Mauboussin
Publicité et marketing

Un Noël de luxe (pour tous) !

 
Des campagnes de publicité affichant le prix, des partenariats avec des marques de grande distribution bon marchés, le lancement de gammes accessibles… Le luxe et son élitisme traditionnel serait-il aujourd’hui paradoxalement à la portée de tous ?
Rappelons d’abord que le luxe n’a cessé de se rapprocher du plus grand nombre : dans les années 1970 avec le passage au prêt-à-porter et aux accessoires, puis dans les années 1980/1990 avec la démocratisation du luxe et la recherche de cibles plus larges et diversifiées. Aujourd’hui, c’est autant de guests designer pour H&M que de magasins Zara. Stella McCartney, Lanvin, Versace, Marni, Jimmy Choo, Maison Martin Margiela et plus récemment Isabelle Marant, y sont passés, rendant leurs produits accessibles au consommateur moyen. Si les avantages pour la marque ne se comptent bien évidemment pas en termes de chiffre d’affaire, ce genre de partenariat permet un gain en termes d’image de marque et de notoriété, sous le thème du « accessible à tous » démocratique et tendance.

Cependant, un luxe accessible n’est-il pas justement impossible, le luxe étant par définition rare et réservé à une sorte d’élite économique ? Même si la qualité et la marque demeurent, le luxe se base encore sur des prix élevés et la promesse d’une certaine singularité du produit à l’inverse des fabrications en série. C’est le standing du « pas comme tout le monde » et de la série limitée qui attire tant dans une société de plus en plus uniformisée aux membres en quête d’affirmation individuelle. En outre, dans cette démocratisation du luxe, l’autre prise de risque des marques semble se situer au niveau de ces consommateurs de la première heure : ces classes supérieures vebleniennes à la consommation ostentatoire visant la différenciation par rapport au « reste » de la société. Quels pourraient alors être les arguments faisant pencher la balance vers un tel choix marketing ?
L’idée d’un luxe investi dans une cause sociale, celle égalitaire démocratique, ne colle pas. Le luxe a depuis longtemps fait le choix marketing du haut de gamme et surtout du haut revenu. Cette tendance d’accessibilité, même ponctuelle et éphémère, doit se comprendre autrement. La réalité est telle que ces collections capsules citées précédemment permettent davantage de donner envie au consommateur lambda d’avoir plus, de lui mettre « l’eau à la bouche » afin d’orienter ses futurs choix de consommation vers une « grande » marque, quitte à ce que l’achat du produit de luxe se fasse au détriment d’autres consommations. C’est le choix classique du « quantitativement moins  pour du qualitativement mieux ». C’est également un moyen de faire découvrir une marque par des prix d’entrée accessibles pour ensuite attirer le consommateur vers des produits plus chers. « Il faut au luxe une entrée de gamme et un haut de gamme… C’est de la « tension » entre les deux que naît le désir. » écrit Michel Gutsatz. Que cette entrée se fasse via un partenariat avec H&M pour Jimmy Choo ou la mise en vente de bagues Mauboussin en série limitée à 500€ l’unité, elle passe par un payement facilité. « La modernité du luxe, c’est le partage. » écrivait en 2010 Alain Némarq, président de la célèbre marque de joaillerie de la Place Vendôme.

C’est qu’en terme de luxe accessible, Mauboussin domine : que ce soit en vitrine ou sur ses affiches publicitaires, le prix est toujours renseigné, et ce depuis 2004. Cette pratique de mass-market, renforcée par des lieux privilégiés de diffusion de masse, à savoir le métro parisien et plus récemment la radio RTL, permet ainsi d’éviter au client d’avoir à subir le moment délicat de la demande et de l’annonce du prix, surtout si celui est au-dessus de ses moyens. Si cette pratique demeure très contestée, autant par les professionnels que par les consommateurs (qui aurait envie d’offrir une bague dont tout le monde connaît le prix ?), une autre stratégie d’accessibilité envahit aujourd’hui le marché du luxe pour attirer de nouveaux clients moins fortunés : celle du fameux « payable en x fois sans frais ». Chez le joaillier Mauboussin, on peut ainsi se payer une bague à 2 000 euros en 12 fois sans frais. Chez Porsche, on peut repartir au volant d’un bolide avec un crédit spécial « sans engagement ». Et la dernière tendance c’est la montre pour homme à 8 000 euros en crédit-bail.
Autant de pratiques destinées à agrandir le marché des enseignes du luxe en cette période de crise économique. Car si les riches ne suffisent plus à remplir les objectifs de chiffre d’affaire, les classes moyennes (supérieures), elles, n’y manquent pas. Tout le monde semble alors y trouver son compte. La question reste cependant la même : se rendre accessible à un plus grand nombre ne va-t-il pas à l’encontre même de la définition du mot luxe ? Comme le rappelle Michel Gutsatz l’étymologie du mot vient de « luxus » signifiant « qui ne pousse pas droit », « déviant ». Le luxe renverrait alors à un comportement du consommateur qui ne consommerait pas comme tout le monde, qui dévierait de la norme du plus grand nombre…
Eugénie Mentré
Sources :
Michelgutsatz.typepad.com
Webandluxe.com
Influencia.net
M6.fr

Hollande
Politique

L’humour du chef

 
Le président Hollande a fait une blague lundi soir à l’occasion du retour de Manuel Valls après son voyage en Algérie, précisant que celui-ci était rentré « sain et sauf. » Les réactions ont été vives en Algérie, les journaux nationaux y ont critiqué le mépris du président Français pour l’Algérie. Le ministre algérien des affaires étrangères Ramtame Lamamra a qualifié cette plaisanterie « d’incident regrettable. » Au delà de la simple maladresse, une véritable question se pose : un président peut-il être drôle ? L’humour, mode de communication perçu de manière positive dans la vie quotidienne, peut-il être porté à la tête de l’État ? La parole présidentielle concernant un nombre important de personnes, le président doit-il sacrifier au prix de certains un humour qui plaira à d’autres ? Et il semble qu’aujourd’hui le second de degré et l’humour aient laissé place à la vexation et aux regrets. Plus symptôme de relations diplomatiques tendues que d’une maladresse communicationnelle, cet incident vient illustrer une communication politique de plus en plus pointilleuse. L’humour doit être encadré, extrêmement contextualisé, comme on peut l’observer lors du dîner de la presse après l’investiture des présidents américains.
Car au-delà de ce simple incident communicationnel c’est bien la personnalité du président, connu pour son humour, qui rentre ici en jeu. Du rire consensuel, à la vexation susceptible, faire rire au sommet de l’État aujourd’hui n’est pas une mince affaire.
 
  Arnaud Faure
Sources
Lejdd.fr
Libération.fr
Lexpress.fr
Crédit photo : Alain Jocard, AFP

Politique

Un beau projet boit la tasse

 
Le 10 décembre 2013 le Parlement européen a rejeté la proposition visant à interdire le chalutage en eaux profondes et ce malgré une communication rondement menée par l’ONG Bloom.
Petit rappel des faits
Vous avez forcément vu cette pétition précédée d’une BD très drôle et très pédagogique postée par Pénélope Bagieu sur son blog. Vous ne l’avez pas forcément signée, mais il y a au moins une de vos supers copines trop impliquée qui l’a fait. Cette pétition a beaucoup tournée sur les réseaux sociaux, générant quelques 799 749 signatures. Cette pétition appelait à la mobilisation du Président de la République contre cette pratique du chalutage en eaux profondes, un appel laissé lettre morte par le Président.
L’association avait toutes les chances de son côté grâce à la très talentueuse Pénélope Bagieu. Fini le texte de pétition barbant, Pénélope impose son style et son humour tout en expliquant très clairement ce qu’est cette pratique, et surtout ses conséquences.

La victoire semblait assurée, raconte l’ONG Bloom sur son site internet, alors quelle ne fût pas la surprise de voir la proposition rejetée<
Une communication trop axée sur le public ?
Faire signer une pétition c’est bien, faire voter les députés européens, c’est mieux. Ce focus sur les électeurs aurait pu être bénéfique s’il avait été mieux suivi par une pression sur les députés concernés. Ces derniers sont sous pression mais après-coup, l’ONG a révélé que ce vote était en fait « une erreur » : des députés se seraient trompés de vote. Mais ce recomptage de la part de l’ONG n’a aucune valeur aux yeux de la loi, même si elle annonce la victoire par 343 contre 330, après 20 corrections de vote, sur son site internet. L’explication détaillée que Bloom donne sur son site internet : les députés ne savaient pas qu’il fallait rejeter l’amendement 62 de la proposition pour pouvoir amener l’interdiction. Ils l’ont donc accepté, et cet amendement a fait tomber les autres, faisant passer à la trappe l’interdiction. Facile de s’y perdre, n’est-ce pas ? Encore plus facile de se perdre dans le site du Parlement Européen, mais voici le fameux amendement :

Difficile de savoir exactement à qui revient le flop dans cette histoire. Bloom avait mené cette affaire d’une main de maître, mais a, par principe, refusé de jouer complètement au jeu du lobbying, ce que des grandes entreprises comme Intermarché ne se sont pas privées de faire. L’association affirme avoir « fléché » le parcours aux députés, mais pas suffisamment, par manque de temps et peut-être d’organisation.
Flop pour les députés qui se discréditent face aux électeurs ? Ce genre de communication n’est pas la bienvenue avec une élection de députés européens en 2014. Cet écart entre opinion public et vote des députés pourrait finir de détourner totalement les électeurs des urnes, pensant qu’ils n’ont de toute façon aucune prise sur les décisions prises au Parlement européen. Cette complexité du vote européen pourrait aussi finir de détourner les citoyens de cette institution qu’ils ne comprennent pas et qui semble prendre des décisions trop complexes et trop contraignantes sur de nombreux points.
Mais derrière chaque flop se cache un ou plusieurs vainqueurs … Et dans ce cas c’est du côté des entreprises qu’il faut tourner la tête. Intermarché est plus qu’impliqué dans le chalutage en eaux profondes car 6 des 11 navires européens le pratiquant lui appartiennent. Magnifique occasion pour les concurrents, Casino en tête, de prendre le contrepied. Casino affiche une politique de pêche responsable et informe ses consommateurs qu’à partir du 1er janvier 2014 l’enseigne ne vendra plus cinq espèces de poissons vulnérables vivant en eau profondes. Les entreprises veulent montrer l’exemple et montrer leur réactivité face à l’opinion publique. Ce qui profite à tout le monde, quand on y réfléchit : les entreprises font des efforts de transparence et gagnent des clients. De l’autre côté il est plus facile pour une ONG de faire pression sur des entreprises que sur le gouvernement, le Président ou le Parlement, parce que les associations environnementales peuvent assez facilement mobiliser les associations de consommateurs… Ou quand l’argent est source de pouvoir reposant sur un talon bien fragile.
 
Paola Paci
Sources
LeMonde
Libération
Parlementeuropéen
PénélopeJolicoeur

coca cola noel
Publicité et marketing

Le storytelling autour de Noël : la campagne Coca-Cola

 
La période de Noël est l’occasion pour les annonceurs de déployer des spots publicitaires aux scénarios inspirés des couleurs de Noël. Parmi eux, Coca-Cola a déployé une véritable narratologie autour de l’esprit de Noël dans le cadre de sa campagne « Raisons d’y Croire », qui marque sa nouvelle signature pour l’année 2014. Musique d’Elvis transposée sur fond de cloches retentissantes, effet vidéo slow motion, lumières scintillantes : le format publicitaire s’efface au profit d’une expérience quasi cinématographique et nous happe dans un univers fictionnel enchanteur.

Des larmes, un baiser fougueux, de la joie, des retrouvailles… Le scénario explore une palette d’émotions, avec au centre la figure de l’étoile filante dont les personnages sont témoins. On peut aisément interpréter celle-ci comme métaphore de la marque, veillant sur ses fidèles consommateurs et les accompagnant dans les grands moments de la vie.
C’est avec son slogan de clôture (« Moi aussi je crois en vous » – Le Père Noël) que Coca-Cola se meut sous les traits de Saint-Nicolas. Le récit allégorique déployé par la marque témoigne d’un mécanisme de détournement publicitaire : se décentrer de son produit pour mieux s’y recentrer, au moyen d’un message qui s’axe autour des valeurs de l’optimisme et du plaisir d’être ensemble.
A croire que la « magie de Noël » n’est opérante que si l’on boit une bouteille de Coca-Cola…
 
Alexandra Ducrot
Sources :
Stratégies.fr 
LaRéclame.fr 
Crédits photos :
Capture d’écran Coca-Cola.fr

Selfie Obama
Société

Le selfie de la discorde

 
JOHANNESBURG, 11 déc. 2013
Plus besoin de décrire l’image : Barack Obama, David Cameron et Helle Thorning Schmidt, respectivement chef d’État des États-Unis, du Royaume-Uni et du Danemark, posant tous les trois devant le Smartphone de cette dernière, immortalisant un « selfie » lors de l’enterrement de Nelson Mandela. Arroseurs arrosés, les trois chefs d’État sont immortalisés par Roberto Schmidt  et feront le tour du monde, en 80 secondes. Dès lors, les réactions ont fusé, et la photo est devenue presque plus importante que la cérémonie elle-même. Entre indignation et justification des uns et des autres, on est en droit de se demander si la médiatisation d’un tel cliché est réellement pertinente et si ce caquetage médiatique n’est pas l’arbre qui cache la forêt de la futilité.
Tout est déjà dit, ou presque. Les débats lancés suite à la parution du cliché s’articulent autour de deux axes. Le premier est la prétendue jalousie de Michelle Obama qui, en arrière-plan, et par contraste, ne paraît pas cautionner l’attitude joviale de son mari, ni celle de la politicienne danoise. Le buzz s’est construit autour de ce bruit, relayé par les médias et les réseaux sociaux. Or, d’après le photographe, cela n’est que l’affaire d’un hasard et Michelle Obama était de la partie quelques secondes plus tôt. On constate donc bien la force du buzz qui parvient à réécrire l’histoire. Le deuxième sujet de débat est le contraste entre la photo et la situation dans laquelle elle a été prise. On s’étonne que des personnages ayant une telle importance se permettent d’avoir une attitude aussi légère lors de l’enterrement d’un homme qui a marqué le XXe siècle. Cela pose donc la question de la position des politiques, qui n’auraient pas le droit de commettre d’impairs.
Car ces derniers sont en fait en perpétuelle représentation. En effet, par leur accession au pouvoir, ils perdent une partie de leur « humanité » et doivent se comporter en personnages exemplaires plus qu’en hommes faillibles. Pour se défendre,  Madame Thorning-Schmidt argue qu’ils n’étaient que, comme trois personnes normales, dans une ambiance festive. Le photographe de l’AFP relaie également cette idée. Mais les hommes politiques sont par essence dans une situation perpétuelle de spectacle. Ils sont en représentation en permanence, particulièrement lors de tels événements. Cela fait aussi partie de leur travail : en tant que représentants d’une nation, ils se doivent d’avoir un comportement irréprochable, sous peine de commettre des maladresses tâchant leur réputation, voire la confiance que leurs administrés ont en eux. Inversement, leur vie, même privée, semble réduite comme peau de chagrin lors de leurs mandats. En effet, la peopolisation des politiques met leur vie privée à jour. Ainsi, ils ont sans cesse besoin de communiquer, de paraître être des gens sérieux et en qui on peut avoir confiance. Leur image devient plus importante que leurs idées. Cela prouve donc bien l’influence des médias sur les politiques et sur la manière de faire de la politique. Poussons plus loin : ne peut-on pas se demander quelle est la force des médias à mettre en valeur des sujets futiles ?
On se concentre en effet ici sur un détail, un instant de la cérémonie. Le média qu’est la photographie, par essence, sélectionne un instant, et un seul. L’anecdote fait alors mouche, se transforme en un essaim de commentaires, et fait le buzz. La photo a été reprise par des tabloïds anglais, ce qui alimente la polémique, et les réactions vont bon train sur les réseaux sociaux tels que Twitter. Cela est bien le symbole de notre société qui s’arrête sur des détails sans se poser les questions essentielles, qui alimente les polémiques sans creuser les débats, qui s’indigne et oublie le sujet de son courroux quelques jours plus tard. La temporalité qu’impose Internet, et son flux continu d’informations nous plie à une telle contrainte. Pour les journaux en particulier, c’est la recherche du détail le plus récent, le plus marquant, sans que celui-là ne fasse forcément sens. Car il est plus facile de traiter, et surtout de vendre un détail futile qu’un long et fastidieux dossier sur un quelconque sujet de réaménagement du territoire. En discutant de tels sujets, on en oublie les problèmes principaux. Et Roberto Schmidt de conclure « Cela me rend un peu triste sur la façon que nous avons de nous égarer sur les aspects les plus triviaux du quotidien, au lieu de voir les choses essentielles ».
Ainsi, on constate par ce buzz que les journaux doivent faire face au changement de modèle que leur impose Internet. Pour continuer à être à la page, ils doivent désormais fournir de l’information presque de manière continue. Il devient donc désormais nécessaire pour la presse de s’adapter à ce nouveau modèle et d’en tirer tous les avantages possibles. Plus facile à dire qu’à faire.
 
Mathilde Vassor
Sources :
Liberation.fr – Une photo bien mal exposée
Liberation.fr – Le selfie de Barack David et Helle agace
LesInrocks.com – Le selfie d’Obama, décryptage
Crédits photos :
AFP / Roberto Schmidt

ratp com
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RATP : Entre com' et comédie !

 
Et si la RATP parvenait à faire cesser l’incivilité la plus courante sur ses lignes grâce à une communication pour laquelle elle n’aurait pas versé un sou ? Depuis plusieurs mois une troupe de comédiens indépendants a investi nos rames parisiennes pour faire leur promotion, et ce pour notre plus grand plaisir de spectateur passager.
Imaginez : deux hommes en costumes-cravates, sac de sport à la main et badge RATP au côté, entrent dans votre wagon et se présentent comme les agents d’un nouveau service mis en place par le groupe pour vous apprendre à valider votre ticket. Mais très vite leurs gesticulations dans tout le wagon vous font douter. Le fou rire commence à monter quand ces joyeux comiques dégrafent théâtralement leurs costumes pour amener le dénouement. Le dernier acte est alors libérateur d’un rire franc qui sort tout seul de votre gorge : les deux troubadours grimpent désormais aux barres parallèles et s’y trémoussent dans tous les sens, le tout sur un remix de « Je t’aime moi non plus » mettant sous les projecteurs l’orgasme de la validation du ticket. Evidemment, l’annonce finale de leur véritable identité n’est plus vraiment un coup de théâtre.
Un show des plus hots dont vous vous souviendrez, ce qui explique sans doute que le très sérieux groupe RATP, qui jusqu’ici a mis la culture à l’honneur à travers ses expositions sous-terraines ou ses campagnes de poèmes, n’a pas censuré un tel spectacle et a accepté qu’il se joue sur ses planches. En effet, si certains grimacent devant les caleçons aux motifs des plans du réseau et en font tout un drame, la plupart des passagers applaudissent à pleines mains devant la performance et ne sont pas près d’oublier comment valider leur ticket.
 
Inès Garmon
Crédits photo :
panoramadelart.com

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The Chinese dream

Une campagne de lutte anti-corruption
La campagne de lutte anti-corruption bat son plein en Chine. En excluant la semaine dernière Liu Tienan, l’un des principaux conseillers économiques du parti, le président de la Chine populaire Xio Jiping affirme à nouveau sa volonté de mettre fin aux « énormes pots-de-vin » que reçoit la bureaucratie afin de prôner une vie plus saine, étrangère à toutes les décadences passées. Grâce aux révélations de sa maîtresse, les médias officiels avaient en effet publiés les trésors de cet homme qui possédait près de 25 diamants, 4,5 kg d’or et d’autres nombreux cadeaux. Cette lutte anti-corruption fut lancée par Xio Jiping à son arrivée au pouvoir, lorsqu’il a déclaré qu’il serait intransigeant sur le fait qu’il fallait désormais « frapper les petites mouches comme les grands tigres en matière de corruption ».
Mais loin de ne s’en prendre qu’à la bureaucratie, le président s’attaque également aux marques de luxe. Frappées de plein fouet par cette stigmatisation, celles-ci ont vu à l’approche des fêtes de Noël leurs chiffres d’affaires dégringoler à cause de cette nouvelle adéquation entre le luxe et la décadence réprimée par le pouvoir en place.
Une nouvelle stratégie de marque
La campagne anti-gaspillage incite ainsi les marques de luxe à envisager et à adopter une nouvelle stratégie de communication. Après le fameux « American Dream », voici « The Chinese Dream ». Ce rêve est synonyme de réussite, d’accomplissement, de gloire surtout, et tout cela par la simple force du poignet. Afin de véhiculer une image positive de leurs produits, les marques innovent en présentant dans leurs publicités non plus des égéries mais des « self made men ». Il est loin le temps des campagnes publicitaires clinquantes, où la célébrité du moment portait le dernier sac Vuitton. Désormais, le choix des célébrités repose principalement sur leur réussite professionnelle plus que sur un facteur luxe.
Mercedes-Benz a par exemple organisé une campagne de « Dream Makers » sur Sina Weibo, connue pour favoriser les professionnels de la création aux dépends des stars de cinéma. Cette campagne met ainsi en vedette un personnage adulé par les consommateurs, en cela qu’elle explique comment elle en est parvenu à un tel succès et qu’elle redonne espoir dans un marché économique mondial aujourd’hui en difficulté. Le dur labeur et la vision créative sont récompensés  à la place des paillettes et du glamour. On admire alors leur philosophie de vie. Pour plus de succès, Mercedes-Benz  demande même à ses utilisateurs de participer en racontant leurs rêves avec la possibilité ensuite de gagner une voiture.
Cette même stratégie a été utilisée par la marque Johnnie Walker, une célèbre marque de whisky, dans sa campagne intitulée « Game Changer » qui met en scène entre autre Ma Yonsong le fondateur de MAD architects, et le lauréat du prix du scénario de Cannes et réalisateur Jia Zhangke. Ces publicités sont innovantes puisqu’elles ne présentent plus simplement des produits mais proposent également des conseils pour bien réussir dans la vie.En plus des créatifs, ce sont également des athlètes professionnels qui sont utilisés. On peut citer le célèbre champion olympique d’escrime Lei Sheng, le couturier Guo Pei, le photographe Xiao Quan et le painiste Zhao Yinyin. La campagne « Pinnacle moment » contait ainsi le moment de couronnement de leur vie ainsi que le chemin emprunté pour y parvenir.
The Chinese Dream
Derrière l’emprunt de ces « self made men » se cache bien sur l’espoir des marques de s’éloigner de l’adéquation luxe / corruption martelée par Xio Jiping. L’effet recherché est de dissocier le luxe du délabrement moral, de la décadence et du vice pour le requalifier et l’associer à la beauté et à l’artisanat. Une image positive est alors véhiculée par leurs produits de qualité en faisant l’éloge du travail acharné et de la créativité. Ces publicités permettent alors de doter le produit d’une singularité propre : en effet, le consommateur peut plus facilement s’identifier à lui et se l’approprier. La richesse matérielle est donc sublimée par une satisfaction personnelle et par un sentiment d’accomplissement qui viennent se greffer à l’achat.
En utilisant les espoirs des consommateurs, cette nouvelle stratégie marketing érige en valeur suprême le travail. Elle polie également l’image des marques de luxe en donnant un revers positif à leur simple représentation de richesse, celle de réussite et de bonheur. On est donc bien en plein « Chinese Dream ».
Laura de Carné
 
Sources:
–       Le Figaro magazine
–       Le Monde magazine
–       L’agence marketing chine
Photo Carlos Barria, reuters

mode vogue
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Mauvais point pour Vogue Mexique

 
On le sait tous, derrière le monde beau et merveilleux de la mode se cachent des réalités plus sombres, à commencer par celles concernant le mannequinat.
 Conscient de l’image peu saine que renvoient souvent les jeunes models, Jonathan Newhouse, président de Condé Nast International, avait lancé en juin 2012 The Health Initiative, un accord entre 19 éditions de Vogue pour s’engager à véhiculer une image de bien-être dans leurs numéros. Parmi les principaux points abordés dans cet accord, on peut citer l’établissement à 16 ans l’âge minimum des mannequins collaborant avec les magazines.
  Qu’en est-il aujourd’hui de ces bonnes résolutions ? Difficiles à tenir, semblerait-il. Vogue Mexique a récemment  marqué la troisième violation du Health Initiative parmi les éditions engagées (succédant aux éditions chinoise et italienne), en incluant dans son dernier numéro le mannequin Julie Borawska, 15 ans. Il a justifié son erreur en déclarant que l’agence « n’avait jamais mentionné que Julie Borawska était si jeune » et qu’elle avait « l’air d’avoir 18 ans ».
 Ainsi, si l’on peut saluer l’effort initial, ces quelques faux pas remettent en question la crédibilité même de ce Health Initiative. Vogue est en effet bien connu pour ces diktats sévères et, souvent, controversés. Peut-on y voir une véritable prise de responsabilité vis-à-vis de son lectorat, ou une simple volonté de véhiculer une nouvelle image du magazine, plus humaine ?
 
Charlene Vinh
Sources
Xaxor
Vogue
Fashionista

Marre de la publicité dans le métro
Publicité et marketing

Touche plus à mon métro !

 
« Réclamons un métro sans publicité »
Tous les habitués en auront fait le constat : difficile de prendre le métro sans remarquer les nombreuses publicités (affiches ou vidéos) présentes dans les couloirs, dans les escaliers, sur les quais, en géant sur chaque côté des rames (entre les panneaux des stations et quatre mini panneaux entre chaque rame) et même pendues au plafond de ces dernières.
Ce qui passe également de moins en moins inaperçu depuis quelques années, ce sont les actions anti-pubs dans le métro.
Depuis le mois d’octobre il est possible d’y voir des post-it et des affiches colorées des « reposeurs »* qui clament haut et fort que « la pub fait dé-penser » et réclament « un métro sans publicité ». Les derniers mois ont été marqués par des actions des « déboulonneurs »*, un collectif polémique qui n’hésite pas, quant à lui, à dégrader les affiches et à se retrouver devant les tribunaux. Ces derniers, accompagnés d’autres collectifs, ont par exemple vandalisé des écrans publicitaires type ACL le 30 novembre à l’aide de bombes aérosols. On pouvait y lire des messages tels que « La publicité pollue nos rêves », « Trop d’intérêts privés dans l’espace public », « Pollution visuelle et mentale » ou encore « Libérez nos regards ».
Ces nouveaux panneaux publicitaires vidéos sont les plus décriés : pour dénoncer leur présence à la station Montparnasse, une mise en scène de la RATP* représentait un Père-Noël qui « pédalait pour la pub », fouetté violemment par un homme déguisé en Séguéla.

Rien de surprenant à ce qu’à l’approche de Noël, – période traditionnelle de « matraquage publicitaire extrême »- les actions anti-publicitaires se multiplient. Une tendance assez spontanée : des passagers lambdas s’arment de feutres noirs pour taguer les affiches qu’ils rencontrent tous les jours…
Une manière de se réapproprier le métro parisien en marquant sa désapprobation face à l’omniprésence de la publicité et ainsi sortir de la passivité ?
Les contestations sont diverses. En premier lieu l’agression visuelle causée par la taille et le nombre trop important d’affiches et de panneaux publicitaires dans le métro, mais également la défense de la notion d’espace public, les stéréotypes véhiculés par la publicité, les campagnes de plus en plus décomplexées (cf. les violentes réactions face à la récente campagne du site de rencontre extra-conjugale Gleeden dans le métro et les nombreuses dégradations spontanées de ces affiches), le « bourrage de crâne » du consommateur et l’absence d’échappatoire… Difficile en effet de ne pas voir ces affiches géantes et omniprésentes. Dans le métro il n’existe pas, comme sur Internet, de petite croix rouge sur laquelle cliquer pour fermer une publicité, ni de logiciel Adblock, capable de nous prévenir de la pollution visuelle.
Bwin, le site de pari en ligne l’a récemment souligné, non sans malice :

Il semble, de plus, important de rappeler que les dispositifs publicitaires dans le métro ne rapportent à la RATP que 100 millions d’euros par an, soit seulement 2% du chiffre d’affaires.
Ces actions sont d’autant plus intéressantes qu’un très récent sondage exclusif du CSA nous apprend que 48% des franciliens utilisant tous les jours les transports en commun remarquent une augmentation du nombre d’affiches et de dispositifs publicitaires. Parallèlement, 40% de ces franciliens considèrent que ces dispositifs constituent une « agression visuelle ». Le CSA en conclue donc que « les franciliens ne sont pas intrinsèquement opposés à la publicité dans le métro mais peuvent occasionnellement ressentir une gène quand celles-ci deviennent trop intrusives par leur nombre ou leur dimension ».
Rien d’étonnant donc à ce que 57% des franciliens réclament une réglementation de l’affichage dans le métro en limitant le nombre d’affiches et leur format (à 50x70cm).
Le matraquage publicitaire comporte des risques : selon une étude publiée par Australia & TNS Sofres en octobre 2013, la publiphobie a gagné 8 points en 10 ans (33% des français sont publiphobes en 2013) et 85% des répondants déclarent qu’il y a trop de publicité.
Pourtant, selon 52% des franciliens, certaines des publicités que l’on trouve dans le métro sont encore « dignes d’intérêts ». Il est vrai que face au « trop plein », les franciliens se font plus exigeants et intransigeants. Néanmoins, ils ne sont pas totalement hostiles à la publicité dans le métro. En effet, elles apportent de la couleur, distraient le passager et l’instruisent sur l’actualité culturelle à travers les nombreuses affiches pour le cinéma, les concerts, les spectacles, les pièces de théâtres et autres expositions…
A défaut de pouvoir vous émanciper des publicités qui vous plaisent le moins, vous pourrez apprécier certaines actions originales des collectifs anti-pub qui deviennent de nouveaux « créatifs » (parfois adeptes du « brandalisme », une nouvelle sorte de street art engagé) au service d’une communication d’un autre genre.
Rue 89 : « Quand les casseurs de pubs sont plus créatifs que les créatifs »
Quant à la publicité chez les plus idéalistes des « curieux » de fastNcurious, on l’espère globalement plus drôle, surprenante, esthétique et inventive que jamais en 2014 !
 
Maud Espie
Quelques pubs qu’on a plaisir à pub-lier

nourrisson numérique fisher price
Société

Vers le nourrisson numérique ?

 
La semaine dernière, on a pu voir réapparaitre à nouveau dans les médias le débat autour du jouet numérique. Le responsable est cette fois-ci Fisher Price avec son transat, destiné logiquement aux moins de trois ans, offrant un logement pour Ipad. Lancé sur le marché il y a peu, ce produit, qui aurait pour vocation d’éveiller et stimuler l’enfant, cristallise en fait les inquiétudes de toute une génération de parents que ce nouveau type d‘offre effraie – du moins en partie (une pétition a vu rapidement le jour en ligne pour retirer de la vente le Newborn-to-Toddler Apptivity™ Seat for iPad®).
Car si la question de l’intérêt du numérique dans le développement cognitif a été enfin tranchée en faveur des nouvelles technologies, le principal problème demeure l’âge de l’accès à celles-ci. Et c’est bien là que le produit de l’entreprise américaine spécialiste du jouet dérange. Il enfreint en effet la fameuse loi 3-6-9-12 défendue par de nombreux organismes pédiatriques et notamment l’AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire) qui préconise par exemple de ne pas exposer l’enfant de moins de trois ans à quelque écran que ce soit.
Malgré tout, la technologie semble s’être emparée du jouet. D’ailleurs, le produit phare de cette année, d’après les professionnels, devrait être la tablette, sous toutes ses formes, réclamée par les enfants eux-mêmes désireux d’imiter leurs parents.
Alors à quand des couffins à réalité augmentée ?
 
Thomas Luck
Sources :
Le Monde.fr
Ctv News.ca
Crédit photo :
Meltybuzz.fr