassadeur n’avait pas, ensuite, qualifié cette rencontre de « malentendu » et de « bourde ».
En définitive, Marine Le Pen n’a finalement été vraiment reçue que par une seule personne, qui n’a pas voulu assumer cette rencontre.
 
Marine se met les médias à dos
 
Alors que le voyage avait une visée médiatique évidente (montrer aux français la carrure internationale de Marine Le Pen), celle-ci s’est échinée à fuir les journalistes, à refuser de répondre à leurs questions, et comble du comble, la candidate en voyage a même semblé les trouver pénibles. Evidemment, on comprend mieux cette attitude quand on découvre que l’entreprise du Front National a été un véritable fiasco. Marine Le Pen n’a probablement pas eu envie de devoir lister devant les caméras tous les refus qu’elle a essuyés.
Les journalistes français ne se sont pas gênés pour rendre à Marine la monnaie de sa pièce. Tous les médias ont évoqué l’affaire et se sont accordés pour parler de flop.
 
Marine donne un bel exemple d’échec communicationnel
 
Non seulement le FN n’a pas atteint l’effet escompté, mais il a obtenu l’effet inverse. Ce que l’opinion française aura retenu de ce voyage c’est l’image d’un Front National méconnu à l’étranger et auquel on ne veut surtout pas être associé parce que cela fait tâche. Et après cet épisode, les élus étrangers ne risquent pas de se presser au portillon pour rencontrer Marine Le Pen. On peut se demander si cela entachera finalement la campagne de la candidate. Peut-être pas, mais sa sortie américaine ne lui aura probablement pas apporté de nouveaux électeurs.
Le Front National aura tout de même réussi, on peut le reconnaître, à faire parler de lui. Mais en avait-il vraiment besoin ? Le FN est suffisamment connu des français et peut se passer d’un nouveau bad buzz. Il va donc falloir qu’il redouble d’efforts pour travailler son image, parce que de ce bad buzz là, on oubliera vite le « buzz » pour ne garder que le « bad ». Et le bide.
 
Claire Sarfati
 
Crédits photo :
AFP/Emmanuel Dunand
AFP/Alberto Pizzoli
AP/Jacques Brinon

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