Société

François Hollande : l’homme du centre de la présidentielle ?

 

Ce dimanche 15 avril, une semaine pile avant le premier tour de la présidentielle, a été l’occasion pour les deux poids lourds de l’élection présidentielle d’organiser chacun leurs grands meetings publics avec une particularité pour cette fois : le plein air ! Difficile de ne pas voir en arrière fond l’influence de Jean-Luc Mélenchon et de sa « prise de la Bastille ».

François Hollande sur l’esplanade du château de Vincennes, Nicolas Sarkozy sur la place de la Concorde : les deux candidats avaient prévu de parler à la même heure. Une épreuve pour tester la capacité des journalistes à tweeter sur deux meetings en même temps ? Ou un simulacre de second tour au mépris du 1er et des autres candidats ? En tout cas, la réalité est bien là, on ne pouvait pas écouter les deux candidats en même temps, on était obligé de choisir l’information que l’on voulait avoir, de voter avant d’avoir voté en quelque sorte.

On nous avait ainsi annoncé une « démonstration de force » des deux côtés qui devaient se mesurer au nombre de personnes présentes : Le PS annonce 100.000 badauds tandis que le discours de Nicolas Sarkozy aurait fait déplacer 150.000 personnes. Des chiffres à prendre avec précaution, car la police ne fait jamais d’estimations pour les meetings politiques.

En s’attardant plus précisément sur le fameux meeting de François Hollande, on peut noter que, bien qu’il n’ait jamais nommé de candidats, il s’est autant attaqué à Nicolas Sarkozy qu’à Jean-Luc Mélenchon. Le « vote utile » était bien le but avoué de l’événement, « un classique de fin de campagne », surtout à gauche. C’est ainsi que François Hollande a cité François Mitterrand, qui, avant le premier tour en 1981, disait : « Candidat des socialistes, je suis aussi le seul candidat de Gauche qui soit en mesure de l’emporter. Et je serai fort dans le scrutin du premier tour pour permettre de conduire le changement. Et c’est pourquoi je demande à ceux qui veulent le changement, à ceux qui veulent une autre politique un autre président, de me donner, dès le premier tour, tous les moyens de gagner l’élection présidentielle ».

Pourtant, il est évident que le programme de Jean-Luc Mélenchon est bien plus proche (idéologiquement et concrètement) de celui de François Mitterrand en 1981, que de celui de François Hollande aujourd’hui. Dans un paysage médiatique où François Bayrou paraît avoir été éclipsé, l’homme tampon, l’homme du centre qui se dessine est bien le candidat socialiste. En réalité, son positionnement est plus de l’ordre du parti radical, François Hollande est ainsi plus crédible quand il revendique l’héritage de Pierre Mendès France que quand il cite celui de Léon Blum. C’est en ce sens, que son clip de campagne a pu en désarçonner certains. Il est possible de penser – sans trop s’avancer – que si la montée de Jean-Luc Mélenchon avait été moins forte dans les sondages, un clip de campagne un peu plus classique nous aurait été proposé.

Au final, le meeting de F. Hollande n’a pas été une démonstration de force : aucune nouvelle mesure n’a été annoncée, l’ambiance ressemblait plus à la Fête de l’Humanité (malgré le prix des merguez !) qu’au meeting du Bourget.

Certains voient dans cette position d’équilibriste (ni trop à gauche, ni trop au centre) un révélateur de la mollesse supposée du candidat, voire une faiblesse qui pourrait lui être fatale. Pourtant, au regard de l’histoire de la Vème République, la modération au sein de leurs partis respectifs est une caractéristique récurrente de nos anciens présidents. On peut penser que la personnalité de Nicolas Sarkozy et son positionnement politique plus prononcé ont changé la donne, mais tant que le coup d’essai n’est pas confirmé par une réélection, aucune conclusion ne peut être tirée.

 
Ludivine Preneron
Crédits photo : ps71.org

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