Le père Fouettard - Saint Nicolas
Société

Le père Fouettard en sursis

 
Le père Fouettard, stéréotype raciste ? C’est le débat dont s’est emparé récemment le comité des droits de l’homme de l’ONU, après que de nombreuses plaintes – aux Pays Bas notamment – ont été déposées à l’encontre du personnage folklorique.
Mais revenons un peu en arrière. Pour nombre d’habitants du nord de la France, belges, hollandais, et luxembourgeois, le 6 décembre célèbre l’arrivée de Saint Nicolas, le patron des écoliers, accompagné son fidèle acolyte, le père Fouettard, ou Zwarte Piet (Pierre le Noir).
Seulement voilà, tandis que Saint Nicolas, évêque à la peau blanche, s’occupe de récompenser les enfants obéissants, Zwarte Piet, noir de peau et à la coupe afro, punit les moins dociles. Aussi depuis quelques années, mais cette saison en particulier, les voix s’élèvent contre ce personnage, qui allierait à ses prétendues origines africaines un côté répressif (débat complexe car il existe une confusion sur l’origine du personnage).
Et ce n’est pas la première fois qu’une institution se fait taper sur les doigts : en 2012, c’est la bande dessinée d’Hergé Tintin au Congo qui avait fait l’actualité ; au tribunal cependant, les juges avaient estimé qu’il n’y figurait « aucune volonté de véhiculer des idées à caractère raciste, vexantes, humiliantes ou dégradantes à l’égard des Congolais ni d’inciter les lecteurs à la discrimination et à la haine ».
A l’instar de la disparition du tirailleur sénégalais des boîtes de Banania, le père Fouettard, tradition occidentale datant du XIXe siècle, serait-il, lui aussi, menacé d’extinction ?
Une question pourtant reste entière : que fait l’ONU dans cette galère ?
Eléonore Péan
Sources :
L’avenir.net – Qui est vraiment le père Fouettard ?
France24 – Pas de racisme dans Tintin au Congo
Crédits photo :
Le Point.fr
 

Invisible girlfriend
Société

« Invisible Girlfriend » : Love Story Sur Mesure

 
On a Meetic, pour une relation stable entre gens bien pensants, on a Gleeden pour une relation extra conjugale torride, on a Tinder pour des rencontres 100% sans râteaux, on a tout ça et bien d’autres. Les réseaux sociaux ne cessent de se réclamer de l’amour, avec la volonté de s’amuser et d’éradiquer la solitude sexuelle ou sentimentale. Et si  on était bien, simplement célibataire célibataire ? D’ici fin décembre, la nouvelle application « Invisible Girlfriend » vous proposera une relation virtuelle qui fera enfin taire les mauvaises langues de votre entourage.
« Invisible Girlfriend » est la nouvelle application dévoilée il y a quelques jours lors du Startup Weekend St.Louis, aux Etats-Unis. Après avoir remporté le concours, l’application a été développée en seulement 54 heures par une équipe de 10 professionnels. Le concept ? Donner l’illusion à votre entourage d’être en couple en simulant une relation auprès de vos proches. Son créateur Matt Homann explique « Notre audience peut être très diverse, que ce soit un homosexuel obligé de contenter sa famille avec une fausse relation hétérosexuelle, un salarié qui ne veut plus des avances de ses collègues au bureau, ou alors un employé qui entend se consacrer entièrement à sa carrière sans devoir justifier son célibat ».

Evidemment, le service est payant (entre 9,99$ et 49$99) et en fonction de la formule à laquelle vous souscrirez, on vous accordera SMS, appel automatique, poste Facebook, message vocaux et autres douceurs de la part de votre chère et invisible dulcinée. Plus vous payez, plus votre « Invisible Girlfriend » semble réelle. En effet, pour le pack « presque fiancé » à 49,99 dollars américains, vous pourrez customiser votre « Grilfriend », et scénariser de toute pièce la relation.

Affronter la pression sociale
En prévision de la saint Valentin, le CNRS titrait en 2013 « L’amour est un lien social incontournable. Il s’étale à la une de nos médias, il accapare nos conversations, il transporte ou accable les corps et les esprits ». Aux yeux de la société, l’absence d’amour est synonyme de solitude, d’isolement, de tristesse, mais aussi d’égoïsme et d’individualisme. Il est vrai que l’amour, considéré comme une victoire de la communication, est une construction sociale difficilement évitable. Selon « Invisible Girlfriend », il devient donc préférable de mentir pour se débarrasser de cette pression sociale plutôt que de risquer de faire mauvaise figure. Et pour ça, l’application se présente comme l’élément parfait pour donner de la consistance à vos mensonges et les rendre infaillibles.

Bien entendu, l’application se passe d’évoquer les conséquences que pourraient avoir un tel mensonge sur la vie de ces esseulés. D’accord, vos proches ne vous tapent plus sur les nerfs mais n’est-il pas plus lourd de porter un mensonge de cette ampleur que de seulement assumer sa solitude ou sa différence. D’autant plus que cet « Invisible Girlfirend » ne permettra au final qu’à se conforter dans un malaise, se réfugier dans des mensonges pour peu à peu se renfermer sur soi même.

Toujours Plus De Solitude ?
Cette application serait-elle révélatrice d’une solitude de plus en plus prononcée au sein de la société moderne ? On ne peut pas vraiment dire ça. Moyennant un abonnement de 19 euros par mois environ, l’application « Rentafriend » lancée en juillet  2010 permet de louer des amis et met à disposition un fichier de plus de 250 000 personnes dites « Amis » à l’intention de « Sans Amis ». Quelques temps après le lancement de l’application, une journaliste du LA Times s’est rendu compte que peu de personnes avaient eu recours à cette application proportionnellement aux « Ami » rémunérés par le site qui proposaient leurs services. Ainsi, « RentaFriend » révèle moins un manque d’amitié qu’un besoin d’argent avec un surplus de volontaire prêts à tout pour gagner quelques sous et que très peu de « Sans amis » en Europe. En espérant que « Invisible Girlfriend » ne prenne pas la même tournure.

Ainsi, on attend avec impatience Noel où certains pourront enfin s’offrir des « Invisible Girlfriend ».

Et surtout ne soyez pas jalouses mesdames, « Invisible Boyfriend » ne devrait  pas tarder.

 
Filipine Guyonnaud
Sources
Huffingtonpost
Time

Bitstrips par Clémence
Société

Bitstrips, une nouvelle manie(re) de raconter sa vie ?

 
Si vous l’ignoriez encore, Bitstrips n’est ni une plateforme frauduleuse de téléchargement, ni un mauvais porno.
Bitstrips, ce sont ces jolies tranches de vie sous forme de bandes dessinées que nos amis partagent allègrement et massivement sur les réseaux sociaux depuis bientôt un mois. Vous avez passé novembre dans une grotte sans connexion WiFi et voulez à tout prix rattraper votre retard ? Rien de plus simple.
1- Téléchargez l’application.
2- Créez votre avatar (vous avez tout intérêt à le faire plus grand, plus mince et plus musclé. Au mieux personne ne remarquera rien, au pire tout le monde pensera que vous êtes myope).
3- Choisissez une mise en situation, remplissez les bulles, trouvez un titre catchy.
Et voilà, le tour est joué !
Si Bitstrips est numéro 1 des téléchargements iPhone depuis le 7 novembre, l’application n’est pourtant pas une nouveauté. Créée en 2007 par le canadien Jacob Blackstock, cette interface marrante et accessible était déjà utilisée, en particulier par des professeurs pour rendre leurs cours plus ludiques. Pour son créateur, Bitstrips a vocation à devenir un nouveau moyen de communication. Ambitieux ? Oui. Un peu mégalo ? Aussi. Loin du compte ? Pas si l’on se fie à l’explosion du nombre d’utilisateurs depuis la sortie des applications mobile et Facebook : Bitstrips revendique aujourd’hui 20 millions d’utilisateurs, 55 millions de vignettes échangées et plus de 3 milliards d’utilisateurs exposés.
Le nombre grandissant d’abonnés sur Instagram et la chute des ventes de livres auraient pu nous mettre la puce à l’oreille : nous sommes une génération d’artistes (pour ne pas dire de feignants) et préférons communiquer en images plutôt qu’avec des mots. Pénélope Jolicoeur l’avait compris aussi, malheureusement nous sommes peu à être aussi doués qu’elle avec des crayons de couleurs et un stylo Bic noir.
Bitstrips, c’est une application gratuite, simple d’utilisation, les vignettes sont faciles à créer, elles se parcourent extrêmement rapidement sur un fil d’actualité et c’est bien là ce qui fait toute sa force. Bitstrips envahit tout, de la presse avec la publication dans L’Express des Fabuleuses aventures de Nathalie Kosciusko-Morizet dans le métro parisien à Pôle Emploi avec le CV, en image s’il vous plaît, du Suisse Tarik Dlala.

Pourtant l’application a une faiblesse : tout comme le Grand Big Mac, elle est victime de son succès. Les internets ne cessent de nous le prouver, le trop est l’ennemi du bien. Un mois à peine et nous frisons déjà l’overdose de bande dessinée, les puristes convulsent devant leur écran et ceux à qui il reste quelques forces se ruent sur des tutos expliquant comment faire disparaître Bitstrips de leur fil d’actualité. Nous le savons bien pourtant, que lorsqu’une tendance se propage trop rapidement, touche trop d’utilisateurs en même temps, devient visible partout, elle anéantit tous ses espoirs de pérennité et finit par imploser.
Petit Bitstrips a bien grandi, mais peut-être un peu vite. Il ne nous reste qu’à attendre patiemment le seuil où, las de tous nous mettre en scène dans les mêmes décors, nous ressortirons la mine contrite nos Bescherelle. Souhaitons également à Tarik Dlala de bien s’amuser en rédigeant son nouveau CV.
 
Clémence Lépinard
Sources :
Rue 89
Konbini
Melty Buzz
L’Express
Le blog de Penelope Jolicoeur

PS4 Sony
Publicité et marketing

This is for the players

 
Le vendredi 29 novembre 2013 est une date qui restera longtemps marquée dans les esprits des gamers. Et pour cause : sept ans après la sortie de la PlayStation3, le géant Sony a lancé celle qui a pour vocation de devenir la nouvelle star du monde du jeu vidéo, j’ai nommé la PlayStation4.
Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes (virtuels) si cet événement ne coïncidait pas, à une semaine près, avec l’entrée sur le marché de la Xbox One, nouveau produit phare de Microsoft. Ce lancement simultané est inédit et annonce une lutte acharnée entre les deux marques pour séduire le public, d’autant plus que le Japonais Nintendo semble être hors jeu, sa Wii U ne rencontrant pas le succès escompté.
Pour pouvoir se démarquer, les deux concurrents ont donc mis en place différentes stratégies de communication. Ainsi, le 21 novembre, Microsoft avait convié environ mille personnes dans le bâtiment vert (judicieux rappel du logo Xbox) de la Cité de la Mode et du Design. La riposte de Sony ne s’est pas faite attendre. Les quotas de prévente ayant été atteints chez les principaux revendeurs, le magasin Sony Store de Paris (Avenue Georges V) a permis à huit cents chanceux supplémentaires d’acquérir le petit bijou dès le vendredi 29 novembre à 11h. Cerise sur le gâteau, le PDG du groupe, Andrew House, était présent lors de la remise de ce nouveau Saint Graal.
Sony semble avoir gagné la bataille de la communication en se focalisant sur le jeu et les joueurs assidus tandis que Microsoft tentait d’attirer un public très large. Mais dans un contexte où de nouveaux produits ne voient le jour que tous les sept ans environ, le business des consoles est une véritable guerre de tranchées. Que le meilleur gagne.
Margaux Putavy
Sources :
Challenges.fr
Tf1.fr

fondation Abbé Pierre
Publicité et marketing

Com’ des gens normaux

 
La Fondation Abbé Pierre a dévoilé le 22 novembre lors d’une conférence de presse le thème et les visuels de sa nouvelle campagne d’hiver de sensibilisation au mal-logement. Elle a eu recours une nouvelle fois à l’agence BDDP & Fils : le résultat met clairement l’accent sur l’indifférence des passants qui croisent chaque jour le chemin des quelques 140 000 sans domicile fixe qui vivent en France.
La nouvelle campagne humanitaire, composée de trois prints « Le barbecue » « L’anniversaire » et « La plage », sera affichée sur 12 000 panneaux et abribus pendant tout le mois de décembre en métropole et sur l’île de la Réunion. D’autres médias seront mobilisés pour véhiculer le message : un spot sera diffusé à la télévision et des messages radio complèteront également la campagne hiver 2014.

« Ils ont eu un passé. Aidons-les à retrouver un avenir », voilà le message fort de cette campagne. L’apposition de ces deux phrases simples en blanc qui se détachent des tons ternes de la photo, met en lumière l’absence d’un lien logique qui met mal à l’aise : « Ils n’ont pas de présent ». Rendre aux mal-logés les parts d’humanité et de respect qu’on accorde à tous ceux qui ne dorment pas à même le sol dans la rue, là est clairement posé l’objectif de cette campagne. Le message est d’autant plus fort que les photos sont justes : ce sont des scènes familières et non des caricatures. En effet, le présupposé de la campagne qui n’est pas mis en avant dans le texte -sûrement par délicatesse- n’est pas nouveau : la condition d’un sans domicile fixe s’accompagne, au-delà d’une perte de biens, d’une perte d’estime du reste des gens, qui lui ôtent son statut de « semblable ». C’est dans l’image que le photographe et vidéaste freelance Hervé Plumet choisit de souligner ce fait. Il crée un contraste visuel saisissant entre les vieilles photos de famille colorées, chaleureuses, et les clichés de la condition actuelle, morne, froide et solitaire de l’individu. Il nous met face à la réalité : ce sont des gens comme nous, nous pourrions être semblables à eux. Le sous-titre de la campagne achève de nous unir à leur sort : « Plus de 140 000 d’entre nous sont sans domicile. Agissons ! »
 Les ressorts du pathos de cette campagne sont par ailleurs classiques mais efficaces : le contraste des couleurs, la vieille photo de famille écornée comme si elle était un souvenir que la personne conservait contre elle en tout temps, sont autant de rappels violents d’un présent solitaire. Les trois confrontations visuelles de la campagne sont symboliquement fortes. La femme autrefois étendue lascivement sur le sable de la plage est à présent « à terre » ; l’enfant qui fêtait son anniversaire entourée de cadeaux est dans les bras d’une mère qui ne peut rien lui offrir, exposée aux dangers ; le père de famille qui entretenait le barbecue est réduit à chercher des restes de nourriture dans les poubelles. La typographie, de façon plus subtile et originale, arbore un léger effet « sale », qui mime les conditions de vie dégradantes de la rue.
 Le spot, centré sur l’errance et la détresse touche juste : la caméra prend le contrôle de notre regard et l’oblige à rester focalisé sur le vieil homme qui erre quand nous passons justement notre temps à regarder ailleurs. De courts plans des photos de son passé scandent la vidéo, comme si nous percevions plus ce qui nous rapproche de lui à mesure que nous le regardons. Enfance, joies, vacances, mariage, travail, autant de clichés que l’on a tous chez soi dans un vieil album de famille.

Cependant, quelle est l’efficacité de cette campagne ? Elle est touchante, dirige le regard vers ceux que l’on évite et invite à rendre plus humain notre rapport aux personnes sans domicile, mais pousse-t-elle vraiment à agir ? Montrer du doigt le problème va peut-être augmenter le malaise chez des passants qui, en réalité, sont déjà bien conscients de la précarité des sans domicile fixe. Certes, il sera bien plus difficile de détourner le regard quand, en passant dans une station de métro, on verra un SDF installé en dessous d’une telle affiche, mais va-t-on pour autant se précipiter sur son téléphone pour faire un don ? De plus, on ressent bien souvent une sorte de soulagement coupable quand un autre dit ce qu’il est de bon ton de dire : c’est comme si être d’accord avec la campagne déculpabilisait de ne rien faire.
 Néanmoins cette campagne adresse comme chaque hiver un message de soutien fort aux personnes sans-abris qui ne sont pas vraiment les cibles classiques des publicités affichées dans la rue. Dans une société où l’on tend à cacher la misère, afficher de telles photos partout dans les villes est en soi une forme d’engagement que l’on se doit de féliciter. Les sans domicile fixe ne manifestent pas, n’ont pas de revendications, n’ont pas de pouvoir d’achat et ne sont donc pas représentés médiatiquement et politiquement. A l’heure où le fait divers d’un SDF qui aurait agressé un nonagénaire puis mangé son cœur déchaîne plus les passions que le chiffre affolant de 140 000 personnes à la rue, ça change.
 Avec l’arrivée de la vague de froid, les enjeux de cette campagne sont d’autant plus urgents. Des moyens sont actuellement mis en place pour aider les sans-abris : il est possible de faire des dons aux associations humanitaires comme La Fondation Abbé Pierre ou La Croix Rouge qui organise de plus régulièrement des maraudes pour renouer le lien social avec les personnes en détresse. Les Restos du Cœur ou La Chorba, associations humanitaires qui distribuent des repas gratuits dans Paris, ont aussi besoin de dons.
 Malgré les moyens supplémentaires mobilisés en début d’année grâce au Plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté, le secteur de l’accueil et de l’hébergement est en crise et ne peut faire face à la demande croissante. Bien que le problème reste avant tout politique (logements vacants à utiliser, retraites insuffisantes, gestion économique et sociale du pays), cette campagne nous rappelle que nous détenons tous le pouvoir d’agir et d’être réellement utiles pour ces personnes en détresse. En soi, s’exclamer « Monsieur vous êtes mon égal » à la manière de Baudelaire («Assommons les Pauvres », Le Spleen de Paris) n’a pas de grande utilité.
 Espérons qu’avec Noël la charité revienne à la mode.
 
 Rimond Leïla
Sources :
Fondation-abbe-pierre.fr
Lareclame.fr
Lexpress.fr

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Pixar
Culture

PixArt, since 1920

 
La cité de la mode et du design accueille depuis le 16 novembre un nouvel arrivant : le musée des Arts Ludiques. Lancée par Jean-Jacques Launier, la nouvelle institution se propose de mettre en avant les arts de « l’Entertainment », trop longtemps mis au ban par les acteurs du monde artistique traditionnel.
Afin d’ouvrir en grande pompe, c’est le travail de Pixar qui a été choisi comme exposition de lancement. Créée conjointement avec le MoMa de New-York, le studio y présente tous les travaux ayant été nécessaires à l’élaboration de ses 14 longs métrages et fait démonstration de sa puissance artistique. Plus qu’une exposition, Pixar monte une véritable opération de branding et travaille son image de marque.
Racheté par Disney en 2006 –date du lancement de l’exposition à New-York-, Pixar profite de cette exposition pour créer une image de marque tournée vers l’art de l’animation et se placer comme le véritable continuateur d’un Disney vieillissant et en perte de génie. Les petites-mains de Pixar présentent leurs travaux préparatoires, constitués de dessins et d’esquisses de grande qualité, rapprochant ainsi leur travail de celui de la maison mère et de ses films d’animations traditionnels. Tout est fait afin de créer une continuité entre les deux sociétés. Même John Lasseter, ex directeur créatif de Pixar et aujourd’hui patron de Disney, est présenté comme le digne descendant de monsieur Walt Disney, himself.
Pixar démontre la brillance de sa communication, utilisant de manière magistrale le médium de communication original qu’est l’exposition artistique. Ce medium, déjà présent dans le monde de la mode (exemple de l’exposition Chanel au Palais de Tokyo), va t-il lui aussi se développer dans d’autres domaines plus prosaïques ?
 
Adrien Torres
Sources :
Lemonde.fr
France3.fr

Allo Nabilla
Société

Allô Nabilla : quand les téléspectateurs commencent à raccrocher…

 
Le mardi 12 novembre dernier, NRJ12 a diffusé le premier épisode de son programme hybride : Allô Nabilla, Ma famille en Californie. La chaîne nous donne à voir une émission qu’elle qualifie de « dynasty reality française », empruntant à la fois aux codes de la télé-réalité et à ceux de la fiction. Un format insolite et déroutant, apparaissant comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase médiatique, après s’être emparé du buzz autour de la formule phare « Allô ». 
Une audience qui ne suit pas la promotion agressive du programme

Bien que NRJ12 ait investi dans des moyens publicitaires considérables – affiches géantes dans les bouches du métro parisien ; récurrence de la diffusion du teaser et du jingle de l’émission sur la chaîne – les audiences ne sont pas à la hauteur de cette promotion rugissante.
En effet, le 1er épisode du dynasty show ne réunit que 2,9% de part d’audience (soit 690 000 curieux), et le 2ème épisode seulement 1% de part d’audience soit environ 300 000 téléspectateurs, de maigres chiffres au regard d’une tapageuse campagne de communication. Le programme s’essoufflerait-il alors déjà ?
Un programme télévisuel qui décline à l’extrême la marque Nabilla…
En plus de son format atypique, il convient d’analyser le contenu même de l’émission, qui s’appuie sur le phénomène Nabilla. Plus qu’un simple phénomène, la starification progressive de Nabilla semble s’être muée en un véritable concept, une marque qui se décline à foison dans les différentes strates du monde médiatique. Une marque associée à un slogan – « Allô » – et à une identité reconnaissable, fondée sur une parole franche et spontanée. C’est précisément cette parole sans retenue qui fut à l’origine du buzz retentissant et de la folle surenchère médiatique, incarnée par le « Allô quoi », institué comme un quasi élément de langage (et aujourd’hui marque déposée), circulant dans la sphère médiatico-sociale.

Successivement invitée sur les plateaux de Canal (Le Supplément, Le Grand Journal, Le Tube), et plus récemment, dans les émissions de D8 (Voyage au bout de la nuit) et de France 4 (C’est quoi ce boucan ?), l’omniprésence médiatique de Nabilla exemplifie clairement une course à l’audience effrénée qui exploite l’image et la marque de la jeune femme. NRJ12 la porte à son paroxysme, en déclinant son slogan « Allô », pour l’insérer dans le titre même de son programme : Allô Nabilla, Ma famille en Californie.
… et dénature l’authenticité de la parole nabillesque*
NRJ12 propose assurément un programme au format nouveau, directement inspiré du dynasty reality américain filmant le quotidien de la famille Kardashian, mais son contenu semble toutefois nébuleux.
L’émission est à mi-chemin entre télé-réalité et fiction : Nabilla Benattia est érigée en narrateur et les dialogues sont scénarisés. Or, c’est incontestablement sa spontanéité et sa répartie naturelle qui constituent la marque de fabrique de Nabilla. Celle-ci a tissé son image sur une stratégie du buzz, fondée sur une parole impulsive et désinhibée, qui ne fait plus sens dès lors que celle-ci est écrite par avance. Dans Allô Nabilla, cette parole perd de son authenticité en devenant fictionnelle et réflexive (« Je vais tout vous raconter », dixit Nabilla dans la vidéo de lancement de son reality show). Sa scénarisation tacite, s’appuyant sur un script artificiel et stéréotypé, falsifie et sclérose son naturel.
Médias le magazine, sur France 5, tourne en dérision cette parole falsifiée qui se meut dans un scénario qui regorge de clichés :

Une stratégie du buzz vide de tout contenu – une « promotion du vide » ?
 L’émission semble incarner ce qui constitue l’attribut même de Nabilla : que l’on parle d’elle, même quand il n’y a rien à dire. A contrario d’une prise de parole reposant sur la rareté et le pondéré, le phénomène Nabilla est tel une coquille vide, qui s’appuie sur un contenant omniprésent et hautement médiatisé, et un contenu pauvre – si tant est qu’il y ait un message.
Un chroniqueur du Plus du Nouvel Observateur va même jusqu’à parler de « promotion du vide », soulignant la contradiction entre cette parole du buzz vouée à l’éphémère, et une stratégie communicationnelle qui s’établit dans le long terme. La limite réside en cela même : la parole nabillesque est singulière en ce qu’elle se cristallise et surgit dans un court terme médiatique, mais elle finit par s’étioler et se désagréger du fait de son omniprésence télévisuelle prolongée.
 A force de vouloir prolonger le buzz, Nabilla et la chaîne NRJ12 se heurtent aux limites de ce tapage médiatique, résolument volatile et périssable. C’est précisément ce caractère épisodique et précaire qui empêche le buzz de se constituer en une stratégie durable de communication. Par conséquent, le programme Allô Nabilla a-t-il des chances de s’ancrer dans le paysage audiovisuel français de manière pérenne ?
 Dès lors, je conclurais sur cette interrogation de Guillaume Jouteux que je laisse volontairement en suspens : « Jusqu’où ira la promotion du vide ? »
Alexandra Ducrot
 
*Nabillesque : terme dérivé dudit prénom Nabilla, ironiquement utilisé en référence au personnage médiatique (toute situation surprenante qui se prête à la formule « Allô quoi ; ou encore, toute exhibition de ses atouts féminins, on parle alors de « décolleté nabillesque »).
Sources :
Leplus.nouvelobs :
« Allô Nabilla » sur NRJ 12 : pourquoi l’audience va dégringoler dès mardi prochain » par François Jost
« Nabilla sur Canal Plus, D8, iTélé : jusqu’où ira la promotion du vide ? » par Guillaume Jouteux
« Allo Nabilla » sur NRJ12 : une émission qui ne casse pas trois pattes à un chihuahua » par Virginie Spies
Crédits photos :
Image de Une : visuel NRJ12
 
 
 

Invisible Girlfriend
Société

Love 2.0

 
Grande gagnante du concours organisé lors du Startup Weekend Saint-Louis, la toute nouvelle application Invisible Girlfriend (dont le lancement a cette semaine été annoncé pour Noël prochain) a de quoi en surprendre plus d’un. En proposant de se créer de toutes pièces une petite-amie virtuelle déclinable selon 3 formules : Just Talking (échange de textos et d’appels automatiques), Getting Serious (possibilité offerte de voir son mur Facebook se remplir de petits mots doux) et Almost Engaged (permettant de passer de véritables appels et de recevoir des cadeaux) – ce produit se fait ainsi le messager d’une petite révolution opérant sur le « marché » de l’amour.
On constate qu’à une stratégie de « consommation de masse », qu’il s’agisse de « consommation » amoureuse (encouragée par les sites de rencontre fleurissant chaque jour) ou purement sexuelle (prônée par de nombreuses applications telles que Candyshop ou Lulu) visant à maximiser ses chances de trouver un partenaire, semble se substituer une stratégie de leurre. L’essentiel ne serait alors plus de faire réellement évoluer sa vie sociale mais plutôt d’obtenir une certaine tranquillité vis-à-vis de ses proches et de ses amis en ayant une fausse « belle histoire à raconter », selon les termes des créateurs de l’application. Que demander de plus ?
 
Héloïse Lebrun-Brocail
Sources :
Influencia
Businessinsider.com
Cosmopolitan
Crédits photos :
invisiblegirlfriend.com

Montcuq
Publicité et marketing

À 46€/Litre : Montcuq ne manque pas d'air

 
« Je respire à pleins poumons l’air (pur) de Montcuq », déclarait d’un ton goguenard à la caméra l’humoriste Daniel Prévost en 1976. C’était lors d’un reportage mythique du « Petit Rapporteur » consacré à cette minuscule bourgade lotoise au nom bien potache : le village de Montcuq.
Daniel Prévost était alors à mille lieues de se douter que, pas moins de 37 ans plus tard, en novembre 2013, un ancien étudiant en communication de Toulouse, Antoine Deblay, lui donnerait la réplique en décidant de commercialiser pour de bon « l’air (si) pur » de
Montcuq. Mais alors, pour reprendre la vanne de Prévost, « quelle est la spécialité de Montcuq », si ce n’est, justement, la communication autour d’un nom qui prête à sourire ?
Quelle est la « spécialité de Montcuq », si ce n’est, dès lors, de proposer un marketing territorial assez inédit, un marketing purement toponymique ? Et d’ailleurs, plus généralement, ce coup de pub insolite n’est-il pas révélateur du pouvoir incontestable de la Communication, indépendamment-même de l’objet dont elle fait la promotion ? 
C’est ce que nous vous proposons de voir à travers l’étude de ce coup de com incroyable.
L’Air de Montcuq, une spécialité insolite ?
C’est ainsi qu’Antoine Deblay, originaire dudit village, a décidé de prendre au mot le sketch de Prevost et de mettre véritablement en vente en ligne des boîtes de conserve d’une contenance de 250 ml remplies de l’« air pur » (et certifié « 100% bio »!) de Montcuq. En effet, dès fin juin 2013, le site de financement participatif Kisskissbankbank lui avait permis de faire appel à l’humour et à la générosité des internautes et de récolter ainsi plus de 800€ en l’espace d’un mois. Il a immédiatement investi cette somme rondelette dans la commercialisation (mise en boîte, étiquetage, maintenance du site web – pages Facebook et Twitter, également-) de cette fragrance lucrative pour le moins insolite, l’« Air de Montcuq ».
 

Zoom sur Montcuq
Zoomons sur la boîte.
Emmagasiné dans des boîtes de conserve de petite contenance (250 mL), cet air frais certifié « 100% bio » serait, rappelons-le quand même, « conditionné à la main à Montcuq ». Or, Antoine Deblay, en bon fanfaron et en commerçant consciencieux, pousse la plaisanterie jusqu’à satisfaire aux exigences du développement durable. Il déclare limiter scrupuleusement à 10 litres le prélèvement hebdomadaire du précieux gaz. Pour « ne pas vider Montcuq de son air », semble-t-il. Brasser de l’air « 100% bio » n’est pourtant pas donné : 5€ (auxquels il faut ajouter des frais de ports de 5€50). Ce qui nous fait du 42€ le litre d’« air pur » de Montcuq. Malgré ce prix exorbitant, les commandes affluent et les billets pleuvent : 70 boîtes ont été vendues à ce jour. Mais comme on dit, l’argent n’a pas d’odeur, alors que l’air de Montcuq, lui, oui.
 
L’Air de Montcuq, que du vent ?
Trêve de plaisanteries. Ce commerce florissant aux allures de poisson d’avril est tout à fait révélateur du pouvoir de la communication.
Aussi révélateur que peut l’être ce célèbre conte de Hans Christian Andersen, « Les habits neufs de l’empereur », réinterprété – il est vrai – assez librement. Dans ce conte, deux talentueux charlatans parviennent à faire se balader le roi entièrement nu après avoir prétendu qu’ils lui ont vendu un tissu précieux fait d’une étoffe quasi transparente. La morale, à nouveaux frais, est très simple : une bonne communication, même autour de rien et d’une absence de produit, peut beaucoup.
Est-il alors nécessaire de rappeler cette fameuse campagne d’affichage publicitaire de 1953, campagne « GARAP » lancée en l’honneur de de la Semaine mondiale de la publicité ? La vérité de cette campagne finit par se savoir, ce produit « GARAP » dont tout le monde avait nécessairement très vite entendu parler et que tout le monde avait fini par convoiter n’existait pas, et le mystérieux acronyme ne signifiait rien. C’était une campagne simplement destinée à signifier la (toute-)puissance de la publicité en ce milieu de XXe siècle.
Osons l’irrévérence, l’air de Montcuq n’est pas simplement le point de cristallisation d’une infra-ordinarité qui surpasse ses droits et qui fait de l’air un produit de luxe. L’air de Montcuq est un véritable objet d’art, insaisissable, unique et authentique (« à ne consommer qu’une fois » rappelle la boîte de conserve). La boîte d’air de Montcuq (2013) d’Antoine Deblay comporte donc quelque chose d’insaisissable et de purement contemporain – outre la cristallisation insolite des infinies potentialités de la publicité en régime médiatique -, à la croisée d’une non-oeuvre telle que l’«exposition sur le vide» (1957) de Klein (dont elle aurait pu être un bibelot) et de la banalité vulgaire du ready-made « Fontaine » (1917) de Duchamp.
Après ce coup de pub récent et lucratif, coup de com génial signé Deblay, en 2013, une chose est sûre : Montcuq a bon dos et ne manque pas d’air. Voilà au moins de quoi, pour ce patelin au nom de postérieur, asseoir un moment sa postérité.
 
Matthieu Parlons
Sources :
France3 Midi-Pyrénées
Wikipedia
Crédits photos :
Image de Une : Plaque d’entrée de la ville de Montcuq, le 6 octobre 2007 (TRAVERS ERIC/SIPA).
Boîte d’air de MontCuq : Site d’Antoine Deblay – airdemontcuq.fr

La boulette de l'OMS - sida
Société

La boulette de l'OMS

 
Lundi 25 novembre, l’information se répand largement sur les réseaux sociaux et dans de nombreux médias tels que Fox News, The Daily Mail ou Al Jazeera : les Grecs s’injectent volontairement le virus du sida pour pouvoir bénéficier de 700 euros d’avantages sociaux. La source est on ne peut plus fiable, puisqu’il s’agit de l’Organisation Mondiale de la Santé. Cette déclaration, passée jusque-là inaperçue, a été relevée dans un rapport qui avait été publié début octobre.
Sur les réseaux sociaux, l’information est très vite rapprochée de l’austérité sévère menée en Grèce. La polémique est relayée, commentée, débattue par les médias. Mardi 26 novembre, l’OMS publie un communiqué : il s’agit en fait d’une erreur d’édition. Oups.
Comment une telle erreur a-t-elle pu passer inaperçue pendant presque deux mois ? Les rapports de l’OMS circulent pourtant au sein de l’ONU, ils sont à la base de plans d’action des gouvernements et des ONG en matière de santé publique. Combien de rapports publiés chaque jour par des organisations internationales détiennent de telles erreurs ? La chasse aux couacs institutionnels est lancée…
 
Camille Frilley
Sources :
Le Huffington Post
Slate.fr
Crédits photo :
www.businessnews.com